Texte intégral
Q - Bonjour, Jean-Baptiste Lemoyne.
R – Bonjour.
Q - C'est donc une catastrophe, du jamais vu pour notre région Sud qui vit du tourisme, ce chiffre par exemple, hallucinant, Jean-Baptiste Lemoyne, le taux de remplissage des hébergements touristiques pour les Alpes-Maritimes, 80 % l'an dernier, ce matin, il n'est que de 0,4%. Alors, qu'est-ce que vous allez faire pour notre région ?
R - Le tourisme c'est un moteur crucial de l'économie touristique de la région Sud, 150.00 emplois salariés, 20 milliards d'euros de recettes par an, et donc, il est clair que, maintenant, l'objectif c'est de préserver, sauvegarder, les entreprises et les emplois touristiques. Et pour cela…
Q - Comment ?
R - Eh bien, pour cela, on a mis, je dirais le paquet, avec les 300 milliards de prêts garanties d'Etat, qui permettent aux entreprises, notamment touristiques, de continuer à avoir accès au crédit…
Q - Oui, mais ça, ce n'est pas que pour le tourisme cette somme que vous annoncez.
R - C'est pour toutes les entreprises, mais d'après les remontées de la Banque Publique d'Investissement, il y a d'ores et déjà 10 % des entreprises qui se sont manifestées pour ce prêt, qui sont des entreprises touristiques, et notamment dans la région Sud. Nous avons également souhaité mettre en place, justement, le chômage partiel facilité, pour que les entreprises gardent leur talent, gardent leur savoir-faire. Le tourisme c'est de l'accueil, on a besoin de garder ces personnes qui sont formées, et là aussi, cela monte en puissance très fort. Et puis, enfin, on a pris une disposition spécifique au tourisme, qui est la mise en place d'un avoir qui permet à tous les voyagistes, tour-opérateurs, de proposer à leurs clients de reporter leur séjour pour après la crise sanitaire, ce qui permet de préserver l'intérêt du client, qui fera son voyage plus tard, et de préserver l'intérêt des entreprises qui gardent ainsi une trésorerie précieuse par les temps qui courent.
Q - Avec ces mesures que vous nous annoncez, est-ce que vous pouvez nous promettre qu'aucune personne dans notre région ne va perdre son emploi ? 121.000 salariés dépendent du tourisme, Jean-Baptiste Lemoyne.
R - On fait tout pour, on fait le maximum. Vous l'avez vu, encore une fois, l'activité partielle, on a le meilleur régime en Europe d'indemnisation. Cela permet aux gens de garder jusqu'à 84 % de leur revenu, c'est pris en charge par l'Etat, directement, on rembourse les entreprises, et les entreprises touristiques. Je sais que la région Sud, puisque j'ai fait cette réunion avec les professionnels du tourisme de la région Sud hier, avec Renaud Muselier, également, participe à l'effort avec la mise en place de son fonds Covid-Résistance, avec justement un certain nombre de crédits mis sur la table, y compris pour préparer la relance…
Q - Attendez. Vous dites on fait tout pour que les salariés ne perdent pas leur emploi. Le président Macron il nous a promis qu'aucune entreprise ne sera livrée au risque de la faillite.
R - C'est pour cela que l'on met en place ces outils, ces outils d'accès au crédit, ces outils de garanties, ces outils de chômage partiel, maintenant, peut-être que des entreprises, plus fragiles que d'autres, vont rencontrer des difficultés supplémentaires. Mais encore une fois, je peux vous dire, moi, chaque mardi, je réunis le comité de filière tourisme et là, on fait le point avec les professionnels, au niveau national, et on prend en compte toutes les situations. Vous savez, en ce moment c'est une mobilisation permanente, H24, de l'ensemble des équipes, de l'Etat, à la fois au niveau central et dans les régions, également de toutes les équipes de la BPI, d'Atout France, bref, on est sur le pont, on est là pour aider tout le monde.
Q - Et vous débutez aujourd'hui, avec notre région, un tour de France virtuel des régions touristiques. Est-ce que vous avez un premier bilan des dégâts ?
R - Alors, le bilan, il est simple, le tourisme il s'est arrêté net dès lors que le confinement a été mis en place, ça a été dit, des taux d'occupation d'hébergements qui sont inférieurs à 1%, bref, l'activité touristique elle s'est contractée de 97- 98%, ça signifie un manque à gagner, au niveau national pour un trimestre, qui pourrait s'élever jusqu'à 40 milliards d'euros, et pour la région Sud autour de quatre milliards d'euros. Donc, c'est effectivement un impact massif, et j'ajoute que c'est une profession qui a connu cet impact peut-être en premier, et avant les autres, puisqu'il y a également tout le secteur du voyage qui envoyait des touristes français, vers l'Asie par exemple, qui depuis le mois de janvier, lui, est touché.
Q - Et peut-être que le tourisme de masse justement va disparaître après cette crise. Jean-Baptiste Lemoyne, deux questions très concrètes, deux réponses rapides. Combien de ressortissants bloqués en ce moment à l'étranger, ils étaient plus de 150 000 au début de la crise, on parle aujourd'hui de 10 000 ?
R - Alors un peu moins, quelques milliers, on en a ramené 148 000 à la maison, et on va poursuivre les vols affrétés par Air France pour aller les chercher, aux Philippines, au Pérou, etc., c'est un travail, là aussi... chaque jour.
Q - Et est-ce que nous allons pouvoir prendre l'avion cet été pour partir en vacances, ou il faut d'ores et déjà l'oublier ?
R - La priorité, c'est la bataille sanitaire, et donc c'est l'état de la bataille sanitaire qui permettra de dire à quel moment on pourra reprendre des activités, à quel rythme. Donc aujourd'hui, il est très difficile de donner un horizon, ce qui compte c'est le confinement pour vaincre ce fichu virus, et ensuite, naturellement, on préparera la reprise, mais je ne peux pas m'engager sur un horizon. Ce que je veux dire, restez chez vous, on va gagner.
Q - On va gagner, vaincre ce fichu virus, Jean-Baptiste Lemoyne, le secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères, chargé notamment du tourisme, merci.
Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 8 avril 2020