Interview de Mme Roxana Maracineanu, ministre des sports, à France Info le 30 juillet 2020, sur la limite de 5 000 personnes dans un stade et les critères pour avoir des dérogations.

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Média : France Info

Texte intégral

NICOLAS TEILLARD

La ministre déléguée aux Sports, Roxana MARACINEANU est en ligne avec nous, bonjour.

ROXANA MARACINEANU
Bonjour.

NICOLAS TEILLARD
Et merci d'avoir accepté l'invitation de France l'info à la veille de la finale de la Coupe de la Ligue de foot où le nombre de spectateurs restera limité à 5000 personnes, demain soir au Stade de France. Une jauge maintenue jusqu'à fin août dans les enceintes sportives mais avec des dérogations possibles au cas par cas et sur décision du préfet, est-ce que vous pouvez nous donner des précisions sur les critères qui rendraient possible ces dérogations ?

ROXANA MARACINEANU
Oui, nous allons faire aujourd'hui une réunion au ministère avec les ligues, les fédérations et la cellule interministérielle de crise pour qu'on puisse mettre justement au point un cahier des charges à destination des préfets pour les aider à la décision. C'est eux, vous l'avez dit, qui pourront accorder des dérogations éventuellement pour accueillir plus de 5000 personnes à partir du 15 août parce que c'est eux qui connaissent le mieux le contexte sanitaire de leur territoire. Et ils pourront aussi avoir la possibilité de se plonger dans les protocoles sanitaires très sérieux qui nous ont été fournis par les instances et aussi par les organisations, les organisateurs en territoire.

NICOLAS TEILLARD
Est-ce que la clé, c'est la taille, la capacité d'accueil du stade parce que 5000 personnes dans un stade de 10 000 places, ça n'est pas la même chose que dans un stade qui peut accueillir 60 000 personnes en en temps normal. Prenons le cas du match entre l'OM et Saint-Etienne qui ouvrira la saison de Ligue 1 le 23 août, est-ce qu'on peut imaginer voir plus de 5000 personnes dans les travées du Stade-Vélodrome ?

ROXANA MARACINEANU
Bien sûr la capacité de l'enceinte sera prise en compte, néanmoins ce qui compte aussi ,c'est finalement comment ces spectateurs vont pouvoir se croiser autour du stade, dans les transports, arriver en même temps souvent d'un même endroit, donc finalement éviter ces rassemblements avant de rentrer dans le stade parce que c'est vrai une fois assis, on l'a vu au dernier match de la finale de la Coupe de France, c'est vrai que ça faisait très petit 5000 personnes sur un stade de 80 000 places.

NICOLAS TEILLARD
C'est une demande de tous les dirigeants du sport, le foot mais pas seulement un de pouvoir accueillir plus de monde aujourd'hui.

ROXANA MARACINEANU
Bien sûr c'est tout un secteur qui est mis à mal, que ce soit le l'évènementiel, des personnes qui, d'abord les organisateurs puisque la billetterie compte pour beaucoup, un match annulé du football ses 5 millions d'euros pour les grands clubs, donc c'est énorme à chaque événement. Et puis tous ceux, toutes les petites entreprises qui travaillent dans un évènementiel que ce soit pour accueillir les annonceurs dans l'éloge ou bien aussi évidemment voilà tout ce qu'il qui est à côté, des buvettes…

NICOLAS TEILLARD
Une question qui vous est posée, Madame la Ministre, c'est pourquoi avoir a tranché maintenant, pourquoi ne pas attendre peut-être les 10, 15 prochains jours pour voir comment la situation évolue ?

ROXANA MARACINEANU
C'est comme toujours les acteurs nous demandent de la visibilité pour pouvoir s'organiser. On n'organise pas un match en 2 jours ou un grand événement, le Tour de France nous demande de la visibilité, Roland-Garros et puis bien sûr de la Ligue de football pour la reprise du championnat, le rugby aussi, donc il faut qu'ils se préparent, maintenant on se prépare j'allais dire au pire qui est cette situation qui avait déjà été annoncée début juillet puisque la crise, la situation sanitaire montre une augmentation de la circulation du virus donc voilà. Et on préfère maintenir la jauge à 5000 personnes, si ça va mieux, on ira sur des solutions plus faciles et plus intéressantes pour tout le monde.

NICOLAS TEILLARD
Et justement en parlant de progression de l'épidémie, côté pelouse plusieurs clubs de foot connaissent des cas de contamination, Lille, Guingamp, Nantes par exemple, alors qu'est ce qui se passe dans ces cas-là c'est Jérémy JEANNINGROS qui nous l'explique et on en parle après.

JEREMY JEANNINGROS
Première mesure, isoler les joueurs déclarés positifs, les isoler des autres joueurs, des autres salariés du club mais aussi de leur famille. Ils sont ensuite suivis chaque jour par le service médical et un retour sur les terrains n'est prévu qu'en cas de test négatif. Une attention particulière est réservée à ceux qu'on appelle les cas contact, c'est-à-dire les personnes qui ont approchées les joueurs contaminés. Dans chaque club dès qu'un cas positif est déclaré tous les joueurs et l'encadrement sont immédiatement retestés pour organiser au mieux le confinement. Il est même demandé à certaines personnes suspectes de vivre à distance de leurs proches, ne pas dormir avec son conjoint par exemple ou encore manger à des horaires décalés. Jusqu'à maintenant lorsqu'un seul joueur a été déclaré positif à moins de 48 heures d'un match de préparation, cela n'a pas suffi à faire annuler la rencontre, reste à savoir comment sera géré ce type de situation au moment du retour du championnat de France à partir du 21 août.

NICOLAS TEILLARD
Jeremy JEANNINGROS pour ces précisions, Roxana MARACINEANU, est-ce que vous allez fixer à un cadre pour que le foot, mais aussi les autres sports à partir de tant de cas positifs, par exemple annulation de la rencontre ?

ROXANA MARACINEANU
Le cadre est le même pour le reste de la population, c'est-à-dire comme vous l'avez dit, une mise en quarantaine, les cas contact derrière qui sont testés, si évidemment beaucoup de cas contacts ou contaminés au sein d'une équipe sont détectés forcément de fait la rencontre pourrait être annulée.

NICOLAS TEILLARD
On suivra ça évidemment avant la reprise de la Ligue 1 le 23 août. Pour le Tour de France qui doit débuter une semaine plus tard, le 29 août, est-ce que des règles sont fixées à la fois pour l'accès des spectateurs comme pour les coureurs qui ne pourront pas faire la course masqués évidemment ?

ROXANA MARACINEANU
Oui alors tous les sportifs de haut niveau aujourd'hui qui s'entraînent sont testés pour voir effectivement comment ils s'encadrent dans le groupe y compris en cyclisme puisqu'il y a les pelotons, mais aussi simplement pour qu'ils n'aillent pas au-delà de ce qui pourrait faire à l'entraînement parce qu'on ne sait pas comment un organisme réagit lorsqu'il est contaminé à la haute performance, à la haute intensité. Donc voilà les tests sont de mise plusieurs fois par semaine pour les sportifs, maintenant pour les spectateurs du Tour de France effectivement il faudra comme c'est une course grand public sans billetterie, veiller à ce que les rassemblements sur un même endroit ne dépassent pas les des 5000 personnes, mais on en discute avec ASO, avec les organisateurs très régulièrement.

NICOLAS TEILLARD
C'est compliqué de trancher sur cette question, on a du mal à imaginer un Tour de France sans public dans les cols et en même temps effectivement c'est difficile de dire qui a le droit de s'installer dans des virages par exemple et qui ne pourra pas.

ROXANA MARACINEANU
Bien sûr après notre chance, j'allais dire entre guillemets, c'est que le tour maintenant va avoir lieu au mois de septembre donc forcément au moment de la rentrée des enfants, de la reprise du travail et évidemment il y aura moins de monde disponible et disposé à venir le long des routes par rapport à un mois d'août classique avec un tour de France en pleines vacances.

NICOLAS TEILLARD
Est-ce que ça change quelque chose qu'un sport ait lieu en plein air ou en salles en termes de présence du public ?

ROXANA MARACINEANU
Oui mais nous avons insisté tout de même pour que même en plein air, il y ait le port du masque, on en appelle à la responsabilité des spectateurs, des Français qui savent maintenant que le masque est le meilleur moyen de se préserver de la circulation du virus, d'autant plus si c'est dans une épreuve sportive en temps de loisirs de passion où on va avoir tendance à crier, voilà, s'entraîner avec les copains pour soutenir nos équipes préférées. Donc voilà il faut tout de même attention.

NICOLAS TEILLARD
Un dernier mot, Madame la Ministre sur un sujet qui vous est cher, plusieurs cas de noyades ont touché à des jeunes des adolescents ces derniers jours en France, vous aviez avant d'entrer au gouvernement fondé une association d'accès et d'éducation à la natation, vous avez un message à faire passer ?

ROXANA MARACINEANU
Oui je suis très peinée chaque jour lorsque j'apprends qu'il y a des personnes décédées par noyade en France et il y en a beaucoup, le week-end dernier 3 enfants dans l'Indre décédés en piscine familiale, en lac, en plan d'eau, donc j'en appelle vraiment à la vigilance des parents, il ne faut jamais quitter des yeux ses enfants lorsqu'ils s'approchent de l'eau, d'être avec eux dans ces moments et pas sur son portable et même à la maison dans les piscines privées faire de ce moment de baignade un moment d'attention familiale et de jeu ensemble et non pas les laisser en autonomie ou encore laisser les grands surveiller les petits. C'est important, ça va dans le sens de notre plan Aisance aquatique qu'on va avec Jean-Michel BLANQUER déployer à partir de l'année prochaine sur toutes les classes d'âges de la maternelle, 4 ans, 5 ans, 6 ans pour pouvoir en une semaine grâce à des classes bleues mettre en aisance aquatique pour qu'ils investissent l'eau et les piscines le plus en sécurité possible, les jeunes enfants de moins de 6 ans.

NICOLAS TEILLARD
Roxana MARACINEANU, au ministre déléguée aux sports, invitée de France Info ce matin, merci beaucoup.

ROXANA MARACINEANU
Merci.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 3 août 2020