Interview de M. Alain Griset, ministre chargé des petites et moyennes entreprises, à LCI le 6 août 2020, sur la politique du gouvernement en faveur des entreprises.

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Média : La Chaîne Info

Texte intégral

CHRISTOPHE BEAUGRAND
Bonjour et bienvenue Alain GRISET, vous êtes ministre délégué aux PME et nous avons le plaisir de vous interroger avec Marie-Eve MALOUINES.

MARIE-EVE MALOUINES
On va commencer par l'actualité, le président de la République se rend à Beyrouth aujourd'hui, est-ce que c'était indispensable, certes on manifeste la solidarité de la France mais est-ce que c'était indispensable d'y aller tout de suite si vite ?

ALAIN GRISET
Je pense que la situation est dramatique à un point tel qu'on ne peut pas l'imaginer et le fait que le président fasse ce déplacement c'est un geste vraiment très fort de soutien, de solidarité et je pense que c'était important qu'il le fasse.

MARIE-EVE MALOUINES
Venons-en à votre actualité, c'est votre anniversaire de ministre, ça fait un mois jour pour jour…

CHRISTOPHE BEAUGRAND
Bon anniversaire, Alain Griset, c'est ça, un mois !

ALAIN GRISET
Merci.

MARIE-EVE MALOUINES
…que vous êtes ministre délégué aux PME. Vous venez d'une PME, vous aviez été dirigeant dans les associations représentatives, est-ce que vous vous sentez plus utile en tant que ministre, en un mois vous avez fait des choses importantes ou c'est la mise en route ?

ALAIN GRISET
Naturellement il y a une mise en route indispensable même si par rapport à d'autres collègues qui m'ont précédé j'arrive dans un domaine que je connais un peu depuis quelques années. Il y a eu aussi une nécessité de prendre des décisions, par exemple sur les discothèques, on a commencé à travailler sur la question des terrasses chauffées et puis préparer aussi le plan de relance, ce sont des sujets d'actualité que j'ai abordés dès mon arrivée.

CHRISTOPHE BEAUGRAND
Mais, Alain GRISET, on sait que vous avez été pour le coup dans le passé vous-même votre propre patron, vous étiez artisan taxi, est-ce que vous êtes patron dans votre ministère finalement, est-ce que vous avez les coudées franches, est-ce que vous avez le sentiment en tout cas d'avoir du pouvoir pour faire bouger les choses ?

ALAIN GRISET
En tout cas très clairement aujourd'hui on a Bercy un ministre, Bruno LE MAIRE, trois ministres délégués, deux secrétaire d'Etat, nous avons…

CHRISTOPHE BEAUGRAND
Une task force comme on dit !

ALAIN GRISET
Voilà, tout à fait, avec derrière une administration qui est une administration qui fonctionne bien et qui est à la disposition des ministres. Le discours du Premier ministre, du président a été très clair, les ministres sont là pour impulser, pour prendre des décisions de façon à ce qu'on soit utile rapidement et que ça soit visible. Et donc moi j'ai naturellement bien l'intention de pouvoir prendre des décisions et que ces décisions soient utiles aux entreprises qui ont besoin qu'on les accompagne et qu'on les écoute.

CHRISTOPHE BEAUGRAND
Et donc l'intendance et l'administration doivent suivre, c'est ce qu'a dit Jean CASTEX lors de son discours de politique générale, l'intendance doit suivre.

MARIE-EVE MALOUINES
L'intendance s'occupe pas mal aussi de cette décision d'obliger à porter le masque dans les lieux publics, résultat, c'est un domaine qui vous intéresse, la restauration, il y a des villes où il faut le masque, des villes où il ne le faut pas, est-ce que le masque est contradictoire avec la reprise économique ?

ALAIN GRISET
En tout cas il est certain que nous avons tous intérêt, tous, tous les Français à ce que l'activité économique reprenne !

MARIE-EVE MALOUINES
Est-ce que le masque l'empêche ou freine ?

ALAIN GRISET
Je ne vais pas dire que ce soit agréable de porter le masque mais nous devons garantir deux éléments essentiels, d'abord la sécurité sanitaire et ensuite la reprise économique et le développement de l'activité. Je pense qu'on ne peut pas à un moment donné envisager le fait qu'il y ait confinement général, on ne peut pas envisager d'avoir de nouveau le blocage de l'économie ! Et si le passage du masque est un passage qui nous évite ce blocage de l'économie il n'y a pas de doute, il faut qu'on le fasse tous !

MARIE-EVE MALOUINES
En dehors des masques il faut s'adapter. Vous avez parlé des discothèques, elles sont fermées jusqu'au mois de septembre, ça veut dire qu'elles n'ont eu aucune activité et elles disent « on va mettre la clé sous la porte ! » Il y en a 1.500 en France, ça fait au moins une, voire deux, voire trois personnes, ça veut dire qu'à un moment on va dire « est-ce qu'on peut rouvrir les discothèques et étudions comment on le fait avec le Covid » ou alors il n'y aura plus de discothèques en France et des milliers de chômeurs qui viennent des discothèques ?

ALAIN GRISET
On est là devant une situation très difficile, j'ai reçu dès mon arrivée les représentants des organisations de ces entreprises-là, vous dîtes septembre mais pour l'instant il n'y a même pas de perspectives d'ouverture puisque ce n'est pas une décision économique, c'est une décision qui dépend d'une décision sanitaire et aujourd'hui…

CHRISTOPHE BEAUGRAND
Et pour le coup il n'y a pas de raison qu'en septembre la situation change radicalement, c'est dans un mois, donc il n'y a pas de raison que les discothèques puissent rouvrir là dans les semaines qui viennent !

ALAIN GRISET
Tant que le Conseil scientifique, le Conseil de défense ne donnent pas le feu vert on ne va pas pouvoir leur permettre cette ouverture. C'est donc pour ça que j'ai travaillé avec ces représentants pour qu'on ait un dispositif dont j'ai bien naturellement la connaissance que ce n'est pas la panacée, on leur donne un soutien particulier, vraiment, beaucoup plus important que dans d'autres activités pour qu'au minimum il y ait la prise en charge de leurs loyers, des frais fixes mais naturellement la situation est très difficile et j'en ai bien conscience.

MARIE-EVE MALOUINES
Mais on nous explique que le Covid même s'il y a un vaccin ce ne sera pas tout de suite, donc il va falloir s'habituer à vivre avec, est-ce qu'on ne peut pas chercher à s'habituer à être dans une discothèque avec des mesures qui permettent d'y aller tout en se protégeant du Covid ? Eux ils réfléchissent à ça, ils étudient des propositions.

ALAIN GRISET
Oui, oui mais c'est bien le travail qu'on fait avec eux, il y a des protocoles, les représentants de ces professions ont mis en place des protocoles en discutant avec le ministère de la Santé, l'objectif c'est qu'il y ait ce feu vert des autorités de santé pour qu'il puisse y avoir cette ouverture que je souhaite naturellement !

CHRISTOPHE BEAUGRAND
Mais vous comprenez quand même la colère des professionnels du secteur qui voient ces soirées privées s'organiser dans différents lieux, dans certains bars, ces free partys qui sont organisées de manière clandestine, malgré tout on a le sentiment qu'il n'y a pas vraiment de sanctions contre ceux qui organisent et eux ils disent « écoutez, nous on pourrait assurer la sécurité, on pourrait organiser les choses, on est des professionnels ! » Finalement tous ces jeunes cet été qui ont envie de danser trouvent un moyen de danser !

ALAIN GRISET
Vous aurez remarqué qu'il y a des endroits effectivement où il y a eu des infractions qui ont été commises, il y a aussi des endroits qui ont été fermés, dans le Morbihan le préfet a fermé un établissement qui avait organisé une soirée qui était illégale. Et je comprends effectivement que les professionnels patentés qui essayent de faire des efforts pour respecter ces gestes barrières et les distances admettent mal qu'il y ait des choses qui se fassent de façon illégale, donc on travaille avec eux. Moi je vais regarder avec Olivier VERAN de quelle manière on peut réellement avoir des dispositifs qui garantissent à la fois le fait de pouvoir faire la fête qui est indispensable pour beaucoup et le fait de garantir cette santé et cette sécurité sanitaire. Mais c'est vrai que c'est un sujet extrêmement difficile, moi j'ai été à l'écoute très vite de ces professionnels, je les ai reçus dès mon arrivée, deux fois en une semaine. Pour l'instant on a trouvé une solution temporaire, qui n'est pas satisfaisante, je l'entends bien, pour tout le monde et on va continuer à travailler pour trouver une solution qui soit plus pérenne.

MARIE-EVE MALOUINES
Ça va engendrer des gens qui vont se retrouver au chômage quoi qu'il arrive, est-ce que dans ce cadre actuel de la crise la réforme de l'assurance chômage qui a été suspendue est-ce qu'il ne faut pas la remettre à plat parce que le contexte a changé ?

ALAIN GRISET
Il y a naturellement la partie financière de l'assurance chômage avec un déficit qui augmente de façon considérable mais aujourd'hui ce n'est pas la priorité mais c'est ça va le redevenir à un moment donné.

MARIE-EVE MALOUINES
Mais pas maintenant.

ALAIN GRISET
Les partenaires sociaux sans aucun doute auront un rôle tout à fait essentiel à jouer pour regarder dans quelle direction il faut aller de façon à garantir la protection des salariés qui sont dans une situation difficile mais aussi de regarder cet aspect d'équilibre. Donc la réforme a été suspendue, vous l'avez dit, …

MARIE-EVE MALOUINES
Mais on va rediscuter pour en faire une autre !

ALAIN GRISET
Je pense qu'on va rediscuter effectivement pour voir de quelle façon il faut de nouveau repartir sur de nouvelles bases.

MARIE-EVE MALOUINES
Donc plus la même réforme.

ALAIN GRISET
Il y a des éléments, la colonne vertébrale va toujours être là mais par contre il y aura sûrement une mise en application différente.

MARIE-EVE MALOUINES
Il y a une étude du cabinet Altares qui a dit qu'il y a 100.000 entreprises qui ont moins de 30 jours de trésorerie devant elles, l'Etat aide un petit peu mais est-ce que vous les aidez suffisamment, est-ce que c'est un des points peut-être où là ça fonctionne ?

ALAIN GRISET
Moi je pense que la question de la trésorerie, il y a beaucoup d'entreprises qui historiquement ont des trésoreries fragiles, les plus petites en particulier, mais néanmoins je crois que l'Etat a mis en place des dispositifs qui répondent à cette préoccupation. D'abord il y avait la crainte du mur de la dette, les cotisations reportées, nous avons pris une décision de report sur 36 mois qui permet là de voir quand même les choses de façon un peu plus sereine.

CHRISTOPHE BEAUGRAND
Beaucoup de PME demandent l'annulation des charges et pas le report parce que c'est compliqué aussi !

ALAIN GRISET
On a pris cette décision pour toutes celles qui étaient fermées parce qu'on est en France la liste SS1, un décret doit sortir pour étendre cette exonération à tous les secteurs connexes aux métiers fermés. Donc là on va quand même avoir beaucoup d'entreprises qui vont bénéficier d'une partie de l'exonération. Et puis après il y a les reports avec le fait que ça puisse être étendu sur 36 mois. Puis après à côté il y a le prêt garanti par l'Etat, aujourd'hui c'est plus de 100 milliards qui ont été accordés, 300 possibles, l'enveloppe prévisible va jusqu'à 300. Donc moi je ne peux inviter tous ceux qui ont des difficultés de trésorerie d'aller chercher ce PGE qui est un outil quand même assez intéressant.

MARIE-EVE MALOUINES
Je vais rejoindre Christophe, que ce soit un report des charges ou un prêt le prêt il faut le rembourser aussi, donc ça veut dire que ces entreprises qui vont redémarrer très difficilement, elles sont justes en survie, après elles auront plein de dettes !

CHRISTOPHE BEAUGRAND
Elles auront ce boulet aux pieds, oui.

ALAIN GRISET
L'idée également pour ce prêt garanti par l'Etat c'est de regarder, ce qu'on va faire très vite au mois d'août avec les banques, au début c'est un an éventuellement remboursable sur cinq ans, donc regarder si on peut avoir une durée de prêt qui permette aussi de rembourser dans la sérénité et surtout avec un taux de remboursement, le coût du crédit, qui soit prévu d'avance pour ne pas qu'il y ait cette crainte de l'entrepreneur d'avoir un taux qui soit trop élevé et qui soit imprévisible.

CHRISTOPHE BEAUGRAND
L'Etat a permis à beaucoup d'entreprises en tout cas de tenir pendant la crise, ça on le sait, est-ce qu'on a les moyens de continuer encore longtemps si cette crise sanitaire est amenée à durer parce qu'à un moment donné ça va coûter beaucoup, beaucoup d'argent !

ALAIN GRISET
Ça a déjà coûté beaucoup d'argent !

CHRISTOPHE BEAUGRAND
Oui, bien sûr, mais ça risque de coûter encore plus !

ALAIN GRISET
Oui mais je pense que le choix a été fait, ça coûterait encore plus cher si ces entreprises fermaient, c'est ça la question, ça coûte beaucoup d'argent mais si les entreprises ferment, s'il y a des millions et des millions de chômeurs est-ce que c'est encore pire en termes financiers et surtout…

CHRISTOPHE BEAUGRAND
Donc c'est un investissement en quelque sorte.

ALAIN GRISET
Oui, au niveau social. Ce que le Gouvernement a dit on fait tout pour maintenir le maximum d'entreprises pour que le moment où cette question du virus sera un peu derrière nous on puisse avoir une économie qui reprenne et qui reprenne vite. Là il y a une reprise, elle n'est pas encore suffisante mais on voit bien qu'il faut avoir une perspective quand même dans l'avenir ! Vous voyez le Liban, une catastrophe terrible mais les gens se disent « il faut reconstruire pour voir l'avenir ».

CHRISTOPHE BEAUGRAND
Peut-être un peu plus résilient le peuple libanais, je ne suis pas persuadé qu'on ait tous les mêmes capacités, on a peut-être moins cette force…

ALAIN GRISET
Oui mais le virus c'est terrible, on a une crise sanitaire terrible mais je pense que tous il faut savoir qu'à un moment donné il y aura une fin à ce virus et il faut être prêt pour qu'on puisse à ce moment-là reprendre l'activité économique le mieux possible.

MARIE-EVE MALOUINES
Mais la fin peut être dans plusieurs années ! Là le PIB a baissé de plus de 13 %, est-ce que vous pensez que c'est dû au fait la crise est arrivée, elle nous est tombée dessus, on a accusé le coup et puis les mécanismes se mettent en marche et que ça va disons s'améliorer en étant comme on dit moins pire ou est-ce que justement ça va être de pire en pire ?

ALAIN GRISET
Non, d'abord l'Etat a mis en place beaucoup de dispositifs et on va continuer à adapter les dispositifs par rapport à la situation. Avant le mois de mars, avant le coronavirus, globalement la France était plutôt dans une situation de croissance avec une diminution du chômage. Donc je crois que tous les éléments structurels sont là pour que ça puisse reprendre mais naturellement il y a encore de l'inquiétude parmi les Français, parmi les entrepreneurs ! Et donc si on avait une petite perspective, le vaccin c'est un peu lointain mais les deux médicaments, je pense que ça pourrait aider à une reprise plus forte.

CHRISTOPHE BEAUGRAND
Vous voulez dire que là pour le coup c'est l'aspect psychologique…

ALAIN GRISET
Oui, naturellement !

CHRISTOPHE BEAUGRAND
…le côté anxiogène de cette situation, cette peur de la contamination il n'y a pas pire pour la croissance finalement !

ALAIN GRISET
Oui, c'est vrai, on voit bien qu'aujourd'hui les Français, en tout cas ceux qui le pouvaient, ont mis de l'argent de côté, à peu près 100 milliards, donc il y a un peu d'argent disponible. Mais ces personnes qui ont mis de l'argent de côté aujourd'hui hésitent à dépenser cet argent parce qu'elles se demandent si demain avec le virus s'il y aura ou pas des difficultés plus grandes.

CHRISTOPHE BEAUGRAND
Oui, quand on a peur on ne consomme pas.

ALAIN GRISET
Voilà.

MARIE-EVE MALOUINES
Alors comment on peut encourager, on voit qu'il y a des commerces qui ont monté un système où quand plus les gens dépensent plus ils ont des sortes d'avoirs, ce n'est pas le terme exact, pour pouvoir continuer à dépenser, est-ce qu'il faut se montrer comme ça inventif, créatif, inventer de nouvelles choses pour encourager la consommation parce qu'il y a beaucoup d'argent dans l'épargne des Français !

ALAIN GRISET
Tout à fait, donc l‘objectif c'est de regarder de quelle manière…

MARIE-EVE MALOUINES
Cette initiative vous l'encouragez par exemple ?

ALAIN GRISET
Oui, tout à fait, d'ailleurs l'Etat, vous avez vu, pour la prime à l'automobile ça a très bien marché, on a vu qu'en quelques semaines, les Français qui pouvaient le faire, ont changé de véhicule, et ça a permis au secteur automobile de reprendre une activité à peu près normale. Donc, tout ce qui va pouvoir inciter, et le plan de relance qui va être à la fin du mois d'août, un petit peu affiné, présenté dans le détail, est un élément extrêmement fort, qui doit donner une perspective aux Français, de façon à ce que chacun y contribue. Parce que, que ça soit au niveau sanitaire, au niveau économique, chaque Français à une petite partie de la réponse dans sa main. Tous les Français qui aujourd'hui le peuvent et consomment, sortent de l'argent, participent à la reprise économique. Et donc moi je ne peux qu'inciter chacun à prendre ses responsabilités et puis à participer à ce que ce pays reprenne une activité normale.

CHRISTOPHE BEAUGRAND
C'est pour ça que ça n'est pas le moment d'augmenter les impôts.

ALAIN GRISET
Et c'est pour ça que le gouvernement l'a décidé, non seulement de ne pas augmenter les impôts, mais dans baisser une partie d'impôts. C'est un vrai enjeu d'avenir. On parie sur le fait que la croissance dans l'avenir sera suffisante pour combler les déficits qui sont importants aujourd'hui.

CHRISTOPHE BEAUGRAND
Il n'y a pas un peu de méthode Coué, quand même ?

ALAIN GRISET
Non, il y a en tout cas une décision très claire. On dit aux Français : les impôts, on ne va pas les augmenter, au contraire on va les baisser, taxe d'habitation on continue, impôt de production très rapidement. Et donc ça, je crois que c'est un message très fort, pour donner confiance aux Français. On ne va pas vous taxer. Si vous avez de l'argent, si c'est possible pour vous, vous pouvez consommer pour reprendre les l'activité économique.

MARIE-EVE MALOUINES
Justement, les impôts de production, qui sont une série d'impôts plein de sigles, qui touchent différemment les entreprises, mais ce sont des impôts qui pèsent beaucoup dans leurs charges, le Premier ministre a dit qu'il allait les baisser. Est-ce que vous pouvez nous dire combien et quand ?

ALAIN GRISET
Il y a en gros trois gros impôts de production, ce qu'on appelle la C3S, CVAE et la CFE. 77 milliards pour ces impôts-là. Le Premier ministre, Bruno LE MAIRE, ont dit, dans le cadre du plan de relance il y aura 20 milliards sur 2 ans, de diminution de ces impôts. Et c'est la CVAE et la CFE qui sont actuellement les deux impôts visés par cette baisse, et naturellement ça sera une décision immédiate qui sera appliquée en 2021.

MARIE-EVE MALOUINES
Donc ça veut dire plus tard, donc ça, les entreprises peuvent compter dessus et donc ça peut les inciter à investir et…

ALAIN GRISET
Tout à fait, c'est annoncé, la décision est prise, c'est 20 milliards sur les 100 milliards du plan de relance, et je crois que c'est important comme message de dire aux entreprises : voilà, c'est un impôt qui est quand même particulièrement injuste, cet impôt de production, on va le baisser fortement, et donc vous pouvez investir, revenir en France pour ceux qui étaient partis, de façon à ce que cette économie, là, reprenne. L'idée du gouvernement, c'est à la fois de lutter et de protéger les Français sur le plan sanitaire, et de tout faire pour que l'économie reprenne. On a une reprise qui est en racine carrée, en gros, on n'a pas repris l'activité qu'on avait au mois de février, mais ça a, dans certains secteurs, bien repris, et il faut avec ce plan de relance, qu'on puisse booster, pour que très vite l'économie reprenne et qu'on puisse donner de l'espérance à tous les Français.

CHRISTOPHE BEAUGRAND
Baisse des impôts de production, certes, il n'y a pas de contreparties concernant l'emploi ? Parce que ça fait partie des critiques qu'on entend. On se dit : bon voilà, les entreprises récupèrent des aides, ont des baisses d'impôts, mais finalement peuvent continuer parfois de licencier.

ALAIN GRISET
Vous savez, on essaie à la fois de maintenir l'activité économique et de tout faire pour que les entreprises maintiennent les emplois. C'est d'ailleurs pour ça qu'on est décidé un nouveau dispositif, qui s'appelle l'APLD, l'Activité Partielle de Longue Durée, qui permet de garantir le maintien de l'emploi, tout en ayant une baisse d'activité. Et donc ça c'est un vrai enjeu et c'est un engagement du gouvernement.

MARIE-EVE MALOUINES
On a vu le président de la République annoncer 160 millions pour les aides à domicile, dont 80 donnés par l'Etat. Le Premier ministre a donné 4 millions, un peu moins, aux viticulteurs. Est-ce que vous avez une cagnotte secrète pour les urgences ? Parce que là on a l'impression qu'il y a un chéquier dont on peut se servir.

CHRISTOPHE BEAUGRAND
Pourtant, Emmanuel MACRON parlait, il disait qu'il n'y avait pas d'argent magique…

MARIE-EVE MALOUINES
Oui mais là, on a l'impression qu'il y en a.

CHRISTOPHE BEAUGRAND
... on l'a trouvé visiblement cet argent magique.

ALAIN GRISET
Très clairement, aujourd'hui, bon il n'y a pas de cagnotte secrète…

CHRISTOPHE BEAUGRAND
Ni d'argent magique.

ALAIN GRISET
Ni d'argent magique.

MARIE-EVE MALOUINES
Mais vous aviez une marge.

ALAIN GRISET
Non, mais il y a une dette qui s'aggrave, c'est de l'argent que la France emprunte, et aujourd'hui la chance que nous avons, c'est que la France est un pays crédible par rapport à ceux qui nous prêtent de l'argent. Naturellement, il faut bien regarder, parce qu'il y aura bien un moment donné où il faudra rembourser. L'idée c'est, avec la croissance, de le rembourser sur le long terme. Il n'y a que…

MARIE-EVE MALOUINES
Donc que la Banque centrale européenne le reprenne à sa charge, ce qui est une façon de faire marcher la planche à billets.

ALAIN GRISET
Oui, eh bien l'accord qui a été trouvé au niveau européen, l'investissement du président de la République a permis quand même là d'avoir 40 milliards pour la France. C'est un soulagement naturellement pour tout le monde.

MARIE-EVE MALOUINES
Vous êtes ministre depuis un mois, c'est le gouvernement, il n'y a pas de Conseil des ministres pendant 3 semaines, il y a des gens qui se sont dits : « ah ben dites-donc, ils partent déjà en vacances », en fait vous n'êtes pas vraiment en vacances.

ALAIN GRISET
Eh bien la preuve.

CHRISTOPHE BEAUGRAND
Vous êtes là, avec nous.

ALAIN GRISET
Avant…

CHRISTOPHE BEAUGRAND
Est-ce que vous allez prendre des vacances ?

ALAIN GRISET
Avant d'être ministre, j'avais prévu de partir en vacances le 16 juillet. Donc ça c'est fait.

CHRISTOPHE BEAUGRAND
Raté, quoi.

ALAIN GRISET
Là je vais partir à la fin de la semaine, pendant une dizaine de jours, mais j'ai prévu pendant cette période-là, de faire trois déplacements pour continuer à avoir une activité, parce qu'en gros, les entrepreneurs, ce qu'ils attendent, c'est qu'on soit à leur écoute, à leur disposition, et donc je le serai pendant cette période.

CHRISTOPHE BEAUGRAND
Eh oui, j'imagine que vous partez avec pas mal de dossiers, de devoirs de vacances. Un petit mot, puisque c'est aussi votre dossier, sur les hôtels/restaurants, est-ce que vous avez des chiffres, est-ce que les touristes français ont en partie en tout cas compensé l'absence des touristes étrangers ?

ALAIN GRISET
En partie. On voit bien que tout ce qui est côtier, globalement ça va à peu près. La difficulté c'est sur Paris, en particulier, puisque les touristes ne sont pas là, il n'y a pas de congrès, et donc j'ai reçu encore hier des représentants de la restauration, de l'hôtellerie, il faut vraiment qu'on trouve les solutions pour permettre à ces entreprises de continuer à vivre. Ça serait une catastrophe en France s'il y avait 30, 40 % des restaurateurs, des hôteliers, qui fermaient. Donc on va tout faire pour que ça ne soit pas le cas.

CHRISTOPHE BEAUGRAND
Et le problème c'est que ça, là encore une fois, prendre du temps, parce que, excusez-moi l'expression, mais ce n'est pas demain la veille que les touristes étrangers vont revenir en masse, notamment à Paris.

ALAIN GRISET
C'est vrai, c'est pour ça qu'on a mis en place des dispositifs et qu'on va continuer d'accompagner ces professions, ça fait partie de la France, les hôtels, les restaurants, et donc on fera tout pour les accompagner.

MARIE-EVE MALOUINES
Et une ville qui souffre notamment, c'est Lourdes, que vous allez…

ALAIN GRISET
Je serai à Lourdes avec Bruno LE MAIRE la semaine prochaine, parce qu'effectivement c'est une ville dans laquelle le tourisme est essentiel. Nous avons pris les décisions d'accompagner les boutiques de souvenirs, qui là aussi souffrent beaucoup, et donc on essaie d'être à l'écoute, d'être souple dans les décisions, pour s'adapter aux besoins de chacun.

MARIE-EVE MALOUINES
Et à Bercy, toute l'administration est là, il n'y a pas de vacances non plus ?

ALAIN GRISET
Tout le monde est disponible et je peux vous confirmer qu'en tout cas on a dans cette maison à Bercy, une administration globalement à la disposition, compétente, et je les remercie d'avance de tout ce qu'ils vont faire pour nous permettre de mettre en oeuvre les décisions qu'on va prendre.

CHRISTOPHE BEAUGRAND
Merci d'avoir été avec nous, Alain GRISET.

ALAIN GRISET
Merci à vous.

CHRISTOPHE BEAUGRAND
Merci pour toutes ces informations, et pour, si j'ai bien compris, vos vacances qui s'annoncent extrêmement studieuses.


Source : service d'information du Gouvernement, le 7 août 2020