Interview de Mme Élisabeth Borne, ministre de la transition écologique et solidaire, à LCI le 4 mai 2020, sur les règles barrières dans les transports publics, le soutien de l'État à la SNCF et le trafic aérien.

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Média : La Chaîne Info

Texte intégral

ELIZABETH MARTICHOUX 
On est très heureux de recevoir ce matin, en direct de son ministère Elisabeth BORNE, bonjour Madame la ministre des Transports. 

ELISABETH BORNE 
Bonjour. 

ELIZABETH MARTICHOUX 
Merci d'être avec nous. En effet, beaucoup de questions, et d'abord cette première relative à une lettre que vous a adressée, en tout cas adressée à Matignon, ça a été révélé par le magazine Le Point hier soir, une lettre à la tonalité quand même assez, on va dire vindicative en tout cas, des transporteurs publics, les sociétés de transports publics, RATP, SNCF, KEOLIS. Que dit cette lettre ? "Qu'à compter du 11 mai nous ne pouvons pas mettre" - en gros – "nous ne pouvons pas mettre en place la distanciation sociale si vous ne nous aidés pas." Encore une fois, la lettre est très claire, votre réponse le sera-t-elle ou pas aussi, est-ce que vous allez leur donner des renforts, Elisabeth BORNE, pour mettre en place cette distanciation sociale, en plus du masque, ou est-ce que vous allez assouplir les règles barrières qui sont obligatoires dans les transports publics ? 

ELISABETH BORNE 
Je pense que ce qui est important d'avoir en tête c'est qu'on veut que les transports publics puissent accompagner la reprise de l'activité, mais évidemment en assurant la sécurité sanitaire des usagers, et on ne va pas leur demander de gérer tout seul la situation, il leur revient d'augmenter l'offre de transports le plus possible, mais dans le même temps on a bien en tête, et c'est une question qui est posée dans la lettre, qu'il faut absolument réduire drastiquement la demande aux heures de pointe, et ce travail il ne se fait pas comme ça dans l'abstrait, il se fait dans chaque agglomération, dans chaque région, pour que des employeurs, par exemple, maintiennent le plus possible les salariés en télétravail, par exemple en Ile-de-France il y a un protocole qui a été travaillé avec les organisations professionnelles, qui devrait être approuvé aujourd'hui, et qui prévoit bien que tous ceux qui sont en télétravail doivent le rester. De la même façon il faut aussi étaler les horaires d'arrivée et de départ au travail, donc il faut baisser drastiquement les flux, et c'est ce qui rendra possible le respect de la distanciation dans les transports. 

ELIZABETH MARTICHOUX 
Mais ça vous répétez, pardon, des dispositions, effectivement un appel au télétravail, qu'ont déjà fait d'autres membres du gouvernement, que fait Valérie PECRESSE, etc., on est au-delà dans cette lettre. Dans cette lettre les transporteurs publics vous disent "effectivement, pour faire remonter le trafic et respecter nos obligations, il nous faut des renforts, pour précisément filtrer le flux à l'entrée des stations, sinon", disent-ils, "il y a un risque d'ordre public." Qu'est-ce que vous leur répondez Elisabeth BORNE ? Est-ce que, à la demande de renforts, qui est exprimée là, vous dites on l'envisage, oui, non, est-ce que vous avez une réponse claire ce matin ? 

ELISABETH BORNE 
Je réponds d'abord que le flux il sera d'autant plus facile à filtrer, qu'il y aura moins de monde, et c'est le premier objectif, et c'est ce que je rappelais avec ces protocoles qui sont en discussion avec les employeurs. Et puis, bien évidemment, il va falloir mettre en place une organisation qui garantisse que, effectivement, il n'y a pas plus de personnes que ce qui est possible dans les transports en commun, donc ce sera d'abord le rôle des entreprises de transports publics, de leurs propres équipes, avec des renforts, de la sécurité civile, des polices municipales, et avec le soutien des forces de l'ordre, c'est exactement le sens des discussions qui se mènent sous l'égide du préfet de région en Ile-de-France, mais qui se mènent aussi à Lille, à Lyon, à Marseille, la règle elle est la même partout, on augmente l'offre au maximum, on s'assure que la demande est la plus faible possible, qu'aux heures de pointe on réduit drastiquement la demande par rapport à ce qu'on a d'habitude, et ensuite on organise effectivement l'accès dans les transports publics avec les ressources des entreprises, mais aussi avec des renforts, je vous dis, de la sécurité civile, des polices municipales, et donc on va tous ensemble se mobiliser pour réussir ce 11 mai. 

ELIZABETH MARTICHOUX 
Sécurité civile, vous nous dites, polices municipales, police nationale, est-ce que vous nous confirmez qu'il y aura des renforts, et quand est-ce que vous sera en mesure de préciser leur évaluation, en tout cas le nombre dont ils disposeront, dans la semaine, quand ? 

ELISABETH BORNE 
Alors, dans chacune des grandes métropoles que je mentionnais, et en particulier en Ile-de-France, il y a différents scénarios qui sont examinés, avec par exemple, dans certains cas, des hypothèses où on limiterait le nombre de stations ouvertes, et c'est à partir de ces scénarios, qui sont notamment regardés ce matin pour l'Ile-de-France, qu'on définira d'abord le bon scénario, et ensuite les moyens qui vont être mobilisés pour que ça se passe bien le 11 mai. 

ELIZABETH MARTICHOUX
 Il y aura des stations de métro et des stations de gares fermées pour limiter le trafic en Ile-de-France ? 

ELISABETH BORNE 
Ce que je vous dis c'est qu'effectivement, dans les scénarios qui doivent être maintenant tranchés rapidement, dans certains cas on n'exclut pas de fermer certaines stations, certaines correspondances, pour pouvoir s'assurer effectivement que le flux d'entrée dans les transports en commun est bien maîtrisé. 

ELIZABETH MARTICHOUX 
Est-ce que le non-respect de la distanciation sociale dans ces transports publics pourrait être sanctionné ? C'est une demande aussi des transporteurs. Estce qu'on pourrait être soumis à une amende, est-ce qu'on pourrait avoir une amende si on ne respecte pas la distanciation sociale ? 

ELISABETH BORNE 
Enfin, ces règles elles s'imposeront à tous, je pense que d'abord on peut se dire que c'est la responsabilité de chacun, moi je suis confiante, vous savez, sur le fait que les Français, qui ont respecté le confinement, comprendront qu'il y a des règles à respecter pendant le déconfinement. Il y a notamment une obligation de port du masque, dans les transports en commun, on demande à chacun de respecter ces distanciations sociales, et sans doute il faudra aussi prévoir des contrôles, et des sanctions pour ceux qui ne respecteraient pas ces règles. 

ELIZABETH MARTICHOUX 
Donc la règle de la distanciation sociale, vous envisagez bien de la sanctionner aussi, de la soumettre à une amende. 

ELISABETH BORNE 
Ecoutez, je pense qu'on voit bien que c'est une responsabilité collective, que ça se passe bien dans les transports publics, chacun doit avoir un comportement responsable, et effectivement ceux qui ne l'auraient pas seront soumis à des contrôles, on va regarder, enfin préciser, ce début de semaine, les sanctions qui pourraient être prises pour ceux qui ne respectent pas ces règles. 

ELIZABETH MARTICHOUX 
Mais, vous comprenez Elisabeth BORNE, on est à une semaine, une semaine d'une entreprise de déconfinement qui n'a jamais été mise en place, qui est un défi certes, mais qui manque tellement encore de précisions, comme les maires qu'on entendait il y a quelques instants, finalement ils disent l'État nous donne des consignes et ensuite, pardon, débrouillez-vous, débrouillez-vous tout seul à mettre ça en place. Vous vous défaussez sur les transporteurs publics, comme vous semblez vous défausser sur d'autres ? 

ELISABETH BORNE 
Non. Ecoutez, je pense que… vous savez, moi j'ai dirigé une entreprise publique, donc je mesure les questions qui peuvent se poser pour les responsables de ces entreprises, les discussions elles sont intenses, depuis ces dernières semaines, en particulier la semaine dernière, encore ce week-end, donc personne n'est en train de se défausser, il y a un travail collectif, tout le monde est mobilisé et on va trouver ensemble les bonnes réponses, je vous dis, avec de l'augmentation de l'offre de transports, une réduction drastique de la demande, et puis effectivement des règles qui seront posées, notamment le port du masque, et les moyens pour les faire respecter. 

ELIZABETH MARTICHOUX 
D'accord. Quand est-ce que vous allez répondre formellement à cette lettre des transports publics ? 

ELISABETH BORNE 
Les réponses elles vont être apportées au cas par cas, vous voyez bien que le métro de Paris ce n'est pas la même chose que le tramway de Valenciennes ou les bus de Niort, donc dans chacune des agglomérations, dans chacune des régions, le travail est en cours, il est en train de se terminer, qu'on puisse caler les choses et que chacun puisse s'y préparer, mais il y aura bien des réponses, dans chacun des territoires, avec ses propres spécificités. 

ELIZABETH MARTICHOUX 
Dernière question sur ce sujet. Valérie PECRESSE a réclamé hier dans le Journal du dimanche 5 000 personnes, c'est précis, 5 000 personnes de la Réserve civique, des policiers effectivement, en Ile-de-France, est-ce que c'est un chiffre qui vous semble envisageable ? C'est à la ministre des Transports, qui est en charge de ces questions, que je pose la question. 

ELISABETH BORNE 
Oui, je confirme, de la transition écologique aussi, donc je vous confirme qu'effectivement on va regarder les différents scénarios, plus on a de stations ouvertes, plus ça suppose effectivement des moyens pour les contrôler, il y a d'autres scénarios dans lesquels il y a moins de stations ouvertes, avec moins de moyens, et ceci doit être tranché maintenant, dans les prochaines heures, et effectivement il faut que chacun soit au clair sur le scénario qui va se mettre en œuvre, à partir de la semaine prochaine, pour pouvoir s'y préparer. 

ELIZABETH MARTICHOUX 
Le plus vite possible, dans les jours qui viennent, le plus vite possible dites-vous. 

ELISABETH BORNE Absolument. 

ELIZABETH MARTICHOUX 
Donc demain, aujourd'hui ? 

ELISABETH BORNE 
Les scénarios ils sont encore examinés ce matin, sous l'égide du préfet de région, donc moi je vais laisser le préfet de région travailler, et ensuite, quand on aura des propositions, qui nous seront remontées, on regardera quel est le bon scénario à mettre en œuvre en Ile-de-France, il n'y a pas que l'Ile-de-France dans le pays, il y a aussi des grandes villes comme Lille, Lyon et Marseille, et dans chacun des cas il faut trouver la bonne réponse, et je le redis, c'est l'affaire de tous, c'est l'affaire effectivement des collectivités locales en charge des transports, des transporteurs, c'est aussi l'affaire des entreprises pour maintenir le télétravail, et c'est l'affaire de chacun d'entre nous pour agir avec responsabilité, réserver les transports en commun aux heures de pointe à ceux qui en ont besoin pour aller travailler, et adopter des bons comportements dans les transports publics. 

ELIZABETH MARTICHOUX 
Elisabeth BORNE, ministre de la Transition écologique et des transports, donc encore à mot des transports, c'est important. Le président de la SNCF, Jean-Pierre FARANDOU, a appelé l'État au secours samedi, il évalue à 2 milliards de pertes pour l'entreprise depuis le début du Covid, qui s'ajoutent aux milliards perdus à cause de la grève contre la réforme des retraites, Elisabeth BORNE, est-ce qu'il y aura un plan de secours ? 

ELISABETH BORNE 
Ecoutez, on a dit de façon générale qu'on soutiendra nos entreprises, nos emplois, et par ailleurs nos grandes entreprises stratégiques, évidemment on ne souhaite pas qu'elles soient en difficulté. Vous savez que l'État a répondu présent quand la SNCF avait des difficultés, notamment avec une reprise de dette de 35 milliards d'euros qui est décidée dans le quinquennat, et évidemment on va, avec les dirigeants de la SNCF, et moi j'ai déjà eu l'occasion, avec Jean-Baptiste DJEBBARI, d'échanger avec les dirigeants de la SNCF, on va trouver ensemble les solutions pour que la SNCF qui, quelque part fait partie de notre patrimoine national, qui est indispensable à beaucoup de Français, qui en tant que ministre de la Transition écologique, pour moi a un rôle vraiment très important pour permettre des déplacements qui émettent peu de CO2, eh bien que cette entreprise, qui est vraiment essentielle dans notre pays, puisse continuer à rendre le meilleur service aux Français, puisse poursuivre ses investissements, donc évidemment on sera au côté de la SNCF. 

ELIZABETH MARTICHOUX
 Il y a un enjeu de développement, mais est-ce qu'il y aura un plan de secours, vous nous dites oui, il y aura un plan de secours, on ne va pas laisser la SNCF avec… ? 

ELISABETH BORNE 
Je dis qu'on devra donner les moyens à la SNCF de pouvoir poursuivre son programme d'investissements, ce qui est essentiel pour le service qui est rendu à tous les Français, tous les jours, et donc on verra, avec la SNCF, quelle est sa situation financière, je pense que c'est un peu tôt aujourd'hui pour le dire, on voit qu'on a eu beaucoup de pertes de recettes, notamment avec les restrictions qui ont été mises en place sur les TGV, on ne sait pas encore aujourd'hui exactement où en sera le trafic dans 1 mois, dans 2 mois ou dans 6 mois, donc il faut qu'on ait le temps de regarder tous ces éléments, mais évidemment l'État sera au côté de la SNCF. 

ELIZABETH MARTICHOUX 
Bon ! "Il ne sera pas anormal ou illogique d'ajuster le niveau d'emploi au volume d'activité", ce sont les mots de Jean-Pierre FARANDOU sur France Inter samedi, l'emploi sera-t-il une variable d'ajustement pour aider à la reprise de l'entreprise ? 

ELISABETH BORNE 
Vous savez, tous les plans qui sont mis en œuvre par le gouvernement c'est aussi pour s'assurer qu'on préserve l'emploi, alors évidemment ça ne dispense par les entreprises d'être aussi au rendez-vous de la compétitivité, mais en tout cas je peux vous assurer que la préoccupation de l'emploi, et ça se fera dans le dialogue social au sein de la SNCF, c'est une préoccupation du gouvernement d'aider les entreprises, de protéger nos emplois, évidemment s'assurer qu'elles sont compétitives, et c'est ce dialogue, qui doit d'abord se mener au sein de l'entreprise, et ensuite on aura des discussions avec les dirigeants de la SNCF. 

ELIZABETH MARTICHOUX 
Est-ce que des suppressions de postes c'est un sujet tabou ou pas, oui ou non, Elisabeth BORNE, pardon ? 

ELISABETH BORNE 
Ecoutez, ça c'est la responsabilité des dirigeants de la SNCF de trouver les bonnes réponses à la situation actuelle, étant entendu que, je le redis, l'État sera aux côtés de la SNCF, comme il l'est de toutes les entreprises stratégiques, et comme il l'est pour soutenir toutes les entreprises du pays, pour d'assurer qu'elles peuvent passer cette situation très difficile qu'elles rencontrent aujourd'hui. 

ELIZABETH MARTICHOUX 
Oui, on essaye de comprendre. "Il ne sera pas anormal d'ajuster le niveau d'emploi au volume d'activité", c'est Jean-Pierre FARANDOU, c'est le patron de la SNCF qui le dit, vous lui dites il a raison, il a raison ? 

ELISABETH BORNE 
Je lui dis que c'est sa responsabilité, dans le dialogue social, de trouver les bonnes réponses. 

ELIZABETH MARTICHOUX 
Mais vous êtes ministre des Transports, qu'est-ce que vous en pensez ? 

ELISABETH BORNE 
Mais ce n'est pas moi qui définis, vous savez, l'emploi à la SNCF, précisément je suis ministre de la Transition écologique, je ne suis pas dirigeante de la SNCF. 

ELIZABETH MARTICHOUX 
Vous n'avez pas de convictions sur cette question de l'emploi ? 

ELISABETH BORNE
 Moi je ne suis pas en train de suivre, à la place du dirigeant de la SNCF, le niveau d'emploi à la SNCF, ce que je peux vous dire c'est qu'on sait que la SNCF a une situation difficile aujourd'hui, qu'on l'accompagnera, qu'évidemment il faut que l'entreprise nous assure qu'elle est au bon standard de compétitivité, c'est ce qu'on attend aussi d'elle, et que maintenant les discussions elles se mènent dans le dialogue social, au sein de l'entreprise. 

ELIZABETH MARTICHOUX 
L'aéroport d'Orly ne rouvrira pas avant l'automne, annoncent les Échos ce matin, est-ce que vous confirmez ? 

ELISABETH BORNE 
Je vous confirme que le trafic aérien, il est aujourd'hui extrêmement réduit, et c'est bien normal, on sait que de tous les déplacements, hors Schengen, donc avec les pays en dehors de l'Union européenne, les déplacements sont arrêtés aujourd'hui, et donc la reprise du trafic, effectivement elle ne va pas se faire du jour au lendemain, en particulier pour le trafic hors Schengen, donc l'aéroport d'Orly rouvrira aussi en fonction de la reprise du trafic aérien, donc ce n'est pas demain. 

ELIZABETH MARTICHOUX 
Donc ce n'est pas avant l'automne, vous confirmer ce qu'écrivent Les Échos ce matin ? 

ELISABETH BORNE 
Vous savez, je pense que tous ceux qui sont en train de nous raconter ce qui va se passer dans 6 mois ou dans 1 an, je pense que c'est un peu présomptueux, pour l'instant on a une première étape de déconfinement qui va s'ouvrir à partir du 11 mai, jusqu'à début juin, et ensuite forcément on sera amené à ajuster les décisions, en fonction de la situation de l'épidémie, en France, et puis s'agissant du transport aérien, en fonction de ce qui se passe aussi ailleurs. Donc moi je ne vais pas faire des projections sur ce qui se passera dans 6 mois, ce que je vous dis c'est que dans l'immédiat on ne va pas… 

ELIZABETH MARTICHOUX 
Je comprends qu'il peut y avoir des vols cet été qui partent d'Orly, ou qui arrivent à Orly. Ce n'est pas décidé. 

ELISABETH BORNE
 L'ouverture des aéroports elle dépendra effectivement de la reprise du trafic aérien, à ce stade vous avez bien compris qu'on a fermé les frontières hors Schengen, qu'on limite les déplacements de longue distance en France, donc pour l'instant ces déplacements se font à partir de l'aéroport de Roissy-Charles de Gaulle, et on ajustera l'ouverture des aéroports en fonction de la reprise du trafic aérien. 

ELIZABETH MARTICHOUX 
Alors justement, quand est-ce que les Français sauront si des vacances sont possibles à l'intérieur de l'Europe ou pas ? Est-ce qu'ils pourront passer des frontières cet été pour des vacances, pour rejoindre des familles, pour circuler, comment ça va se passer, quand est-ce qu'ils seront informés de cela ? 

ELISABETH BORNE 
Je crois que le Premier ministre a exprimé clairement qu'on avait une démarche de déconfinement progressif, et c'est normal, parce qu'en fait la priorité c'est la santé des Français. donc on va faire une première étape à partir du 11 mai, on va surveiller tous les paramètres sur la propagation du virus, et on prendra des décisions en fonction de cette situation, donc là aujourd'hui il est trop tôt pour vous dire ce qui se passera dans les prochains mois, je comprends l'impatience des Français, mais je pense que les réponses elles viendront quand on aura déjà stabilisé cette première phase de déconfinement, en s'assurant que l'épidémie ne reparte pas, je pense que c'est aussi la préoccupation de tous les Français, qu'on s'assure qu'on prend les bonnes décisions pour éviter que l'épidémie reparte. 

ELIZABETH MARTICHOUX 
Les bonnes décisions, pas beaucoup de réponses ce matin. Vous avez présenté il y a quelques jours, Elisabeth BORNE, un plan de 20 millions d'euros pour choisir le vélo comme mode de transport, pour le privilégier, un forfait de 50 euros pour la remise en état d'un vélo, et tout ça sera sur une plateforme dédiée. On sait laquelle ? 

ELISABETH BORNE 
Oui, donc la plateforme elle est mise en ligne aujourd'hui, donc c'est coupdepouce.fr, et donc sur cette plateforme on trouvera tous les réparateurs qui sont agréés, donc chez lesquels vous pourrez faire réparer votre vélo avec cette prise en charge jusqu'à 50 euros, moi mon objectif il est vraiment que le vélo, qui est un mode de déplacement auquel je crois, toute l'année, pendant cette période de déconfinement il puisse vraiment trouver toute sa place, qu'on puisse le booster. Moi je suis convaincue que, je vous dis, c'est un mode de déplacement qui est bon pour la planète, qui est bon aussi pour la santé, qui en plus est bon pour le porte-monnaie, et en plus il permet de respecter naturellement les gestes barrières, donc l'objectif c'est vraiment booster le vélo pour le déconfinement. 

ELIZABETH MARTICHOUX 
Très bien, coupdepouce.fr, c'est le site sur lequel on peut aller pour bénéficier de cette aide dans le cadre du plan vélo que vous avez annoncé la semaine dernière. Vous disiez tout à l'heure, je vous posais une question sur vos convictions en tant que ministre des Transports, une question sur vos convictions en tant que ministre tout court.  Sibeth NDIAYE a annoncé qu'il y aura un site officiel du gouvernement qui permettrait de trier les articles qui sont fiables, dans le cadre de cette crise, de ceux qui ne le sont pas, est-ce que c'est le rôle d'un gouvernement de trier le grain de l'ivraie, ou pas, est-ce que c'est légitime, est-ce que vous estimez que cette initiative est de bon aloi ? 

ELISABETH BORNE 
Ce que je constate, c'est qu'il y a beaucoup d'informations, il y a beaucoup de gens qui se prennent maintenant pour des spécialistes, de virologie ou d'épidémie, je pense que c'est important que chacun puisse faire le tri dans ces informations, je crois qu'il y a beaucoup de médias qui font ce travail, et ça me semble très bien effectivement que les médias puissent faire du décodage d'informations, puissent aussi…. 

ELIZABETH MARTICHOUX 
Oui, ça on l'a fait sans attendre les dispositions ou les consignes du gouvernement. Vous dites les Français sont suffisamment responsables pour affronter par exemple le déconfinement le 11 mai… aussi responsables pour lire et savoir juger eux-mêmes de ce qui est fiable ou pas, est-ce qu'on a besoin d'un site officiel pour ça ? 

ELISABETH BORNE 
Je pense que c'est très bien que les médias continuent à faire leur travail, effectivement, en traquant les fausses informations comme ils le font aujourd'hui, et donc c'est très bien que ça continue comme ça. 

ELIZABETH MARTICHOUX 
Vous êtes un peu embarrassé, non, par cette initiative, non ? 

ELISABETH BORNE 
Non, je vous dis qu'effectivement, enfin je veux dire chacun voit qu'il y a des fausses informations, les médias font leur travail en traquant ces fausses informations, le site du gouvernement pour faire la même chose, et les Français choisiront effectivement les sites qu'ils veulent regarder pour avoir les bonnes informations. 

ELIZABETH MARTICHOUX 
Merci beaucoup Elisabeth BORNE, donc on comprend que vous allez répondre très vite aux transports publics, plutôt au cas par cas, après leur lettre, un peu sèche on va dire, adressée au Premier ministre il y a quelques jours, sur la difficulté pour eux d'imposer la distanciation sociale en même temps que le masque, une distanciation sociale qui sera peut-être sanctionnée, comme le port du masque, merci à vous en tout cas d'avoir été avec nous, bonne journée à vous. 


Source : Service d'information du Gouvernement, le 5 mai 2020