Texte intégral
Q - Bonsoir, Jean-Baptiste Lemoyne,
R – Bonsoir,
Q - Le tourisme est très durement touché par la crise du coronavirus. Un comité de la filière française s'est tenu ce matin, comme chaque mardi. Quelle garantie l'Etat apporte-t-il aux entreprises du secteur ?
R - C'est bien simple, le secteur du tourisme a été frappé, de plein fouet, de façon brutale et massive. Et donc, notre réponse a été immédiate, elle a été très forte. Elle se décline avec la montée en puissance des prêts garantis par l'Etat, aujourd'hui, vingt-sept mille entreprises touristiques en ont bénéficié pour 2,7 milliards d'euros. Par ailleurs, avec également les dispositifs de chômage partiel, c'est environ 16% de l'ensemble des personnes qui sont au chômage partiel qui relèvent du secteur du tourisme et le président de la République a aussi souhaité que nous mettions en place les annulations de charge pour aider les professionnels de ce secteur à passer le cap, un cap particulièrement difficile.
Q - Vous évoquez les demandes de prêts garantis par l'Etat. Tous les entrepreneurs qui tourisme qui en ont déposé auprès de leur banque n'ont pas encore reçu de réponse, il est urgent qu'elles accélèrent le mouvement, ces banques ?
R - Tout à fait, et des instructions ont été données en ce sens par le ministère de l'économie et des finances pour demander à ce qu'il y ait systématiquement une réponse pour les dossiers déposés, et que cette réponse vienne au bout de quelques jours, qu'elle soit positive ou négative, parce que s'il n'y a pas de réponse, cela empêche de saisir la médiation nationale du crédit et cela empêche éventuellement, le recours aussi à un nouveau type de dispositif que nous avons mis en place, c'est-à-dire des prêts directs par l'Etat, pour les entreprises les plus fragiles. Cela fait partie des mesures qui sont discutées en ce moment-même au Sénat, dans le cadre de ce que l'on appelle le projet de loi de finances rectificative. Très concrètement, cela montre que l'on ajuste au fur et à mesure, on continue de régler nos dispositifs sur les besoins du terrain.
C'est vrai, également, pour le fonds de solidarité qui a été augmenté dernièrement pour pouvoir répondre à plus de demandes.
Q - Jean-Baptiste Lemoyne, y a-t-il un risque de saison blanche pour certains professionnels du tourisme ?
R - Aujourd'hui, il est très difficile de donner une perspective, tout simplement parce que ce qui commande tout, c'est la lutte contre l'épidémie, contre ce virus. Et c'est lorsque nous aurons estimé qu'il est suffisamment jugulé, que sa circulation est suffisamment ralentie et que, par ailleurs, nous aurons suffisamment de garanties sanitaires, que l'on pourra rouvrir un certain nombre d'activités.
C'est pourquoi, dès la semaine dernière, lors du comité de filière qui réunit les professionnels parce que nous souhaitons travailler main dans la main, je leur ai demandé tous leurs projets de protocoles sanitaires, nous les avons reçus, ils sont en cours d'examen et d'instruction, ils seront transmis à la mission Castex, parce qu'il y a ce besoin de réassurance sanitaire, ce besoin de montrer que nous sommes au rendez-vous de la santé. C'est la première des priorités et je peux vous dire que les professionnels sont très engagés sur ce chantier-là.
Q - C'est-à-dire que par exemple, le prérequis avant d'imaginer une réouverture, c'est de diminuer les jauges de tous les établissements qui accueillent des touristes ? On pense aux restaurants, aux hôtels etc. ?
R - La nature des prérequis sera différente selon les activités. La chose n'est pas la même, selon que vous soyons un restaurant ou un parc de château à visiter. C'est pour cela qu'il faut avoir cet examen, segment par segment. Mais oui, la dimension des jauges devra être revue, vraisemblablement, pour pouvoir fonctionner dans de bonnes conditions sanitaires.
C'est pour cela que cela peut poser, pour certains, la question de l'équilibre économique. C'est pourquoi, on le sait, certains vont peut-être se dire qu'il faut plutôt attendre la saison prochaine pour rouvrir, et dans ce cadre-là, nous travaillons aussi sur des dispositifs d'aide, comme La prolongation de l'activité partielle, parce que, tenir presqu'un an, vous imaginez ce que c'est, mais naturellement, notre souhait, c'est de pouvoir travailler aux procédures sanitaires et à la réouverture, dès que possible, mais le moment venu, on ne peut pas le dire encore.
Q - Les professionnels du secteur sont dans une situation très délicate et les Français, eux, s'interrogent : qu'est-ce qu'ils vont pouvoir faire cet été concrètement ? C'est difficile d'avoir des perspectives, Jean-Baptiste Lemoyne, vous le disiez. Mais soyons clairs : ce n'est pas la peine que nos auditeurs réservent des hôtels pour l'instant, des campings, des centres de vacances pour le mois de juillet ou pour le mois d'août, en France ?
R - Je le redis, à ce stade, nous sommes le 21 avril, il est difficile de donner une perspective. J'espère que, dans quelques semaines, on pourra donner cette perspective et que, à ce moment-là, je peux vous dire que nous travaillons d'ores et déjà d'arrache-pied pour imaginer une campagne nationale pour inciter les Français à redécouvrir tous nos terroirs, à redécouvrir notre patrimoine. Je crois que tout le monde aura besoin de souffler, tout le monde aura besoin..., et aura envie de France finalement, tout le monde aura envie de pouvoir retrouver ses proches, et pouvoir redécouvrir tous les joyaux qui font la France.
Donc, très clairement ce qui est sûr, c'est que, le moment venu, la reprise partira par la France, par les Français et je crois qu'il y a là beaucoup à faire. Nous travaillons avec les Régions, main dans la main, dans ce cadre-là.
Q - Alors, Jean-Baptiste Lemoyne, il y a les établissements bien sûr, et puis il y a aussi les espaces naturels, avec l'été, je pense, évidemment, aux plages. Est-ce qu'il faudra en contrôler les accès pour limiter le nombre de vacanciers sur le sable et ainsi garantir une distanciation sociale à la plage ?
R - Le Premier ministre l'a dit, lors de sa conférence de presse de dimanche, nous devons vivre avec le virus. Et comme il n'y a ni vaccin, ni traitement, il n'y a pas d'immunité collective, cela signifie qu'il faut maintenir encore les gestes barrières et maintenir un certain nombre de protections. Et très clairement, on ne pourra pas aller à la plage de la même façon qu'on y allait avant, tant que l'on n'a pas toutes les garanties.
Nous sommes en train de regarder aussi, avec les professionnels, il y a des groupes de travail, mais nous regardons également ce qui s'est fait à l'étranger.
Par exemple les Australiens ont autorisé les activités aquatiques mais sans stationnement sur la plage, c'est-à-dire que vous pouvez faire du surf, vous pouvez nager, mais je dirais que la plage n'est pas utilisée en tant que telle pour bronzer etc.
Donc, on est en train de regarder tout cela. Encore une fois, il n'y a pas, aujourd'hui, je n'ai pas de réponse précise à vous faire parce qu'on est dans la phase du travail.
Le président de la République nous a demandé de travailler à la préparation de ce plan de sortie du confinement. Aujourd'hui, le temps est au travail, le temps est au travail avec les professionnels et, le moment venu, naturellement, nous informerons les Français.
Q - Jean-Baptiste Lemoyne, il y a les vacanciers français, évidemment, mais chaque année, les touristes étrangers viennent très nombreux dans notre pays. Qu'est-ce que vous leur dites ? Ne venez pas en France cet été pour éviter la circulation éventuelle du virus ?
R - Vous savez, aujourd'hui, il y a presque 180 pays qui ont mis des mesures contraignantes vis-à-vis des Français pour se déplacer à l'étranger et de la même façon, vous le savez, les Etats de la zone Schengen, eux-mêmes, ont fermé leurs frontières aux ressortissants d'Etats tiers. Donc, la mobilité sera très compliquée, il ne faut pas se voiler la face, dans les prochains mois, dans le monde entier. Par conséquent, il va falloir s'appuyer sur ce moteur du tourisme national, du tourisme français.
D'ailleurs, je crois que le tourisme pour tous est une bonne maxime. Il faudra que nous puissions favoriser le départ de tout le monde, d'un maximum de Français. Je veux dire, dès lors que les conditions sanitaires seront réunies, avec des dispositifs aussi, je dirais, d'aide sociale, parce que, il ne faut pas se le cacher, nous vivons un événement, une période un peu traumatisante, et il y aura besoin, je crois, de se reconstruire, à la fois individuellement et collectivement, à travers une période de repos, le moment venu.
Q - Merci beaucoup, Jean-Baptiste Lemoyne, d'avoir été mon invité ce soir.
R – Merci.
Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 23 avril 2020