Texte intégral
MARC FAUVELLE
Il y a deux ans, la France devenait le premier pays au monde à punir le harcèlement de rue, les sifflets, les menaces, les insultes subies au quotidien par des milliers de femmes. Bonjour Marlène SCHIAPPA.
MARLENE SCHIAPPA
Bonjour Marc FAUVELLE.
MARC FAUVELLE
Secrétaire d'Etat à l'Egalité entre les femmes et les hommes. Cette loi, c'était la vôtre, elle avait d'ailleurs été adoptée à l'unanimité, depuis, combien de contraventions ont été dressées pour outrages sexistes ?
MARLENE SCHIAPPA
Alors, en un an, environ, d'après les chiffres que nous avons, qui datent du mois de mars, on aurait près de 1.500 verbalisations pour des faits de harcèlement de rue, ce qui est élevé, parce que je rappelle qu'au moment des débats sur cette loi, certains opposants disait : oui, mais on n'arrivera jamais à reconnaître le harcèlement de rue, et il n'y aura jamais de flagrant délit, mais au contraire, on voit que les policiers et les gendarmes ont fait preuve d'initiative, et que donc, à de nombreuses reprises, des verbalisations ont été dressées pour sanctionner les faits que vous venez de décrire.
MARC FAUVELLE
Et vous annoncez donc ce matin sur France-Info une nouvelle étape qui va consister d'abord à mieux protéger les victimes au moment même où elles sont harcelées, elles pourront se réfugier dans des bars ou dans des commerces, comment ça va se passer ?
MARLENE SCHIAPPA
Oui, absolument, l'idée, c'est d'aller plus loin que celle loi que nous avons mise en oeuvre, je rappelle que la France est le premier pays au monde à verbaliser le harcèlement de rue, et ça suscite d'ailleurs l'intérêt d'un certain nombre d'autres pays, et nous lançons avec le gouvernement un plan, que nous avons appelé plan Angela, qui est un plan qui vise à aller plus loin et à mieux protéger les femmes face au harcèlement de rue. Pendant la période de confinement, on a vu qu'on pouvait développer de nouveaux endroits pour protéger les femmes des violences conjugales, les pharmacies, les centres commerciaux, les hypermarchés, etc. Donc là, nous allons créer, avec ONU Femmes et leur dispositif HeforShe, un partenariat sur tout le territoire et avec un dispositif dont le principe est de rentrer et de demander Angela, donc tous les lieux labellisés, bars, restaurants, mais ça peut être aussi des commerces, également des pharmacies, on sait, les femmes savent qu'elles pourront rentrer dans ces lieux quand elles sont suivies, qu'elles se sentent en insécurité dans la rue, et dire simplement je demande à voir Angela. Et c'est un mot de code…
MARC FAUVELLE
C'est une sorte de mot de passe pour que le restaurateur ou le commerçant comprenne ce qui est en train de se passer.
MARLENE SCHIAPPA
Exactement, et c'est quelque chose qui a été mis en place à l'initiative d'associations dans d'autres pays, notamment aux Etats-Unis, c'est quelque chose qui se fait déjà dans certains bars et qui a fait ses preuves, et qui permet justement de savoir où se réfugier pour les cas où il n'y aurait pas de policiers pour verbaliser en flagrant délit immédiatement.
MARC FAUVELLE
Comment une femme qui est menacée ou harcelée dans la rue pourra-t-elle savoir si le commerce participe à ce dispositif ?
MARLENE SCHIAPPA
L'idée, c'est qu'on puisse élargir un partenariat le plus grand possible, donc on travaille à cet égard avec ONU Femmes, et qui a déjà un partenariat avec des lieux qui sont déjà engagés, et puis, nous, nous allons engager aussi les hypermarchés, les centres commerciaux qui se sont déjà engagés, notre volonté, c'est de faire en sorte que ce réseau de lieux sûrs soit le plus large possible, au début, on en aura peut-être 5, 10, 20, 50, et puis, ensuite, ça ira plus loin, regardez sur les violences conjugales pendant le confinement, en à peine un mois et demi de dispositif, on a trouvé près d'une centaine de lieux partenaires sur tout le territoire qui étaient disposés à mettre à disposition un espace, là, il suffit juste de se porter volontaire. Et je trouve que la société est de plus en plus engagée pour protéger les femmes face aux violences sexistes et sexuelles. Donc j'ai confiance dans le fait que nous trouverons facilement des partenaires avec ONU Femmes.
MARC FAUVELLE
Vous annoncez également un durcissement pour les harceleurs récidivistes.
MARLENE SCHIAPPA
Oui, exactement, l'idée c'est que ce harcèlement de rue, il est sanctionné par des contraventions qui vont de 90 à 1.500 euros selon qu'il y ait des circonstances aggravantes ou des récidives, la circonstance aggravante, c'est par exemple lorsque la jeune fille qui est harcelée est mineure de moins de 15 ans, etc, et là, notre volonté avec la ministre de la Justice, c'est que le harcèlement de rue pourra désormais être traité en comparution immédiate par la justice en cas de récidive aggravée par des faits délictuels. Donc l'idée, c'est que le prévenu est retenu jusqu'à sa comparution qui doit avoir lieu le jour même, et qui sera conduit sous escorte devant le tribunal, donc c'est une manière pour nous, d'abord, fortement d'adresser un message et de dire que l'institution judiciaire doit apporter une réponse forte ferme à ces faits de harcèlement de rue.
MARC FAUVELLE
Voilà pour ce nouveau plan, donc ces mesures contre le harcèlement. Le détail sur franceinfo.fr. Marlène SCHIAPPA, à un mois du second tour des municipales, Agnès BUZYN fait son retour médiatique ce matin, elle annonce au Figaro qu'elle est toujours candidate à Paris, vous qui est candidate sur ses listes, est-ce que c'est une bonne nouvelle, vous l'avez retrouvée ?
MARLENE SCHIAPPA
Mais, vous savez, moi, je ne suis pas une politicienne énarque professionnelle, je viens du monde associatif et du monde des élus locaux, c'est comme ça que je me suis engagée dans la politique, et ce que je peux vous dire, c'est que dans tous les arrondissements de Paris, vous avez des marcheurs de terrain, des gens qui viennent de la société civile, qui ont décidé de s'engager pour proposer une alternative à Paris et qui ont travaillé depuis des mois pour proposer un projet, arrondissement par arrondissement, donc je crois que c'est positif par respect pour ces militants et ces gens qui ont travaillé pour présenter leur projet, c'est important qu'ils puissent proposer ce projet au suffrage dans chaque arrondissement et avec une tête de liste.
MARC FAUVELLE
Votre objectif aujourd'hui à Paris, Marlène SCHIAPPA, c'est de faire le meilleur score possible, on c'est de faire battre Anne HIDALGO, la maire sortante ?
MARLENE SCHIAPPA
Ecoutez, sincèrement, moi, là, je suis très concentrée sur les missions qui sont les nôtres au gouvernement, il ne vous aura pas échappé que la situation nationale a été bouleversée entre le début du lancement de la campagne…
MARC FAUVELLE
Vous êtes toujours candidate à Paris ?
MARLENE SCHIAPPA
Alors, aujourd'hui, on est en train de travailler là-dessus, mais, moi, aujourd'hui, là, je ne suis pas venue vous voir en tant que candidate à Paris, je suis venue vous parler de ce plan de lutte contre le harcèlement de rue qui nous tient à coeur, et qui nous permettra aussi de travailler par exemple à l'intégration d'un module violences sexistes et sexuelles dans l'examen pour devenir chauffeur VTC, et ça, ça concerne Paris directement, parce que vous savez qu'il y a beaucoup de femmes qui se sont plaintes à Paris d'insécurité dans les transports, mais aussi lorsqu'elles prennent les VTC, notamment UBER, et donc nous, on a mobilisé, avec le ministre des Transports, et avec l'AMF, l'Association des maires de France, pour faire en sorte que dans les transports, avec les transports en commun et les VTC, ce soit plus sûr pour les femmes, et donc désormais, il y aura une formation obligatoire que devront suivre tous les futurs chauffeur VTC pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles et contre le harcèlement de rue. Ça, c'est une innovation très concrète…
MARC FAUVELLE
Un mot encore sur Paris, si vous le permettez, il se trouve que dans un arrondissement, votre candidate, la candidate de la République en Marche, a décidé de faire alliance avec les Républicains justement, pour faire barrage à Anne HIDALGO, vous aviez dit avant le premier tour : je préfère perdre une élection que de perdre mes valeurs, est-ce que vous allez faire alliance avec la droite à Paris ?
MARLENE SCHIAPPA
Mais moi, je vous confirme absolument mes propos, je suis très cohérente là-dessus, je préfère perdre une élection que perdre mes valeurs, et le projet proposé par Rachida DATI ne me convient pas, et c'est bien pour ça que…
MARC FAUVELLE
Alors pourquoi faire alliance avec elle ?
MARLENE SCHIAPPA
Mais moi, je ne fais pas alliance avec Rachida DATI, et ce n'est pas personnel, j'ai beaucoup de respect pour le parcours de Rachida DATI, notamment en tant que femme, elle a dû faire face à énormément de sexisme dans la vie politique, et donc je respecte profondément la personne de Rachida DATI, mais le projet du parti Les Républicains et le projet de la droite à Paris ne me convient pas, je vous donne un exemple, la droite souhaite qu'on mette fin à la modulation du paiement des tarifs des cantines pour les familles les plus aisées, moi, je ne suis pas d'accord avec ça, je considère que quand on est une famille plus aisée, il est normal qu'on contribue davantage à la cantine pour ses enfants que quand on est une famille…
MARC FAUVELLE
Et pourtant, vous allez faire alliance avec elle dans un arrondissement…
MARLENE SCHIAPPA
Pardon, moi, je ne fais pas alliance avec la droite, ce n'est pas vrai, je ne suis pas, je sais que vous faites aux bruits qui courent qui diraient que Florence BERTHOUT dans le 5ème ferait alliance avec la liste Les Républicains, d'abord, il ne me semble pas que ça ait été confirmé à ce stade, et ensuite, chacun fait ses choix en conscience, et moi, je ne fais pas alliance avec la droite.
MARC FAUVELLE
Merci beaucoup Marlène SCHIAPPA.
MARLENE SCHIAPPA
Merci à vous.
MARC FAUVELLE
Secrétaire d'Etat à l'Egalité entre les femmes et les hommes.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 29 mai 2020