Interview de M. Gabriel Attal, secrétaire d'État auprès du ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse, à France Info le 5 juin 2020, sur la relation des jeunes avec la police, le revenu universel et le protocole sanitaire pour les colonies de vacances.

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Intervenant(s) : 
  • Gabriel Attal - Secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Education nationale et de la jeunesse

Média : France Info

Texte intégral

LORRAIN SENECHAL 
Bonjour Gabriel ATTAL !

 GABRIEL ATTAL  
Bonjour ! 

LORRAIN SENECHAL 
Secrétaire d'Etat à la Jeunesse. Un million de chômeurs supplémentaires en deux mois dans la catégorie A, celle de référence. Les jeunes sont frappés au premier chef par cette crise, 700 000 jeunes qui arrivent sur le marché du travail à la fin de l'été. Est-ce qu'on va vers une génération sacrifiée ? 

GABRIEL ATTAL  
Non, il n'y aura pas de génération sacrifiée parce que l'on a choisi avec le gouvernement de faire de cette question de la jeunesse, la grande priorité la grande cause de la relance post crise du coronavirus. Il y a beaucoup d'inquiétude dans le pays, il y a des inquiétudes des jeunes évidemment, les jeunes qui sont en formation, qui cherchent un apprentissage, c'est le sens des annonces qu'on a faites hier, des jeunes qui ont peur de connaître la précarité l'année prochaine, pendant leurs études parce qu'ils ne pourront pas travailler cet été et qu'ils ont l'habitude de travailler l'été pour financer une partie de leur année universitaire, des jeunes qui doivent rentrer sur le marché du travail, qui ne savent pas s'ils pourront trouver un emploi. Et derrière tous ces jeunes, il y a des familles, des parents et des grands-parents qui s'inquiètent pour leurs enfants et pour leurs petits-enfants et moi, le message que je veux passer, c'est que l'Etat sera au rendez-vous, le gouvernement sera au rendez-vous. On a déjà commencé à annoncer des mesures hier sur la question de l'apprentissage, on va continuer à avancer. Tout au long de ce mois, on travaille sur un plan robuste sur la question des jeunes avec Muriel PENICAUD, avec Bruno LE MAIRE, avec Jean-Michel BLANQUER précisément pour répondre à toutes ces inquiétudes.  

LORRAIN SENECHAL 
Alors sur l'apprentissage, vous avez donc annoncé une série de primes pour les entreprises qui prendraient un jeune, un jeune apprenti, jusqu'à 8 000 euros. Ca va suffire selon vous à maintenir un niveau d'apprentissage qui était déjà très élevé ? 

GABRIEL ATTAL  
Oui qui était très élevé parce qu'on s'est mobilisé, parce que Muriel PENICAUD s'est mobilisée. On a réussi ces dernières années à faire ce que beaucoup attendaient dans le pays depuis de nombreuses années c'est-à-dire à faire décoller l'apprentissage, à faire reconnaître que c'est une voie d'excellence, que c'est une voie utile pour les jeunes parce qu'on développe des compétences et qu'on a beaucoup de chances de trouver un emploi à l'issue, utile pour les entreprises parce qu'elles ont besoin d'avoir des jeunes formés, qui ont les compétences professionnelles. L'an dernier, il y a eu quasiment 500 000 jeunes en apprentissage, c'est une augmentation de 16%. Et ce qu'on ne veut pas, c'est que cette dynamique, elle soit cassée par la crise et donc les mesures qui ont été annoncées, oui elles vont être très fortes parce que très concrètement une prime de 8 000 euros par jeune apprenti recruté dans une entreprise, ça veut dire que l'apprenti coûte quasiment 0, voire 0 à l'entreprise qui le recrute. Et notre objectif, c'est d'avoir cette année au moins autant de jeunes en apprentissage que l'an dernier. 

RENAUD DELY 
Alors, combien d'apprentis ? C'est quoi votre objectif chiffré grâce à cette prime, c'est 8 000 euros pour un apprenti majeur, 5 000 euros pour un apprenti mineur, c'est quoi l'objectif en nombre et en termes d'embauches ?

 GABRIEL ATTAL  
Ce que je vous dis c'est que notre objectif, c'est d'avoir au moins autant de jeunes en apprentissage cette année que l'an dernier. L'an dernier, il y a eu au total en apprentissage un peu moins de 500 000 jeunes ; l'objectif, c'est que cette année, on puisse arriver, ce qui est très ambitieux parce qu'on a bien vu qu'il y a une crise économique qui est là , qu'il y a une activité dans beaucoup d'entreprises qui s'est ralentie, voire qui s'est stoppée, qui est en train de reprendre et ce qu'on voit par ailleurs, c'est que il y a toujours cet attrait pour l'apprentissage dans les voeux d'orientation qui ont été faits par les jeunes, les demandes d'orientation d'apprentissage continuent à augmenter. Les entreprises, elles veulent toujours recruter des apprentis, juste elles ont besoin d'être aidées et c'est pour ça qu'on le fait. 

LORRAIN SENECHAL 
Aider les apprentis, c'est une des manières d'aider les jeunes selon Laurent BERGER, le secrétaire général de la CFDT, mais ça ne suffit pas, écoutez-le. Reprise des propos de Laurent BERGER 

LORRAIN SENECHAL 
Laurent BERGER, secrétaire général de la CFDT, qui était à votre place donc mardi, il faut un revenu minimum pour les jeunes sans ressources ? 

GABRIEL ATTAL  
Ce dont il parle à l'instant dans l'extrait, c'est exactement ce sur quoi on travaille quand on dit qu'il faut des ressources supplémentaires pour des jeunes pour lutter contre la précarité, évidemment que c'est ce sur quoi on travaille. 

RENAUD DELY 
Donc un revenu minimum pour tous les jeunes dès l'âge de 18 ans ?

 GABRIEL ATTAL 
 Ce n'est pas ce que je dis ! Quand il dit « il faut investir dans des secteurs qui vont permettre de recruter des jeunes », c'est aussi ce qu'on prépare, on prépare une relance, on va parier sur l'investissement dans des secteurs, je pense notamment au secteur du soin, la transition énergétique, du numérique, évidemment c'est des perspectives d'emploi pour les jeunes. 

RENAUD DELY 
Ça c'était la deuxième partie de ce que disait Laurent BERGER. La première, c'était là donc un revenu minimum pour tous les jeunes dès l'âge de 18 ans ou l'extension du RSA au-dessus de 25 ans ? 

LORRAIN SENECHAL 
Les jeunes ne touchent pas le RSA. Le RSA est réservé aux personnes de plus de 25 ans.

 GABRIEL ATTAL  
Et aujourd'hui, il y a des dispositifs qui ont été mis en place notamment par le quinquennat précédent, je pense à la « garantie jeunes » précisément mise en place pour lutter à la fois contre la précarité des jeunes et pour les accompagner vers l'insertion et vers l'emploi et moi, c'est sur ces dispositifs que je travaille, je pense qu'on a aujourd'hui une palette d'outils qui permettent de répondre à la précarité chez les jeunes et en même temps, d'avoir un accompagnement adapté, personnalisé … 

RENAUD DELY 
Aujourd'hui, il y a des outils suffisants pour répondre à la précarité chez les jeunes ? 

GABRIEL ATTAL  
Je dis qu'on a beaucoup d'outils et qu'il faut sans doute investir davantage dans ces outils, peut-être les adapter en termes de durée, en terme de modalités pour que les jeunes puissent y entrer mais on a ces outils qui fonctionnent bien, la « garantie jeunes », il y a ce qu'on appelle des taux de sortie positifs, c'est comme ça que … c'est le terme qu'on emploie, c'est-à-dire des jeunes qui après être passés par la « garantie jeunes » trouvent un emploi ou une formation stable qui sont très positifs et très favorables. 

LORRAIN SENECHAL 
C'est sur conditions de ressources, ce type de mesure. Vous ne voulez pas étendre ? 

GABRIEL ATTAL  
Moi, si vous me demandez si je suis pour le revenu universel sans conditions, la réponse est « non ». Après il y a une réflexion … 

LORRAIN SENECHAL 
Pourquoi ? 

RENAUD DELY
 Pourquoi ? 

GABRIEL ATTAL 
 Il y a une réflexion en ce moment qu'on mène avec les associations, avec un certain nombre d'acteurs. 

RENAUD DELY 
Le débat est ouvert sur ce sujet ?

 GABRIEL ATTAL  
Sur le revenu universel d'activité dans le cadre du plan pauvreté qui avait été annoncé par le président de la République. 

LORRAIN SENECHAL 
Etendre le RSA au moins de 25 ans ?

 GABRIEL ATTAL  
Non, ça c'est une réflexion globale sur le revenu universel d'activité. Comment on fait pour avoir un système d'aide qui est plus lisible et avoir finalement une aide socle pour tous les Français qui en ont besoin, qui ensuite est adaptée aux différentes situations. C'est un chantier qui est majeur, je précise, quand on parle RSA pour les moins de 25, ceux qui le défendent, ils le financent en proposant de revenir sur la demi-part pour les parents, ce qui veut dire une augmentation d'impôts pour les familles. Evidemment nous, on ne souhaite pas augmenter les impôts. Donc c'est pour ça qu'on a mis en place cette concertation pour tout mettre sur la table, elle continue à avancer, elle était lancée bien avant cette crise mais on voit bien que là, il faut des réponses, notamment sur la question de la précarité, beaucoup plus urgentes et c'est sur ça qu'on travaille ! 

LORRAIN SENECHAL 
Et vous dites « on ne veut pas un revenu minimum pour tous les jeunes parce que ça coûte trop cher » ? 

GABRIEL ATTAL  
Non, ce n'est pas ce que je dis. Moi, je dis que la « garantie jeunes » pourquoi ça fonctionne ? Vous avez une allocation qui est autour de 500 euros qui est l'équivalent du RSA et en contrepartie, vous avez à la fois par la mission locale un accompagnement avec des points qui sont faits avec le jeune personnalisés, avec des stages en milieu professionnel ,avec des modules de formation sur la prise de parole en public, sur ce qu'on appelle les savoir-être et pour les jeunes, vous avez aussi cette obligation, cette contrepartie d'assister à ces formations et à ses modules et moi, je crois profondément à ce dispositif. 

RENAUD DELY 
Ca veut dire qu'il faut des contreparties, vous ne voulez pas verser un revenu quel qu'il soit même s'il est minimal sans contreparties ? 

GABRIEL ATTAL   
Quand on parle de contreparties, c'est aussi les contreparties que l'Etat et que les pouvoirs publics doivent apporter en plus d'une aide financière. L'accompagnement humain, l'accompagnement vers l'insertion et vers l'emploi, il est aussi important que l'accompagnement financier et ce qu'on arrive à faire avec la « garantie jeunes », c'est les deux, en faisant du cas par cas pour les jeunes. Il y a d'autres dispositifs qu'on pourra évoquer, je pense notamment au service civique qui est un très beau dispositif qui n'est pas un dispositif qui a été construit ni pour apporter des ressources aux jeunes spécifiquement ni pour leur permettre de rentrer dans l'emploi, qui est un dispositif qui permet de soutenir l'engagement des jeunes ; très concrètement, c'est des jeunes qui vont s'engager dans une association, dans un service public pendant 6, 8 mois, qui ont une indemnité de 580 euros en contrepartie mais qui s'est imposée comme un levier d'insertion. Et je pense qu'on peut parier aussi sur ces dispositifs ! 

LORRAIN SENECHAL
 On continue de parler des moyens de relancer l'économie et notamment d'aider les plus jeunes et les plus précaires avec vous Gabriel ATTAL, secrétaire d'Etat à la Jeunesse invité de « 8 : 30 » de France Info. 

- Flash infos -

 LORRAIN SENECHAL 
Gabriel ATTAL secrétaire d'Etat à la Jeunesse, invité de « 8 : 30 de FranceInfo » ce matin. On parlait de la relance de l'emploi chez les jeunes. Parmi les solutions, il y a les contrats saisonniers, écoutez cette annonce faite tout à l'heure sur France info par le PDG de LA POSTE Philippe WAHL.

- Reprise des propos de Philippe WAHL -

LORRAIN SENECHAL 
2 000 CDD de 2 mois donc cet été pour les jeunes, ça fait partie des notes positives, c'est le rôle de LA POSTE aussi en tant que service public ? 

GABRIEL ATTAL  
Absolument et c'est une annonce importante qui me permet de passer un message : il y a beaucoup de jeunes qui ont l'habitude de travailler l'été parce que c'est ce qui leur permet de mettre de l'argent de côté pour tout le reste de l'année quand ils sont étudiants par exemple et qui là sont très inquiets. Moi, ce que je veux dire c'est qu'il y a des perspectives pour cet été, il y a ces 2 000 recrutements saisonniers qui ont été annoncés par LA POSTE, on va avoir besoin de milliers de jeunes dans l'animation pour les colonies de vacances par exemple cet été, il y a des offres qui repartent dans le tourisme, dans la restauration puisque les Français vont pouvoir partir en vacances, il y a des opportunités aussi. Donc moi, je vais insister je veux insister là-dessus, c'est vrai que …

 LORRAIN SENECHAL 
Il y a d'autres entreprises publiques qui vont s'investir comme le fait LA POSTE donc ce matin ? 

GABRIEL ATTAL  
Probablement, je n'ai pas d'autre annonce à faire aujourd'hui mais évidemment, nous ce qu'on souhaite, c'est aussi favoriser des offres d'emploi pour les jeunes et notamment pour cet été pour les jeunes qui ont besoin de travailler pendant leurs vacances. 

RENAUD DELY 
Au-delà de cet été et ces emplois saisonniers, Gabriel ATTAL est-ce qu'un moyen de favoriser l'emploi des jeunes, ça ne serait pas aussi pour les accompagner au vu de l'ampleur de la crise, de recréer, de réinstaller ce qu'on appelait des contrats aidés, ce qu'on appelait les emplois-jeunes qui ont été détruits pour bonne partie, supprimés au début du quinquennat ? 

GABRIEL ATTAL  
Moi, j'assume totalement la décision qui a été prise de revenir sur les emplois aidés et de les transformer en fait en parcours emploi compétences parce que ça qui s'est passé. On n'a pas dit : on arrête complètement d'aider des emplois, on a transformé des emplois aidés en parcours emploi compétences. 

RENAUD DELY 
Mais la situation a changé, la crise est là, est-ce qu'on ne peut pas rétablir des contrats aidés dans des domaines comme justement l'animation scolaire, le périscolaire ? 

GABRIEL ATTAL  
Ces emplois de parcours emploi compétences, ils permettent notamment un meilleur accompagnement, une meilleure formation pour les jeunes et les moins jeunes d'ailleurs pour mieux les insérer dans l'emploi. Donc moi, oui, je pense qu'on peut continuer à parier sur ces dispositifs, peut-être les soutenir davantage financièrement pour que ça touche plus de jeunes, c'est tout à fait une possibilité, c'est ce qu'on est en train de regarder. 

RENAUD DELY 
Sauf que ce dispositif aujourd'hui concerne beaucoup moins de jeunes que les contrats aidés au début du quinquennat, 260 000 contrats aidés ont été supprimés ! 

GABRIEL ATTAL 
 C'est pour ça que je pense qu'on peut regarder pour renforcer ces dispositifs ! 

RENAUD DELY 
Monter en gamme ?

 GABRIEL ATTAL  
Oui, ça fait partie des pistes qu'on explore, je ne fais pas d'annonce ici sur le sujet ; ce que je vous dis c'est que, pour moi, il y a une palette … 

LORRAIN SENECHAL 
Il y a quand même un changement de mentalité ! 

GABRIEL ATTAL  
Il y a une palette de dispositifs qu'on peut actionner …Parce qu'il y a un changement dans le pays, parce qu'il y a une crise sans précédent et parce que face à cette crise économique, face à des drames sociaux, évidemment qu'il faut agir et qu'il faut mobiliser tous les leviers dont on dispose et c'est ce sur quoi on va travailler avec Bruno LE MAIRE, avec Muriel PENICAUD, avec Jean-Michel BLANQUER pour faire des propositions avant l'été.  

LORRAIN SENECHAL 
Gabriel ATTAL, on vous a peu entendu sur le service national l'universel pour dans cette crise qui est le grand dossier que vous avez porté au début du quinquennat. Est-ce que le service national universel est suspendu, est-ce qu'il est modifié avec la crise sanitaire ? 

GABRIEL ATTAL  
Moi, j'ai le sentiment d'avoir beaucoup parlé mais comme quoi … 

LORRAIN SENECHAL
 Pas pendant la crise ! 

GABRIEL ATTAL 
 …c'est utile que je vienne ici ! Le service national universel, je rappelle qui est mis en place, qui a été au coeur de la campagne présidentielle d'Emmanuel MACRON et qui vise, si on veut le résumer, à donner à voir à la jeunesse française toutes les possibilités qu'elle a de s'engager pour son pays et on voit bien que cette année peut-être plus que toutes les autres, on a besoin de Français et de jeunes en particulier qui s'engagent pour leur pays et donc c'est évidemment très important que le SNU se tienne cette année, il se tiendra cette année, il va continuer à monter en puissance. 

RENAUD DELY 
Avec quels effectifs ? Est-ce qu'il est redimensionné notamment en raison des conditions sanitaires aussi ? Est-ce que ça complique évidemment l'organisation du SNU et de la mobilisation de davantage de jeunes ? 

GABRIEL ATTAL  
Non, on maintient notre objectif de poursuivre la montée en puissance, il y aura beaucoup plus de jeunes en service national universel cette année que l'an dernier.  

RENAUD DELY 
Combien ? 

GABRIEL ATTAL  
C'est ce qu'on en train de regarder parce que je rappelle je rappelle très rapidement, il y a deux phases dans le service national universel : d'abord, un séjour de cohésion où les jeunes sont envoyés ailleurs en France encadrés par des militaires, des associatifs, des personnels de l'Education nationale, ce qui implique voilà un regroupement important, une mobilité, ça devait avoir lieu en juin et puis à l'automne, devaient faire une mission d'intérêt général dans une association, auprès d'un corps en uniforme pour se rendre utiles sur le terrain. Et donc ce qu'on a décidé de faire, c'est d'inverser les deux phases vu les conditions sanitaires, c'était compliqué d'organiser là en juin la mobilité le regroupement des jeunes et donc les jeunes là, dès la fin du mois de juin, le début du mois de juillet, vont s'engager sur le terrain dans des associations. 

LORRAIN SENECHAL 
Dans des EHPAD peut-être ? 

GABRIEL ATTAL  
Dans des EHPAD, dans l'intergénérationnel, sur les questions environnementales ; ils vont aller se rendre utiles et découvrir combien ils peuvent être utiles et puis à l'automne, on espère qu'il y aura le séjour de cohésion évidemment s'il n'y a pas de nouveau pic épidémique.  

LORRAIN SENECHAL 
Et combien de jeunes ? 

GABRIEL ATTAL  
Là dès cet été, ce sera 10 000 jeunes qui pourront s'engager dans des associations. 

LORRAIN SENECHAL 
Et l'objectif, c'était 30 000. 

GABRIEL ATTAL 
 L'objectif, c'est 30 000. Après, j'espère qu'on pourra accueillir 30 000 jeunes à l'automne dans le séjour de cohésion, on est en train de regarder justement les capacités d'hébergement qu'on a à un moment qui n'est pas celui qu'on avait anticipé au départ.  

RENAUD DELY 
Avant l'été, il y a encore des jeunes qui, eux, sont scolarisés, certains qui sont revenus à l'école, au collège et au lycée d'ailleurs mais on voit aujourd'hui qu'il y a beaucoup de parents qui se plaignent de ne pas trouver suffisamment de places finalement de pas pouvoir faire accueillir leurs enfants à l'école. Or, de nouvelles études notamment celle du professeur Robert COHEN, vice-président la société française de pédiatrie, ont démontré ces tout derniers jours que, visiblement, les enfants en tout cas jusqu'à l'âge de 15 ans sont très peu contagieux, beaucoup moins contagieux que les adultes. Est-ce qu'il ne faudrait pas alléger le protocole sanitaire de façon à ce qu'il y ait davantage de place pour les enfants de l'école ? 

GABRIEL ATTAL  
Moi, ce que je veux dire d'abord c'est que je comprends les parents, les familles qui disent « j'aimerais bien mettre mon enfant à l'école et je n'y arrive pas » et je comprends que ce soit frustrant, voire énervant pour des parents et des familles, il faut se replonger, là on était 3 semaines ou un mois en arrière quand Emmanuel MACRON a annoncé que les établissements scolaires allaient rouvrir progressivement à partir du 11 mai. On a quand même entendu beaucoup de critiques notamment d'acteurs qui aujourd'hui disent « ça ne va pas assez vite » et heureusement qu'Emmanuel MACRON a pris ses responsabilités à ce moment-là à un moment beaucoup disaient « c'est dangereux, vous ne devriez pas le faire, on n'est pas sûr d'avoir les garanties », il a pris sa décision politique à ce moment-là ! 

RENAUD DELY 
Aujourd'hui au vu de ce qu'on sait de l'épidémie …

 GABRIEL ATTAL  
Avec un protocole sanitaire … 

RENAUD DELY 
…et de la contagiosité donc faible des enfants, est-ce qu'on ne peut pas aller plus vite, plus loin et alléger le protocole sanitaire ? 

GABRIEL ATTAL  
On peut aller plus vite, plus loin en faisant en sorte qu'il y ait plus de jeunes, d'enfants qui soient accueillis aujourd'hui dans les écoles avec ce protocole sanitaire. Ce protocole sanitaire … 

LORRAIN SENECHAL 
Mais les écoles nous disent « ce n'est pas possible » justement ! 

GABRIEL ATTAL  
Je vais vous dire : ce protocole sanitaire, il prévoit notamment une distanciation entre les enfants qui fait que dans une classe, vous ne pouvez accueillir que la moitié des enfants habituellement. Ca veut dire qu'en gros … 

LORRAIN SENECHAL  
Voire beaucoup moins dans certaines classes ! 

GABRIEL ATTAL  
Justement, donc si on fait au niveau national, ça veut dire 50% des enfants qui peuvent être accueillis, si vous divisez toutes les classes par deux, ça fait 50% et aujourd'hui on constate qu'il y a plus de 20% des enfants qui sont retournés à l'école. 

RENAUD DELY
 Pourquoi ? 

GABRIEL ATTAL  
 Parce que c'est …

 RENAUD DELY
 C'est la faute des enseignants, des chefs d'établissements ?

 GABRIEL ATTAL  
Non, non, ce n'est pas de la faute des enseignants, ce n'est pas de la faute des chefs d'établissement, il y a certaines collectivités qui avaient fait le choix de pas rouvrir leurs écoles, il y en a qui ont fait le choix de les rouvrir et qui ont été plus loin que ce que préconisait le protocole sanitaire … 

LORRAIN SENECHAL 
Par prudence, par excès de prudence ? 

GABRIEL ATTAL  
Oui enfin on ne peut pas leur en vouloir mais en tout cas aujourd'hui au regard de ces données sans doute, on peut élargir. 

RENAUD DELY 
Donc c'est la faute des mairies ? 

GABRIEL ATTAL  
Non, moi, je ne rejette la faute sur personne. On est dans une crise …

 LORRAIN SENECHAL  
Mais quand vous dites « on peut élargir », ça veut dire on jette à la poubelle les 63 pages de recommandations sanitaires ?

 GABRIEL ATTAL  
Non, je ne dis pas ça. Je dis qu'on peut aller jusqu'à la limite qui a été fixée par protocole sanitaire, c'est-à-dire 50% des enfants par classe et deuxième chose, on est en train de développer un dispositif avec Jean-Michel BLANQUER qui s'appelle SSCC, Sport Santé Culture Civisme qui permet d'accueillir des enfants pas dans leur classe avec leurs enseignants mais à l'extérieur de la classe, ça peut être dans des parcs, dans des gymnases sur des activités sportives, des activités artistiques et donc d'avoir un roulement entre la classe et ces activités pour accueillir plus d'enfants. Donc ce que je suis en train de vous dire, c'est que là au cours du mois de juin, il va y avoir de plus en plus d'enfants qui vont être accueillis.  

RENAUD DELY 
Pas question de toucher au protocole sanitaire dans les écoles ! 

GABRIEL ATTAL  
A ce stade, ça n'est pas prévu pour le mois de juin mais évidemment, on travaille déjà sur la rentrée pour que la rentrée prochaine puisse se dérouler dans les meilleures conditions possibles et que tous les enfants soient accueillis … 

LORRAIN SENECHAL 
Mais ça va quand même tout doucement puisque l'année scolaire se termine dans un mois seulement ! 

GABRIEL ATTAL  
Oui, mais il y a des collectivités qui se mobilisent beaucoup qui sont engagées dans ce dispositif d'activités sportives et culturelles, je pense à la ville de Vincennes, aux Mureaux, à Bordeaux bientôt qui va le lancer, ça permet d'accueillir plus d'enfants. 

LORRAIN SENECHAL 
D'accord, vous restez avec nous Gabriel ATTAL secrétaire d'Etat à la Jeunesse invité du « 8 :30 » de France Info. 

- Flash infos -

LORRAIN SENECHAL Avant d'en venir à cette jeunesse, y compris française qui manifestent dans le monde entier contre le racisme, contre les violences policières et malgré les restrictions sanitaires, je voudrais juste qu'on parle d'un sujet important, celui des vacances d'été qui se préparent, beaucoup de Français profitent d'habitude des colonies de vacances pour envoyer leurs enfants. Jean-Claude KENNEDY, le maire PCF de Vitry-sur-Seine près de Paris, propose, lui, même d'envoyer les parents avec les enfants mais tout ça, ça a un coût. Ecoutez-le, il était sur France Info.  

- Reprise des propos de Jean-Claude KENNEDY -

LORRAIN SENECHAL 
Ca coûte cher de mettre en place des protocoles sanitaires pour les colonies. Est-ce que vous allez aider les communes qui comme Vitry-sur-Seine mettent en place des colonies de vacances ? 

GABRIEL ATTAL  
Oui avec Jean-Michel BLANQUER, on va annoncer des mesures dans les tout prochains jours sur cette question des vacances, c'est très important que les enfants puissent partir en vacances cet été parce qu'ils ont vécu un confinement qui a été difficile pour eux comme pour tout le monde mais pour un enfant, le fait de ne pas pouvoir sortir, d'être avec d'autres enfants … 

LORRAIN SENECHAL 
C'est traumatisant ? 

GABRIEL ATTAL 
 …c'est très difficile et parce que à l'occasion de ce confinement, ils ont en plus perdu à des moments où ils devaient à apprendre et continuer à apprendre et donc on va soutenir très fortement un certain nombre d'opérateurs des colonies de vacances cet été dans cette logique de vacances apprenants et culturelles qui a été annoncée par le président de la République pour permettre … 

RENAUD DELY 
Uniquement celles-là ? Uniquement les organismes qui auront ce label des vacances apprenantes ? 

GABRIEL ATTAL  
Enfin, on va soutenir massivement les organismes de colonies de vacances à travers ce label mais beaucoup de colonies de vacances vont s'engager dans ce label. Ca va être un soutien très important.  

RENAUD DELY 
Il va prendre quelle forme, ce soutien, des aides publiques, des aides à l'organisation sur place des séjours ? 

GABRIEL ATTAL  
Ca va être des aides au départ pour les enfants, pour permettre à vos enfants … 

RENAUD DELY 
Aux familles donc ? 

GABRIEL ATTAL  
Oui, pour les familles. 

LORRAIN SENECHAL 
Donc on paye un billet de train à une famille ?

 GABRIEL ATTAL 
 On paye un séjour en colonie de vacances pour les enfants. La question qui était posée dans l'extrait que vous avez diffusé est moins celle des colonies de vacances que de ce qu'on appelle le tourisme social qui permet à des familles précaires de partir. Là aussi, il y aura … 

LORRAIN SENECHAL  
C'est la question du protocole sanitaire également, il va falloir s'équiper en masques, en gels, etc. Il va falloir occuper plus d'espace pour pouvoir étendre les enfants. Tout ça, ça coûte cher ! 

GABRIEL ATTAL   
Et là-dessus ce que je peux vous confirmer parce que les acteurs des colonies de vacances attendent beaucoup maintenant de savoir quel sera le protocole parce qu'ils ont su la semaine dernière avec l'intervention du Premier ministre qu'ils pourraient organiser des colonies vacances. Maintenant, ils attendent le protocole, il sera aussi publié dans les tout prochains jours, très clair, très court pour donner les conditions … 

LORRAIN SENECHAL 
Il ne fera pas 63 pages ! 

GABRIEL ATTAL 
 …pour donner les conditions de départ ! 

RENAUD DELY 
Il sera plus léger, plus souple que celui qui est en vigueur actuellement à l'école ?  

GABRIEL ATTAL 
 Oui parce que … 

RENAUD DELY 
Les enfants en vacances ne vont pas porter des masques ! 

GABRIEL ATTAL   
Non a priori non. Enfin j'attends que le protocole soit diffusé, vous me permettez puisqu'il y a les autorités sanitaires qui doivent le valider définitivement mais oui, il sera plus souple, ce qui va nous permettre aussi de préparer la rentrée à l'école en montrant qu'avec ces nouvelles conditions … 

- Brouhaha -

GABRIEL ATTAL 
 Oui, mais je veux quand même rassurer les familles … 

LORRAIN SENECHAL 
Ce n'est pas des cobayes non plus ! 

GABRIEL ATTAL  
C'est très sécurisant, tout est construit pour garantir, comme c'est le cas aujourd'hui à l'école, le fait qu'il y ait le moindre risque possible. 

LORRAIN SENECHAL  
Gabriel ATTAL, notre pays comme beaucoup dans le monde est secoué actuellement par une vague d'indignation contre le racisme, contre ce que les manifestants appellent des violences policières même si le gouvernement jusqu'ici a récusé ce terme. 20 000 personnes encore rassemblées lundi soir à Paris pour réclamer notamment justice pour Adama TRAORE, un jeune homme qui est mort après son interpellation en 2016. Est-ce que vous avez été surpris, peut-être même touché par ces mobilisations ? 

GABRIEL ATTAL  
Moi, d'abord ce que je veux dire c'est qu'il y a évidemment une émotion face à ce qui s'est passé aux Etats-Unis, on ne peut qu'être ému, j'espère, quand on voit ces images et ce qui s'est passé mais qu'on ne peut pas comparer la situation des États-Unis avec la situation de la France. Vous parliez tout à l'heure d'Omar SY, j'ai regardé son texte. 

LORRAIN SENECHAL 
Oui, il a publié une tribune dans L'Obs, je le précise, dans lequel il fait parallèle par exemple, il parle de Zyed et Bouna qui sont morts à Clichy-sous-Bois en 2005 parce que, dit-il, ils fuyaient la police. Moi aussi écrit Omar SY, j'ai peur quand je croise le chemin de la police, j'avais peur quand je croisais le chemin de la police quand j'étais adolescent. 

GABRIEL ATTAL   
Il y a eu aussi des drames en France mais on ne peut pas comparer parce que nos polices ne sont pas comparables en termes de doctrine de maintien de l'ordre et d'interpellations en termes, oui, de faits racistes qui sont constatés et moi s'il y a un point sur lequel je suis en désaccord dans ce texte, c'est quand il dit, je ne sais plus la phrase, exacte « il faut en France une police démocratique » ou « une police républicaine » : on a en France une police républicaine ! 

RENAUD DELY 
Alors comment expliquez-vous que tant de jeunes aujourd'hui, Gabriel ATTAL, aient peur de cette police ? 

GABRIEL ATTAL  
Il y a un malaise. On ne peut pas dire autre chose ; le fait qu'il y ait eu 15 à 20 000 jeunes qui se soient réunis, il y avait des mots d'ordre différents, il y avait certaines choses qui sont totalement inacceptables, je pense à des propos indigénistes, bon, les images de jeunes qui ont invectivé un policier noir en lui disant « tu es un traître et tu es un vendu », ces images-là … 

LORRAIN SENECHAL  
C'est extrêmement minoritaire ! 

GABRIEL ATTAL  
…je les trouve terribles mais c'est minoritaire et donc ce que je dis … 

LORRAIN SENECHAL 
Mais 20 000 personnes se sont rassemblées dans un calme … 

GABRIEL ATTAL  
Si vous me laissez aller au bout, c'est qu'il y avait plusieurs mots d'ordre, il y a certains qui avaient ces propos que je condamne mais l'écrasante majorité était là pacifiquement, parfois sur un mot d'ordre de lutte contre les discriminations et le racisme et ça dit quelque chose. De même que les propos de … 

RENAUD DELY 
Vous parlez de malaise, c'est juste un malaise, une incompréhension, un malentendu à vous écouter ? Il n'y a pas des faits aussi …

 GABRIEL ATTAL  
C'est un sujet sensible … 

RENAUD DELY 
Justement, il n'y a pas eu des insultes, il n'y a pas eu des actes aussi des incidents et est-ce que la police comme d'autres corporations d'ailleurs n'a pas tendance à se protéger, y compris à protéger ses éventuels individus violents ? 

GABRIEL ATTAL  
Moi, je ne le crois pas, je le dis. Il y a des faits mais vous savez la police, c'est le miroir de notre société et heureusement, vous avez de la diversité dans la police, j'ai vu que c'est le directeur général de la police nationale qui parlait d'une police black blanc beur ; vous avez de la diversité dans la police et heureusement ! Et parce que c'est le miroir de la société, il peut arriver aussi qu'il y ait des comportements individuels qui donnent lieu à de la haine, à du racisme, à des dérapages. L'important, c'est qu'ils soient identifiés et qu'ils soient sanctionnés. 

RENAUD DELY  
C'est le cas aujourd'hui ? Suffisamment ? 

 GABRIEL ATTAL  
Aujourd'hui, vous prenez l'ensemble des sanctions qui sont prononcées dans l'administration française, la moitié est faite dans la police. Alors, on peut toujours dire qu'il faut que ça soit mieux encadré, qu'on regarde davantage. Moi, j'entends parfaitement. Ce que je vous dis, je ne vous dis pas « il faut fermer les yeux et considérer qu'il y a pas de problème », ce que je vous dis, c'est que quand il y a 15, 20 000, 20 000 jeunes qui se réunissent, ça dit quelque chose de même … 

LORRAIN SENECHAL 
Mais est-ce que les sanctions sont à la hauteur des faits parce que ces manifestants, ils ont l'impression que ces policiers sont sanctionnés mais enfin, finalement, ils reviennent vite au travail, ils reprennent leur vie normale ? 

GABRIEL ATTAL  
Il y a des sanctions, il y a des policiers qui sont révoqués, ça arrive mais c'est pareil je veux dire, on ne sortira pas du malaise en dressant les citoyens contre les policiers en expliquant que les policiers sont racistes, que la police n'est pas démocratique parce que ce n'est pas vrai et on ne sortira pas du malaise en considérant qu'il y a pas de problème. Moi, je crois au dialogue et je crois à l'apaisement et je crois profondément que ce constat-là, celui de ce malaise d'une partie de la jeunesse, il a été fait par Emmanuel MACRON dès la campagne présidentielle avec une mesure qui me semble très importante, qui est la mise en place de la police de sécurité du quotidien, qui vise justement à permettre ce dialogue et cette proximité entre les forces de l'ordre et les jeunes dans les quartiers et peut-être qu'il faut qu'on aille plus vite et qu'on aille plus loin sur la mise en oeuvre de cette police de sécurité du quotidien.

 LORRAIN SENECHAL             
Et vous reviendrez sur France Info nous annoncer ces mesures futures ! Merci beaucoup Gabriel ATTAL, secrétaire d'Etat à la Jeunesse invité du « 8 :30 » de France Info ce matin ! 


Source : Service d'information du Gouvernement, le 8 juin 2020