Interview de Mme Élisabeth Borne, ministre de la transition écologique et solidaire, à Public Sénat le 29 mai 2020, sur le soutien à la filière automobile et à Air France, la sûreté nucléaire et la pratique du vélo.

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Média : Public Sénat

Texte intégral

ALEXANDRE POUSSART 
Aujourd'hui j'accueille la ministre de la Transition écologique et solidaire Élisabeth BORNE, bonjour Élisabeth BORNE. 

ELISABETH BORNE 
Bonjour. 

ALEXANDRE POUSSART 
Alors, nous sommes ensemble pendant 20 minutes pour évoquer beaucoup de sujets importants, urgents, d'abord la phase 2 du déconfinement qui a été annoncée hier par le Premier ministre, Edouard PHILIPPE, avec des déplacements des Français qui sont désormais illimités. Ça y est, on peut dire que les Français sont libérés ?

 ELISABETH BORNE 
Oui, je crois que c'est le retour à une certaine liberté, du fait de l'évolution encourageante au plan sanitaire, c'est quand même une liberté qui reste encadrée, parce que le virus est toujours là, et donc il faut rester très attentif, continuer à faire preuve de beaucoup de civisme, en appliquant les mesures barrières. 

ALEXANDRE POUSSART 
Alors, en même temps, le Premier ministre demande aux Français, concernant les déplacements, de ne pas aller se déplacer à l'autre bout de la France si ce n'est pas nécessaire, est-ce que vous ne craignez pas un effet de foule à partir du 2 juin, dans les dans les bars, dans les terrasses, dans les parcs et jardins ? 

ELISABETH BORNE 
Je pense qu'on appelle vraiment chacun à continuer à montrer la même responsabilité que ce que les Français ont montré pendant le confinement, et depuis la première phase du déconfinement, on est tous responsables de l'évolution de cette épidémie, donc on est certainement content de retrouver de la liberté, mais il faut vraiment rester attentif, rester très vigilant, et continuer à faire preuve de civisme en respectant les mesures barrières. 

ALEXANDRE POUSSART 
On a l'impression que le véritable enjeu de cette phase 2 du déconfinement c'est surtout de relancer des activités comme le tourisme et la culture, qui sont lourdement frappés par les effets de cette crise. 

ELISABETH BORNE 
Enfin, l'enjeu c'est aussi qu'on a tous envie de retrouver la vie la plus normale possible, et puis c'est vrai que, avec la crise sanitaire, on voit que mettre l'activité économique à l'arrêt, comme c'est le cas depuis des semaines, évidemment ça soulève des très gros sujets, des très gros problèmes, et il faut que notre économie, aussi, reparte, c'est le retour de notre liberté et puis la reprise de l'activité économique pour qu'on n'ait pas des conséquences sociales difficiles pour tous les Français. 

ALEXANDRE POUSSART 
Alors, votre ministère est en charge des transports, à quoi vont ressembler nos transports en commun dans les prochains mois, est-ce que leur capacité de remplissage va revenir à la normale ? 

ELISABETH BORNE 
Ce qu'on peut dire c'est qu'effectivement la première phase du déconfinement s'est bien passée, on a voulu être très strict dans cette première phase en réduisant drastiquement la fréquentation, grâce au télétravail, que les entreprises ont continué à appliquer très fortement, au décalage des horaires, les opérateurs de transport ont aussi distribué du gel hydro-alcoolique, fait beaucoup de marquages, et donc on a également demandé de porter un masque, et on peut voir aujourd'hui que près de 95% de ceux qui empruntent les transports en commun ont un masque, les autres sont sanctionnés, donc du coup on va pouvoir, à partir de la semaine prochaine, puisque tout le monde porte un masque, accepter, à certaines heures, une fréquentation plus importante, et permettre du coup d'accompagner la reprise de l'activité économique. 

ALEXANDRE POUSSART 
Justement on va parler de cette situation économique, et notamment du plan de restructuration du constructeur automobile RENAULT qui devrait être annoncé aujourd'hui, avec 15 000 suppressions de postes dans le monde, dont 4 600 en France, et notamment des départs volontaires. Elisabeth BORNE, est-ce que vous confirmez qu'il n'y aura pas de licenciements secs chez RENAULT ? 

ELISABETH BORNE 
Alors, peut-être d'abord dire qu'on est dans un secteur qui est en grande difficulté, pendant le confinement il n'y a quasiment pas eu une voiture de vendue, donc, quand en plus on avait un constructeur qui avait déjà annoncé la nécessité de faire des économies avant la crise, donc on est face à un constructeur qui est en grande difficulté. C'est bien pour ça que le président de la République a présenté, en début de semaine, un plan de soutien massif pour sauver le secteur, 8 milliards d'euros, pour sauver le secteur, en accélérant sa transition écologique, et ça passe à la fois par un développement massif de la production de véhicules électriques en France, on veut que ces véhicules, qui sont l'avenir de l'automobile, ils soient produits chez nous, et en même temps on veut relancer l'activité en aidant les Français à acheter ces véhicules électriques. Mais néanmoins il y a effectivement… il faut que RENAULT puisse surmonter ses difficultés et préparer l'avenir, donc les dirigeants de RENAULT présenteront tout à l'heure leur plan, évidemment on a été très attentif, en contrepartie des aides qui sont apportées, à ce qu'il y ait une attention très forte portée à l'emploi, effectivement RENAULT a indiqué qu'il y aurait pas de licenciements secs. 

ALEXANDRE POUSSART 
Donc que des départs volontaires et des non-remplacements ? 

ELISABETH BORNE 
C'est des départs naturels, donc, voilà, donc c'est des discussions qui vont se mener au sein de RENAULT, mais je peux vous assurer que le gouvernement, le président de la République, sont très attentifs à ces sujets d'emploi, il faut permettre à RENAULT de préparer son avenir, mais en soutenant, notamment le véhicule électrique, comme on le fait avec l'augmentation du bonus, on donne aussi des débouchés, des marchés à RENAULT, et de la production de véhicules électriques en France. 

ALEXANDRE POUSSART 
Alors, l'État reste vigilant, mais est-ce que des usines RENAULT vont fermer dans ce plan de restructuration ? 

ELISABETH BORNE 
Je vais laisser les dirigeants de RENAULT présenter leur plan, ce qui est important c'est vraiment qu'on veut développer… enfin, vous savez, ça fait des années que les constructeurs automobiles ils ont délocalisé de la production en dehors de France, là on ne veut plus de délocalisations, on veut au contraire développer de la production, RENAULT s'est engagé à multiplier par 3 la production de véhicules électriques d'ici 2022, à développer son nouveau moteur électrique en France, c'est des engagements qui sont importants, c'est les emplois de demain. 

ALEXANDRE POUSSART 
Un mot justement sur la voiture électrique et sur l'usine de Flins-sur-Seine dans les Yvelines, qui produisait la voiture RENAULT Zoé, voiture électrique, quel va être l'avenir de cette usine ? 

ELISABETH BORNE 
Je n'ai pas à me prononcer moi sur l'avenir de l'usine de Flins, par contre je peux me prononcer sur l'avenir de la voiture électrique, qu'on veut absolument développer. Vous savez, depuis le départ, depuis que moi je suis au gouvernement, je m'attache à développer des solutions alternatives à la voiture, à développer des mobilités actives, partout c'est possible, mais il y a aussi beaucoup de Français, dans des territoires qui n'ont pas d'alternative à la voiture, et là on veut les accompagner pour passer à des voitures électriques, quand c'est possible, et au moins à des véhicules plus propres. Et c'est vraiment le sens de l'augmentation du bonus qu'on a annoncé en début de semaine, puisqu'on va passer de 6 000 à 7 000 euros, donc c'est le moment d'acheter une voiture électrique, d'autant que, par ailleurs, on a une prime à la conversion pour remplacer un vieux véhicule, et là vous pouvez avoir 5000 euros de plus, donc vous pouvez avoir une aide de 12 000 euros de l'État pour passer à l'électrique, donc c'est maintenant. 

ALEXANDRE POUSSART 
Alors, de véritables investissements stratégiques. Vous le disiez, il y a les effets de la crise sur l'activité du constructeur RENAULT, mais avant cela il y a une erreur de stratégie, selon vous ? 

ELISABETH BORNE 
Enfin moi je ne vais pas commenter la stratégie de RENAULT ce matin, ce que je peux vous dire c'est que c'est un constructeur qui s'est engagé très tôt dans le véhicule électrique, c'est l'avenir de l'automobile, il faut qu'on l'aide, dans une période qui est difficile, pour accélérer sa transition écologique. Vous savez, c'est de façon générale, ce qu'on fait en sortie de crise. Je pense qu'il faut accélérer la transition écologique, ça sera évidemment indispensable pour répondre à la crise écologique qui est là, malgré la crise sanitaire, et c'est comme ça qu'on va créer des emplois, la transition écologique c'est beaucoup d'emplois, dans la rénovation énergétique, dans la mobilité électrique, dans le recyclage, et, voilà, c'est vraiment la logique de sortie de crise, accélérer la transition écologique. 

ALEXANDRE POUSSART 
Une dernière question sur RENAULT, est-ce que l'alliance avec le japonais NISSAN est en danger, on parle notamment d'un rapprochement avec l'allemand DAIMLER ? 

ELISABETH BORNE 
Je peux vous dire que cette alliance, je pense qu'elle a rarement eu autant de contenus, et face à une crise comme celle que connaît le constructeur, c'est le moment où il resserre les liens pour mieux se partager les rôles, et c'est comme ça que, effectivement, RENAULT va garantir son avenir, un avenir sur une mobilité propre. 

ALEXANDRE POUSSART 
Alors, on va parler d'un autre fleuron de l'industrie française, de l'industrie aérienne, le groupe AIR FRANCE qui est également frappé par cette crise du coronavirus, avec un plan de départs volontaires qui est attendu, il pourrait y avoir des licenciements chez AIR FRANCE ? 

ELISABETH BORNE 
Ecoutez, je ne vais pas non plus… enfin, vous savez, ça relève du dialogue social. Je pense que ce qui est important c'est qu'on a dû soutenir, là aussi, la compagnie AIR FRANCE, on a un prêt garanti de l'État de 7 milliards d'euros, évidemment on a demandé des contreparties, des engagements… 

ALEXANDRE POUSSART 
Sur l'emploi ? 

ELISABETH BORNE 
Alors, sur la transition écologique, évidemment d'être très attentif aux salariés, mais sur la transition écologique, vous avez vu qu'en contrepartie de l'aide, RENAULT (sic) s'est engagé à réduire de 50% ses émissions de CO2 sur ses vols en France, donc c'est un engagement absolument inédit, qui passe aussi par le fait de réduire drastiquement les liaisons, quand on a un trajet, une alternative en train, à moins de 2 heures 30. Donc, c'est toute la philosophie, je pense, de cette sortie de crise, de se dire qu'évidemment on aide les secteurs qui sont en difficulté, et on en profite pour accélérer la transition écologique. 

ALEXANDRE POUSSART 
Juste, donc pas de garanties sur l'emploi chez AIR FRANCE ? 

ELISABETH BORNE 
Je pense que, je vous dis, ce n'est pas moi qui vais faire l'annonce des plans d'AIR FRANCE, évidemment, si on développe davantage le train, plutôt que l'avion, sur des liaisons à moins de 2 heures 30, eh bien il faudra qu'on trouve des solutions pour les salariés, ça peut se faire aussi avec les autres modes, et avec, voilà, en profitant du développement des TGV à la place des liaisons aériennes. 

ALEXANDRE POUSSART 
Justement, vous parliez des garanties écologiques d'AIR FRANCE, en échange du plan de soutien de l'État il pourrait y avoir la fermeture de liaisons intérieures entre Paris et certaines métropoles régionales, comme Bordeaux, Nantes et Lyon, c'est une contrepartie notamment pour favoriser le développement du TGV, ces garanties écologiques elles vont frapper de plein fouet des aéroports régionaux comme Bordeaux et Lyon. 

ELISABETH BORNE 
Je pense qu'à un moment donné il faut aussi un peu de cohérence, on nous demande de réduire… on doit réduire nos émissions de gaz à effet de serre, et on doit le faire, parce que, on a une crise écologique qui est aussi devant nous. Je pense que les Français qui viennent de vivre la crise sanitaire ils n'ont pas envie qu'on les expose à une crise climatique, dont on voit déjà les effets, la canicule l'été dernier, les inondations, donc on doit absolument réduire nos émissions de gaz à effet de serre, il faut évidemment qu'on s'assure que toutes les villes, en France, les métropoles, mais il n'y a pas que des métropoles en France, continuent à être bien connectées, c'est indispensable pour développer l'emploi dans les territoires, donc on va y veiller, mais en même temps il faut aussi tenir ce cap de réduction des émissions de gaz à effet de serre. 

ALEXANDRE POUSSART 
Est-ce qu'on sait quand ces lignes intérieures d'AIR FRANCE vont fermer ? 

ELISABETH BORNE 
D'abord, vous aurez noté qu'il y en a beaucoup qui sont arrêtées, donc je pense qu'AIR FRANCE va réfléchir, au moment de relancer son activité, à la façon dont il relance ou non certaines liaisons, mais c'est aussi des choses qui vont se faire évidemment en concertation, en discussion, avec les élus des territoires concernés. 

ALEXANDRE POUSSART 
Oui, on imagine qu'il y a des tensions sur ce point avec les élus locaux ? 

ELISABETH BORNE 
Evidemment, les élus, ils vont être attentifs, et c'est bien légitime, à ce que leur territoire reste connecté aux autres territoires en France, à l'Europe, c'est indispensable pour développer l'emploi dans ces territoires, donc ces discussions elles doivent se mener avec AIR FRANCE, et évidemment le gouvernement sera attentif à ce qu'on apporte des bonnes réponses dans chacun des territoires. 

ALEXANDRE POUSSART 
Un mot sur la filière aéronautique, notamment sur le groupe AIRBUS, le gouvernement est en train de préparer son plan de soutien à la filière aéronautique, est-ce qu'on connaît déjà les axes de ce plan de soutien, notamment sur l'investissement et l'innovation ? 

ELISABETH BORNE 
Alors, moi je peux vous dire que les axes sur l'innovation ils sont très clairs, c'est d'accélérer pour arriver, et quand je dis ça on me dit parfois que ce n'est pas crédible, [d'avoir] un avion zéro carbone, d'ici 2035 ans, et d'ici là de développer des motorisations hybrides. Je pense que, là encore, la crise elle est sans doute l'occasion pour notre filière aéronautique de prendre de l'avance, d'être les leaders de l'avion zéro carbone, et c'est ce type de recherche que l'État va aider. 

ALEXANDRE POUSSART 
Et quelle sera l'enveloppe budgétaire pour soutenir la filière aéronautique ? 

ELISABETH BORNE 
Ecoutez, je pourrai revenir vous en parler, en tout cas voilà, le cap il est clair, réduire les émissions de gaz à effet de serre. 

ALEXANDRE POUSSART 
Eh bien vous serez la bienvenue pour en reparler. On va maintenant parler de la relance économique d'une manière générale, pour éviter la casse sociale dans les entreprises, quelle doit être la place de l'écologie dans cette relance économique en France ? 

ELISABETH BORNE 
Vous aurez compris que je considère qu'elle doit être centrale, je pense que la transition écologique, dans cette sortie de crise, c'est la meilleure stratégie, à la fois pour protéger les Français d'autres crises, des crises climatiques, des crises écologiques, et c'est aussi une façon de créer de l'emploi. Je pense qu'il faut avoir en tête quand, après la crise de 2008, on avait loupé le redémarrage, on a sans doute pris 10 ans de retard à l'époque, mais aujourd'hui on a des technologies qui sont matures, et des entreprises, beaucoup de secteurs économiques, qui sont engagés dans la transition écologique, si on changeait de cap, alors là on perdrait tout le monde, au contraire il faut accélérer pour créer de l'emploi, dans la rénovation des bâtiments, voyez, moi je souhaite qu'on puisse accélérer sur la rénovation thermique des hôpitaux, des EHPAD, des écoles, des logements, je pense qu'on peut aussi développer de la mobilité propre, on en a parlé, qu'il faut aussi investir sur la réparation, le recyclage, et ce sont des emplois, beaucoup d'emplois, dans tous les territoires, souvent non délocalisables. 

ALEXANDRE POUSSART 
Il y a quelques jours vous avez écrit au patron des grandes entreprises françaises pour leur demander des engagements écologiques dans la relance économique du pays, est-ce qu'ils vous ont répondu, est-ce qu'il va y avoir une réunion avec eux au ministère ? 

ELISABETH BORNE
 Alors, pour refaire l'histoire, pour vous réexpliquer. Effectivement, moi j'ai vue une tribune, qui a été publiée par près de 100 dirigeants de grandes entreprises françaises, qui appellent à ce que la transition écologique soit au coeur de la sortie de crise, et qui disent être prêts à s'engager, donc avec ce courrier que je leur ai adressé moi je leur dis chiche, maintenant le moment est venu de concrétiser, de donner du corps à cette tribune, et donc de prendre des engagements. Donc, j'ai eu beaucoup d'échanges, évidemment, avec les différents dirigeants qui ont signé la tribune, on est en train de caler la façon dont ils pourront venir au ministère pour présenter leurs engagements écologiques, à la fois des engagements, je dirais de moyen terme, comment ils vont contribuer à notre objectif d'être neutre en carbone en 2050, et puis des choses très concrètes, notamment pour les salariés, comment on facilite le vélo pour les salariés, comment on met en place le forfait mobilité durable pour encourager le covoiturage et le vélo, comment on développe le bio dans la restauration de ces entreprises, donc moi j'attends des engagements très concrets, je suis convaincue qu'ils auront à coeur de répondre à ce courrier. 

ALEXANDRE POUSSART 
Justement, sur la restauration d'entreprises, il pourrait y avoir un jour végétarien chaque semaine dans les cantines d'entreprises ? 

ELISABETH BORNE 
Alors, vous savez, c'est ce que l'État applique pour ses propres cantines, et je pense que c'est bien, c'est une façon aussi d'avoir, enfin de tirer une alimentation plus équilibrée, et puis le bio c'est une façon de tirer une agriculture plus durable, donc je pense que ça serait bien effectivement, en tout cas c'est ce que j'attends de ces entreprises, qu'elles s'engagent de la même façon. 

ALEXANDRE POUSSART 
Alors, on va parler du nucléaire, rapidement, puisque hier au Sénat le président de l'Autorité de sûreté nucléaire a assuré qu'EDF faisait preuve, je cite, d'un manque de rigueur dans l'exploitation des centrales nucléaires, notamment dans le domaine de la sécurité. Quelles mesures vous comptez prendre pour remédier à ce manque de rigueur en termes de sécurité ? 

ELISABETH BORNE 
Alors, je pense que le président de l'ASN est dans son rôle de pointer toutes les améliorations qui sont possibles, vous savez qu'aujourd'hui moi j'ai beaucoup d'échanges avec lui puisqu'on doit recaler le programme des maintenances des centrales nucléaires qui n'ont pas pu se faire pendant la période, et je pense que, voilà… EDF a bien reçu les messages qui lui ont été adressés, ils sont vraiment très mobilisés, je pense que le président de l'ASN a dit aussi il n'y a pas de risque sur la sûreté nucléaire, mais on doit pouvoir faire mieux, et je suis convaincue que c'est ce qu'EDF va s'attacher à faire. 

ALEXANDRE POUSSART 
Donc pas d'inquiétude sur la sûreté des centrales ? 

ELISABETH BORNE 
Non, vous savez, ça c'est quelque chose avec lequel on ne transige pas. 

ALEXANDRE POUSSART 
Alors, parlons du vélo, vous avez évoqué la pratique du vélo dans les entreprises, est-ce que cette crise du coronavirus, et toute la réflexion sur le monde d'après, va mettre un coup d'accélérateur au développement du vélo ? 

ELISABETH BORNE 
C'est ce que je souhaitais, et c'est ce qu'on est en train de voir, vous avez vu que pour préparer la sortie du confinement les collectivités se sont mobilisées, on a eu 1 000 kilomètres de pistes cyclables temporaires qui ont été créés, et moi j'ai voulu permettre à tous les Français de pouvoir se remettre au vélo, donc on a créé un coup de pouce de 50 euros, qui prend en charge une partie de la réparation de votre vélo, donc à hauteur de 50 euros, et ça connaît un succès absolument incroyable, depuis le 11 mai il y a 70 000 vélos qui ont été réparés, donc j'ai annoncé qu'on allait tripler le montant de l'enveloppe qui était prévu initialement, pour viser 1 million de vélos réparés d'ici la fin de l'année. Donc je pense que c'est un engouement qui est certainement lié à la sortie de crise, mais je suis convaincue que c'est quelque chose de durable, et on est en train, finalement en quelques semaines, de gagner des années de politique vélo, moi je m'en réjouis, parce que c'est un mode de déplacement facile, qui est écologique, qui est bon pour le porte-monnaie, ça ne coûte pas cher, et qui est bon pour la santé. 

ALEXANDRE POUSSART 
Et vous vous engagez également pour faire la promotion de la pratique du vélo pour les Français ? 

ELISABETH BORNE 
Mais moi je n'arrête pas de faire la promotion de la pratique du vélo, mais, vous savez, il ne suffit pas de, voilà, de faire des grandes déclarations « vive le vélo », c'est répondre, c'est vraiment créer un écosystème favorable, donc permettre à chacun d'avoir un vélo, donc de le faire réparer, celui qui dormait dans votre garage ou dans votre cave, c'est aussi veiller à ce qu'il y ait des stationnements sécurisés, le vol des vélos c'est un point noir qui peut faire hésiter beaucoup de Français, donc on crée des stationnements sécurisés, en tout cas on accompagne les collectivités pour le faire, on donne des formations, pour ceux qui ne sont pas très à l'aise, pour se remettre en selle, c'est tout cet ensemble, et par ailleurs on est en train de créer des emplois aussi dans la réparation du vélo, on fait une Académie des métiers du vélo, et dès cet été on veut former 250 réparateurs de plus, parce que quand vous discutez avec les réparateurs de vélos en France, là ils sont débordés, ils n'ont jamais vu ça, c'est une bonne nouvelle aussi, donc il faut répondre vraiment à chacun des maillons pour qu'on ait une nation vélo, que cette crise nous permette d'accélérer sur le vélo. 

ALEXANDRE POUSSART 
Elisabeth BORNE, on va finir par des questions politiques, et ce coup de théâtre dans la campagne municipale lyonnaise, puisque Gérard COLLOMB a renoncé à la course à la présidence de la métropole de Lyon, et il conclut une alliance avec la droite, est-ce que vous comprenez ce choix ? Une alliance notamment pour faire barrage aux écologistes. 

ELISABETH BORNE 
Ecoutez, évidemment je ne le comprends pas, je pense que, on parle souvent de dépasser les clivages, mais ça ne veut pas dire accepter tous les arrangements, en l'occurrence, des alliances avec les candidats de Laurent WAUQUIEZ ce n'est pas du tout l'ADN d'En Marche, on n'est pas du tout sur les mêmes valeurs, donc moi je me réjouis que notre mouvement ait décidé d'engager la procédure pour retirer l'investiture au candidat, qui est désormais soutenu par les amis de Laurent WAUQUIEZ. En fait, on ne partage pas les mêmes valeurs, et vous voyez, accéder au pouvoir, ou garder le pouvoir, ça ne doit pas passer par tous ces arrangements, enfin c'est comme ça que la politique se perd, donc, voilà, je pense que maintenant que le candidat, enfin j'espère que cette procédure de retrait de l'investiture avancera rapidement. 

ALEXANDRE POUSSART 
Est-ce que Gérard COLLOMB doit encore rester à la République en Marche selon vous ? 

ELISABETH BORNE 
Je pense, je le dis clairement, faire des alliances avec les amis de Laurent WAUQUIEZ ce n'est pas En Marche. 

ALEXANDRE POUSSART 
Ce n'est pas l'ADN d'En Marche. 

ELISABETH BORNE 
Ce n'est pas En Marche. 

ALEXANDRE POUSSART 
Un mot sur les municipales à Paris, et notamment sur la candidature d'Agnès BUZYN au second tour, elle s'est excusée à propos de ses déclarations sur, je cite, la mascarade du premier tour. Est-ce que la candidature d'Agnès BUZYN peut vraiment gagner Paris au second tour ? 

ELISABETH BORNE 
Ecoutez, je pense que c'est important, on attendait qu'elle confirme sa candidature, maintenant c'est fait, ça permet à tous ses colistiers de se mettre en ordre de marche pour ce second tour, elle porte un très beau projet, et moi je suis sûre qu'il y a beaucoup de Parisiens qui vont être convaincus par ce projet, qui est très écologique, donc maintenant, voilà, cette campagne elle peut repartir. 

ALEXANDRE POUSSART 
Et d'ailleurs, notamment localement, il y a déjà des alliances entre LREM et les Républicains, vous les souhaitez ? 

ELISABETH BORNE 
Ecoutez, là encore, moi je vous dis que des personnes venant de tous les horizons, de droite, comme de gauche, puissent se retrouver derrière le projet de la République en Marche, c'est très bien, et là, pour le coup, c'est dans l'ADN du mouvement, mais par contre, là encore, des alliances avec Rachida DATI, moi je ne partage absolument pas la vision de la ville que porte Rachida DATI, qui serait un retour en arrière, donc pas d'alliance avec Rachida DATI là non plus. 

ALEXANDRE POUSSART 
Merci beaucoup Elisabeth BORNE d'avoir été notre invitée politique ce matin sur le plateau de « Bonjour chez vous », mardi prochain, mardi matin à votre place, l'invitée politique sera Amélie de MONTCHALIN, la secrétaire d'État aux Affaires européennes, merci beaucoup Elisabeth BORNE. 

ELISABETH BORNE
 Merci. 


Source : Service d'information du Gouvernement, le 2 juin 2020