Interview de M. Olivier Dussopt, ministre des comptes publics, à LCI le 27 juillet 2020, sur la politique économique du gouvernement.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Média : La Chaîne Info

Texte intégral

CHRISTOPHE BEAUGRAND
C'est l'heure de retrouver notre invité politique. Ce matin, Olivier DUSSOPT, ministre délégué aux Comptes publics. Bonjour, bienvenu. Virginie, je vous laisse la parole.

VIRGINIE LE GUAY
Monsieur DUSSOPT, bonjour.

OLIVIER DUSSOPT
Bonjour.

VIRGINIE LE GUAY
Merci d'avoir accepté notre invitation. Alors, « l'équipe est complète », a déclaré monsieur CASTEX après la nomination de ses 11 secrétaires d'Etat, intervenue après trois semaines d'attente. Enfin, diriez-vous ?

OLIVIER DUSSOPT
L'équipe est complète, elle est surtout au travail. A Bercy nous allons accueillir Olivia GREGOIRE sur l'économie sociale et solidaire, il y a des secteurs qu'il fallait couvrir, et les personnes qui ont été nommées hier sont à la fois expérimentées, elles permettent aussi de renouveler les visages politiques, et c'est très bien comme ça.

VIRGINIE LE GUAY
Renouveler, pas tant que ça, la moitié de ceux qui ont été nommés hier faisaient déjà partie du gouvernement, seuls six nouveaux secrétaires d'Etat entrent…

OLIVIER DUSSOPT
Oui, c'est bien six.

VIRGINIE LE GUAY
Et parmi ces nouveaux, essentiellement des Marcheurs et des MoDem.

OLIVIER DUSSOPT
Des membres de la majorité, ce qui est assez logique, des gens comme Nathalie ELIMAS, très impliquée, comme Sarah EL HAÏRY, qui a le double mérite d'être à la fois très jeune, très impliquée sur la question de l'engagement, du mécénat. Elle a beaucoup travaillé sur ce sujet-là…

CHRISTOPHE BEAUGRAND
Et donc elle était porte-parole de François BAYROU.

OLIVIER DUSSOPT
Aussi, oui.

CHRISTOPHE BEAUGRAND
Elle vient du MoDem. Pourquoi ça a pris autant de temps, franchement ? Parce qu'on se dit, depuis trois semaines, on avait l'impression que ça n'allait jamais arriver, c'était l'Arlésienne.

OLIVIER DUSSOPT
Il faut choisir les bons profils.

CHRISTOPHE BEAUGRAND
C'est si difficile que ça à trouver ?

OLIVIER DUSSOPT
Les bons profils et faire le casting qui convient le mieux pour avoir une équipe qui soit complète. Donc ça prend parfois un peu de temps, et c'est le temps de bien choisir.

CHRISTOPHE BEAUGRAND
42 membres, du coup, 42 membres. C'est le gouvernement le plus pléthorique depuis des années, visiblement, vous qui gérez les comptes publics, ça fait des dépenses en plus quand même.

OLIVIER DUSSOPT
Ce n'est pas là qu'on a les principales dépenses, pour rassurer les Français…

CHRISTOPHE BEAUGRAND
Oui, mais enfin, malgré tout.

OLIVIER DUSSOPT
Et c'est aussi un gage d'efficacité et de couverture.

ISABELLE GOUNIN
Oui, et pour l'image quand même, d'habitude, donc, Emmanuel MACRON avait dit : plutôt on voudrait faire des gouvernements resserrés, diminuer les dépenses publiques, et là on a l'impression qu'au contraire on ouvre les vannes de manière inconsidérée.

OLIVIER DUSSOPT
Non, je le répète, ça n'est pas de ce point de vue qu'on va faire le plus de dépenses. Cette année, nous faisons beaucoup de dépenses, mais nous faisons des dépenses pour sauver l'économie française, là ça se compte en dizaines, en centaines de milliards d'euros. Ce sont 31 milliards d'euros pour le chômage partiel, c'est 300 milliards d'euros de garanties de prêts que nous avons mis sur la table pour accompagner l'économie…

CHRISTOPHE BEAUGRAND
Donc un secrétariat d'Etat c'est une petite goutte dans tous ces milliards.

OLIVIER DUSSOPT
Je ne dis pas que c'est une petite goutte, parce qu'il faut toujours faire attention, mais ce qui compte, c'est le travail que l'on peut faire et l'efficacité face à la crise.

VIRGINIE LE GUAY
Vous êtes ministre délégué les Comptes publics, c'est un sujet extrêmement délicat par les temps qui courent ; le gouvernement a dépensé énormément d'argent ; et un plan de relance est annoncé ; comment rétablir un peu d'ordre dans ces comptes publics d'ici 2022 ?

OLIVIER DUSSOPT
Il suffit d'être très vigilant sur ce que nous faisons. Vous l'avez dit, nous avons engagé beaucoup d'argent pour faire face à la crise. L'Assemblée nationale et le Sénat ont voté trois projets de lois de finances rectificative, pour modifier la loi de finances 2020 et mettre les crédits nécessaires au sauvetage des économies, au maintien des compétences mais aussi au maintien des revenus. Nous avons le système de chômage partiel le plus protecteur de toute l'Europe, ce qui a permis aux Français de conserver un revenu. Pendant la crise, au pic de la crise, l'Etat finançait le salaire de 12,5 millions de Français, ce qui est absolument énorme et inédit.

ISABELLE GOUNIN
Est-ce que ce n'est pas presque trop justement ? Parce que certains en ont abusé peut-être.

OLIVIER DUSSOPT
C'est le prix à payer pour que l'économie tienne et pour que la France tienne. Et il peut y avoir des fraudes, nous le savons, et nous poursuivons ces fraudes-là, le ministère du Travail, le ministère des Comptes publics, le ministère de l'Economie, nous sommes attentifs à la lutte contre les fraudes, d'ailleurs nous le faisons tout le temps, l'année passée c'était un record de lutte contre la fraude et nous allons continuer. Mais il fallait engager cet argent pour faire face à la crise et aider notre pays à passer le cap. Qu'allons-nous faire…

CHRISTOPHE BEAUGRAND
Pardonnez-moi, vous disiez que vous aviez pu sauver des emplois, est-ce qu'on est sûr en tout cas que les entreprises, elles ont été évidemment aidées beaucoup pendant cette période, est-ce qu'elles vont tenir ? Est-ce qu'elles vont quand même tenir le choc de l'après-crise ?

OLIVIER DUSSOPT
Alors, nous savons que nous aurons des défaillances, parce que la crise est mondiale, qu'il y a un ralentissement de l'activité, qu'il y a des difficultés à l'export. Mais si nous n'avions pas fait ce que nous avons fait, là ça aurait été une véritable catastrophe. Donc nous avons…

ISABELLE GOUNIN
Est-ce qu'on n'a pas reculé pour mieux sauter, finalement ?

OLIVIER DUSSOPT
Je ne crois pas, parce que justement nous allons continuer, vous m'interrogiez tout à l'heure sur que faisons-nous pour 2021, que préparons-nous ? Je prépare avec Bruno LE MAIRE, à la fois un budget que l'on va qualifier de classique, d'ordinaire, qui vise à financer nos priorités, à tenir les engagements. Nous allons continuer à créer des emplois dans la sécurité, et nous allons continuer à créer des emplois pour accueillir les élèves en situation de handicap. Nous renforçons les moyens de la justice. Autant de choses que nous avions promises et qu'il faut tenir. Et à côté de cela, nous préparons un budget de relance, avec 100 milliards d'euros sur 2 ans, dont 40 qui vont venir de l'Europe, grâce à l'accord trouvé par le président de la République, et c'est justement avec ce budget de relance que nous allons pouvoir continuer à accompagner les entreprises. Les accompagner différemment. L'activité revient et donc il y aura moins de chômage partiel, c'est très bien, cela coûtera moins d'argent en chômage partiel, c'est très bien aussi, mais nous allons les accompagner pour mieux garantir leurs fonds propres, pour les aider dans la transition écologique, pour faire en sorte que dans les entreprises qui rencontrent des difficultés d'activité et qui vont continuer à en rencontrer, je pense notamment à celles qui travaillent avec les Etats-Unis, on puisse avoir des dispositifs d'activité partielle de longue durée, tel que cela été négociées avec les organisations syndicales et les organisations professionnelles, et donc il ne s'agit pas de dire : nous y sommes allés massivement avec au total 460 milliards, 330 de garantie et 130 milliards d'intervention directe, soit sous forme de report de cotisations, soit sous forme de subventions directes. On ne dit pas : nous y sommes allés massivement pendant les 4 mois qu'a duré le confinement ou que dure la crise la plus dure, nous y allons fort et nous allons continuer différemment pour les accompagner, et faire en sorte que le plus vite possible notre pays retrouve le niveau de richesse qu'il produisait avant la crise. C'est ça la clé. Et si nous retrouvons le niveau de richesse, sans augmenter les impôts, parce que c'est un engagement, alors nous aurons des recettes et les comptes publics seront redressés, mais surtout la croissance et l'emploi seront de retour.

VIRGINIE LE GUAY
Vous avez évoqué l'accord européen négocié pendant 6 jours et parfois de façon extrêmement acharnée par Emmanuel MACRON. Le président de la République a qualifié cet accord d'historique. En quoi est-il historique selon vous ?

OLIVIER DUSSOPT
Il a raison, parce que c'est la première fois que l'Europe s'engage de manière aussi solidaire, aussi massive mais aussi solidaire, avec l'Union européenne qui va contracter un emprunt, financé par subventions ou par garanties, des actions pour les Etats membres, pour les aider dans la relance, et qui rend cette dette solidaire. C'est une première. Et vous l'avez dit, il a fallu que le président de la République soit particulièrement tenace, particulièrement acharné, pour reprendre votre terme, pour décrocher cet accord, dans un axe très fort avec la chancelière allemande, et pour imposer aussi cet accord à ceux des Etats qui étaient moins enthousiastes. C'est un euphémisme.

VIRGINIE LE GUAY
C'est le retour du couple du couple franco-allemand ?

OLIVIER DUSSOPT
Je ne sais pas si c'est un retour, en tout cas c'est une affirmation, et c'est une grande fierté de voir le président de la République obtenir cet accord sur la scène européenne.

CHRISTOPHE BEAUGRAND
Il y a quand même eu des compromis, il a obtenu un accord mais il y a eu des compromis…

OLIVIER DUSSOPT
Souvent, dans un accord, il y a des compromis.

CHRISTOPHE BEAUGRAND
Sur plus de 110 milliards quand même, est-ce que cet argent qui n'existe plus sous forme de subventions, en tout cas, risque de nous manquer pour le plan de relance ? On comptait sur une partie de ces milliards.

OLIVIER DUSSOPT
Non, parce qu'il ne vous a pas échappé qu'au début de la négociation nous espérions un retour de 35 milliards d'euros pour le financement du plan de relance de la France, et avec les compromis que vous avez évoqué, ce sera un retour de 40 milliards d'euros.

CHRISTOPHE BEAUGRAND
Ah oui ? Finalement vous avez plus que ce qui était prévu ?

OLIVIER DUSSOPT
Les compromis ça, ça marche dans les deux sens et c'est bien comme ça.

CHRISTOPHE BEAUGRAND
Bon, alors, si on a fait une affaire, c'est formidable. Non, j'ai une question quand même à poser, parce qu'on va... Là on dépense énormément en ce moment, on a bien compris, ça n'est pas forcément évident à comprendre pour tous les Français, parce qu'on se dit : ce qui était impossible hier devient possible aujourd'hui, c'est-à-dire, par exemple pour l'hôpital, on disait : eh bien on n'a pas d'argent, ce n'est pas possible, les comptes publics sont, voilà on est à l'agonie, ça n'est pas possible, et aujourd'hui finalement ça devient possible, on se met à sortir beaucoup de milliards, beaucoup d'argent. Beaucoup de gens ne le comprennent pas, c'est-à-dire, eh bien finalement cet argent il aurait été possible avant. L'argent magique dont parlait…

OLIVIER DUSSOPT
Ça n'existe pas.

CHRISTOPHE BEAUGRAND
... le président…

OLIVIER DUSSOPT
Ça n'existe toujours pas, je vous rassure.

CHRISTOPHE BEAUGRAND
Mais alors, tous ces milliards, ce n'est pas de l'argent magique ?

OLIVIER DUSSOPT
Dans ce que nous faisons, je mets à part l'hôpital, parce que l'hôpital il s'agit de revalorisations de salaires, qui sont méritées, et d'ailleurs, nous étions le gouvernement à avoir mis le plus d'argent sur l'hôpital, mais ça n'était pas assez pour répondre aux besoins, et pas assez…

CHRISTOPHE BEAUGRAND
En tout cas, c'était impossible hier, et c'est devenu possible aujourd'hui.

OLIVIER DUSSOPT
Et pas assez pour répondre aux 20 années d'économies et de restrictions sur l'hôpital. Donc il y a un effet de rattrapage, et ça c'est quelque chose de durable. Les autres milliards que vous évoquiez, notamment ceux que nous mettons sur la table pour faire face à la crise, j'évoquais les 31 milliards de chômage partiel, c'est de la dette, et c'est là aussi, c'est un point qu'il faut avoir en tête. La dette du pays va augmenter. Notre objectif est de faire en sorte que ces dépenses que nous faisons pour répondre à la crise, soient des dépenses qui soient ponctuelles. Si dans 3 ans, 4 ans, 5 ans, nous dépensons toujours la même chose, on aura un énorme souci. Là l'objectif que nous avons, c'est de dire : il y a une réponse à la crise qui consiste à taper très fort en 2020, parce qu'il faut répondre dans l'urgence, et à mettre 100 milliards d'euros sur la table sur 2 ans. Avec un principe, et nous y veillons avec Bruno LE MAIRE, y compris en lien avec nos collègues qui nous présentent leur projet de relance, c'est que ces dépenses qu'ils nous proposent, soient des dépenses qui soient rapides, pour être efficaces, qui créent de l'emploi, qui créent de l'emploi sur le territoire français, et que ce soit des dépenses qui soient réversibles, c'est-à-dire que ces dépenses-là aient un effet booster, pardon pour l'expression, mais que nous ne soyons pas obligés de les renouveler année après année…

CHRISTOPHE BEAUGRAND
De les pérenniser, voilà, c'est du one shot, comme on dit, pour encore utiliser un terme anglais.

OLIVIER DUSSOPT
Pour reprendre un terme encore plus barbare, il faut que ce soit conjoncturel et pas structurel.

CHRISTOPHE BEAUGRAND
D'accord.

VIRGINIE LE GUAY
L'évolution de la dette est considérable, est-ce que vous ne craignez pas de vous faire, à un moment ou à un autre, taper sur les doigts par Bruxelles ? Et autre petite question : quel héritage laissons-nous à nos enfants et nos petits-enfants qui un jour auront bien à la rembourser ?

OLIVIER DUSSOPT
Il y a Bruxelles, mais Bruxelles, comme vous l'avez vu, a suspendu un certain nombre de clauses pour faire face à la crise…

VIRGINIE LE GUAY
Momentanément.

OLIVIER DUSSOPT
Mais c'est momentané.

VIRGINIE LE GUAY
Voilà.

OLIVIER DUSSOPT
Il y a aussi les marchés financiers, et notre signature, notre capacité à emprunter sur les marchés financiers, est une très bonne capacité, parce que la France est crédible et que la France est vue comme un pays solide. Ce que je disais à l'instant, sur le fait qu'il faut mettre beaucoup de moyens sur la relance, mais faire attention à ce que ce soit des dépenses ponctuelles, très efficaces, et qui ne s'inscrivent pas dans le temps. Le fait que nous continuions à réformer, à moderniser, à faire en sorte de chercher l'efficacité, tout ça participe à ce que la France reste crédible sur les marchés financiers. Et donc c'est un double impératif, et c'est ma responsabilité aujourd'hui de construire un budget qui soit un budget qui finance les engagements pris en 2017, qui finance la relance, mais qui soit aussi un budget qui nous permette, aussi rapidement que possible, de retrouver notre trajectoire de finances publiques, de retrouver le chemin vers l'équilibre budgétaire que nous avions commencé. Cela fait 3 ans consécutifs qu'on était à moins de 3 %, il faut y revenir aussi vite qu'on le pourra. Mais ce n'est pas brutal.

CHRISTOPHE BEAUGRAND
Ça va être difficile, à court terme.

OLIVIER DUSSOPT
Oui, il nous faudra quelques années.

VIRGINIE LE GUAY
Oui, mais est-ce que cet équilibre budgétaire passera le moment venu, on dit que ce n'est pas aujourd'hui, par une augmentation des impôts ?

ISABELLE GOUNIN
Ça parait inévitable.

OLIVIER DUSSOPT
Nous n'en voulons pas, et…

VIRGINIE LE GUAY
Vous n'en voulez pas aujourd'hui, mais il y a demain, après demain.

OLIVIER DUSSOPT
Vous savez, il y a un outil qui permet de mesurer le poids de l'impôt dans notre pays, le poids de l'impôt et des cotisations, c'est ce qu'on appelle le taux de prélèvements obligatoires. Il était à plus de 45 % lorsqu'Emmanuel MACRON a été élu, 45,1 pour être précis, et fin 2019 nous étions descendus à 43,8 %. Ce sont des dizaines de milliards d'euros que nous avons rendus aux Français et aux entreprises françaises. La baisse de l'impôt sur les sociétés, la baisse de l'impôt sur le revenu, la suppression de la taxe d'habitation, tout cela c'est du pouvoir d'achat en plus. Aujourd'hui, notre objectif est de répondre à ce que vous évoquiez à l'instant, c'est-à-dire trouver les moyens de financer, trouver les moyens de revenir à l'équilibre budgétaire, sans augmenter les impôts, et lorsque vous ne voulez pas toucher un taux, pour avoir plus de recettes, il faut qu'il y ait plus de richesses, et donc relançons l'économie, permettons aux entreprises de produire, de créer des emplois. Plus nous produirons de richesses, plus nous aurons des recettes, sans augmenter les impôts, et c'est là l'essentiel.

VIRGINIE LE GUAY
La suppression de la taxe d'habitation, pardonnez-moi, elle n'est pas faite pour tout le monde, et il a même été plus ou moins évoqué qu'elle ne serait pas faite pour ceux qui pour l'instant n'ont pas encore été touchés.

CHRISTOPHE BEAUGRAND
20%, les 20% des ménages les plus aisés…

VIRGINIE LE GUAY
Absolument.

CHRISTOPHE BEAUGRAND
... a priori, c'est l'idée, c'est de rebrousser la baisse. Est-ce que ça finalement ce n'est pas augmenter les impôts que d'annuler une baisse ?

OLIVIER DUSSOPT
Alors, deux points. D'abord 80% des Français ne paieront plus la taxe d'habitation au mois d'octobre, ils ne paieront rien en taxe d'habitation…

CHRISTOPHE BEAUGRAND
Mais là on vous parlait des 20%.

OLIVIER DUSSOPT
Et pour les 20% qui restent, à partir de 2021 ils vont voir leur première baisse, nous l'avons inscrit dans le projet de budget que nous présenterons en Conseil des ministres en septembre et à l'Assemblée nationale dès la rentrée.

CHRISTOPHE BEAUGRAND
Donc, ça avait été évoqué, mais finalement vous nous dites aujourd'hui…

OLIVIER DUSSOPT
Le Premier ministre l'a dit, nous gardons…

CHRISTOPHE BEAUGRAND
Donc on carte la trajectoire.

OLIVIER DUSSOPT
Nous gardons le cap et le calendrier.

ISABELLE GOUNIN
Vous dites : il faut finalement retrouver cet équilibre budgétaire, vous ne donnez pas forcément d'échéance. A votre avis, il va falloir combien de temps pour sortir de cette crise ?

VIRGINIE LE GUAY
Combien de générations ?

OLIVIER DUSSOPT
Le plus rapide sera le mieux.

CHRISTOPHE BEAUGRAND
On sera encore vivant, vous croyez ou pas ?

OLIVIER DUSSOPT
Ça ne se comptera pas en génération, mais en années. Je le disais…

VIRGINIE LE GUAY
Ah, vous êtes optimiste.

OLIVIER DUSSOPT
Le plan de relance, il est fait pour 2 ans, et 2 ans pour retrouver notre niveau de richesse. Je ne dis pas qu'en 2020, au début 2022 nous aurions la facilité de retrouver ces fameux 3%, mais il faut s'inscrire dans cette trajectoire là, et sous quelques années pouvoir retrouver ce niveau de déficit et même le réduire encore, pour retrouver véritablement l'équilibre et une capacité d'action du pays.

CHRISTOPHE BEAUGRAND
Il nous reste une petite minute, un mode d'actualité. Le débat sur la PMA reprend aujourd'hui à l'Assemblée nationale, enfin le projet de loi bioéthique et notamment la PMA qui est sans doute on va dire le dossier le plus compliqué dans cette loi, ce projet de loi bioéthique. Compte tenu de la perle très compliquée économiquement, est-ce que c'était vraiment la priorité de relancer maintenant ce débat, à une semaine de la fin des travaux parlementaires ?

OLIVIER DUSSOPT
Quand j'étais député dans le mandat précédent, nous avions examiné et adopté la loi qui ouvrait le mariage aux couples de même sexe. Je m'étais beaucoup battu pour que la PMA soit ouverte à toutes les femmes, et nous n'y étions pas arrivés. C'est ce gouvernement qui va le faire, j'en suis très fier. La loi bioéthique c'est la PMA, c'est plein d'autres champs de la recherche, c'est plein d'autres champs de progrès scientifiques, et c'est une belle loi, c'est une grande loi et j'espère qu'elle va être adoptée très rapidement.

CHRISTOPHE BEAUGRAND
C'est ça aussi le "en même temps", c'est le côté gauche, la jambe gauche d'Emmanuel MACRON, il a besoin aussi de porter des réformes sociales.

OLIVIER DUSSOPT
Mais, ça s'appelle tenir ses engagements, et c'est un engagement de campagne, il sera tenu.

VIRGINIE LE GUAY
A propos de tenir ses engagements, la nomination de Laurent PIETRASZEWSKI montre l'intérêt qui est porté encore à la réforme des retraites. Est-ce qu'elle va ressortir et dans quel état ?

OLIVIER DUSSOPT
Le président de la République l'a dit, et le Premier ministre l'a souligné, des concertations vont être relancées, nous ne pouvons pas reprendre la réforme telle qu'elle a été arrêtée dans son examen par la crise, mais la crise que nous vivons, avec des risques de précarité, avec la multiplication de carrières qui vont être plus lâchées, parce que nous connaîtrons des interruptions, des difficultés, montrent que ce qu'on appelle la réforme systémique, c'est-à-dire cette volonté d'un système universel, cette volonté de mieux protéger ceux qui ont des carrières un peu hachées, un peu bousculées, tout ça reste d'actualité. La question du financement reste aussi d'actualité, et donc laissons les partenaires sociaux travailler…

VIRGINIE LE GUAY
Qui pour l'instant sont très hostiles.

OLIVIER DUSSOPT
Ils considèrent qu'il ne faut pas y aller trop vite, et le Premier ministre leur a dit que nous reprendrions les travaux d'ici la fin de l'année, et donc les choses seront reprises ainsi…

CHRISTOPHE BEAUGRAND
Donc ça veut dire sûrement pas avant le début de l'année prochaine, il y a pas mal de choses sur le feu.

OLIVIER DUSSOPT
Il y a beaucoup de travail, oui.

CHRISTOPHE BEAUGRAND
Dernière question : est-ce que vous allez lire le livre de Nicolas SARKOZY qui sort aujourd'hui ?

OLIVIER DUSSOPT
Je n'ai pas prévu de le dire immédiatement, mais c'est toujours intéressant de lire ce que les anciens présidents de la République disent et écrivent de leur expérience.

CHRISTOPHE BEAUGRAND
D'autant qu'il dit qu'il conseille l'actuel président de la République, Emmanuel MACRON.

OLIVIER DUSSOPT
Je crois avoir lu beaucoup de livres sortis par les prédécesseurs et les successeurs…

VIRGINIE LE GUAY
Avez-vous lu les livres de François HOLLANDE ?

OLIVIER DUSSOPT
Aussi, oui. Et de Jacques CHIRAC.

CHRISTOPHE BEAUGRAND
Vous n'avez pas écrit de livre encore.

OLIVIER DUSSOPT
Non. Je n'en ai pas le temps, et peut-être pas le talent.

CHRISTOPHE BEAUGRAND
Eh bien écoutez, on va voir en tout cas dans quelques instants, c'est la chronique de Mathieu DESMOULINS, le top des livres politiques. Vous allez voir, ça n'est pas parce qu'on est un homme politique, que les ventes sont assurées…

OLIVIER DUSSOPT
Raison de plus pour être prudent alors.

CHRISTOPHE BEAUGRAND
On a celui ou celle, en l'occurrence, qui a vendu le moins, c'est 58 exemplaires pour un livre politique…

VIRGINIE LE GUAY
Devinez qui c'est !

CHRISTOPHE BEAUGRAND
On vous le dira juste après. Voilà. Vous pouvez essayer de réfléchir pendant la pub !


Source : Service d'information du Gouvernement, le 29 juillet 2020