Déclaration de M. Jean-Yves Le Drian, ministre de l'Europe et des affaires étrangères, en réponse à une question sur l'aide apportée à l'Afrique dans la lutte contre l'épidémie de Covid-19, à l'Assemblée nationale le 14 avril 2020.

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Circonstance : Question à l'Assemblée nationale

Texte intégral

Je réponds volontiers à la question du député Jacques Rabal dont je sais l'attachement aux enjeux du continent africain, et je voudrais lui dire qu'en Afrique, nous regardons la situation, sans catastrophisme, sans prédiction alarmiste, mais, néanmoins, avec une extrême vigilance parce que la vague du COVID19 monte, après avoir atteint plus tardivement l'Afrique, parce que les systèmes de santé africains sont fragiles, et parce que les mesures de confinement prises de façon courageuse par plusieurs pays risquent d'impacter durablement les habitants qui, souvent, vivent au jour le jour.

Donc, nous devons donc aider l'Afrique dans cette période. Nous devons le faire par solidarité avec des pays amis. Je voudrais d'ailleurs dire ici que ce lien humain, entre l'Afrique et la France, est tragiquement illustré par ce médecin urgentiste franco-malgache, formé en France, qui était revenu prêter main forte à Compiègne, et qui restera comme la première victime en France, victime au front du COVID-19.

Aider l'Afrique, aujourd'hui, c'est aussi répondre aux intérêts de la France, en agissant dans notre voisinage pour écarter la menace d'un effet de retour, d'un effet boomerang, d'une deuxième vague qui viendrait nous frapper demain alors que nous serions en phase de récupération.

Et pour cela, le président de la République développe, avec ses partenaires européens, une stratégie autour du soutien aux systèmes de santé africains. Et nous allons réorienter, pour cela, notre aide au développement bilatéral, réorientée à hauteur d'un milliard deux cents millions d'euros en dons et en prêts, sur des crédits qui étaient destinés à d'autres actions de développement.

Nous le faisons aussi dans un cadre multilatéral avec la mobilisation du fond mondial de lutte contre le sida, avec la mobilisation du GAVI, d'Unitaid, tous les fonds auxquels nous participons.

Nous voulons aussi le soutenir grâce à l'expertise scientifique africaine pour trouver des solutions ensemble et le faire aussi par le soutien à l'activité économique. Vous avez pu entendre, hier, le président de la République souhaiter un moratoire et des annulations massives de dettes, qui seront des actes majeurs pour la coopération avec l'Afrique dans cette période.


Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 15 avril 2020