Texte intégral
Q - Jean-Baptiste Lemoyne, bonjour.
R – Bonjour.
Q - Vous avez rencontré, ce jeudi, les élus corses et les acteurs du tourisme dans l'île, qui vous ont fait part de leurs inquiétudes. Beaucoup risquent de ne pas se relever des conséquences de cette crise sanitaire que nous traversons. Les outils d'accompagnement économique mis en place par le gouvernement aujourd'hui sont-ils suffisants ?
R - Ce qui est sûr c'est que le choc est massif, il est brutal pour l'économie touristique, et on sait ce qu'elle représente pour l'île, 2,5 milliards d'euros entre un quart et un tiers, je dirais du produit intérieur brut, donc, c'est très important. Face à cela, on a voulu mettre en place une réponse également économique massive avec le chômage partiel, avec les prêts garantis par l'Etat. Il y a aujourd'hui cinquante millions d'euros qui ont été décaissés pour environ quatre cents entreprises touristiques corses. Par ailleurs, le président de la République a souhaité qu'il y ait une annulation pure et simple, une exonération de charges pour le secteur du tourisme. Cela concernera, naturellement, la Corse.
Q - Jean-Baptiste Lemoyne, ce soutien aux entreprises de tourisme va-t-il se poursuivre après la reprise d'activité du secteur, reprise qui, on le sait, sera très difficile, très compliquée, les professionnels craignant une baisse de fréquentation de près de 50% ?
R - La réponse est oui. Il faudra continuer à accompagner les acteurs touristiques, les entreprises, non seulement les prochaines semaines, mais les prochains mois parce que, oui, la reprise va être très progressive. De plus, il y a des spécificités liées à la Corse, l'insularité notamment. Et donc, nous devons prendre en compte cette dimension-là, poursuivre l'activité partielle, poursuivre cet accompagnement pour préserver les emplois, préserver les entreprises et pouvoir repartir, aller de l'avant lorsque les conditions le permettront.
Q - Au-delà des mesures de soutien, les professionnels attendent aussi d'y voir plus clair pour préparer leur saison : date d'ouverture, y aura-t-il des avions, des bateaux ? Les déplacements entre les régions seront-ils autorisés ? La clientèle étrangère, européenne, surtout, qui représente 25% des touristes qui choisissent la Corse, pourra-t-elle venir ? Quand viendront les réponses, Monsieur le Ministre ?
R - Rendez-vous est pris pour la fin mai. C'est fin mai, quinze jours, trois semaines après qu'on ait du recul sur le déconfinement qui va commencer le 11 mai, que nous pourrons donner aux professionnels du tourisme un calendrier, des réponses plus précises. Parce que rien ne serait pire que de leur donner tout de suite une date qui soit trop rapprochée, qu'ils s'organisent, qu'ils embauchent, qu'ils fassent des stocks et que l'on soit obligé de revenir sur cette date parce que la circulation de l'épidémie du virus l'imposerait.
Donc il est vrai qu'on prend un peu plus de temps pour ce secteur-là, mais je crois que c'est rendre service à tout le monde et surtout on va mettre en face l'accompagnement qui va bien pour passer ce cap difficile.
Q - Mais dans ce contexte très difficile et malgré l'accompagnement dont vous venez de parler, des hôteliers, chez nous en tout cas, ont d'ores et déjà annoncé qu'ils n'entendaient pas ouvrir : le jeu, disent-ils, n'en vaut pas la chandelle, trop d'incertitudes et aussi des mesures sanitaires drastiques, vous les comprenez ?
R - Les mesures sanitaires seront indispensables et je sais que l'hôtellerie-restauration travaille à un guide pratique qui permettra, justement, d'avoir les bons protocoles. C'est indispensable parce que le client, le touriste, voyageur, il voudra être rassuré, et donc je crois qu'il va falloir rétablir cette confiance-là, dans tous les secteurs d'ailleurs, mais dans celui-là notamment. Par ailleurs, c'est vrai que certains risquent d'avoir une saison quasiment blanche. C'est pourquoi, par exemple, dans la réunion que nous aurons demain avec Bruno Le Maire et le secteur des assurances, j'insisterai sur le fait que les assureurs doivent être encore plus présents au rendez-vous qu'ils ne le sont, vis-à-vis de leurs clients. Il y a des pertes d'exploitation, il faut qu'elles puissent être, d'une façon ou d'une autre, prises en compte.
Par ailleurs, il va falloir, pour certains, tenir jusqu'au début de la saison prochaine. C'est long, cela justifie aussi, encore une fois, tout ce travail que nous allons poursuivre avec la collectivité, avec les professionnels parce que cette réunion d'aujourd'hui, ce n'est pas une réunion d'une fois comme ça, c'est également un cadre de travail, un cadre de dialogue, que nous avons installé.
Q - Justement puisque vous parlez de dialogue avec la collectivité de Corse, Gilles Simeoni s'est félicité qu'un cadre de discussion spécifique ait été acté pour la Corse, en quoi cela consiste ?
R - Cela consiste déjà en une méthodologie, à savoir que nous allons continuer à travailler nous, les élus, les professionnels, nos équipes pour prendre en compte les spécificités insulaires, spécificités liées au poids du tourisme, spécificités liées à l'insularité, spécificités institutionnelles puisque la compétence est assumée également par la collectivité. Donc, tout cela nous conduit à avoir des rendez-vous, encore dans les prochaines semaines et aussi à travailler à des réponses adéquates sur mesure pour permettre à ce tourisme corse qui est fait d'accueil, qui est fait de convivialité, de pouvoir rebondir, le moment venu.
Q - Donc nous aurons l'occasion d'en reparler, merci Jean-Baptiste Lemoyne d'avoir répondu à nos questions ce matin.
R - Merci à vous.
source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 4 mai 2020