Texte intégral
Q - Je vais poser toutes ces questions dans un instant à Jean-Baptiste Lemoyne qui est avec nous, le secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères, bonsoir Monsieur le Secrétaire d'Etat.
R – Bonsoir.
Q - Que répondez-vous aux Français ce soir ? Bien sûr, nous avons fait le point depuis des semaines sur cette épidémie terrible, et la priorité, c'est la question sanitaire. Mais, c'est vrai qu'après deux mois de confinement, les Français vont se demander s'ils pourront partir en vacances. Pouvez-vous leur répondre ?
R - Je comprends l'impatience, l'importance de connaître, mais vous l'avez dit vous-même, le principe, c'est la lutte contre l'épidémie, c'est vaincre ce virus. C'est cela qui va commander le moment quand on pourra reprendre une vie qui ressemble à celle d'avant, mais pas totalement.
Le Premier ministre l'a dit, lors de son point de presse hier, il faudra adapter un certain nombre d'habitudes, il faudra adapter aussi les établissements et les sites, il faudra faire en sorte que l'on puisse donner de la réassurance sanitaire aux touristes, aux clients, aux consommateurs. Donc, aujourd'hui, il n'est, hélas, pas possible de donner une date. Mais ce qui est sûr, c'est que l'on se prépare, on se prépare avec méthode et avec les professionnels.
Q - Concrètement, cela veut dire que le transport aérien pourrait reprendre et de quelle façon ? Comment se prépare-t-il à reprendre ? Y a-t-il des gestes barrières ? Tout le monde sera-t-il masqué, faudra-t-il remplir les avions seulement à moitié afin de respecter ces gestes barrières ? Ces avions pourront-ils voler au-delà de nos frontières nationales, au-delà des frontières européennes ?
R - Dans tous les domaines du tourisme, parce que le tourisme est une grande chaîne qui comprend l'hôtellerie, la restauration, mais aussi les activités de loisirs et le transport, vous l'avez dit, la connectivité est clé pour amener le tourisme.
Dans toutes ces activités nous travaillons. J'ai demandé la semaine dernière, lors du comité de filières tourisme que je réunis chaque mardi, qu'il nous transmette tous leurs projets de protocoles sanitaires, pour que nous puissions y travailler et harmoniser, pouvoir avoir une approche avec le ministère de la santé et avec la mission que préside Jean Castex qui prépare le déconfinement.
C'est un travail méthodique, c'est un travail qui prend du temps parce qu'il faut être minutieux ; il s'agit de la santé des clients, des consommateurs, des touristes. Donc, je peux vous dire que tout le monde, les administrations comme les professionnels, est mobilisé. Ils nous envoient leurs protocoles, leur projets, et nous travaillons à ce que tout cela puisse ensuite se traduire en actes, pour que le moment venu, il y ait une réouverture dans les meilleures conditions et dans les meilleures conditions sanitaires.
Q - Le président de la République a indiqué, lundi dernier, qu'il fixait en gros à la mi-juillet la réouverture peut-être et progressive de tout ce qui est activités de restauration et cafés ; on pense donc évidemment à toutes ces activités de bord de mer. Ma question est précise : aujourd'hui, sur les plages il y a des arrêtés qui interdisent les plages jusqu'au 31 juillet. Avez-vous de la visibilité sur ce terrain-là ? Les plages seront-elles rouvertes, par exemple, au mois d'août ?
R - Très concrètement, il en va des plages comme du reste, nous avons besoin, dans un premier temps, de documenter un certain nombre d'éléments. Quel est le comportement du virus dans l'eau, dans l'eau de mer ? Quel est son comportement également sur des matières, comme le sable ? Avec tout cela, on n'a pas le droit de jouer avec la sécurité des Français et des touristes. Mais ce qui est sûr : le président de la République, lors de son allocution, a dit que le tourisme était une priorité nationale. Et donc, moi je m'emploie, avec Jean-Yves Le Drian, avec Bruno Le Maire, à faire en sorte que nous puissions, déjà, aider les professionnels, préserver, sauvegarder les emplois, les activités, parce qu'effectivement la filière, aujourd'hui, subit un choc massif. On est quasiment à moins 100% de recettes. Et pour les professionnels qui souvent font leurs recettes sur une saison qui va de mars-avril jusqu'à octobre, cela veut dire que parfois, il va falloir attendre jusqu'au mois de mars ou avril 2021.
Donc, face à cela, nous devons leur donner des armes et des outils pour passer ce cap, ce cap très difficile ; et c'est pourquoi nous bâtissons, nous préparons ce plan de relance du tourisme, au-delà des mesures de soutien immédiates - et le président a été très clair, il a parlé des annulations de charges-, faire en sorte que l'on puisse travailler au rebond avec la clientèle nationale dans un premier temps, dès que les conditions sanitaires le permettront.
Je le dis aux Français : ce sera le moment de redécouvrir la France.
Je pense qu'il y aura d'ailleurs profondément une envie de France. Souvenez-vous de ce dicton allemand qui dit "heureux comme Dieu en France". Je crois que dès que nous le pourrons, nous allons chacun l'expérimenter pour repartir à la découverte de ces joyaux du patrimoine, de ces activités de loisirs. Bref, tout simplement redécouvrir ce pays qui fait venir du monde entier, qui faisait venir du monde entier ; l'année dernière, 90 millions de touristes internationaux.
Nous sommes numéro un mondial et je crois qu'on a énormément de choses à redécouvrir dès que cela sera possible.
Q - Dernière question, Jean-Baptiste Lemoyne. Cinquante-neuf députés et sénateurs s'inquiètent, aujourd'hui, ils viennent souvent des régions très touristiques, et ils jugent que même le plan déjà annoncé de 552 millions d'euros de prêts garantis par l'Etat ou les mesures de chômage partiel ne suffiront pas pour permettre une reprise de l'économie touristique du pays. Est-ce que vous avez déjà en tête des mesures précises pour permettre un soutien de cette activité ?
R - Nous travaillons main dans la main avec les élus, les parlementaires et notamment les groupes d'études tourisme à l'Assemblée nationale et au Sénat. Très concrètement, on est passé en termes de prêts garantis par l'Etat au secteur du tourisme, on n'est plus à 550 millions d'euros, on est maintenant plutôt au niveau de 1,5 milliard. C'est vous dire que cela a bien grimpé.
Mais surtout, nous réfléchissons effectivement au rebond. Et de ce point de vue-là, je pense qu'il sera indispensable peut-être de mettre sur pied des dispositifs pour aider les investissements.
Parce que le tourisme de demain, et cela a été dit sur votre antenne tout au long de l'après-midi, il sera différent. Il faudra y mettre plus de tourisme durable. Il faudra y mettre, naturellement, des réassurances sanitaires. Et je crois que, face à la concurrence internationale, il ne faut pas rester les deux pieds dans le même sabot. Il faudra, également, plus faire en sorte que le digital permette l'amélioration des expériences…
Bref, beaucoup d'investissements à conduire, et pour cela, compte tenu de l'état des trésoreries, compte tenu du choc économique, nous devons déployer des outils, avec la Caisse des dépôts, avec la Banque des territoires, avec les Régions, bref, tous pour aider les professionnels à adapter leur offre à ces nouvelles conditions, pour que la France demeure, encore une fois, sur la première place du podium, dans le cadre d'un tourisme qui soit harmonieux et qui respecte les territoires, parce que je crois que c'est aussi cela que les Français souhaitent.
Q - Merci beaucoup, merci d'avoir répondu à nos questions ce soir, même si évidemment, c'est très difficile d'avoir des réponses précises.
Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 22 avril 2020