Texte intégral
JEAN-JACQUES BOURDIN
Olivier VERAN, bonjour.
OLIVIER VERAN
Bonjour.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ministre de la Santé des solidarités, nouveaux départs en vacances aujourd'hui, envie de liberté, les Français oublient certaines contraintes sanitaires, est-ce que ça vous inquiète ?
OLIVIER VERAN
Tout d'abord, permettez-moi, Jean-Jacques BOURDIN, de saluer l'homme de radio, parce que je sais que vous venez de terminer votre dernière matinale à la radio, 40 ans, je crois, 19 ans sur RMC, RMC Découverte, j'étais un fidèle auditeur, donc ça me fait aussi quelque chose, donc j'imagine que vous, ça doit être une émotion assez forte…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, elle est forte…
OLIVIER VERAN
Et comme vous êtes pro, vous retrouver face à moi juste après, donc voilà, je me permettais de saluer, au nom des Français, qui ont été très nombreux à vous écouter, une très belle carrière…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Eh bien, merci, eh bien, ça me fait plaisir, merci…
OLIVIER VERAN
Vous parlez des Français qui partent en vacances, ils ont besoin de vacances, ils ont envie de vacances, ils ont envie d'oublier, qu'ils oublient le confinement, qu'ils oublient tout ce qu'ils ont vécu au cours de ces mois, qu'il y a un travail de résilience collective, c'est normal, il y a une chose qu'ils ne doivent pas oublier, ce sont les gestes barrières, ils ne doivent pas oublier le fait que le virus circule, il ne faut pas que ce soit omniprésent dans leur tête, il ne faut pas vivre dans l'angoisse permanente, il faut vivre dans la vigilance en permanence…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais vous êtes inquiet, sincèrement, est-ce que le comportement des Français vous inquiète ?
OLIVIER VERAN
Par nature, je ne suis pas inquiet, par contre, je suis un observateur comme vous, et donc j'observe qu'il y a un relâchement de certains comportements dans certaines situations dans tous les milieux, y compris d'ailleurs…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Même dans la passation de pouvoirs, ça a marqué !
OLIVIER VERAN
Oui, je l'attendais ! Oui, mais vous savez, Jean-Jacques BOURDIN, il faut qu'on soit impeccable, encore plus évidemment quand on porte la parole publique, maintenant, ce qu'on veut, c'est qu'au quotidien, il y ait de la distanciation sociale, qu'au quotidien, on limite les situations à risque…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous avez fait la remarque à vos collègues ?
OLIVIER VERAN
J'ai fait la remarque, mais voyez, moi-même, dimanche dernier, j'étais sur le marché de Grenoble, j'ai vu un commerçant que je n'avais pas vu depuis des mois, il m'a saisi par le bras, il m'a fait un bisou sur le front, je l'ai repoussé en disant : il ne faut surtout pas faire ça, et puis, en plus, on est en public, alors je vais avoir des tweets avec des menaces en tout genre, mais il peut y avoir des moments d'égarement, des moments évidemment de relâchement, on ne demande pas aux Français d'être des robots, on leur demande d'être vigilants au quotidien, de limiter les situations à risque, la situation où vous êtes 100 dans un appartement pour une fête clandestine, où vous dansez les uns avec les autres, c'est une situation qui peut être risquée…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je vais vous parler des fêtes clandestines tout à l'heure…
OLIVIER VERAN
Les grands rassemblements qu'il peut y avoir sont des situations qui sont à risque, quand on veut être sûr de limiter les risques, par exemple, il va y avoir le 14 juillet, il va y avoir des bals, les gens vont sortir, vont boire un coup, ils vont vouloir faire la fête, c'est la fête du pays, c'est la fête pour les Français.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Les bals ne sont pas annulés, que les choses soient claires…
OLIVIER VERAN
Ils peuvent le faire avec le respect des gestes barrières, et puis, s'ils veulent être sûrs et ils veulent limiter les risques, ils peuvent être acteurs de leur propre santé, par exemple, en téléchargeant l'application StopCovid, c'est parfaitement le moment pour le faire, ça veut dire que si vous avez été en contact avec des gens qui n'étaient pas loin de vous pendant un quart d'heure et qui sont potentiellement malades, au moins, vous êtes averti, ça vous évite de contaminer demain vos proches et d'autres personnes sans le savoir.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais les bals ne seront pas interdits ?
OLIVIER VERAN
Il y a des endroits où ils le seront par arrêté des maires, par intervention des préfets, il y a des endroits où le virus circule un peu plus qu'ailleurs, où il y aura encore plus de vigilance…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je vais vous parler de la Mayenne évidemment, dans un instant…
OLIVIER VERAN
Bals ou pas bals, Jean-Jacques BOURDIN, encore une fois, c'est un effort de vigilance au quotidien que les Français doivent s'appliquer pendant l'été.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien, Olivier VERAN, le virus ne meurt pas avec la chaleur, contrairement à ce que certains avaient dit, je me souviens, est-ce que cela aussi, ça vous inquiète ?
OLIVIER VERAN
Mais je n'ai jamais considéré que le virus pouvait mourir avec la chaleur, puisque, de toute façon…
JEAN-JACQUES BOURDIN
On l'avait entendu pourtant…
OLIVIER VERAN
Oui, mais enfin, bon, on a entendu beaucoup de choses, Jean-Jacques BOURDIN, jusque sur votre plateau. J'ai été convaincu qu'il ne mourait pas avec la chaleur dans la mesure où il y avait une épidémie en Iran, en Egypte au même moment qu'elle percutait la France, hélas, et puis, les coronavirus ne sont jamais morts avec la chaleur ; il ne faut pas chercher, je dirais, le moyen magique d'en finir avec le virus. Il y a deux façons d'en finir avec le virus, notre comportement collectif en restant vigilants, et le développement d'un vaccin, et tout le monde y travaille.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pourquoi n'y a-t-il aucun contrôle particulier à Roissy ?
OLIVIER VERAN
Il y a des contrôles qui sont faits à Roissy…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Lesquels ? J'étais à Roissy dimanche dernier, je n'ai jamais été contrôlé à l'arrivée…
OLIVIER VERAN
Vous veniez d'où ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Lisbonne, Portugal…
OLIVIER VERAN
De Lisbonne, et donc vous êtes intra-Europe, il y a deux listes de pays, il y a une liste de pays qui sont verts au sein desquels le virus ne circule pas plus qu'en France, donc, il n'y a pas de raison particulière de procéder à des contrôles spécifiques, et puis, il y a des pays pour lesquels les frontières sont fermées, c'est les cas qui sont en zone rouge. Et il y a la situation particulière des binationaux ou des Français qui reviennent de l'étranger, vous ne pouvez pas les empêcher de revenir, et personne ne l'envisage, donc il est demandé aux Français qui reviennent de pays à risques de procéder à des tests PCR sur place, et comme il y a certains pays qui ne le font pas, nous développons dans les aéroports, et notamment l'aéroport de Roissy, des campagnes de tests à l'arrivée. Et je souhaite que ce soit des tests qui soient salivaires, ce sont des nouveaux tests, qui sont des tests en train d'être expertisés…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous allez déployer des tests, alors, dites-moi, précisément, donc dans les aéroports, notamment Roissy, il va y avoir des tests salivaires obligatoires ?
OLIVIER VERAN
Je suis en train de travailler avec Jean-Baptiste DJEBBARI, qui est le ministre délégué aux Transports, nous avons fait la comptabilisation du nombre de personnes que cela concerne, je travaille avec le directeur général de l'ARS Ile-de-France, Aurélien et ROUSSEAU, pour pouvoir déployer des équipes dans les aéroports et procéder demain à des tests salivaires…
JEAN-JACQUES BOURDIN
A partir de quand ?
OLIVIER VERAN
Nous sommes en train d'acheter, en fait, ces tests salivaires sont des tests qui sont tout nouveaux, qui sont encore en cours de qualification, mais qui sont presque aboutis, donc dans les tout prochains jours, nous pourrons développer cette campagne supplémentaire, mais…
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est-à-dire que tous les voyageurs qui viennent de pays extra-européens seront testés ?
OLIVIER VERAN
Tous les voyageurs qui viennent de pays à risques se verront proposer d'ici quelques jours un test…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Obligatoire ou pas ?
OLIVIER VERAN
On ne peut pas contraindre quelqu'un à avoir un test, nous demandons déjà aux Français qui reviennent de se faire tester sur site, lorsqu'ils ne le peuvent pas, nous leur demandons d'aller dans un laboratoire, un hôpital ou chez leur médecin, pour pouvoir se faire tester, mais de manière – donc les consignes, elles sont passées, Jean-Jacques BOURDIN – mais de manière à simplifier les démarches, nous allons faire ces campagnes de tests à même les aéroports, partout où ce sera possible.
JEAN-JACQUES BOURDIN
On va parler des tests, je vais vous parler de la Mayenne, mais je voudrais évoquer les Etats Unis qui vont quitter effectivement l'OMS en 2021, pas tout de suite, est-ce une faute ?
OLIVIER VERAN
Moi, je crois qu'on a besoin d'une politique de santé mondiale, je suis allé à Genève en présence du ministre allemand de la Santé, rencontrer Tedros, qui est le patron de l'OMS, il y a… pardon, le temps passe à une vitesse, je ne sais plus si c'était la semaine dernière ou il y a 15 jours, à Genève pour discuter d'une politique d'évaluation rigoureuse, mais en même temps réaffirmer à l'OMS l'amitié et le soutien de la France. Nous avons besoin de faire évoluer cette institution, que les Etats-Unis quittent une institution mondiale qui fait sens et qui est indispensable dans la période, c'est évidemment une décision que je trouve dommageable.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est une faute ? C'est une faute ?
OLIVIER VERAN
Je vous ai dit que c'était dommageable. Je n'ai pas à condamner un Etat sinon je vais recevoir des coups de fil, je vous dis que je considère que la place des Etats-Unis est au sein de l'OMS.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien, combien de Français sont-ils dépistés chaque semaine ?
OLIVIER VERAN
Le nombre de tests réalisés effectivement augmente, puisque nous en sommes à 350.000 désormais par semaine…
JEAN-JACQUES BOURDIN
350… vous nous aviez promis 700.000 me semble-t-il…
OLIVIER VERAN
Je vous ai promis qu'on était en capacité de faire 700.000, et nous sommes en capacité d'en faire plus…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais pourquoi est-ce qu'on n'en fait pas plus ?
OLIVIER VERAN
Vous savez, nous envoyons, nous avons envoyé un million et demi de bons chez l'Assurance maladie chez les gens pour leur dire : faites-vous tester si vous voulez vous faire tester, nous venons de faire la même chose en Mayenne, avec 300.000 bons qui ont été envoyés, on ne va pas aller chercher les gens par le bras pour les emmener se faire écouvillonner afin de faire une PCR. Vous savez, le chiffre qui est le plus important, Jean-Jacques BOURDIN, c'est le nombre de tests qui sont positifs. Nous sommes à 1,1 % de tests positifs, c'est-à-dire que sur 100 Français qui se font tester, il y en a 99 qui n'ont pas le Covid…
JEAN-JACQUES BOURDIN
1,1, ce n'est pas satisfaisant, 1,1, si ?
OLIVIER VERAN
Eh bien, le jour où ce sera zéro, ça veut dire que le virus ne circulera plus, en période d'épidémie, nous étions à 25 % de tests positifs, 1,1, 99 % des Français que nous testons n'ont pas le virus, c'est-à-dire que les mailles du filet sont très serrées…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et en Mayenne, on en est à combien ?
OLIVIER VERAN
Et en Mayenne, le taux est un peu plus élevé, est un petit peu plus élevé, parce que nous avons fait des tests, ce qui se passe en Mayenne, et d'ailleurs, ça montre…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui 6 clusters, c'est ça ?
OLIVIER VERAN
5 ou 6. Ça montre l'interventionnisme, et ça montre la vigilance et l'efficacité de notre politique, en Mayenne, nous avons testé systématiquement des EHPAD, et d'ailleurs l'EPAD où on avait peur qu'il y ait des cas, il n'y en a pas, on a testé tout le monde, nous avons testé les abattoirs qui sont des milieux fragiles, on le sait, parce que ce sont des milieux confinés avec des populations parfois fragiles et qui vivent ensemble, et là, nous avons identifié des clusters, ainsi que dans des lieux d'hébergement d'urgence et d'hébergement collectif ; à ce stade, il n'y a pas ce qu'on appelle de diffusion communautaire, c'est-à-dire que les chaînes de contamination, les chaînes de transmission du virus, nous les tenons. Nous les tenons. Donc on identifie des dizaines de cas dans un abattoir par exemple, des dizaines de cas dans un lieu confiné d'hébergement collectif, mais le virus, à ce stade, n'a pas montré qu'il était capables de circuler en dehors de ces zones, donc c'est exactement ce que nous faisons depuis 12 semaines et qui explique qu'en France, contrairement à beaucoup de pays autour de nous, le virus régresse semaine après semaine. C'est exactement ce que vous m'aviez demandé, Jean-Jacques BOURDIN, vous-même, et si vous regardez en Mayenne, vous allez voir des drive où les Français sont invités à aller se faire dépister…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Toute la population du département sera testée ?
OLIVIER VERAN
300.000 personnes peuvent se faire tester, encore une fois, on ne peut pas contraindre les gens, mais on les invite, on les incite à le faire…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Avec des bons que chacun recevra chez soi…
OLIVIER VERAN
Avec les autorités sanitaires, bien sûr, et même sans bon, je veux dire s'ils ont des symptômes ou une inquiétude, bien sûr…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Remboursés par la Sécurité sociale, j'imagine ?
OLIVIER VERAN
Toujours.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que si la situation ne s'améliore pas en moyenne, vous envisagez un reconfinement ?
OLIVIER VERAN
Mais à ce stade, il n'y a pas lieu de l'envisager, puisque nous sommes en train déjà de maîtriser la circulation du virus, maintenant, Jean-Jacques BOURDIN, l'Allemagne, qu'on prenait, à juste titre d'ailleurs, en exemple sur bien des domaines, a dû reconfiner près d'un million d'habitants, l'Australie a reconfiné, le Portugal a mis en place des mesures plus sévères, je ne vous parle même pas des Etats-Unis avec ce qui se passe là-bas et qui est extrêmement inquiétant, l'épidémie à l'échelle de la planète augmente, il y a plus d'un million de nouveaux cas chaque semaine dans le monde. Donc le virus a régressé et régresse semaine après semaine depuis 3 mois dans notre pays, mais il augmente dans un nombre très important de pays, donc on reste très vigilant et acteur, on traque ce virus.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc tests salivaires dans les aéroports, on est bien d'accord, tests salivaires aussi…
OLIVIER VERAN
J'attends l'autorisation des autorités de santé pour pouvoir le faire, je souhaite ardemment que nous puissions le faire, et nous le ferons…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et tests salivaires, peut-être dans les stades aussi, dans les semaines qui viennent…
OLIVIER VERAN
Les tests salivaires, avec Roxana MARACINEANU, la ministre déléguée aux Sports, oui, nous travaillons depuis déjà un certain temps, les tests salivaires sont déjà opérationnels dans les milieux sportifs professionnels, ce qui nous permet d'ailleurs de qualifier ces tests pour voir s'ils sont aussi performants que les affreux écouvillons…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je m'arrête un instant sur les stades, le championnat de France de football de Ligue 1 va reprendre les 22 et 23 août, Ligue 1, Ligue 2, est-ce que ce championnat reprendra avec du public ?
OLIVIER VERAN
Vous connaissez aujourd'hui les conditions de rassemblement dans les stades, nous limitons à 5.000 personnes les rassemblements, quelles que soient les conditions…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Avec des tests salivaires…
OLIVIER VERAN
Quelles que soient les situations. Pour les joueurs ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, je parle des spectateurs…
OLIVIER VERAN
Pour le public, on ne fera pas de test à chaque personne qui vient voir un match de foot, enfin, je crois que ce n'est pas…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, c'est difficile, c'est impossible, mais 5.000, pas plus…
OLIVIER VERAN
Mais ensuite, on fera évoluer les conditions, on fera évoluer les conditions sanitaires à mesure qu'elles le justifieront, quelles que soient les situations, nous ne prendrons jamais un risque non maîtrisé, même si on peut avoir très envie d'ouvrir telle ou telle structure ou de permettre aux Français de retrouver une vie normale…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je voudrais vous parler, parce que j'ai promis, je voudrais vous parler des discothèques…
OLIVIER VERAN
Oui, je les ai vus d'ailleurs en venant…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Parce que s'il y a un secteur qui souffre, ce sont les discothèques, comment accepter que sur AIRBNB, on puisse louer un appartement, une maison, organiser une fête à 100, 150, 200 personnes sans aucun contrôle, avec tous les risques sanitaires que cela entraîne, et laisser fermer des discothèques, franchement, Olivier VERAN ?
OLIVIER VERAN
En venant sur votre plateau, j'ai été interpellé par des représentants des acteurs du monde de la nuit, je suis allé discuter avec eux, je leur ai dit que je comprenais parfaitement, mais vous n'imaginez pas, ne croyez pas du tout qu'on soit insensible, d'abord à la question de ces personnes, qui tiennent des établissements, qui veulent vivre de leur profession, je ne suis pas du tout…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ils vont mourir, ils vont mourir, Olivier VERAN !
OLIVIER VERAN
Je ne suis pas du tout insensible non plus à la situation des jeunes, et pas non plus à celle des parents qui aimeraient bien que leurs jeunes puissent aller se défouler, c'est le cas pour aussi le sport amateur, les sports de combat amateurs. Donc on a des situations qui sont complexes. A date Jean-Jacques BOURDIN, à chaque fois que j'ai eu des recommandations sanitaires permettant de prendre des décisions d'ouverture, je les ai suivies, et à chaque fois que j'ai eu des recommandations qui allaient dans le sens inverse, je les ai suivies, il y a deux sujets, si vous me permettez, d'abord, il y a le sujet de l'accompagnement financier, économique de ce secteur, qui ne doit pas mourir, il est hors de question de laisser ces personnes et leur activité économique mourir. Deuxièmement, je considère, comme vous, qu'on doit être amené à faire évoluer un certain nombre de situations, j'aurai cet après-midi un Conseil de défense, ne croyez pas que cette question nous passe par-dessus la jambe, c'est tout l'inverse…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que les discothèques rouvriront ou pas cet été ?
OLIVIER VERAN
Je vous dis que nous aurons un Conseil de défense, comme nous en avons régulièrement, et systématiquement, cette question est abordée, si les conditions…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Parce que les patrons des discothèques ont mis en place les conditions…
OLIVIER VERAN
Ce n'est pas une décision du ministre de la Santé, seul dans son coin, c'est une décision prise avec les autorités sanitaires…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais vous êtes favorable, vous, à la réouverture ?
OLIVIER VERAN
Je n'ai pas à vous dire si je suis favorable ou non, je vous dis que je suis des recommandations scrupuleuses, maintenant, j'entends et je remercie les…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et pensez à nos enfants, moi, je préfère avoir un enfant dans une discothèque où les conditions sont organisées plutôt que dans une fête privée où rien n'est organisé…
OLIVIER VERAN
Jean-Jacques BOURDIN, deux choses, 1°) : je considère qu'ils font un travail sérieux, les acteurs du monde de la nuit, et qu'ils ont fait des propositions sérieuses qu'il nous faut regarder, deuxièmement, pardon, vous avez vécu, comme moi, la fête de la musique, et je ne sais pas si vous avez été interpellé comme je l'ai été, mais chaque image où on voyait 50 ou 200 personnes danser…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais la fête de la musique, c'était spontané…
OLIVIER VERAN
C'était autant d'émotion des Français qui disaient : comment cela est-il possible…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais il vaut mieux retrouver ces personnes-là dans une discothèque, pardon, où tout est organisé…
OLIVIER VERAN
Je ne sais pas, il y a des sujets de climatisation, il y a des sujets d'aération, il faut regarder chaque chose, encore une fois, on prend le sujet extrêmement au sérieux, et je comprends parfaitement l'émoi de la profession.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien, une question, la France est-elle prête à affronter une seconde vague, si tel est le cas, quel reconfinement est envisagé ?
OLIVIER VERAN
Ce que nous montrons depuis 12 semaines, c'est que la France est prête à empêcher une seconde vague, puisque ça augmente dans beaucoup de pays, y compris des pays proches de nous, mais ce n'est pas le cas à date en France, où les moyens qui ont été mis en place… eh bien, oui, mais on peut aussi le dire, Jean-Jacques BOURDIN, je veux dire, on se fait…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous dites ce que vous voulez…
OLIVIER VERAN
On a aussi le droit de le dire, c'est qu'à date, je constate que le virus continue d'être maîtrisé au prix d'efforts qui sont des efforts considérables, qui ne sont pas les efforts du ministre de la Santé ou du gouvernement, qui sont les efforts de l'Assurance maladie, des Agences régionales de santé, des médecins, des SAMU, des pompiers, de tout le monde qui sont mobilisés sur le territoire, et des Français qui font attention, donc nous avons un plan face à toute situation, maintenant, il y a des choses qui nous échappent, ça ne vous aura pas d'ailleurs échappé, Jean-Jacques BOURDIN, depuis le début de cette épidémie.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, les malades qui ne s'en sortent pas, qui restent avec des conséquences terribles, ça devient maladie chronique…
OLIVIER VERAN
Vous parlez de ce qu'on appelle des Covid persistants…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, le Covid persistant, qu'est-ce que vous allez faire, une prise en charge pour eux, qu'est-ce que vous allez faire ?
OLIVIER VERAN
Il y a une prise en charge médicale qui doit être de toute façon organisée. Ce qu'on sait, c'est qu'il y a un certain nombre de malades qui ont contracté le virus, parfois avec des formes sévères, parfois des formes moins sévères et qui conservent des symptômes semaine après semaine, les premiers symptômes…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Eh oui, qui ne guérissent pas…
OLIVIER VERAN
C'est de la fatigue parfois de la dyspnée, parfois des maux de tête, etc, etc, donc nous sommes en train, pas la France toute seule, à l'échelle mondiale, il y a beaucoup de recherches qui sont conduites pour voir s'il persiste un mécanisme inflammatoire au-delà de la phase aiguë de la maladie qui pourrait expliquer cette fatigue, on l'avait vu avec des cas pédiatriques par exemple, avec des phases inflammatoires qui pouvaient durer plusieurs semaines, nous sommes aussi en train… il y a des études qui sont conduites avec des scanners pulmonaires, ce qu'on appelle des scanners low dose, pour voir s'il existe des séquelles respiratoires chez certains patients qui se plaignent de troubles respiratoires, donc nous sommes à la fois à l'étape de la recherche, c'est tout nouveau, c'est tout nouveau, et en même temps à la phase de l'accompagnement et du suivi médical. Je travaille avec les professions médicales…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Une prise en charge pluridisciplinaire…
OLIVIER VERAN
Bien sûr, bien sûr, partout où c'est nécessaire, bien sûr, mais les médecins savent cela, et savent le faire.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien, Ségur de la santé, le gouvernement a donc proposé 180 euros, 90 euros nets en septembre, 90 euros nets en mars, rémunération… hausse de rémunération pour l'ensemble des personnels hospitaliers de l'hôpital public, en dehors des médecins, c'est bien cela ?
OLIVIER VERAN
C'est plus que ça.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est plus que cela ?
OLIVIER VERAN
Eh bien, oui, vous prenez le premier étage de la fusée, il y a trois étages dans cette fusée, il y a trois étages…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je vais vous parler des emplois, mais sur ces…
OLIVIER VERAN
Non, non, sur la rémunération, il y a trois étages…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon, alors, 180 euros…
OLIVIER VERAN
Si je peux me permettre de compléter, 1.700.000 salariés de l'hôpital public, privé, non lucratif, privé lucratif, EHPAD 1.700.000 Français, pour la plupart, des femmes avec un grand nombre d'entre elles et d'entre eux qui avaient des salaires qui n'étaient pas à la hauteur de leur mission, vont voir dans quelques mois, et en quelques mois, leur salaire net augmenter de 180 euros, ça, c'est la base. Ensuite, il y a les soignants, les infirmières, les aides-soignantes, les métiers médicaux techniques qui vont avoir ce qu'on appelle un travail sur les grilles de la Fonction publique, ce qui fait qu'en définitive, rien qu'avec ces deux premières mesures, il n'y a pas une infirmière à l'hôpital qui touchera moins de 215 à 220 euros nets de plus, il n'y a pas une aide soignante à l'hôpital qui touchera moins de 215 à 220 euros nets de plus. Et le troisième étage de la fusée, Jean-Jacques BOURDIN, c'est ce que j'ai appelé l'engagement collectif, qui est une politique d'intéressement mise à l'échelle des établissements de santé, qui permet d'organiser des soins en équipe, au service des malades, la qualité des soins, et qui donnera lieu à des rémunérations complémentaires, identiques pour tous les membres de l'équipe, et avec cela, ce sera encore 45, 50 euros nets de plus pour toutes les personnes qui sont concernées, et ajoutez encore ce que nous avons négocié avec les syndicats, les majorations d'heures supplémentaires, en pratique, une infirmière qui est dans un hôpital avec une pratique d'amélioration des soins et qui fait quelques heures sup, et elle le souhaite parfois, pourra même gagner parfois 400 euros nets de plus par mois. C'est la plus grosse augmentation de revenus qui n'a jamais été proposée dans ce pays et je suis, pardon, même un peu ému parce que vous savez, on a passé, j'ai passé plus de quarante heures en bras de chemise avec les syndicats là ces derniers jours jusqu'au coeur de la nuit, jour après jour, pour négocier, pour discuter. On est tellement d'accord les uns les autres sur le diagnostic et le constat …
JEAN-JACQUES BOURDIN
Les syndicats vont tous signer ?
OLIVIER VERAN
Je ne pense pas que tous les syndicats signeront …
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous ne bougerez plus de toute façon !
OLIVIER VERAN
Non mais il y a un projet d'accord qui a été envoyé qui est en cours.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est à prendre ou à laisser ?
OLIVIER VERAN
Ce que ce que je peux vous dire …
JEAN-JACQUES BOURDIN
A prendre ou à laisser, Olivier VERAN !
OLIVIER VERAN
Ce que je peux vous dire c'est qu'hier soir, Jean-Jacques BOURDIN nous sommes tous d'accord avec la majorité des syndicats médicaux sur un projet d'accord, j'attends qu'ils me confirment leur validation, que nous sommes tombés d'accord avec les étudiants, les externes, les internes en médecine qui m'ont dit qu'ils étaient d'accord …de pouvoir signer lundi …
JEAN-JACQUES BOURDIN
Les médecins hospitaliers …
OLIVIER VERAN
Les médecins hospitaliers, ça y est, c'est arraché hier soir.
JEAN-JACQUES BOURDIN
600 millions d'euros pour leur rémunération …
OLIVIER VERAN
C'est 450 millions d'euros qui ont été mis sur la table avec les syndicats, on va augmenter l'indemnité de service public exclusif, c'est-à-dire qu'on va augmenter les rémunérations des médecins qui font du public dans le public !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc 450 millions d'euros pour les médecins et 200 pour les internes et étudiants, c'est ça ?
OLIVIER VERAN
Les étudiants, les externes, les internes enfin, un interne en médecine, enfin sera payé l'équivalent du SMIC horaire pour le travail qu'ils effectuent et pour la masse hospitalière pour toutes ces personnes qui ne sont pas des médecins, qui sont parfois des ambulanciers, parfois des secrétaires médicales qui sont parfois des gens qui vont s'occuper de la nourriture qui sont des infirmières, qui sont les manip radio, les auxiliaires de régulation médicale, toutes ces personnes sont concernées par l'accord et vont voir une augmentation de pouvoir d'achat qui est majeure et ce sont moi, je pense, je vous le dis, une aide-soignante, ça peut être une mère de famille isolée qui ne s'en sortait pas avec ses enfants. Quand vous avez 220, parfois plus de plus en net par mois, vous imaginez ce que ça change dans un quotidien. Donc oui, on restaure le care, on restaure l'attention, on prend soin de celles et ceux qui prennent soin de nous au quotidien, c'est majeur ! Pardon, j'en parle avec emphase …
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais je comprends …
OLIVIER VERAN
Je sors d'un tunnel de négo et franchement, il y a des fois où on peut être particulièrement touché par l'action qu'on mène quand on pense aux conséquences que ça aura sur le public concerné.
JEAN-JACQUES BOURDIN
J'ai une dernière question !
OLIVIER VERAN
Et il y aura d'autres choses dans ce Ségur !
JEAN-JACQUES BOURDIN
15 000 emplois.
OLIVIER VERAN
Il y aura plein de choses. 15 000 emplois ! Jean-Jacques BOURDIN, ça fait combien de temps que vous n'avez pas eu un ministre de la Santé ou un Premier ministre qui vous dit « on va augmenter les emplois à l'hôpital et créer 15 000 postes d'infirmières » ? Ça fait combien de temps qu'on ne vous a pas dit qu'on allait médicaliser la gouvernance, démocratiser …
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il n'y a pas que 15 000 postes d'infirmière, mais enfin bon …
OLIVIER VERAN
Mais il y a plein d'autres choses, vous allez voir le Ségur !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors, j'ai une dernière question. La méthode ROPA inscrite dans la loi, les députés ont voté l'autorisation du don de gamètes lorsqu'un couple de lesbiennes veut accéder à une PMA. Vous approuvez ?
OLIVIER VERAN
En fait je considère, je ne me place pas du tout sur une position éthique, sur la question mais …médicale ….
JEAN-JACQUES BOURDIN
Agnès BUZYN était contre …
OLIVIER VERAN
Oui, en fait, elle est contre et le gouvernement est contre également cette question-là parce qu'il y a un problème …on va faire une stimulation hormonale et des ponctions d'ovocytes qui ne sont pas des gestes neutres à une femme qui n'en relève pas forcément et donc il y a un acte qui est invasif. Est-ce que la situation justifie d'aller faire un acte invasif ? D'un point de vue éthique, la question est extrêmement complexe, il y avait une saisine du Conseil d'éthique sur cette question. La position du gouvernement restera défavorable même si par ailleurs je peux être moi favorable à certaines évolutions dans le texte parce qu'on peut avoir des désaccords sur des questions éthiques mais ce sujet est complexe et encore une fois, c'est la santé qui doit primer comme pour le Covid et comme pour le reste.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci Olivier VERAN !
OLIVIER VERAN
Bonnes vacances Jean-Jacques BOURDIN, vous les avez méritées !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci beaucoup, merci ! Et on se retrouve à la rentrée !
OLIVIER VERAN
Et bonne pétanque !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Evidemment, oui, je vais jouer à la pétanque bien sûr ! Merci Olivier VERAN !
Source : Service d'information du Gouvernement, le 17 juillet 2020