Texte intégral
Q - L'UE a-t-elle assuré sa survie, jeudi, en parvenant à un accord sur une relance de l'économie à hauteur de 540 milliards d'euros ?
R - Beaucoup a déjà été fait au niveau européen et l'accord de jeudi entre les ministres des finances est une étape très importante. L'UE a réagi très rapidement en suspendant les règles du Pacte de stabilité et celles sur les aides d'Etat, et en déployant des moyens financiers importants. Alors, c'est vrai, ce serait plus simple de se mettre d'accord sur un minimum en trois heures. Mais, pour être à la hauteur des enjeux, il faut plus de temps. Si on veut donner tort aux populistes, il faut que l'on puisse dire la vérité sur la rapidité et la force de la réponse européenne et aussi sur la solidarité.
Q - Que va permettre cette nouvelle enveloppe pour l'économie européenne ?
R - Le président de la République et Bruno Le Maire ont très tôt porté une exigence de solidarité dans la gestion de la crise comme dans la reprise économique - c'est le sens de l'accord de jeudi. Les fonds dégagés permettront aux Etats qui auraient des difficultés à se financer d'avoir un accès à des taux avantageux. On accroît aussi sensiblement le soutien aux PME pour qu'elles puissent traverser un choc incroyablement fort. Enfin, un dispositif va aider les pays à financer le chômage partiel, qui concerne près de sept millions de Français.
Q - Pour autant, il n'y a pas eu d'accord sur les "coronabonds"…
R - Chacun met ce qu'il veut derrière le mot "coronabonds". Ce que le président de la République vise, c'est une relance coordonnée au niveau européen. Car aucun pays ne peut sortir seul de cette crise. C'est ce qui a été acté, jeudi : tous les ministres voient la nécessité d'un instrument de relance, qui finance des investissements nécessaires en sortie de crise pour relancer l'économie et préparer l'avenir. Le mécanisme doit être débattu par les chefs d'Etat, le 23 avril prochain.
Q - Quel sera l'impact sur les négociations concernant le budget de l'UE et sur la PAC ?
R - La position française était déjà de promouvoir un budget de souveraineté pour l'agriculture, la défense et le numérique. Je pense qu'on peut dorénavant ajouter les sujets de santé, sur lesquels l'Europe doit avoir plus d'autonomie. La crise que nous vivons démontre que la sécurité de la chaîne d'approvisionnement alimentaire implique une politique agricole forte. Nous sommes aujourd'hui confortés dans cette priorité. Tous les pays de l'UE doivent comprendre qu'on ne peut reprendre les discussions là où on les a laissées : cette crise montre que nous devons agir plus fortement dans ces domaines de souveraineté.
Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 15 avril 2020