Interview de Mme Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d'État auprès du ministre de l'économie et des finances, à LCI le 20 mai 2020, sur les tests sérologiques du Covid-19 et la question des masques.

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Média : La Chaîne Info

Texte intégral

PASCALE DE LA TOUR DU PIN
Agnès PANNIER-RUNACHER, bonjour, vous êtes secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Economie et des Finances. Avant de parler des masques, j'ai une question à vous poser sur les tests, on l'évoquait tout à l'heure, pourquoi les tests qui sont à notre disposition dans les laboratoires de santé ne sont toujours pas certifié, pourquoi on attend toujours la liste officielle ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors là vous me posez une question qui relève plus du secteur de mon collègue Olivier VERAN, ce qu'il faut savoir c'est qu'il faut arriver à qualifier la fiabilité de ces tests. Vous avez des tests sérologiques qui donnent des faux négatifs ou des faux positifs, c'est très embêtant parce que vous pensez par exemple avoir un résultat et c'est le contraire qui est la situation. Donc il y a un gros travail qui est fait au niveau des équipes du ministère de la Santé pour s'assurer que les tests qui seront notamment menés sur les soignants sont des tests des qualités. ça n'empêche pas de faire les tests aujourd'hui dans les laboratoires, il n'y a pas d'obstacle, simplement vous n'avez pas d'éléments sur le degré réel de fiabilité de ces tests et c'est pour ça que la doctrine du gouvernement, elle est très simple, elle dit, lorsque vous avez des signes ,de la fièvre, la perte de goût, un certain nombre de ces signes, il faut aller se faire tester sur le virus pour savoir si vous êtes porteur du virus, en revanche sur la sérologie aujourd'hui le risque de se précipiter dans un laboratoire pour s'assurer qu'on a des anticorps est de surtout avoir soit une mauvaise information, soit une information incomplète. Et c'est normal, c'est un virus qui est récent, la science avance avec nous et donc au fur et à mesure on affine les instruments.

PASCALE DE LA TOUR DU PIN
Donc Agnès PANNIER-RUNACHER, si je comprends bien effectivement vous déconseillez les tests sérologiques, mais qu'en est-il du personnel soignant qui va utiliser ce type de test, c'est-à-dire que les résultats ne seront pas fiables ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Je déconseille lorsqu'ils ne sont pas dans le cadre d'une politique de santé publique, les personnels soignants on va lancer effectivement des tests sérologiques dans le cadre d'une politique de santé publique, avec des tests qui auront été qualifiés comme étant les plus pertinents, parce que ce sont des personnels qui ont été exposés au virus assez naturellement puisque c'est eux qui ont pris en charge de cette pathologie et qu'il est donc logique là d'accompagner cette catégorie de personnel. Mais des gens qui par exemple comme moi n'ont jamais eu de symptômes, se faire un test sérologique comme ça au débotté, sans prescription médicale, c'est un peu un coup d'épée dans l'eau, ça peut tomber juste, ça peut tomber à côté.

PASCALE DE LA TOUR DU PIN
Et cette campagne de dépistage chez le personnel soignant, combien de temps ça peut durer ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors ça, je ne saurais pas vous répondre parce qu'encore une fois c'est une campagne qui est élaborée par le ministère de la Santé et je leur laisserai la primeur de l'information.

PASCALE DE LA TOUR DU PIN
Donc voilà pour les tests effectivement, on attend. Donc vous préconisez effectivement au gouvernement les tests effectivement cotons tiges plutôt que les tests sérologiques que vous déconseillez à l'heure où on parle. Effectivement ce matin sur LCI. Un mot également sur les masques, un milliard de masques commandés Agnès PANNIER-RUNACHER, on n'aura plus jamais de problème d'approvisionnement, vous le confirmez ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Ce qui est surtout intéressant, ce n'est pas qu'il y ait un milliard de masques commandés, c'est que c'est un milliard de masques fabriqués en France, c'est ça qui est nouveau, c'est que nous avons mis en place avec les fabricants historiques et avec de nouveaux entrants dans le secteur, des capacités de fournitures de masques massives. Donc moi ce qui m'intéresse dans ça, ce n'est pas le nombre de masques commandés, c'est que ces masques sont désormais 100% français. Vous avez fin mai une production de 20 millions de masques fabriqués en France, chirurgical et sanitaire, à cela s'ajoutent les près de 40 millions de masques qui sont approvisionnés par des entreprises françaises en matière textile. Nous sommes en train de construire notre autonomie en matière de fourniture de masques. Nous voulons arriver au mois d'octobre à 50 millions de masques chirurgicaux et sanitaires produits en France grâce à 8 fabricants qui sont implantés en France.

PASCALE DE LA TOUR DU PIN
Voilà c'est ce que je disais effectivement, on aura a priori plus de problèmes d'approvisionnement. Agnès PANNIER-RUNACHER, dernière question et c'est l'actualité aujourd'hui à propos de l'usine de Sandouville de RENAULT, il y a une réunion extrêmement importante qui se tient à 8h30 et a priori les conditions sanitaires sont réunies pour rouvrir ce site qui avait été fermé à la demande de la CGT, validé par la justice. D'abord ça c'est une bonne nouvelle que ce site puisse rouvrir ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
C'est une très bonne nouvelle que ce site puisse rouvrir, c'est une nouvelle qui est attendue par les salariés et qui était attendue aussi par les autres organisations syndicales. Je rappelle que le juge avait tranché pas sur la qualité des conditions sanitaires qui était proposée aux opérateurs mais sur le processus qui avait mené à valider le protocole sanitaire. Donc un élément de consultation des organisations syndicales qui n'avait pas pu se faire en physique, forcément on était confiné. Donc là je pense qu'il faut aller de l'avant, aujourd'hui les entreprises doivent pouvoir reprendre parce que nous sommes dans un secteur qui est fragile et qui doit pouvoir réarmer, reprendre l'activité pour pouvoir à nouveau trouver des clients, c'est essentiel.

PASCALE DE LA TOUR DU PIN
Agnès PANNIER-RUNACHER, en un mot et sans commenter les décisions de justice, est-ce que c'était peut-être selon vous une erreur de fermer ce site ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Non, je ne commente pas les décisions de justice, ce que je constate c'est que, c'est plutôt je commente la responsabilité des personnes qui vont utiliser une argutie juridique pour empêcher un site d'ouvrir et je remercie de leur responsabilité les autres organisations syndicales et je sais pour avoir eu beaucoup d'échanges avec la filière automobile ces derniers jours, qu'il y a une réelle inquiétude de la part de l'ensemble des salariés de cette filière parce qu'aujourd'hui le secteur automobile est sous tension, les ventes se sont effondrées pendant le confinement et nous sommes entrés dans la crise avec une fragilité de ce secteur qui doit faire des transformations massives dans l'industrie du numérique, dans la voiture autonome, dans le changement de motorisation et qui en plus était confronté à un marché très mou avant la crise. Vous imaginez la situation aujourd'hui.

PASCALE DE LA TOUR DU PIN
Donc il y avait de l'urgence, Agnès PANNIER-RUNACHER, à rouvrir ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Il y a urgence à retravailler et à reprendre sereinement l'activité. PASCALE DE LA TOUR DU PIN Merci beaucoup en tout cas d'avoir été en direct avec nous et de nous avoir apporté beaucoup de précisions sur les tests, les masques et est également votre point de vue sur cette usine de Sandouville.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 21 mai 2020