Texte intégral
JEAN-JACQUES BOURDIN
Gérald DARMANIN, bonjour.
GERALD DARMANIN
Bonjour.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous êtes ministre des Comptes publics. Le 11 donc, déconfinement, dans une semaine, nous sommes le 4, est-ce que la date pourrait être repoussée ?
GERALD DARMANIN
Eh bien, nous faisons tout pour que le 11 mai soit le début du déconfinement, un déconfinement progressif, mais nous l'avons dit, à plusieurs voix, le Premier ministre l'a évoqué, si autour du 7 mai, nous nous apercevons que le nombre de personnes en réanimation, que le nombre de personnes qui rentrent dans l'hôpital public ne continuent pas à diminuer, et au contraire, augmentent, cette date peut être effectivement, comme l'a dit le ministre de la Santé, reportée. Mais tout est fait pour que le 11 mai soit la date du début du déconfinement.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc décision définitive sur la date 11 mai jeudi, jeudi soir, c'est bien cela ?
GERALD DARMANIN
Le Premier ministre, le ministre de la Santé, sur la base effectivement du nombre de personnes en hospitalisation, du nombre de personnes en réanimation, confirmeront cette date. Tout est fait pour que le 11 mai, nous puissions reprendre le chemin du travail pour la plupart des Français, que nous puissions reprendre le chemin de l'école pour la plupart des écoliers, que nous puissions recommencer la vie normale, si j'ose dire, même si nous savons qu'il faut vivre avec ce virus, puisque nous n'avons ni traitement ni vaccin, et pendant de longs, mois nous allons continuer à vivre avec.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien, projet de loi prorogeant l'état d'urgence sanitaire jusqu'au 24 juillet, et organisant le déconfinement, il y a eu un petit cafouillage autour de l'espace Schengen, de l'Union européenne et du Royaume-Uni, alors maintenant, on sait que toutes les personnes venues de l'étranger hors cet espace, avant d'entrer en France, devront être placées en quarantaine, on est bien d'accord, Gérald DARMANIN, c'est bien cela ?
GERALD DARMANIN
Il y aura effectivement un décret pris par le ministre des Affaires Etrangères qui va notamment cibler les zones en dehors de l'espace Schengen, grosso modo, en dehors de l'Europe, pour faire extrêmement vite, qui effectivement pourra mettre en quarantaine les Français, comme les citoyens étrangers, qui arrivent sur le territoire national, mais pardon, Monsieur BOURDIN, ça n'a rien d'original, depuis le mois de janvier, c'est le cas, depuis le mois de janvier, qu'est-ce qu'ils ont fait notamment les Français qui revenaient de Wuhan, ils ont été mis – vous vous en rappelez sans doute – en quarantaine, en Outre-mer, c'est le cas, si vous êtes Parisien et que vous allez en Outre-mer, vous devez passer par une quatorzaine lorsque vous arrivez dans un territoire pourtant français, pour éviter effectivement les contaminations, donc ça n'a rien de très original.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, ça n'a rien de très original, mais il y a eu cafouillage, Gérald DARMANIN, puisque dans un premier temps, on nous disait que les citoyens venus de pays de l'Union européenne, du Royaume-Uni, de l'espace Schengen devaient êtres placé en quarantaine, bon. En plus, l'Elysée a rectifié, parce que, je voudrais qu'on pense, et peut-être qu'on avait oublié qu'il y a des Français qui vont travailler dans l'espace Schengen, qui sont frontaliers et qui rentrent ou qui sortent tous les jours, bien, passons à autre chose…
GERALD DARMANIN
Eh bien, ce n'est pas moi qui vais les oublier, vous savez, Monsieur BOURDIN, ce n'est pas moi qui vais les oublier, vous savez que je suis élu du Nord et singulièrement de Tourcoing qui est une ville frontière avec la Belgique, et que je connais des milliers de personnes entre la France et la Belgique qui vont travailler, donc je voudrais rassurer les transfrontaliers, ils pourront continuer à vivre et à travailler en dehors des frontières, entre la France et la Belgique, entre la France et d'autres pays, mais en dehors de l'espace Schengen, notamment lorsque vous prenez un avion ou un bateau, que vous venez de Chine, que vous venez des Etats-Unis, que vous venez d'Afrique, vous pourrez être soumis à ces mesures de quarantaine.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que le gouvernement pourrait revenir sur la décision d'ouvrir les écoles à partir du 12 mai ? Vous avez vu cette pétition lancée par l'association des maires d'Ile-de-France, enfin, cette pétition, ce n'est pas une pétition, c'est une lettre, et de nombreux maires qui demandent, parmi ces maires, Anne HIDALGO, qui demandent à Emmanuel MACRON de repousser la réouverture des écoles, est-ce que cette réouverture sera repoussée ?
GERALD DARMANIN
Mais tous les maires ne la demandent pas, pardon de vous le dire Monsieur BOURDIN, vous avez devant vous un élu municipal, à Tourcoing, les écoles vont réouvrir le 12 mai, le 11 mai, pour les professeurs, le 12 mai pour les élèves. Ce qu'a voulu faire le président de la République, d'abord sur la forme, c'est le volontariat, volontariat des parents, vous pouvez mettre si vous le souhaitez vos enfants à l'école, volontariat des communes, les communes peuvent accompagner l'ouverture de ses écoles, si elles le souhaitent, donc c'est basé sur le volontariat, il n'y a pas de décision unilatérale de l'Etat, c'est sûr que le maire connaît bien son territoire, connaît bien le fonctionnement de ses écoles, est en relation directe avec les directeurs et les directrices d'école, mais pourquoi on fait la réouverture des écoles, c'est la seule question qu'un élu, que nous devons nous poser collectivement, eh bien, moi, je pense que c'est une grande mesure d'impératif social, quand on est dans un grand appartement, qu'on a une grande bibliothèque, que les deux parents sont des cadres et qu'on parle plusieurs langues étrangères, on peut se permettre de continuer à donner à distance des cours à ses enfants, ils perdent un peu sans doute d'éducation, parce que personne n'est professeur à la place des professeurs, mais enfin, ils n'ont pas de retard. Quand vous êtes un enfant d'ouvrier, quand votre maman vous élève seule et qu'elle est caissière, quand votre papa est immigré et qu'il ne parle pas extrêmement bien français, lorsque vous êtes 5 dans un appartement de 60 mètres carrés, lorsque vous êtes obligé, parce que vous n'avez pas d'ordinateur connecté à Internet, de suivre vos cours avec un Smartphone, et de faire vos devoirs sur un petit écran, lorsque vous n'avez pas accès à des livres, eh bien, c'est ces enfants-là, ces enfants des classes populaires, qui subissent le plus de ne pas aller à l'école, c'est un impératif social que de retourner à l'école, et je trouve ça très étonnant qu'une partie de la classe politique, notamment j'ai entendu Madame LE PEN hier sur votre antenne, expliquer qu'il ne faut pas d'école avant septembre et même peut-être plus loin, comme si les élus désormais ne souhaitaient plus qu'on envoie les enfants à l'école de la République. Alors moi, je pense qu'il y a aujourd'hui des conditions sanitaires qu'il faut respecter, 15 élèves par classe, ça a été dit, bien évidemment qu'il faut se reposer sur les élus et notamment les maires, qui connaissent mieux que personne le fonctionnement de leur commune. Bien sûr qu'il faut être à l'écoute, mais je voudrais dire que le retour des enfants à l'école, c'est un impératif social, dans une ville populaire comme Tourcoing, nous devons permettre aux parents qui le veulent de remettre leurs enfants à l'école de la République.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Gérald DARMANIN, le déconfinement dans les entreprises, distanciation, désinfection, fourniture de masques, j'ai une question simple, parce que beaucoup de chefs d'entreprise nous disent leur inquiétude, si un salarié tombe malade, est-ce que le chef d'entreprise est poursuivi peut être poursuivi ?
GERALD DARMANIN
Alors, aujourd'hui, c'est le débat de la responsabilité que vous évoquez, Monsieur BOURDIN, c'est valable pour le chef d'entreprise…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Eh oui, pour l'Etat, pour les maires, pour tous les élus ?
GERALD DARMANIN
C'est valable pour les directeurs d'administrations, effectivement, c'est-à-dire pour tous ceux qui ont la responsabilité des agents, des salariés qui sont sous leur responsabilité. Alors, aujourd'hui, si je prends par exemple le cas des élus, il y a déjà une loi qui existe, qui s'appelle la loi Fauchon et qui évoque le fait que si quelqu'un de manière délibérée fait quelque chose qui met en cause la vie d'un agent, évidemment, il peut être poursuivi. Le Premier ministre, il a entendu la demande supplémentaire, si j'ose dire, des élus de France, de pouvoir corriger cela, de le compléter, notamment parce que nous ne savons pas toujours les étendues de la science, et qu'il est évident que quelqu'un peut prendre une décision qui, demain ou après-demain ou après après-demain, pourrait faire naître des contentieux. Il faut pouvoir protéger ceux qui sont effectivement en responsabilité et qui prennent la responsabilité de faire retravailler un certain nombre de personnes. Donc le Premier ministre a dit qu'il entendrait cette demande des employeurs, comme des élus locaux, et il s'exprime cet après-midi au Sénat, je pense qu'il faudra être attentif à son discours. Je voudrais par ailleurs dire, aujourd'hui, dans le droit, et notamment…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Que pourrait-il annoncer ?
GERALD DARMANIN
Eh bien, je laisse au Premier ministre le soin d'annoncer les choses, sinon, ça ne sert à rien qu'il fasse un discours devant le Sénat. Mais pour répondre complètement à votre question sur les employeurs, ce n'est pas tout à fait la même chose que pour les élus locaux, aujourd'hui, l'employeur, il a un devoir de moyens. Vous avez vu qu'il y a des guides qui sont faits par le ministère du Travail et le ministère de l'Economie, notamment le port de masque lorsqu'on ne peut pas, quand on est salarié, avoir plus d'un mètre carré autour de soi de libre, le gel hydroalcoolique, lorsqu'on va rentrer dans un salon de coiffure, et j'imagine, dans n'importe quel commerce, à disposition dès qu'on rentre, enfin, bref, il y a des obligations pour l'employeur qu'il doit mettre en place, qui est la condition de sa réouverture, c'est ce qu'on appelle une obligation de moyens . Et en droit, il n'y a pas d'obligation de résultat, voilà, donc c'est ce qui distingue peut-être la responsabilité du fait de quelqu'un qui doit mettre en circonstances d'ouverture un certain nombre de dispositifs mis en place, discuter avec les syndicats et les fédérations professionnelles, mais il ne peut pas garantir que 100 % évidemment des personnes qui travaillent sous son autorité n'attrapera pas le Covid-19, il faut limiter au maximum. Mais cette question de la responsabilité se pose, et je pense que le discours du Premier ministre cet après-midi aura l'occasion de répondre à ces interrogations.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et de mettre à l'abri, si je puis dire, je vais être un peu direct, mettre à l'abri tous les élus, quels qu'ils soient, à l'abri de poursuites éventuelles ?
GERALD DARMANIN
Eh bien, il faut entendre ce que dira le Premier ministre et en discuter avec les chambres, vous savez, c'est d'abord une disposition législative, ce n'est pas une décision que prend le gouvernement comme ça tout seul, donc il faudra en discuter sans doute évidemment avec le Parlement, en discuter avec les associations d'élus, quand on est élu, on est responsable, quand on est maire, on est responsable, mais il est effectivement normal de ne pas être responsable de quelque chose qu'on ne peut pas maîtriser, n'importe qui aujourd'hui évidemment, constate que la science évolue, y compris les médecins…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Si je vous comprends bien, les élus seront mis hors responsabilité, c'est ce que je comprends ?
GERALD DARMANIN
Non, mais, Monsieur BOURDIN, c'est la réponse à apporter aux inquiétudes des employeurs, en général, c'est le cas des directeurs d'administration, c'est le cas des patrons d'entreprises, c'est le cas de patrons de d'associations, une association, elle a des employés, le président de l'association, souvent, qui est bénévole, il est dans le même cas que le maire, et la question est de savoir comment on peut aider ces employeurs à prendre leurs responsabilités, parce qu'il faut que les gens retournent au travail, garantir la santé des agents du service public qui sont sous l'autorité d'un maire, ou des salariés qui sont sous l'autorité d'un chef d'entreprise, et en même temps, en effet, ne pas faire porter une épée de Damoclès au-dessus de ces employeurs.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien, Gérald DARMANIN, la récession, où en est-on ce matin ?
GERALD DARMANIN
Aujourd'hui, vous savez la France, elle essaie d'être transparente, et c'est d'ailleurs la condition pour laquelle la confiance existe avec notamment ceux qui lui prêtent de l'argent. Et nous mettons, à chaque fois que nous avons de nouvelles informations, qu'il s'agisse de la Commission européenne ou de la BANQUE DE FRANCE, les chiffres qui correspondent à ces évaluations, vous avez vu que nous avons corrigé notre budget avec Bruno LE MAIRE, et nous avons évoqué de récession extrêmement forte à moins 8 %, est-ce qu'elle sera plus importante ? Peut-être on ne le sait pas encore…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Moins 10, on parle de moins 10 %...
GERALD DARMANIN
Mais je ne peux pas… et on parle de beaucoup de choses, et nous verrons bien, et pardon, Monsieur BOURDIN, mais ça change tous les jours…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pas grand-chose…
GERALD DARMANIN
Donc ce qui est certain, c'est que nous avons une date de la reprise d'activité plus forte qui est celle du 11 mai, nous souhaitons que ce déconfinement, les Français, le plus possible, retournent au travail ou continuent le télétravail, mais, bref, produisent, envoient des services aux clients qu'ils ont, nous souhaitons que le service public que redémarre le plus rapidement possible, parce qu'effectivement, la fin du confinement, c'est le retour, nous l'espérons, à une activité économique plus normale, elle ne sera pas tout à fait normale, mais plus normale, parce que le confinement, il a aussi des défauts, il a sauvé beaucoup de vies, c'était une très grande décision, une belle décision, mais il a aussi des défauts, et ces défauts, on l'a dit, un défaut éducatif pour les enfants, un défaut de sanitaire, plein de gens qui ne vont plus voir leur médecin aujourd'hui pour d'autres questions que le Covid, et donc il y a des questions sanitaires qui se posent, et il y a aussi des conséquences économiques, et donc des conséquences sociales, et l'économie, c'est aussi la vie…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors justement, oui, mais bien sûr, mais l'Etat va aider RENAULT, l'Etat va aider AIR FRANCE, on est d'accord, 7 milliards d'euros, je crois, est-ce que l'Etat va aider la SNCF ?
GERALD DARMANIN
Oui, l'Etat va aider la SNCF, d'abord, parce que l'Etat en est l'actionnaire, vous savez, l'Etat aide déjà la SNCF je viens d'écouter la chronique de monsieur DOZE, pardon de le dire, il a dit des choses pas tout à fait vraies, l'Etat est déjà au rendez-vous de la SNCF, qu'est-ce qu'il fait, là, l'Etat ? L'Etat, il a pris en charge l'activité partielle, c'est-à-dire, il paie les salaires à la place de la SNCF, qu'est-ce qu'on a fait pour plus de 11 millions de salariés, 1 salarié sur 2, Monsieur BOURDIN, aucun pays n'a fait ça autour de nous, aucun pays n'a fait ça, nous avons payé, nous, l'Etat, c'est-à-dire, nous, les Français, nous avons payé les salaires à la place des entreprises, à la place des opérateurs comme la SNCF, donc nous avons sauvé de la faillite des dizaines de milliers d'entreprises et garanti le salaire des Français. Dans d'autres pays, qu'est-ce qui se passe, il se passe des licenciements…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien, Gérald DARMANIN, pour aller vite, l'Etat va aider la SNCF à quelle hauteur ?
GERALD DARMANIN
On ne le sait pas encore, mais on ne le sait pas encore, comment voulez-vous savoir une chose pareille, nous ne savons pas… la première question que vous m'avez posée, c'est est-ce que le 11 mai serait une vraie date, vous voyez bien qu'il y a déjà une incertitude sur la reprise. Donc comment on va devoir imposer à la SNCF de reprendre son activité, y aura-t-il des conditions sanitaires, sans doute, à la reprise des trains de banlieue, des trains régionaux, des TGV, la clientèle internationale ne sera sans doute pas là avant un certain temps, notamment pour les transports, et beaucoup de gens prennent le TGV quand on a de la clientèle internationale, nous ne connaissons pas encore le trou que la SNCF va connaître, mais ce que je peux vous dire ce matin, c'est que l'Etat sera au rendez-vous de la grande compagnie nationale.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien, l'Etat sera au rendez-vous, va aider donc. Juste une parenthèse, est-ce que l'aéroport d'Orly restera fermé jusqu'à l'automne ?
GERALD DARMANIN
Ecoutez, j'ai lu effectivement que l'aéroport de Paris avait pris la décision de ne pas réouvrir avant septembre, en tout cas, c'est la prévision, vous savez, il y a grosso modo moitié moins d'avions qui volent dans le monde, et à peu près 70 % d'avions en moins qui volent en France, donc on voit bien que l'aéronautique connaît une difficulté extrêmement forte d'où le plan de sauvetage de 7 milliards d'euros de notre compagnie nationale AIR FRANCE, et donc il est assez normal effectivement que les zones aéroportuaires retrouvent, si j'ose dire, une dimension, encore une fois normale mais plus tard, après le 11 mai.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il y aura un troisième projet de Loi de finances rectificative, j'imagine, Gérald DARMANIN, dans quelques jours ou quelques semaines…
GERALD DARMANIN
On va être pragmatique, Monsieur BOURDIN, on va être pragmatique, aujourd'hui, il n'y en a pas, il n'y a pas de prévu, parce que les 110 milliards que nous avons débloqués avec Bruno LE MAIRE, à la demande du président de la République, suffisent pour répondre aux interrogations des indépendants, pour répondre aux charges, on a aujourd'hui 17 milliards d'euros de charges qui ont été reportées, et je vous faire une annonce ce matin, ce sera encore le cas au mois de mai, il y a potentiellement 23 milliards d'euros de charges que paient les entreprises alors même qu'on va reprendre le 11 mai, nous allons garder, y compris pour l'échéance du 15 mai, la possibilité du report de charges pour les entreprises qui sont en difficulté, c'est une annonce importante, c'est beaucoup d'argent…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors justement, je m'arrête là-dessus, Gérald DARMANIN, c'est très important pour les entreprises, quels sont les reports de charges que vous prolongez ?
GERALD DARMANIN
Eh bien, tous les reports de charges sont faits pour toutes les entreprises qui sont en difficulté, il suffit qu'elles le demandent aux URSSAF, alors le 20 du mois vous savez, c'est les indépendants, les très petites entreprises, là, c'est automatique, ils n'ont rien à faire, tous les indépendants depuis le mois de mars connaissent un report automatique de leurs charges, et puis, pour les petites entreprises de moins de 50 salariés, comme pour celles de plus de 50 salariés, les PME ou les grosses entreprises, ils doivent demander aux URSSAF le report de charges, c'est très facile, il n'y a pas de technocratie particulière, et ils peuvent donc reporter à plus tard leurs charges sociales, quand bien même ils auraient réouvert, je pense que c'est un bol d'air extrêmement important, et puis, vous avez vu, Monsieur BOURDIN, que le président de la République…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Jusqu'à quand, jusqu'à quand les reports de charges, Gérald DARMANIN ?
GERALD DARMANIN
Eh bien écoutez, pour l'instant, vous le savez, les charges, elles se paient chaque mois, donc pour l'instant, nous avons depuis le mois de mars fait ce report de charges, alors que nous avons repris, nous reprenons à partir du 11 mai l'activité, entre guillemets, normale avec le déconfinement, nous acceptons encore les reports de charges au mois de mai, nous verrons bien s'il faut le faire encore au mois de juin, pour une partie des entreprises ; il faut être très pragmatique, l'Etat, il a cassé la tirelire, il a creusé sa dette pour sauver de la faillite des dizaines de milliers d'entreprises, pour aider des millions de salariés, il ne va pas faire de la comptabilité bête et méchante au mois de mai ou au mois de juin après avoir fait tout ce travail de dette, malheureusement, et d'argent public au rendez-vous des Français…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc reports de charges mai et juin ?
GERALD DARMANIN
Non, reports de charges au mois de mai, Monsieur BOURDIN, nous verrons bien l'activité économique du mois de mai, et nous serons très pragmatiques à la demande du Premier ministre et du président de la République pour voir si nous continuons un certain nombre d'aides, il faut être pragmatique. Par ailleurs, Monsieur BOURDIN, je voudrais aussi souligner la décision…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors, pragmatique, je le suis aussi, report de la TVA ?
GERALD DARMANIN
Non, mais attendez quelques instants, parce que morceau avalé n'a plus de goût pour les journalistes, comme disait ma grand-mère, je voudrais quand même souligner la décision qu'a prise le président de la République, qui n'a pas d'historique dans l'histoire de la République depuis la protection sociale, qui a été d'annuler, pas simplement reporter, Monsieur BOURDIN, d'annuler les charges du 15 mars au 15 juin pour tout le secteur de l'hôtellerie, pour tout le secteur de la restauration, pour les arts et spectacles, le monde de la culture, pour une partie du monde du sport, notamment ceux qui ont les plus grandes difficultés, pour le tourisme, ces annulation pures et simples de charges n'ont jamais existé, et je vais les mettre en place puisque je suis le ministre des URSSAF, et cette décision historique, elle va aider les entreprises de France, et notamment les restaurateurs, notamment le monde de la culture, à pouvoir reprendre dans des conditions acceptables.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que les baisses d'impôts seront retardées ?
GERALD DARMANIN
Moi, je pars du principe, Monsieur BOURDIN, et je crois que c'est le cas de tout le gouvernement, que ce n'est pas en augmentant les impôts ou en différant des baisses d'impôts qu'on va relancer l'activité, on voit bien que l'augmentation de la fiscalité ou la peur que nous augmentions la fiscalité, c'est ce que doivent penser les Français, d'où viennent ces milliards, il va falloir qu'on les rembourse, moi, j'entends ça aussi, eh bien, on va se faire avoir, et l'année prochaine, ils vont augmenter les impôts, eh bien, non, l'augmentation des impôts, ça n'a jamais fait que retarder l'activité, que de rendre plus inquiétant l'avenir pour les entrepreneurs comme pour les particuliers. Vous savez vu, les Français, ils épargnent beaucoup, pas tous les Français, et tout le monde n'est pas dans la condition d'avoir la possibilité d'épargner, mais enfin, il y a beaucoup d'épargnants. Il faut débloquer cette épargne en donnant confiance aux Français, en disant : nous n'allons pas augmenter les impôts, et vous pouvez consommer, vous pouvez investir, vous pouvez relancer l'économie. Le président de la République, depuis 3 ans, il a abaissé les impôts, et d'ailleurs, ça a marché, la croissance était plus forte qu'ailleurs, on avait chômage plus bas depuis 20 ans, avant la crise du coronavirus, on pouvait rembourser notre dette qui baissait, tout ça, parce qu'on avait baissé les impôts et on redonnait confiance aux Français, donc ce n'est pas en augmentant les impôts demain qu'on va augmenter la croissance, bien au contraire.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien, je voudrais terminer avec les masques, est-ce que l'on pourrait offrir les masques aux personnes les plus démunies, première question. Deuxième question, est-ce que l'on pourrait rembourser les masques, demander à la Sécurité sociale de rembourser les masques, oui ou non, Gérald DARMANIN ?
GERALD DARMANIN
Bon, d'abord, on a fixé un prix pour les masques chirurgicaux, 95 centimes, les Français sont assurés que ces masques n'augmenteront pas et il n'y aura pas d'inflation des prix. Deuxièmement, on a baissé la TVA de 20 à 5,5 %, donc on a très largement baissé la fiscalité sur la question des masques, sur le gel hydro-alcoolique, enfin, bref sur tout ce qui touche les Français durant cette crise du coronavirus. Troisièmement, nous allons, pour répondre à votre première question, aider les plus démunis, bien évidemment, l'Etat, les collectivités locales, vous savez que l'Etat va même prendre 50% du coût dépensé par une commune pour l'achat de masques, c'est quand même une décision très importante, pour pouvoir donner aux plus démunis, dans les CCAS, parmi les personnes qui ont le plus de difficultés, celles qui viennent voir évidemment leur municipalité, de pouvoir avoir ces masques gratuitement. Donc vous voyez, les masques, ils sont gratuits ou quasi-gratuits. Voilà, et aujourd'hui, dans les officines de pharmacie, dans la grande distribution, et puis, dans la distribution que font les collectivités locales, et on peut les remercier pour tout le travail de soutien qu'ils font avec l'Etat pour répondre aux interrogations de nos concitoyens, eh bien, il y aura une distribution massive de masques, donc je crois que l'Etat était au rendez-vous. Je voudrais d'ailleurs dire que j'entends ici ou là des attaques sur les douanes, vous savez, qui sont des agents de mon administration, ces douaniers font un travail extraordinaire dans des conditions très difficiles, ils bossent jour et nuit…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et qui ont été débordés dernièrement, notamment à Roissy…
GERALD DARMANIN
Ils ont eu plus de 25.000… non, il n'y a pas de débordement, Monsieur BOURDIN…
JEAN-JACQUES BOURDIN
3 semaines pour dédouaner des masques par exemple…
GERALD DARMANIN
Non, mais c'est faux, je vais vous dire pourquoi c'est faux, d'abord, l'essentiel des masques, c'est en moins d'une journée, voilà, le dédouanement, et puis, pour 5% des cas, ça met plusieurs jours, pourquoi, qu'est-ce qu'ils font les douaniers, eh bien, ils contrôlent la qualité de la marchandise. Et qu'est-ce qui se passerait s'ils ne contrôlaient pas la qualité de la marchandise, eh bien, n'importe quel malfaisant ou d'un autre pays qui voudrait faire venir en France des masques et arnaquer, parce qu'il y a des arnaques, Monsieur BOURDIN, dans cette situation terrible du coronavirus, faire passer des masques qui ne protégeraient pas, eh bien, ce serait les douaniers qui seraient responsables, et vous distribueriez dans les hôpitaux publics, vous distribueriez auprès des Français des masques qui en fait ne protègent de rien, il y a des contrefaçons partout, y compris dans le masque ou dans le gel hydro-alcoolique, et c'est normal que les douaniers contrôlent la marchandise que l'on donne aux Français. Et je vais vous dire, moi, je les remercie de leur travail très important, et ils ont raison de contrôler, il ne faut pas confondre vitesse et précipitation, nous arrêtons tous les jours des cargaisons de masques qui laissent passer le virus, ce serait la pire des solutions que de voir que ces masques ne protègent personne.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci Gérald DARMANIN d'avoir accepté de répondre à nos questions sur RMC et BFM TV.
GERALD DARMANIN
Merci à vous.
Source : service d'information du gouvernement, le 5 mai 2020