Déclaration de M. Jean-Yves Le Drian, ministre de l'Europe et des affaires étrangères, en réponse à une question sur les Français à l'étranger et la coopération européenne face à l'épidémie de Covid-19, au Sénat le 19 mars 2020.

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Circonstance : Question d'actualité au Sénat

Texte intégral

Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Sénateurs,
Monsieur le Sénateur,


Le combat contre le COVID-19, c'est un combat européen. C'est une épreuve et un défi pour l'Europe, et c'est une épreuve et un défi que les Européens doivent relever ensemble. C'est le même espace, qu'il nous faut préserver, et c'est devant cette constatation majeure que le président de la République a souhaité qu'il y ait un Conseil européen par visioconférence, avant-hier.

Et ce conseil européen de mardi a pris trois grands paquets d'initiatives.

La première, la plus importante, c'est pour endiguer la diffusion du virus et limiter les déplacements, il a décidé de fermer - de fermer ! - nos frontières extérieures de l'Union européenne et de l'espace Schengen, les deux, pour s'assurer d'une sécurité intérieure.

Cela n'empêche pas nos compatriotes et tout ressortissant européen de revenir chez lui, mais tout citoyen extérieur à l'Union européenne ne peut, désormais, rentrer dans l'espace Schengen ou dans l'espace de l'Union européenne depuis mardi.

A l'intérieur même de cet espace européen, nous appliquons la même logique de limiter la diffusion du virus et les déplacements. Il y a donc des contrôles conjoints aux frontières. C'est singulièrement le cas avec l'Allemagne, avec l'Espagne et avec la Suisse.

Mais cela ne doit pas empêcher, je rejoins vos préoccupations, ni que chacun puisse retourner chez soi, ni que les marchandises puissent continuer à circuler, ni que les transfrontaliers puissent continuer de travailler. Cela, c'est la première initiative.

La deuxième initiative a été de mettre en commun des moyens pour mieux nous protéger. C'est ce qui s'est traduit par des achats groupés de matériels de protection et la mise à disposition de crédits significatifs pour poursuivre la recherche sur le COVID-19 et trouver un vaccin.

Par ailleurs, la troisième initiative vise à limiter l'impact économique de cette crise. C'est à cet égard que la commission européenne a permis la mobilisation de 37 milliards d'euros immédiatement pour financer les mesures d'Etat et les projets à destination des systèmes de soins et des secteurs économiques les plus vulnérables, mais aussi ce qui a amené une plus grande souplesse sur les aides d'Etat, et une plus grande souplesse sur le pacte de stabilité et de croissance, tout cela a été rendu public.

Et enfin, comme vous le savez, très récemment, hier, la Banque centrale européenne a adopté un programme de rachat de la dette publique et privée pour soutenir l'activité à hauteur de 750 milliards d'euros. Ce sont des initiatives jamais vues face à un défi et une crise que nous n'avons jamais connus non plus, mais dont la réponse doit être en grande partie européenne.


Source : https://www.diplomatie.gouv.fr, le 20 mars 2020