Texte intégral
HEDWIGE CHEVRILLON
Bonjour Julien DENORMANDIE.
JULIEN DENORMANDIE
Bonjour.
HEDWIGE CHEVRILLON
Merci d'être avec nous, effectivement, une actualité extrêmement chargée, il y a évidemment ce qui s'est passé dans les quartiers à Dijon, puisque vous êtes ministre de la Ville et du logement, mais beaucoup d'actualités sur le BTP, sur le petit commerce. D'abord, peut-être, la dernière fois, vous êtes venu là, vous me disiez : allez, 100% du secteur du BTP doit être revenu à la normale fin mai. Là, on est mi-juin, où est-ce qu'on en est ?
JULIEN DENORMANDIE
Eh bien écoutez, aujourd'hui, la reprise est là, l'envie de reprise est là chez tout le monde, les entrepreneurs, les employés, mais aussi l'ensemble des Français. Et ce matin, je vous l'annonce, nous sommes à 93% des reprises de chantiers sur le territoire national, 93%. Ce qui est très intéressant, c'est qu'il y a, à peu près 15 jours, nous étions à 70%. Et il y a un mois, nous étions à à peine 50% ; ce qui montre que la reprise, elle est là, et que la dynamique est là. Nous ne sommes pas encore aux 100%, donc nous devons continuer à accompagner le secteur, mais vraiment, j'insiste dessus, on sent la dynamique reprendre, et la dynamique d'ailleurs dans le logement était bonne avant le confinement, on avait retrouvé des signaux positifs, au vert, et donc là, notre objectif, c'est d'accompagner cette reprise et de retrouver la dynamique.
HEDWIGE CHEVRILLON
Et les entreprises, elles-mêmes, elles fonctionnent à combien, vous avez une idée justement ?
JULIEN DENORMANDIE
Alors, sur ces chantiers qui sont repartis à hauteur de 93%, on dit qu'ils sont, environ pour 70% d'entre eux, repartis à pleine activité, ça veut dire que tous n'ont pas encore retrouvé leur régime de croisière, et d'ailleurs, j'insiste dessus, et je fais un nouvel appel sur ce point, mais qui est extrêmement important, il faut faire travailler les artisans, il faut que les Français redonnent leur confiance dans les artisans, vous savez, on avait beaucoup travaillé avec la Fédération du bâtiment et la CAPEB pour établir….
HEDWIGE CHEVRILLON
Les petits artisans, oui…
JULIEN DENORMANDIE
Les petits artisans, pour établir des guides sanitaires. Ces guides sanitaires, on les a faits pour tous, c'est-à-dire que, aujourd'hui, vous pouvez faire revenir chez vous un artisan en toute sécurité pour vos travaux de rénovation, de rénovation énergétique par exemple, donc faites travailler vos artisans. Ayez confiance en eux.
HEDWIGE CHEVRILLON
Julien DENORMANDIE, il y a eu un plan dans l'aéronautique, dans le tourisme, dans l'automobile, on attend un plan spécifique sur le BTP, est-ce que, qu'effectivement, vous pouvez nous confirmer qu'il y aura des mesures qui vont être prises, des mesures sur la rénovation thermique, enfin, un grand plan BTP ou pas ?
JULIEN DENORMANDIE
Oui, je vous le confirme, je vous le confirme…
HEDWIGE CHEVRILLON
Quand, quelle échéance ?
JULIEN DENORMANDIE
Alors, on a déjà pris des premières mesures qu'on a annoncées la semaine dernière avec un seul objectif, c'est de faire repartir la commande, moi, ma crainte, c'est le trou d'air à l'automne, concrètement, ça veut dire que les projets aujourd'hui ne sont pas lancés, suffisamment lancés, et donc qu'on ait une baisse d'activité à l'automne. Donc notre objectif aujourd'hui, c'est de relancer la commande, par exemple, on a déjà délégué près d'un milliard d'euros de nouvelles dotations aux collectivités, parce que c'est là où il y a la commande publique, localement. Deuxième exemple, j'ai écrit pas plus tard qu'hier à toutes les entités qui dépendent de mon ministère, les agences d'aménagement, de foncier, de rénovation, par exemple, la rénovation urbaine, en leur disant très clairement : il faut lancer tous les projets maintenant au maximum.
HEDWIGE CHEVRILLON
Mais avec quelle aide, quel appui, vous connaissez le fonctionnement, et surtout en ce moment, voilà, des Français, y compris des élus, ils attendent des mesures spécifiques.
JULIEN DENORMANDIE
Eh bien, quand on met en place un fonds d'un milliard d'euros de dotations supplémentaires, je peux vous dire que ça a un effet très concret, quand, moi, ministre, je dis à toutes mes agences de tutelle : je ne veux pas qu'on tourne autour du pot, qu'on attende 4 mois pour lancer un nouveau projet, mais la priorité, c'est de le lancer maintenant, et vous me faites le reporting, je peux vous dire que ça a un effet, donc ça, on l'a déjà mis en place, et on continue à travailler pour qu'on puisse annoncer d'autres mesures, notamment dans la rénovation énergétique des bâtiments, qui, pour moi, est l'une des principales priorités ; on a déjà fait des choses, mais il faut aller plus loin, par exemple dans les primes de soutien aux citoyens, je pense à Ma Prime Rénov, qui est un bel outil qu'on a créé en début d'année et qu'il faut encore renforcer…
HEDWIGE CHEVRILLON
Et que vous allez renforcer.
JULIEN DENORMANDIE
Exactement…
HEDWIGE CHEVRILLON
On revient un peu en arrière par rapport à la suppression du CITE, on s'en souvient, avec un changement de régime pour que ça reste uniquement favorable pour les plus petits salaires, mais pas forcément pour ceux qui dépendaient de… là, c'est quand même un tête-à-queue…
JULIEN DENORMANDIE
Je vous remercie parce que vous avez exactement montré la différence de l'ancien régime avec le nouveau régime d'aide, l'ancien régime, c'était un crédit d'impôt, concrètement, ça veut dire que seuls ceux qui…
HEDWIGE CHEVRILLON
Et pour tout le monde ?
JULIEN DENORMANDIE
Mais pour tout le monde, mais ça voulait dire que seuls ceux qui pouvaient assumer la trésorerie, parce qu'on était remboursé au bout d'un an pouvaient faire les travaux, avec Ma Prime Rénov, accessible à tous, on donne l'argent tout de suite…
HEDWIGE CHEVRILLON
Mais en fonction des revenus…
JULIEN DENORMANDIE
Oui, mais enfin, on donne l'argent tout de suite, et c'est quoi la conséquence, c'est que Ma Prime Rénov, on l'a créée au 1er janvier, plus de la moitié des dossiers sont au bénéfice des ménages les plus modestes, plus de la moitié, avant, c'était 20%, or, la rénovation énergétique, ça doit être une rénovation sociale…
HEDWIGE CHEVRILLON
Oui, ça concerne tout le monde. Mais là, ça veut dire que vous allez accélérer, ça veut dire que vous allez ouvrir encore plus Ma Prime Rénov ?
JULIEN DENORMANDIE
Alors, on a déjà prévu d'ouvrir début 21 encore plus Ma Prime Rénov, et moi, mon souhait, c'est d'aller encore plus vite et d'ouvrir encore plus…
HEDWIGE CHEVRILLON
A tout le monde…
JULIEN DENORMANDIE
C'est soit les publics, soit, les secteurs, on sait qu'il y a des secteurs par exemple sur lesquels on est moins performant, je pense aux propriétaires bailleurs, les propriétaires qui louent leur logement, on sait que c'est beaucoup plus compliqué à toucher, à accompagner pour faire la rénovation énergétique, ça, c'est un beau chantier sur lequel nous sommes en train de travailler.
HEDWIGE CHEVRILLON
Et ça, ça va être quand l'élargissement justement de Ma Prime Rénov ? Ça va être quand ?
JULIEN DENORMANDIE
Ça, on a besoin de loi de finances…
HEDWIGE CHEVRILLON
Avant l'été ?
JULIEN DENORMANDIE
On a besoin de loi de finances, c'est des choses qu'on peut annoncer avant, mais on a besoin de textes financiers.
HEDWIGE CHEVRILLON
D'accord, donc ça sera à la rentrée, ça ne peut pas être avant l'été…
JULIEN DENORMANDIE
C'est des dispositifs qu'on peut annoncer avant, mais qui nécessitent un parcours législatif, ça n'est pas simplement un décret du ministre.
HEDWIGE CHEVRILLON
Donc un plan du BTP, on l'a compris, de rénovation énergétique, il y a un plan aussi, selon les informations de BFM Business, il y aurait un plan pour les indépendants et les petits commerçants, parce qu'on voit bien, vous qui avez lancé un plan en centre-ville, c'est extrêmement… enfin, c'est très, très difficile, il y a des problèmes de loyers impayés, il n'y avait pas eu de business pendant trois mois, d'abord, 1°) : est-ce que vous pouvez nous le confirmer, et puis, 2°) : effectivement, la facture des loyers impayés, elle augmente considérablement, c'est quoi la solution du gouvernement, est-ce que c'est cette foncière dont on parle ici depuis ce matin ?
JULIEN DENORMANDIE
Eh bien, oui, je vous confirme qu'il y aura un plan « indépendants », et c'est d'ailleurs un souhait du président de la République, vous savez, le président de la République, il a fixé en matière économique trois priorités au gouvernement, l'emploi, l'emploi et l'emploi. Et aujourd'hui on voit bien que les indépendants, les commerçants sont parmi les secteurs d'activité qui pâtissent le plus de la crise, le plus, et donc le président de la République a demandé au gouvernement de mettre en place un plan pour les commerces et les indépendants qui – là aussi, beaucoup a déjà été fait – permette d'accompagner sur la durée. Et donc Bruno LE MAIRE, Agnès PANNIER-RUNACHER sont en train d'y travailler. Sur la question des loyers, c'est une question sacrément compliquée, parce que, là aussi, on a pris des décisions, et je salue toutes les foncières, tous les propriétaires qui ont accompagné pour trouver des solutions concrètes…
HEDWIGE CHEVRILLON
On est d'accord, mais ce n'est pas 100%, loin s'en faut…
JULIEN DENORMANDIE
Non, et c'est pour ça que, d'ailleurs, on a allongé, que ce soit le fonds de solidarité ou que ce soit le fonds additionnel de solidarité, pour prendre en compte, donc il faut continuer à accompagner, le problème, c'est que quand vous avez zéro recette, eh bien, vous ne pouvez honorer zéro dépense, et c'est ça à quoi on…
HEDWIGE CHEVRILLON
Et la création d'une foncière, c'est un bon système, est-ce que c'est validé, pas encore validé ?
JULIEN DENORMANDIE
Alors, moi, je n'ai pas l'information…
HEDWIGE CHEVRILLON
Que nous avons, voilà…
JULIEN DENORMANDIE
Que vous avez sur la validation, mais je laisserai la CAISSE DES DEPOTS et surtout le ministre de l'Economie communiquer dessus, ce qui est sûr, c'est qu'on travaille beaucoup avec la CAISSE DES DEPOTS de manière générale dans le domaine du logement, j'étais encore, hier, je faisais le point avec le directeur général de la CAISSE DES DEPOTS, et toute solution innovante pouvant être trouvée, moi, je l'accueille avec beaucoup…
HEDWIGE CHEVRILLON
Mais vous travaillez dessus, enfin, je veux dire, ça fait partie, voilà… c'est une hypothèse qui n'est pas encore validée, mais vous travaillez dessus…
JULIEN DENORMANDIE
Exactement, mais encore une fois, il y a beaucoup de sujets sur lesquels on travaille avec la CAISSE DES DEPOTS, qui est un bras armé dans le domaine du logement, notamment de logements social.
HEDWIGE CHEVRILLON
Puisqu'on parle de logement social et de loyers impayés, il y a la question de la trêve hivernale, quand on a su que j'allais vous recevoir, sur les réseaux sociaux, on m'a dit : posez-lui la question, qu'est-ce qui se passe pour la trêve hivernale, est-ce qu'elle est prolongée, je veux dire, toute l'année, jusqu'à la fin 2020, à la fin de l'impact de cette crise sanitaire, enfin, à supposer que ça soit la fin de l'impact, quelle décision allez-vous prendre ?
JULIEN DENORMANDIE
Alors, la décision, elle n'est pas encore arrêtée à ce stade, ce qui est sûr, c'est ce sur quoi on travaille, c'est que, il ne faut pas que cette année, il puisse y avoir des personnes qui soient remises à la rue, parce que c'est une fermeture de classe d'hébergement d'urgence ou parce que ce sont des expulsions sans solution de relogement, c'est ça la ligne que j'ai fixée à mes équipes, c'est ça la ligne politique que j'ai fixée à mon ministère. Après, ça peut se traduire juridiquement de différentes manières, est-ce que ce serait un allongement de la trêve hivernale, mais qui comporte d'autres conséquences, il faut aussi avoir une base juridique, ou est-ce que ça peut être des consignes très claires données à l'Etat, à l'Etat dans les territoires, pour faire en sorte qu'il n'y ait pas de remises sèches à la rue, comme nous le…
HEDWIGE CHEVRILLON
La décision, elle est pour quand, avant l'été ?
JULIEN DENORMANDIE
La décision, elle est avant l'été, elle sera en tout état de cause prise avant le début juillet, parce que la trêve hivernale aujourd'hui on s'arrête le 10 juillet, donc il faut donner de la visibilité aux acteurs.
HEDWIGE CHEVRILLON
Donc voilà, fin juin en l'occurrence. Justement, il y a aussi des gens qui sont propriétaires et qui nous disent : on a d'un avis d'expulsion, un avis juridique, est-ce qu'on sera indemnisé puisqu'on ne peut pas expulser des gens ?
JULIEN DENORMANDIE
Eh bien, là aussi, je suis très clair, quand une décision de justice a été prise, et que c'est l'Etat qui dit : je n'exécute pas cette décision de justice en imposant de ne pas avoir recours à la force publique, à ce moment-là, c'est l'Etat qui engage sa responsabilité, donc c'est l'Etat qui indemnise ; je ne peux pas être plus clair.
HEDWIGE CHEVRILLON
D'accord, il y a la question aussi, vous allez lancer une deuxième vague de testing justement, pour lutter contre la discrimination, Julien DENORMANDIE, à quoi ça sert si on ne va pas jusqu'au name and shame ?
JULIEN DENORMANDIE
Eh bien, non, moi, mon objectif, c'est d'aller…
HEDWIGE CHEVRILLON
C'est d'aller au name and shame…
JULIEN DENORMANDIE
Au name and shame. C'est ce que j'ai fait il y a 6 mois, ça a fait beaucoup de bruit d'ailleurs, c'est un sacré un éveil des consciences à chaque fois, ça permet de faire bouger des lignes, et d'ailleurs, j'ai annoncé qu'on lançait avec le ministre du Travail un nouveau de testing, il y a quelques jours, et je peux vous dire que beaucoup, beaucoup, beaucoup m'en ont parlé, m'ont appelé, ça fait éveiller les consciences, parce que ce n'est jamais agréable, c'est des exercices parfois compliqués, ça ne se veut pas être stigmatisant, ça se veut être stimulant au sens éveil des considérations, parce que le premier testing qu'on a lancé a montré qu'en fonction de votre nom, vous aviez des chances parfois très inférieures d'avoir juste accès à un entretien d'embauche, donc il faut faire bouger les lignes, en tout cas, c'est ma priorité.
HEDWIGE CHEVRILLON
Merci beaucoup, c'est vrai que tout le monde ne s'appelle pas DENORMANDIE, c'est un nom français. Merci beaucoup d'avoir été avec nous, donc ministre du Logement et de la ville, avec toutes ces confirmations.
JULIEN DENORMANDIE
Merci à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 18 juin 2020