Interview de Mme Élisabeth Borne, ministre de la transition écologique et solidaire, à France 2 le 23 mars 2020, sur la sécurité au travail dans les services essentiels et la situation du transport aérien pendant l'épidémie de coronavirus.

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Média : France 2

Texte intégral

JEFF WITTENBERG 
Elisabeth BORNE qui est avec nous, bonjour, merci d'être avec nous ce matin en duplex. 

ELISABETH BORNE 
Bonjour. 

JEFF WITTENBERG 
Transport, énergie, collecte des déchets, vous êtes la ministre de ceux que vous avez appelés vous-même les héros du quotidien, grâce auxquels le pays continue de tourner. Et du coup, il y a une question qu'on a envie de vous poser, comment peut-on dire à l'immense majorité des Français : restez chez vous, et à une autre catégorie, celle que vous représentez : surtout, n'arrêtez pas de travailler, est-ce que vous admettez qu'il y a, là, deux messages un peu contradictoires ? 

ELISABETH BORNE 
Non, je ne pense pas, vous savez, je pense qu'on est dans une guerre totale contre ce virus, et donc chacun doit jouer son rôle, on a nos soignants qui sont en première ligne, et puis, on a tous ces salariés qui constituent la ligne arrière, dont on a absolument besoin pour que le pays fonctionne, et puis, on a tous les autres Français qui, eux, doivent faire preuve d'un civisme absolu en restant chez eux, mais dans tous ces secteurs, moi, je peux vous dire que je travaille heure après heure avec leurs employeurs, avec les grandes entreprises avec les fédérations professionnelles, pour qu'on puisse assurer la continuité de leur activité tout en veillant à leur sécurité, et donc ça passe par des réorganisations en permanence de leur travail pour qu'ils puissent bien jouer leur rôle, dont on a absolument besoin, et je voudrais que tous les Français soient bien conscients que l'eau, elle n'arrive pas tout seule dans le robinet, que l'électricité, elle ne fonctionne pas toute seule, et qu'il y a effectivement ces héros du quotidien qui permettent à notre pays de fonctionner. 

JEFF WITTENBERG 
Alors ça passe par une mobilisation, par une volonté de service public, est-ce que ça doit passer aussi par l'octroi d'une prime exceptionnelle, vous avez dit vous-même ce week-end dans une interview qu'il y avait une réflexion autour de ce sujet, il y a des entreprises privées, le groupe AUCHAN, pour ne pas le citer par exemple, qui sont allées de la réflexion à la décision et qui ont décidé donc d'octroyer 1 000 euros de prime pour ces salariés qui continuent d'aller travailler, notamment dans les grandes surfaces, c'est Bruno LE MAIRE, le premier qui avait parlé de prime, qu'en est-il aujourd'hui chez vous ? 

ELISABETH BORNE 
Je pense que, d'abord, ces salariés, ils attendent de nous qu'avec les employeurs, on leur permette de travailler en sécurité, et c'est ce qu'on fait secteur par secteur, vous voyez par exemple pour le ramassage de nos poubelles, normalement, il y a 3 personnes dans chaque camion, on est passé à 2 personnes pour que les gens ne soient pas trop près les uns des autres dans la cabine, donc c'est d'abord assurer leur sécurité, et puis, il faudra effectivement avoir une reconnaissance pour ce travail, et c'est le sens des propositions qui ont été faites, à la fois par le MEDEF, que Bruno LE MAIRE a évoqué, mais dans l'immédiat, notre préoccupation, c'est leur permettre de travailler en toute sécurité. 

JEFF WITTENBERG 
Mais vous voulez dire, excusez-moi d'insister, mais à cette réflexion, elle aboutira à quel moment, c'est-à-dire que, pour l'instant, on dit aux personnels : continuez à travailler, et vous serez en quelque sorte, excusez-moi, mais, récompensés pour l'effort que vous faites aujourd'hui, ou bien, cette décision, vous pouvez la prendre tout de suite, au moins sur le principe ? 

ELISABETH BORNE 
Vous savez, le cadre, il existe, c'est les primes comme elles ont été données après la crise fin 2018, donc les employeurs peuvent le faire, moi, ce que j'ai en tête, c'est qu'il y a aussi des petites entreprises par exemple dans le transport routier de marchandises, qui ne vont pas nécessairement pouvoir verser des primes, parce qu'elles sont dans une situation qui est aussi compliquée. Et il faudra aussi qu'on pense aux salariés de ces secteurs, donc… 

JEFF WITTENBERG 
Et ce qui dépend de l'État directement ; Madame BORNE, excusez-moi, ce qui dépend de l'État, les transports publics, EDF, ces entreprises-là qui dépendent directement de vous finalement, est-ce que vous ne pouvez pas annoncer un geste dès maintenant ? 

ELISABETH BORNE 
Mais je n''ai pas de doute, les entreprises ont bien entendu le message, que les salariés, non seulement, il faut leur permettre de travailler en sécurité, et qu'il faut reconnaître leur travail, je n'ai pas de doute que les entreprises vont le faire, moi, je vous dis, ma préoccupation, c'est que les employeurs de tous ces salariés qui sont sur le pont ne sont pas forcément des grandes entreprises, il ne faut pas les oublier. Et donc nous poursuivons la réflexion pour ceux-là. 

JEFF WITTENBERG 
Alors, on parle de la sécurité, de la protection, on l'entend ce matin dans les journaux de France Info et de France 2, la CGT demande des mesures de protection, notamment dans les grandes surfaces pour les caissières qui sont amenées à rencontrer du public, ces mesures de protection, est-ce que vous les demandez aussi par exemple dans les transports publics, où les agents sont tout comme les personnels qui travaillent dans la grande distribution directement confrontés à la rencontre du public ? 

ELISABETH BORNE 
Moi, je vous dis, on travaille heure par heure, avec tous les secteurs pour adapter l'organisation du travail, par exemple dans les bus, maintenant, il n'y a plus de vente de ticket, on demande aux gens de monter par l'arrière, les salariés sont protégés par leur cabine, la cabine anti-agression qui sert normalement dans les bus, donc dans chacun des secteurs, moi, je peux vous assurer que ma préoccupation première, c'est que ses salariés soient bien protégés, et on adapte les organisations de travail pour que ce soit le cas. 

JEFF WITTENBERG 
La SNCF, on l'entendait, il y a quelques instants, va offrir le transport gratuit à tous les personnels soignants à partir d'aujourd'hui, ça veut dire que, coûte que coûte, les transports publics doivent continuer de fonctionner, qu'il n'y aura pas, comme certains le préconisent, un arrêt aussi des transports publics, Elisabeth BORNE ? 

ELISABETH BORNE 
On les adapte en permanence, vous savez, la RATP, par exemple, à partir d'aujourd'hui, va avoir une offre qui correspond à 30% de l'offre normale, parce que la fréquentation a baissé, heureusement, on demande aux gens de rester chez eux, eh bien, il y a moins de monde dans les transports en commun, il ne faut pas baisser trop vite, pour ne pas qu'il y ait trop de monde serré dans les transports en commun, évidemment, il faut qu'il y ait des bonnes distances, et on le regarde en permanence, mais donc on adapte en permanence cette offre de transport public, vous savez, par exemple, aussi, vous mentionnez la SNCF, qui va faire des billets gratuits pour ceux qui viennent en renfort pour nos soignants, la RATP, à partir d'aujourd'hui met aussi une offre spécifique de 20 bus pour les personnels soignants des hôpitaux de Paris, pour qu'ils puissent venir travailler en toute sérénité, donc tout le monde est sur le pont… 

JEFF WITTENBERG
 Ce seront des bus dédiés qui iront aux personnels qui iront de leur domicile par exemple spécifiquement aux établissements hospitaliers, par exemple, comment ça va-t-il fonctionner ?  

ELISABETH BORNE 
Absolument. A partir d'aujourd'hui, il y aura 20 bus pour ces personnels soignants qui sont sur le pont maintenant depuis plusieurs semaines, eh bien, il faut leur faciliter la vie, et c'est l'offre que met en place la RATP à partir d'aujourd'hui. 

JEFF WITTENBERG 
Alors, il y a une grande controverse autour du port des masques, Olivier VERAN, votre collègue de la Santé, y a longuement répondu ce week-end en expliquant qu'ils devaient être réservés d'abord aux personnels soignants, néanmoins, est-ce qu'on ne peut pas imaginer une mesure de protection encore une fois pour les agents notamment des transports qui travaillent au contact du public, est-ce que pour eux, il est prévu, à terme ou dans quelques jours, une distribution de masques de protection ? 

ELISABETH BORNE 
Moi, je vous dis, on réorganise leur travail pour qu'ils ne soient pas en contact avec le public, quand vous êtes un salarié qui conduit un bus, vous n'êtes plus en contact avec le public, les gens entrent par l'arrière, vous avez votre cabine anti-agression qui est fermée. Et puis, je pense que ce qui est très important de dire, c'est qu'il n'y a pas que les masques, vous savez, ce qui est très important, c'est les gestes barrières qui sont répétés maintenant depuis plusieurs semaines, se laver les mains, se tenir à distance, c'est en tenant compte de ces recommandations de nos médecins, de nos scientifiques qu'on revoit les organisations de travail dans tous les secteurs, et qu'on s'assure aussi qu'on a le confort minimum pour travailler, vous savez, quand on a annoncé le confinement, il y a beaucoup des aires de services, des endroits où les routiers se restaurent, des sanitaires qui ont fermé, eh bien, on a retravaillé pour que ces lieux rouvrent, que les routiers puissent manger, qu'ils aient aussi la possibilité d'avoir des repas chauds, et donc c'est maintenant le cas, et les lieux sont signalés… 

JEFF WITTENBERG 
Alors vous parlez du transport routier, un syndicat, au moins, FO Transports avait appelé les chauffeurs à exercer leur droit de retrait, finalement, cet appel, ils ont renoncé à faire cet appel, mais on sent bien qu'il y a une tension particulière chez les chauffeurs routiers, on a plusieurs témoignages notamment de ces professionnels qui se sentent un petit peu pestiférés, parce que, justement, ils vont dans différents endroits, on les croit porteurs éventuels du virus, est-ce que vous agissez dans ce sens pour que leurs conditions soient meilleures dans les jours qui viennent, puisqu'il y a effectivement beaucoup de professionnels qu'exercent leur droit de retrait aujourd'hui ? 

ELISABETH BORNE 
Je vous confirme que là, encore, on est en relation heure par heure avec eux, d'abord, pour qu'ils aient le nécessaire, pour pouvoir faire leur travail, donc ils ont besoin de sanitaires, ils ont besoin de pouvoir manger, et puis, on a aussi adapté les règles, on a publié un arrêté vendredi dernier qui oblige quand on fait des chargements ou des téléchargements, à avoir de l'eau ou à avoir du gel hydro-alcoolique pour que les gens puissent se nettoyer les mains, comme on le préconise. On va continuer, moi je vais vous dire, je vous dis, chaque heure, on travaille avec les employeurs, avec les fédérations professionnelles pour permettre à ces salariés de travailler dans des bonnes conditions, et je pense que, vraiment, je l'ai dit, quand on applaudit nos soignants, il faut le faire plus que jamais tous les soirs à 20h, mais ayons aussi une pensée pour ces héros du quotidien qui permettent à notre pays de fonctionner. 

JEFF WITTENBERG
 Vous dites : il faut adapter d'heure en heure, le conseil scientifique va se réunir aujourd'hui, ses conclusions seront connues aujourd'hui ou demain, est-ce que s'il préconisait, comme dans certaines régions d'Italie, que les gens, pour la plupart, évitent les transports publics, parce que c'est une question de vie ou de mort, est-ce que vous suivriez ces recommandations en réduisant, voire en supprimant encore l'offre de transports publics ? 

ELISABETH BORNE 
Vous savez, on suit les recommandations des scientifiques depuis le départ, je pense qu'il faut aussi… 

JEFF WITTENBERG 
Pas toujours, certains scientifiques appelaient par exemple au report du premier tour des élections municipales, donc la question est controversée, on va dire. 

ELISABETH BORNE 
Alors, il y a beaucoup de scientifiques qui peuvent chacun avoir leur avis, il y a un conseil scientifique qui a été mis en place depuis le début de cette crise, et on écoute les recommandations de ce conseil scientifique, donc, voilà, je pense que sur les transports en commun, là encore, il y a des femmes, il y a des hommes qui viennent, voilà, faire leur travail, par exemple, dans les supérettes, pour qu'on ait, les uns et les autres, à manger, eh bien, il faut aussi penser au fait qu'ils ont besoin de se déplacer, mais évidemment, on a mis des normes plus strictes pour nettoyer les bus, pour nettoyer les rames de métro, et on va continuer à adapter ces normes en fonction ce que nous dirons les scientifiques. 

JEFF WITTENBERG 
Mais ce que vous nous dites, ce matin, Madame BORNE, vous êtes ministre des Transports, c'est que les transports publics continueront coûte que coûte, pour reprendre une expression présidentielle, dans les jours qui viennent ? 

ELISABETH BORNE 
Ce que je vous dis, c'est qu'on devra répondre coûte que coûte aux besoins des salariés qui sont là pour nous permettre de continuer à vivre dans notre pays, de continuer à pouvoir acheter à manger, de continuer à avoir de l'électricité, on est vraiment à l'écoute des scientifiques pour prendre les meilleures mesures, pour que chacun continue à avoir de l'eau, de l'électricité, que les poubelles soient ramassées, et en même temps, que tous les salariés de ces secteurs soient le mieux protégés possible. 

JEFF WITTENBERG 
Alors il y a tous ces services publics, il y a le transport sur les rails, sur la route, et dans l'air, la compagnie AIR FRANCE va être mise en hibernation, pour reprendre les mots qui sont apparemment employés au sein de l'entreprise, 45 000 personnels mis en chômage partiel, 10% au maximum des vols assurés, comment AIR FRANCE, tout simplement, va pouvoir tenir si vous n'intervenez pas, si vous ne nationalisez pas l'entreprise, comme vous en avez évoqué l'hypothèse ? 

ELISABETH BORNE 
Alors évidemment AIR FRANCE, et le transport aérien, fait partie des secteurs dont l'activité est quasiment à l'arrêt, et comme vous l'avez dit, on peut aussi penser aux professionnels du tourisme, d'abord, il y a le chômage partiel très, très généreux qui a été mis en place par le gouvernement qui fait que tous ces personnels vont pouvoir en bénéficier, il y a évidemment le soutien sur la trésorerie des entreprises, et puis, moi, je le dis très clairement, l'État n'abandonnera pas AIR FRANCE, donc je ne vais pas vous dire aujourd'hui selon quelles modalités, mais ça fait partie de toutes les entreprises françaises, on veut évidemment en premier lieu répondre à cette crise sanitaire, assurer la santé des Français, mais on a bien en tête qu'il faut protéger nos entreprises, protéger nos emplois, et l'État sera au rendez-vous. 

JEFF WITTENBERG 
Mais, pardon de vous poser la question à nouveau, mais certains de vos collègues y ont répondu, est-ce que la nationalisation fait partie des hypothèses sur la table, et est-ce qu'on s'en rapproche dans les jours qui viennent si la situation devait perdurer avec un arrêt quasi-complet des activités de cette compagnie aérienne ? 

ELISABETH BORNE 
Alors, la nationalisation fait partie des outils à notre disposition, on va regarder au cas par cas quelle est la bonne la bonne réponse, mais en tout état de cause, on ne laissera pas tomber AIR FRANCE, comme on ne veut laisser tomber aucune entreprise française malgré la crise que nous traversons. 

JEFF WITTENBERG 
Le secrétaire d'État aux Transports, Jean-Baptiste DJEBBARI, a annoncé la probable fermeture prochaine de l'aéroport d'Orly, près de Paris, est-ce que vous la confirmez ce matin ? 

ELISABETH BORNE 
On est en train de travailler évidemment à l'organisation de nos aéroports ; vous savez avec le trafic extrêmement réduit qu'on a aujourd'hui, il faut effectivement tirer les conséquences, c'est sans doute effectivement Orly qui devra fermer, et puis, on aura Roissy, qui nous permettra d'assurer les quelques vols qui vont continuer, notamment pour permettre aux Français qui sont partis à l'étranger en voyage, qui étaient partis à l'étranger, de revenir en France ; donc il y a quelques vols qui sont maintenus pour leur permettre de revenir, mais le trafic est très faible, on ne va pas avoir besoin de maintenir nos deux plateformes en région Ile-de-France. 

JEFF WITTENBERG 
Est-ce que d'autres grands aéroports français, Nice, Marseille, Toulouse pourraient être amenés à fermer dans les jours qui viennent, Elisabeth BORNE ? 

ELISABETH BORNE 
On va évidemment tirer des conséquences de la très faible activité dans le transport aérien, vous savez, le transport aérien, aujourd'hui, il est interdit avec tout l'espace, ce qu'on appelle l'espace Schengen, donc en dehors de l'Europe, finalement, on a arrêté le trafic aérien, si les aéroports n'ont plus trafic, ils vont fermer. Dans un premier temps, on a besoin de permettre aux Français qui sont à l'étranger de revenir, mais ensuite, il n'y aura plus de transport aérien avec la plupart des pays de la planète, en dehors de l'Europe, donc les aéroports peuvent être amenés à fermer, effectivement. 

JEFF WITTENBERG 
Est-ce que, comme pour AIR FRANCE, l'État viendra au secours par exemple d'AEROPORTS DE PARIS, qui n'est pas encore privatisé ou d'autres aéroports dont les personnels seront, là aussi, mis en chômage partiel, en chômage technique ? 

ELISABETH BORNE 
Bien sûr, l'État viendra, l'État sera au rendez-vous pour soutenir ces grandes entreprises, pour leur permettre de survivre à cette crise très difficile, c'est vrai aussi de plus petites entreprises, c'est tout le sens de ce qu'on a mis en place pour les entreprises pour qu'elles aient à la fois de la trésorerie, pour alléger leurs dépenses avec l'activité partielle pour leurs salariés, mais notre objectif, c'est d'abord, cette réponse en termes de santé, mais c'est aussi de préserver nos entreprises et de préserver nos emplois, et l'État sera au rendez-vous. 

JEFF WITTENBERG 
Alors, on a appris hier soir, qu'une nouvelle membre du gouvernement, Emmanuelle WARGON, a été testée positive au coronavirus, cela fait 3 membres du gouvernement, elle n'a que des symptômes bénins pour l'instant, sa particularité, c'est qu'elle travaille avec vous, sous votre tutelle, en tout cas, Madame BORNE, est-ce que vous avez vous-même été testée ? 

ELISABETH BORNE 
Ecoutez, Emmanuelle WARGON, vous savez, ça fait depuis maintenant plusieurs jours et même des semaines qu'on fait attention à être plutôt en audio, comme je le suis avec vous, ou en visio, pardon, et donc voilà, je n'ai pas d'inquiétude me concernant, je vous rassure, on fait comme tous les autres Français, vous savez, on prend des précautions, on se lave les mains, on se tient à distance, tout ce qu'on peut faire en audio ou en visio, on le fait en audio et en visio, mais comme tous les Français, on applique les gestes qui sont recommandés par les scientifiques. 

JEFF WITTENBERG 
Mais enfin, trois ministres et ou secrétaires d'État, donc madame WARGON, mais aussi Franck RIESTER, Brune POIRSON, ça fait quand même 10 % du gouvernement, est-ce qu'il n'y a pas un petit peu d'inquiétude au sein de votre équipe sur la contagion finalement de ce virus au sommet de l'État quand même ? 

ELISABETH BORNE
 Eh bien, vous savez, je vous dis, moi, je prends les précautions maximales, et je pense à tous les Français aussi qui peuvent être atteints de ce coronavirus, on ne va pas s'étendre sur les membres du gouvernement, il y a beaucoup de Français qui se posent des questions, moi, je peux vous dire qu'au sein du gouvernement, vous avez vu que maintenant, on fait le Conseil des ministres en visio, on s'assure que comme on le demande à tous les Français… 

JEFF WITTENBERG 
Aucun ministre ne vient plus à l'Elysée, pour que les choses soient très concrètes, qu'on comprenne bien, le Conseil des ministres se fait entièrement en visioconférence désormais, vous ne venez plus, aucun de vous ne vient physiquement ? 

ELISABETH BORNE 
Le conseil des ministres se fait en visio, toutes les réunions se font en visio, le Conseil de défense en fin de semaine dernière s'est fait en visio, on applique les précautions qu'on demande à chaque Français d'appliquer. 

JEFF WITTENBERG 
Et au sein de votre cabinet, c'est la même chose avec vos collaborateurs ?

 ELISABETH BORNE 
Mes collaborateurs sont aussi en télétravail, on a une équipe extrêmement réduite ici, enfin, voilà, c'est simple, on fait comme tout le monde, on applique les préconisations des scientifiques. On évite de se retrouver dans la même pièce, et tout ce qu'on peut faire à distance, eh bien, on le fait à distance. 

 JEFF WITTENBERG
 Eh bien, on vous a entendue. Merci beaucoup Elisabeth BORNE 


source : Service d'information du Gouvernement, le 24 mars 2020