Texte intégral
MATTHIEU ROUAULT
Notre Invité ce matin, Alain GRISET, ministre délégué auprès du ministre de l'Economie, des Finances et de la Relance, chargé des petites et moyennes entreprises. Alain GRISET, bonjour.
ALAIN GRISET
Bonjour.
MATTHIEU ROUAULT
Merci beaucoup d'être avec nous sur RMC. On va commencer avec les bonnes nouvelles si vous le voulez bien Alain GRISET, l'économie repart, la plus forte reprise en Europe, les créations d'entreprises au même niveau qu'avant le confinement, la production industrielle et le moral des patrons en hausse, le recours au chômage partiel divisé par deux, la consommation des ménages au beau fixe, ça veut dire quoi, ça veut dire que le plus dur est passé, Alain GRISET ?
ALAIN GRISET
Non, ça veut dire qu'il y a eu des mesures depuis le mois de mars qui ont été prises par le gouvernement qui correspondaient à la nécessité d'accompagner les entreprises et une entreprise qui est accompagnée est naturellement dans une situation meilleure pour reprendre l'activité dès qu'il y a une reprise. Il y a aussi naturellement ces Français, certains d'entre eux qui avaient un petit peu mis de l'argent de côté, mais néanmoins il ne faut pas crier victoire, la reprise est peut-être meilleure que prévue, mais elle n'est pas encore à la hauteur de ce qu'on pourrait espérer pour ensuite avoir une croissance qui va se développer. Bruno LE MAIRE l'a dit.
MATTHIEU ROUAULT
Il y a peut-être aussi un effet été, Alain GRISET ?
ALAIN GRISET
Oui il y a peut-être un effet été mais il y a surtout une envie du consommateur de pouvoir un petit peu revivre, ce qui est normal dans une situation qui était compliquée. Mais néanmoins il faut être prudent parce qu'on voit bien qu'il y a encore des secteurs qui sont encore touchés et qu'on n'est pas dans une reprise en V qui aurait consisté à faire que nous aurions l'acticité qu'on avait au mois de février, ais on est… en racine carrée, c'est-à-dire qu'en gros on a un peu moins d'activité qu'au mois de février mais on est encore sur quelque chose qui nécessite d'accélérer. C'est pour ça que le gouvernement décide de mettre en place un plan de relance très puissant, 100 milliards pour justement gagner ces quelques points qui sont totalement essentiels pour éviter, c'est vraiment notre souhait absolu, éviter des plans de licenciements et du chômage massif.
MATTHIEU ROUAULT
on va y revenir sur le plan de relance, Alain GRISET, mais d'abord vous le disiez cette reprise qui n'est pas encore pérenne, les PME s'attendent à une chute de 15% de leur chiffre d'affaires, c'est la BPI France qui nous l'apprend, est-ce que c'est à nous Français de soutenir notre économie en particulier les PME en consommant davantage, en se faisant plus de petits plaisirs pendant les vacances des Français vous le disiez ont beaucoup épargner plus de 20 milliards déposés sur les livrets A ?
ALAIN GRISET
au total c'est plus de 60 milliards qui ont été mis de côté par les Français pendant cette période, c'est considérable et dont je pense que chacun de ceux qui le peuvent, peuvent contribuer à une reprise plus forte et d'abord en utilisant les moyens dont chacun dispose mais aussi en achetant français, en faisant de telle façon à ce que les entreprises françaises puissent elles-mêmes travailler et au bout du compte faire que les emplois restent, au bout du compte que les entreprises puissent perdurer et le gouvernement va continuer d'accompagner au fur et à mesure les entreprises, pour que ce moment qui est quand même difficile, qui est unique puisse être un moment dans lequel on sorte positivement. Mais moi je suis quand même prudent, on a encore quelques mois devant nous qui peuvent être compliqués, il faut rester mobilisé.
MATTHIEU ROUAULT
Je vous sens oui au minimum prudent ? Peut-être même inquiets Alain GRISET, pour les PME ?
ALAIN GRISET
Non, il faut être réaliste simplement, il ne faut pas crier victoire avant qu'on ait totalement gagné. On sait bien qu'il va avoir encore 6 mois, un an, Bruno LE MAIRE dit sûrement à juste titre, il faut considérer que c'est sur 2022 qu'on aura repris une activité normale, donc on a quand même encore un tunnel assez long pendant lequel il faut être déterminé, c'est l'action du gouvernement, c'est de dire, il faut être à l'écoute, disponible et puis à prendre des mesures nécessaires pour qu'au bout du compte notre pays sort encore plus fort qu'on ne l'était avant.
MATTHIEU ROUAULT
Il y aura de nouveau report de charges jusqu'à la fin de l'année ?
ALAIN GRISET
Il y a déjà des secteurs pour lequel les choses sont décidées, tout l'événementiel, tout le tourisme, l'hôtellerie-restauration, donc il y a des reports de charges et aussi des exonérations de cotisations sociales.
MATTHIEU ROUAULT
Ce n'est pas suffisant, Alain GRISET, Thierry GREGOIRE de l'Union nationale des métiers de l'hôtellerie et la restauration que j'avais vendredi à 6h40 disait l'argent et les mesures qui ont été mis en place ne sont pas suffisants, ce qu'on attend, vous savez ce qu'on va faire, on va réécouter Thierry GREGOIRE, il insiste sur un point très précis, écoutez-le, Alain GRISET.
THIERRY GREGOIRE
La bombe nucléaire à retardement qui explosera dans les comptes d'exploitation, ce sont les loyers. Nous on à 72 % de nos Professionnels qui ont des bailleurs individuels, 80 % n'ont pas encore négocié avec leur bailleur parce que le bailleur ne veut pas négocier, parce que lui aussi le bailleur il a des dettes au bout à payer, c'est à l'Etat de mettre tout le monde autour de la table, de dire faisons pendant un an le gel des loyers, dans le plan de relance on doit intégrer une négociation avec les bailleurs pour pouvoir faire en sorte que à la rentrée de septembre nous n'ayons pas un certain nombre d'entreprises en cessation de paiement.
MATTHIEU ROUAULT
Mettre tout le monde autour de la table pour décider d'un gel des loyers, c'est quelque chose que vous envisagez Alain GRISET pour les restaurateurs, les hôteliers ?
ALAIN GRISET
C'est vrai qu'il y a un sujet sur les loyers, je l'avais dit avant que je ne sois ministre et je ne vais pas changer de position, en particulier parce que les loyers, bon il y a les bailleurs institutionnels avec lequel il y a une discussion et des décisions ont déjà été prises, mais pour beaucoup sont des bailleurs privés et que donc le bailleur privé eux considèrent que leurs loyers doivent être payés.
MATTHIEU ROUAULT
L'Etat peut-il intervenir ?
ALAIN GRISET
En tout comme l'Etat doit regarder de quelle manière comme pour les autres sujets on voit que pour les entreprises, ça puisse fonctionner.
MATTHIEU ROUAULT
Vous l'avez des pour les discothèques d'ailleurs, vous avez annoncé en fin de semaine dernière.
ALAIN GRISET
Naturellement. Ce qu'il faut c'est qu'on soit réactif, à l'écoute, c'est l'objectif de mon ministère comme d'ailleurs dans l'ensemble des ministères, on voit bien qu'il y a un sujet sur les loyers.
MATTHIEU ROUAULT
Vous vous y engagez à mettre tout le monde autour de la table comme le demande l'UMIH ?
ALAIN GRISET
Le principe c'est qu'on soit à la disposition, à l'écoute, bon déjà l'objectif c'est que naturellement aucun professionnel puisse être expulsé parce qu'il peut pas payer son loyer parce qu'il n'a pas la trésorerie, donc il faut sûrement regarder de quelle manière il y a une mesure qui permet effectivement de pas prendre ce risque, c'est qu'on a fait pour les discothèques puisqu'il y avait un risque au 10 septembre pour les discothèques qui n'avaient pas accès au fonds de solidarité de pouvoir être expulsées. Le fait d'accéder au fonds de solidarité permet d'éviter ça. Thierry GREGOIRE évoque les questions des hôtels, des restaurants, naturellement c'est un sujet que l'on connaît, qui est identifié, qui n'est pas le plus facile à régler mais sur lequel nous allons travailler.
MATTHIEU ROUAULT
Il y a beaucoup d'autres sujets pour toutes ces entreprises, CPME, 90 % du tissu économique français, je le disais, l'argent n'est pas suffisant notamment disent-ils parce que l'argent distribué par l'Etat, ce sont en fait des dettes, Alain GRISET, qu'il va falloir rembourser un jour ou l'autre et quand on a été contraints de fermer pendant plusieurs semaines, plusieurs mois, rien n'est rentré dans les trésoreries ?
ALAIN GRISET
Il faut quand même aussi bien se rendre compte que la France était le pays au monde dans lequel les entreprises ont été les plus accompagnées. Vous pouvez regarder tous les pays au monde, il y a eu le PG E, le Prêt Garantis par l'Etat, les cotisations sociales, le fonds de solidarité, le report de charges, c'est ces 4 piliers-là qui ont été vraiment essentiels pour qu'au bout du compte depuis le mois de mars, alors ce n'est pas formidable pour les entreprises parce qu'il y a pas toujours de revenus mais au moins on leur a permis de tenir. Certains diront, c'est jamais assez mais c'est quand même beaucoup, c'est beaucoup, beaucoup d'argent et là il va encore y avoir beaucoup d'argent qui vont être mis dans la relance. Ensuite c'est vrai qu'il y avait cette question, en gros ce que j'ai appelé il y a quelques semaines du mur de la dette. Le mur de la dette, c'est quoi ? C'est le report des cotisations sociales et c'est le remboursement du PGE, donc déjà une décision a été prise, c'est pour les cotisations sociales reportées, ça peut aller jusqu'à 36 mois. Bon et ça il faut naturellement que chacun l'intègre bien, 36 mois pour pouvoir payer des reports de cotisations. Et ensuite sur le PGE, Bruno LE MAIRE l'a dit, je pense qu'il faut qu'on regarde avec les banquiers, comment on peut un peu rassurer les professionnels, en particulier sur la question du taux. Beaucoup s'interrogent en disant oui on a pour un an un taux qui nous est garanti, mais après qu'est-ce qu'il se passe ?
MATTHIEU ROUAULT
Evidemment.
ALAIN GRISET
Et donc la volonté du gouvernement…
MATTHIEU ROUAULT
L'Etat demandera aux banques de jouer le jeu ?
ALAIN GRISET
Naturellement, c'est essentiel donc il faut…
MATTHIEU ROUAULT
Non parce qu'on a vu des atermoiements pendant le confinement au niveau des banques, au niveau des assureurs, ça a été compliqué de leur faire entendre aussi la position de l'Etat.
ALAIN GRISET
Très honnêtement ça a été plus compliqué au niveau des assureurs que des banques.
MATTHIEU ROUAULT
Oui.
ALAIN GRISET
Très honnêtement.
MATTHIEU ROUAULT
Je vous l'accorde.
ALAIN GRISET
Les banquiers, il y a quand même eu plus de 700 000 PGE qui ont été signés, l'Etat a pour l'instant mis 130 milliards en terme de garanties, on avait prévu 300, donc faut dire aux professionnels qui ont encore des besoins de trésorerie que c'est toujours ouvert, qu'ils peuvent aller voir le banquier pour enfin PGE et l'objectif que moi j'aimerais atteindre avec Bruno LE MAIRE, c'est qu'on puisse dire aux professionnels, voilà votre PGE, vous pouvez aller jusqu'à 5 ans, ce qui est prévu et il y a un taux à peu près garantie, naturellement ça joue sur le coût de l'argent, mais qu'il n'y ait pas de surprise et qu'il y ait de la sérénité dans les entreprises en termes de PGE.
MATTHIEU ROUAULT
C'est essentiel. Le plan de relance, Alain GRISET, 100 milliard, Bruno LE MAIRE promet des centaines de milliers d'emplois, la rénovation énergétique, le BTP, on promet aussi des formations. Très concrètement, Alain GRISET, je suis un patron de PME dans le BTP, quelle stratégie dois-je adopter pour profiter au mieux de cette volonté politique ?
ALAIN GRISET
Il est évident que quand on met 30 milliards de la rénovation énergétique des bâtiments, aussi bien pour les particuliers que pour les bailleurs, c'est un élément nouveau, avec aussi l'Etat qui va engager lui-même pour les bâtiments publics des travaux importants. il faudrait quand même pas que ça soit quelque chose qui passe à côté des professionnels, il faut que ça soit les entreprises du bâtiment en France qui puissent faire ces travaux, donc naturellement il y a toute une question sur le travail détaché qui avait déjà été abordée bien sûr il y a quelques semaines, qu'il faut absolument qu'on arrive à régler et puis derrière il y a aussi un vrai enjeu d'avoir les hommes et les femmes qualifiés pour mettre en oeuvre ces travaux qui demandent réellement qu'il y ait une compétence particulière.
MATTHIEU ROUAULT
Est-ce qu'il y aura des aides sur ce point précis pour accompagner la formation ?
ALAIN GRISET
Naturellement pour accompagner la formation, et donc presque, même si c'est quelquefois difficile quand on est une entreprise de 2, 3 salariés, c'est compliqué parce que il y a la demande, il faut servir les clients et en même temps il faut former les salariés. Donc là il y a vraiment un travail à faire par les organisations professionnelles représentant le secteur du bâtiment pour accompagner les entreprises pour que chacun ait en compétences les personnes pour faire le travail. Il peut avoir à risques que j'ai connu par exemple juste avant la crise, en janvier février, c'était quoi le sujet des entreprises, c'était de trouver des salariés compétents adaptés à leurs besoins parce qu'il y a malheureusement beaucoup de chômeurs en France.
MATTHIEU ROUAULT
Et ça l'est toujours.
ALAIN GRISET
Oui, on a quelquefois cette sorte d'inadéquation entre les chômeurs et les besoins des entreprises et donc il faut qu'on arrive à renouer ce fil pour que les chômeurs puissent trouver du travail, c'est essentiel mais que les entreprises trouvent aussi les salariés dont elles ont besoin en termes de qualification pour mettre en oeuvre en particulier cette rénovation énergétique.
MATTHIEU ROUAULT
La relance sera verte ou ne sera pas, c'est ce que dit Bruno LE MAIRE ce week-end, c'est aussi ce que disait Laurent SAINT-MARTIN, rapporteur du budget à l'Assemblée nationale vendredi aussi, ça veut dire quoi pour une PME la relance sera verte, je serai contraint ?
ALAIN GRISET
Il faut sortir de cette idée de contrainte, de l'écologie contrainte, il faut absolument que nous arrivions collectivement à faire que l'écologie soit une chance, une chance sur l'économie, une chance sur l'amélioration de la qualité de la vie et au bout du compte une chance pour les Français. Et donc le gouvernement…
MATTHIEU ROUAULT
Il y a un vrai changement de philosophie, ça n'est pas simplement des éléments de langage, vous l'avez senti ?
ALAIN GRISET
Pas du tout, on va le prouver, je crois au quotidien, d'abord en montrant français que c'est de l'amélioration de leur vie, tout cet aspect rénovation de l'écologie, sur les pistes cyclables, le Premier ministre l'a dit, sur les transports mais sur le bâtiment, lorsqu'un français va avoir dans son habitat un changement profond de son environnement, il va s'en rendre compte. Donc l'objectif du gouvernement, c'est d'être vraiment au quotidien, je veux dire en action pour que l'action soit visible pour les Français.
MATTHIEU ROUAULT
Il y a un conseil de défense écologique ce matin à l'Elysée.
ALAIN GRISET
Tout à fait.
MATTHIEU ROUAULT
Sur de nombreuses mesures qui seront retenues ou pas d'ailleurs de la Convention citoyenne pour le climat. Là aussi vous en avez déjà discuté à Bercy, on a déjà remonté quelques pistes ?
ALAIN GRISET
A Bercy, nous sommes dans l'opération. Le Premier ministre l'a dit hier la prime rénove ouverte à tous les Français quels que soient leurs revenus est un élément tout à fait essentiel, ça va ouvrir des pistes. je pense qu'aujourd'hui chaque Français doit saisir cette occasion , encore une fois que vous avez dit tout à l'heure pour que chacun participe lui-même à la reprise à la transformation du pays et c'est dire paradoxal naturellement, c'est dramatique cette crise, elle est dramatique sur le plan sanitaire, sur le plan financier mais est-ce qu'on peut, entre nous, se dire que peut-être que dans un an, 2 ans on dira bon on a utilisé cette crise pour transformer le pays et au bout du compte vivre ensemble mieux qu'avant ?
MATTHIEU ROUAULT
Justement ce sera ma dernière question Alain GRISET, vous êtes jeune ministre, c'est arrivé 3 fois sous la 5e République qu'un syndicaliste devienne ministre, on a eu les chèques vacances avec André HENRY par exemple, je prends juste un exemple, qu'est-ce que vous voulez laissez-vous, Alain GRISET de votre passage au gouvernement ?
ALAIN GRISET
Ce que je souhaite simplement, c'est d'être utile d'abord naturellement au pays mais être utile aux entreprises dans leur vie quotidienne. Je n'ai pas du tout pour objectif de faire une loi avec un nom. Moi ce que je veux c'est que dans chaque métier, sur chaque entreprise, on puisse essayer de regarder de quelle manière on peut être utile ? Voilà l'Etat doit être accompagneur, accompagnateur pardon, doit être à l'écoute pour au bout du compte améliorer la situation de chacun.
MATTHIEU ROUAULT
Alain GRISET, merci.
ALAIN GRISET
Merci à vous.
MATTHIEU ROUAULT
Ministre délégué chargé des petites et moyennes entreprises.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 29 juillet 2020