Interview de M. Didier Guillaume, ministre de l'agriculture et de l'alimentation, à CNews le 14 mai 2020, sur la vente des produits agricoles.

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Média : CNews

Texte intégral

ROMAIN DESARBRES
On est en direct avec Didier GUILLAUME, le ministre de l'Agriculture, en direct avec nous depuis Rungis. Avant de parler des difficultés de l'agriculture, Didier GUILLAUME, j'aimerais entendre… Bonjour Monsieur le Ministre.

DIDIER GUILLAUME
Bonjour.

ROMAIN DESARBRES
J'aimerais vous entendre sur cette affaire SANOFI. Qu'est-ce que vous en dites ? Est-ce que vous comprenez SANOFI qui dit : "ce sont les Américains qui payent ces recherches donc ce sont eux qui seront les premiers servis."

DIDIER GUILLAUME
Vous savez, moi je ne veux faire aucun commentaire sur SANOFI. C'est le rôle du Premier ministre et du ministre de la Santé et des Solidarités, ce n'est pas dans mon portefeuille ministériel. Je ne préfère pas m'exprimer là-dessus. Moi je suis à Rungis pour parler de la production agricole, pour remercier la deuxième ligne qui a tenu, pour saluer ceux qui travaillent dans le plus grand marché du monde. Pour le reste, je n'ai aucune possibilité de m'exprimer.

ROMAIN DESARBRES
Pas de commentaire du ministre de l'Agriculture. Alors on va parler de l'agriculture. Vous arborez un très beau blouson Rungis, vous êtes sur le terrain, on voit des cagettes derrière vous. L'agriculture connaît des soucis forcément, comme tous les secteurs. On a vu des reportages ce matin dans La matinale CNews sur des producteurs de pommes de terre qui faisaient face à des problèmes de surproduction. Ils n'arrivent pas à écouler leurs stocks. Qu'est-ce que vous proposez pour aider le secteur de l'agriculture ?

DIDIER GUILLAUME
Ce ne sont pas des problèmes de surproduction. La production est la même. C'est simplement un problème de manque de débouchés dans la mesure où les pommes de terre, elles pour la plupart - ce sont des pommes de terre industrielles dont vous parlez - sont vendues dans les restaurants - les steaks frites, les moules frites - sont vendues dans les dans les fast-foods et effectivement, il y a un problème de débouchés. Moi j'ai voulu ce matin venir à Rungis et, après, aller au marché de Crécy-la-Chapelle pour saluer celles et ceux qui n'ont jamais arrêté d'alimenter les Français. Rendez-vous compte, la France était confinée, six Français sur dix était au chômage partiel. Et pourtant on avait des craintes, et pourtant la chaîne alimentaire a tenu. Elle a tenu parce que les agriculteurs de France ont tenu, ont continué à produire dans des conditions difficiles, avec du manque de main-d'oeuvre. Il y avait des gens sur le terrain qui manquaient, ils ont produit. Et là, j'ai voulu venir à Rungis pour remercier toutes ces femmes et ces hommes. Je suis là sur le carreau des producteurs. Ce sont des agriculteurs qui viennent ici vendre leur production directement aux commerces, directement habituellement aussi aux restaurants. Eh bien ça, nous pouvons en être fiers. Fiers de notre filière amont, fiers de nos agriculteurs, fiers de nos producteurs, fiers de notre chaîne alimentaire qui a tenu. Rungis, c'est le plus grand marché du monde et aujourd'hui le plus grand marché du monde a réussi à alimenter les Françaises et les Français.

ROMAIN DESARBRES
Didier GUILLAUME, la vente directe a été boostée par la crise ?

DIDIER GUILLAUME
Oui. Incontestablement les agriculteurs, les producteurs ont été agiles, ont été mobiles, ont innové. Puisque certains magasins étaient fermés, puisque les marchés de plein vent étaient fermés, j'ai fait en sorte qu'ils rouvrent. Cette semaine, tous les marchés de France doivent rouvrir parce que c'est 30 % de la production de fruits et légumes frais qui est vendue sur les marchés. Alors ils ont été agiles, ils ont mis en place des drives comme on dit dans le patois français, des drives pour aller livrer, pour aller chercher des productions, pour aller livrer sur Internet. Tout cela va continuer. C'est l'ingéniosité des paysans français, c'est l'ingéniosité des Françaises et des Français. Aujourd'hui il faut s'adapter. Si on ne s'adapte pas, on ne s'en sortira pas. Les agriculteurs se sont adaptés et demain il faudra aller encore plus loin vraisemblablement, parce que les habitudes alimentaires vont changer. Je veux vous dire sur CNews, sur votre antenne, qu'il faut acheter et manger français, donc il faut produire français. Quand je suis là au milieu des producteurs de salades, de légumes, tout à l'heure des producteurs de fruits, des fraises merveilleuses du Tarn-et-Garonne, je m'aperçois que l'agriculture française est capable de nourrir ses concitoyens et ses compatriotes. Il faut simplement faire un geste très simple : c'est le geste du patriotisme. Le patriotisme économique, le patriotisme alimentaire. Achetons français, mangeons français, c'est comme cela que nous arriverons à aider nos agriculteurs à vivre de leur production. Vous savez, il y a des filières qui souffrent beaucoup. Vous parlez de la filière pommes de terre, la filière viticole souffre beaucoup. Il faut boire, évidemment avec modération mais nous avons des terroirs exceptionnels dans notre pays. La restauration est fermée, eh bien les vignerons français vendent moins leur vin. Comme la filière bière, comme la filière cidre qui souffre beaucoup, mais il y a d'autres secteurs. L'horticulture a été dévastée avec la fermeture des fleuristes. Je suis là pour redonner espoir, je suis là pour redonner confiance et le gouvernement est là pour les aider. Nous allons ensemble sortir de cette crise et dire aux Françaises et aux Français que l'art de vivre à la française, l'amour de notre pays, la façon de nous alimenter va continuer à faire en sorte que nous soyons tous solidaires.

ROMAIN DESARBRES
Merci beaucoup Didier GUILLAUME. Je crois que le message est passé, il a été extrêmement clair : on achète français, on mange français encore plus en ce moment. Merci beaucoup d'avoir choisi Cnews pour parler ce matin et lancer cet appel au patriotisme économique. Merci beaucoup

Didier GUILLAUME.
Bonne journée.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 15 mai 2020