Déclaration de M. Jean-Yves Le Drian, ministre de l'Europe et des affaires étrangères, en réponse à une question sur l'Organisation mondiale de la santé, à l'Assemblée nationale le 21 avril 2020.

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Circonstance : Question au gouvernement à l'Assemblée nationale

Texte intégral

 Monsieur le Député,


L'Organisation mondiale de la santé est aujourd'hui la seule organisation de santé universelle. Elle est l'un des piliers de l'ordre multilatéral qui a été créé après la Seconde Guerre mondiale, d'où la surprise d'entendre certaines volontés de suspension de leur contribution à cette Organisation mondiale de la santé.

Que ferait-on demain sans organisation universelle face à une pandémie qui, par nature est universelle, c'est tout à fait contradictoire.

La position de la France est donc très claire, nous soutenons l'OMS et nous continuerons à le faire. Je note que nous ne sommes pas les seuls à penser en ce sens, vous avez fait référence, tout à l'heure, à l'Alliance pour le multilatéralisme. Nous avons effectivement réuni, avec mon collègue allemand Heiko Maas, cette alliance il y a quelques jours, et nous avons manifesté ensemble notre volonté de poursuivre notre soutien à l'Organisation mondiale de la santé.

Ceci étant, cette pandémie nécessite, néanmoins, de réformer le multilatéralisme de la santé, et en particulier en renforçant le rôle normatif de l'OMS. Il y a un règlement sanitaire international qui date de 2005, mais qui n'a pas les moyens de mise en oeuvre et d'application ; renforcer l'action de l'OMS, aussi, en lui donnant davantage d'indépendance, d'autonomie financière pour jouer son rôle d'alerte et de détection, par exemple, en créant en toute transparence une autorité mondiale pour la santé humaine et animale, qui pourrait jouer un rôle scientifique d'alerte, comme le GIEC le fait au niveau du climat. Enfin, en innovant sur la coordination indispensable entre tous les outils qui, aujourd'hui, se préoccupent de santé publique, je pense au fonds verticaux, comme le Fonds contre le sida, comme Gavi, comme aussi Unitaid, ou comme la fondation Gates puisque cela touche aussi des organisations privées.

Il faut faire en sorte qu'il y ait une coordination entre l'ensemble de ces acteurs.

C'est la volonté du président de la République qui a reçu, il y a quelques jours, l'ensemble de ces organisations pour refonder la sécurité sanitaire mondiale, sous la houlette de l'OMS.


Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 22 avril 2020