Texte intégral
CHRISTOPHE DELAY
Question ce matin : coronavirus, la situation est-elle sous contrôle ? Question évidemment clé que l'on pose ce matin dans Focus Première.
ADELINE FRANÇOIS
Bonjour Adrien TAQUET.
ADRIEN TAQUET
Bonjour.
ADELINE FRANÇOIS
Merci d'être avec nous dans « Première édition ». Vous êtes le secrétaire d'Etat auprès du ministre des Solidarités et de la Santé. La première question porte ce matin sur les malades. La France comptait hier soir 12 patients guéris, 4 hospitalisés, 2 morts, depuis l'apparition donc du coronavirus sur notre territoire. Est-ce que d'abord ces chiffres ont évolué ce matin ?
ADRIEN TAQUET
Ecoutez, pas d'évolution à ce stade sur les chiffres, ni sur l'état de santé notamment des personnes qui sont hospitalisées.
CHRISTOPHE DELAY
Alors, est-ce que vous avez des informations sur le parcours de l'enseignant, un enseignant de 60 ans, victime du coronavirus à Crépy-en-Valois, puisque lui apparemment ne s'est pas rendu dans une zone rouge ?
ADRIEN TAQUET
Absolument. Alors, il y a deux types de parcours qu'il faut retracer. Il y a d'une part son parcours hospitalier, et ça c'est assez simple, puisqu'à partir du moment où vous rentrez dans un établissement hospitalier, on est en mesure de vous suivre. Et puis il y a effectivement son parcours individuel, et les gens avec lesquels il a pu être en contact, c'est l'enquête qui a été déclenchée d'urgence, dès hier, pour être en mesure…
CHRISTOPHE DELAY
Avant la déclaration de la maladie.
ADRIEN TAQUET
Et avant la déclaration de la maladie, c'est en cela que…
CHRISTOPHE DELAY
On n'a pas d'information.
ADRIEN TAQUET
Eh bien l'enquête est en cours, c'est en cela que ça prend un peu de temps, il faut retrouver, retracer, c'est la traçabilité de toutes les personnes avec lesquelles il a pu être en contact, ce qu'on appelle des personnes contact, à partir du moment où on les identifie, c'est l'enquête qui a été déclenchée en urgence hier et qui est encore en cours. Je vous renvoie à la conférence de Presse de ce soir, du ministre de la Santé et des Solidarités, où il aura peut-être des éléments supplémentaires à vous donner.
CHRISTOPHE DELAY
Est-ce que la question de l'établissement d'une zone de confinement dans l'Oise, sur le modèle de ce qu'a décidé l'Italie, est en discussion ?
ADRIEN TAQUET
Ecoutez, à ce stade de l'enquête, ce n'est pas une mesure qui est envisagée, mais une fois encore, je le répète, il faut être très, excusez-moi d'être précautionneux, mais ça l'impose à ce stade, l'enquête est en cours et c'est en fonction de l'évolution de ce qu'elle nous en dira, que des décisions seront prises dans un sens ou dans l'autre.
CHRISTOPHE DELAY
Je voudrais que l'on parle de l'hôpital, parce que, vous avez peut-être vu ce matin ce reportage sur BFM TV de cet hôpital pédiatrique de Nice où un sas d'orientation a été installé à l'entrée, il y a de grosses inquiétudes – voilà, on le voit ici sur ces images – grosses inquiétudes également à la Pitié Pitié-Salpêtrière. Ecoutez ce représentant des salariés évoquer ce sentiment de panique.
AZIZ RHARIB, SECRETAIRE SECTION FO A LA PITIE-SALPETRIERE
Il y a un sentiment de panique par rapport au personnel soignant, apparemment sur le passage d'un patient qui est arrivé entre la nuit de mardi à mercredi. D'abord les tests étaient positifs, et surtout que les soignants qui étaient en contact avec ce patient-là, ils se sont retrouvés confinés chez eux. Donc, pour l'instant on n'a pas beaucoup de nouvelles, puisque la Direction ne nous a pas mis au courant de tout ce qui s'est passé pendant cette nuit-là.
ADELINE FRANÇOIS
Bon, si les gens qui doivent soigner paniquent eux aussi, vous leur dites quoi ce matin ?
ADRIEN TAQUET
Il n'y a pas de raison de paniquer. D'une part, saluer avant toute chose le travail des professionnels de santé, qui nous permettent de faire face à cette crise. Il y a effectivement un certain nombre de mesures qui sont prises aussi en direction des professionnels de santé, que ça soit les hospitaliers, comme les médecins généralistes aussi. Alors, deux choses, d'une part un certain nombre de matériels est mis à leur disposition, vous le savez, vous l'avez entendu hier, le ministre de la Santé a dit qu'on allait débloquer 15 millions de masques pour les professionnels de santé. Par ailleurs, ces masques chirurgicaux qui permettent d'être protégé, vont également être déstockés et mis à disposition des 138 établissements hospitaliers, à l'image de la Pitié Salpêtrière, qui ont été mobilisés pour faire face à cette situation. Premier élément. Et puis ensuite, les personnes, qu'il s'agisse de personnes contact, vous et moi peut-être, ou les personnes hospitaliers qui ont été en contact avec des personnes porteurs du virus, connaissent les mêmes restrictions, les mêmes règles de confinement, de 14 jours chez elles, avec un certain nombre d'attitudes individuelles à respecter, et j'en appelle aussi tous les Français, notamment ceux qui reviennent des zones à risque en Italie, il faut rester chez soi, il faut éviter d'aller rendre visite à son grand-père en EHPAD ou aller dans des lieux où il y a du public, il faut prendre sa température régulièrement. Voilà. Et puis s'il y a le moindre risque, le moindre doute sur des symptômes qui pourraient apparaître, notamment de fièvre, il faut appeler le 15.
CHRISTOPHE DELAY
Alors, on va justement écouter ce que disait votre ministre, ministre de la Santé, au sujet des masques, justement.
OLIVIER VERAN, MINISTRES DES SOLIDARITES ET DE LA SANTE
J'ai décidé aujourd'hui de déstocker 15 millions de masques anti-projections, de notre stock national, qui seront répartis dans toutes les officines, toutes les pharmacies d'officines du territoire national, qui nous permettra de distribuer très simplement les masques dont ont besoin les professionnels de santé sur l'ensemble du territoire. Ce sont des masques qui serviront aux professionnels de santé et qui serviront aussi aux personnes qui sont à risque, dans la mesure où ce sont des personnes qui reviennent de zones dites zones rouges, donc de zones à risque, ou qui ont été en contact avec des personnes infectées et qui ne sont pas elles-mêmes infectées.
CHRISTOPHE DELAY
Chacun d'entre nous peut se considérer comme potentiellement à risque, parce que tout le monde a des craintes. Donc, est-ce que cette communication ne crée pas quand même un trouble ? Parce que tout le monde va se dire : pourquoi pas moi ?
ADRIEN TAQUET
Qu'il puisse y avoir des craintes et des questions, des angoisses, je le comprends totalement. Il faut aussi écouter ce que nous disent les Français, et moi je pense que ce que le ministre a dit est extrêmement clair. Il y a un certain nombre de personnes qui sont en contact avec des personnes qui ont été porteurs du virus, soit dans des relations interpersonnelles, soit parce que ce sont des professionnels de santé, et notamment les médecins généralistes, dont on a peu parlé, qui sont en première ligne. Si demain une épidémie doit s'accélérer, ils seront en première ligne. C'est la raison pour laquelle le ministre a décidé de débloquer de façon exceptionnelle un stock de 15 millions de masques, pour les mettre à disposition de ces professionnels de santé, et que par ailleurs il va envoyer un courrier à l'ensemble des médecins généralistes pour réactualiser, préciser quelles sont les conduites à tenir en cas d'épidémie.
CHRISTOPHE DELAY
Sauf que ce sont des malades asymptomatiques, vous le savez bien, donc on peut avoir aussi le souhait de s'équiper en masques, et on a encore montré ce matin sur BFM TV, qu'il y avait une spéculation qui commençait autour des masques, un marché noir, que par ailleurs les fournisseurs avaient augmenté leurs tarifs de 20 % à destination des officines, c'est ce que disait un pharmacien. Est-ce que c'est normal ?
ADRIEN TAQUET
Alors là, les stocks dont on parle, ce sont des stocks stratégiques qui sont à notre disposition et que nous mettons effectivement, par le biais des officines, vous l'avez rappelé, il faut remercier les pharmaciens en cela, qui vont être mis à disposition. Rappeler simplement que les masques dont on parle, ces masques chirurgicaux, les masques bleus, ne protègent pas contre le virus. Les personnes qui sont, elles qui ont été porteurs ou qui sont potentiellement porteurs parce qu'elles reviennent d'une zone à risque ou parce qu'elles ont été en tant que personnel médical en contact avec une personne, en particulier, pour les empêcher de diffuser dans l'air le virus, mais ça ne protège pas. Il faut bien clarifier les choses.
ADELINE FRANÇOIS
On voulait aussi vous faire écouter ce matin votre collègue allemand, le ministre allemand de la Santé. Parce que l'Allemagne est à peu près dans le même cas que nous ce matin, c'est-à-dire qu'il y a deux cas en Allemagne de coronavirus, deux patients qui ne sont pas allés dans des zones à risque, qui ont été annoncés hier. Ecoutez votre collègue.
JENS SPAHN, MINISTRE DE LA SANTE ALLEMAND
Nous sommes au début d'une épidémie de coronavirus en Allemagne. Les chaînes d'infection sont en partie, et c'est nouveau, incompréhensibles. Dans ce contexte, notre stratégie précédente de contenir le virus et de mettre fin aux chaînes d'infection, risque de ne plus fonctionner. C'est pourquoi je pense qu'il est peu probable que l'épidémie contourne l'Allemagne.
CHRISTOPHE DELAY
Donc on a l'impression que nos amis allemands ont quand même un pas d'avance par rapport à nous.
ADELINE FRANÇOIS
Déjà, ils disent : épidémie.
ADRIEN TAQUET
Alors, peut-être qu'ils sont en avance, notamment sur la remontée de la traçabilité des deux patients en question, et ils semblent dire qu'ils n'ont pas réussi à identifier le fameux patients zéro, puisque là aussi ces deux personnes-là n'ont pas été dans des zones à risque. Donc il est trop tôt pour moi pour vous dire quoi que ce soit, puisque nous sommes encore, on enquête sur deux patients dont on ne sait pas quel a été le mode de transmission et le patient zéro.
CHRISTOPHE DELAY
Est-ce que la France ... une épidémie ?
ADRIEN TAQUET
Aujourd'hui, pour parler d'épidémie, il faut qu'il y ait une croissance rapide et inexpliquée dans la relation entre les différents cas qui sont constatés. C'est ça la définition…
ADELINE FRANÇOIS
C'est ce qui se passe dans l'Oise en tout cas.
ADRIEN TAQUET
C'est deux cas dans l'Oise, aujourd'hui nous avons 18 cas en France, ce sont des cas isolés, la stratégie nous là maintenons, c'est une stratégie d'endiguement de ce virus, nous faisons tout…
CHRISTOPHE DELAY
Oui, quand même…
ADRIEN TAQUET
Non non, mais laissez-moi terminer, c'est important, nous faisons tout pour ralentir la diffusion de ce virus, mais notre stratégie est évidemment adaptable et révisable en fonction de l'évolution de la situation.
CHRISTOPHE DELAY
Oui, mais pardon monsieur TAQUET, on n'a toujours pas compris pourquoi on a placé en quarantaine ou on demande le placement en quarantaine des élèves qui rentrent d'Italie, et qu'on a permis dans le même temps la tenue du match hier à Lyon, en présence de 3 000 supporters italiens. On n'a pas compris la cohérence.
ADRIEN TAQUET
Eh bien écoutez, je vais vous la donner. Ces élèves qui rentraient d'Italie, rentraient de zones à risque, ce qui nécessite qu'elles soient placées en quarantaine pendant ces 14 jours.
ADELINE FRANÇOIS
Alors, on peut vous dire que l'on a interrogé hier les agents du stade, les supporters qui venaient de Milan.
ADRIEN TAQUET
Laissez-moi terminer. Par ailleurs, en Italie, les supporters ne venaient pas de zones à risques…
ADELINE FRANÇOIS
Si.
ADRIEN TAQUET
... ne venaient pas notamment de ces 11 villages qui ont été mis totalement sous cloche en Italie. Mais c'est comme si vous empêchiez, j'étais au Salon de l'agriculture juste avant de vous rejoindre, il y a eu, il y a deux personnes qui sont... c'était un couple d'ailleurs, qui sont hospitalisés en ce moment à Annecy, vous n'empêchez pas les gens d'Annecy de venir au Salon de l'agriculture. Bon, voilà, c'est la même raison, il n'y avait pas plus de raison d'empêcher ces supporters de venir.
CHRISTOPHE DELAY
Merci d'être venu ce matin sur le plateau de « Première édition ».
ADRIEN TAQUE
Merci à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 28 février 2020