Texte intégral
NICOLAS POINCARE
Et notre invitée effectivement c'est la nouvelle ministre de la Culture. Bonjour Roseline BACHELOT.
ROSELINE BACHELOT
Bonjour Nicolas POINCARE.
NICOLAS POINCARE
Est-ce que vous pourriez nous expliquer pourquoi le parc du Puy-du-Fou a été autorisé samedi dernier à accueillir 9 000 spectateurs, alors que la jauge, la normalité, c'est 5 000 spectateurs ?
ROSELINE BACHELOT
Il n'y a eu aucun passe-droit pour le Puy-du-Fou. Un décret du 10 juillet a précisé que pour les rassemblements de plus de 5 000 personnes, qui restaient interdits, il pouvait y avoir des dérogations, dérogations données par les préfets, pour rester au plus près du terrain, au plus près des réalités du terrain, à condition d'avoir des normes de sécurité très contraignantes. C'est de qui s'est passé pour le Puy-du-Fou, et ce qui se passera pour tous ceux, pour tous les organisateurs de manifestations de plus de 5 000 personnes qui demanderont des dérogations. Alors un certain nombre de conditions, il faut que ce soit un spectacle assis, parce qu'effectivement, lors de concerts par exemple, on sait très bien que les gens s'agglutinent auprès de la scène. Là, il y avait trois tribunes, il y a trois tribunes de 3 000 personnes, avec des gens qui ne peuvent pas aller d'une tribune à l'autre. Port du masque obligatoire, distribution de gel hydroalcoolique, vérification que les circulations peuvent se faire sans proximité entre les spectateurs. Donc, des normes extrêmement contraignantes.
NICOLAS POINCARE
Et donc vous nous dites : depuis le 10 juillet, tous les préfets peuvent donner ce type de…
ROSELINE BACHELOT
Absolument.
NICOLAS POINCARE
Sauf que depuis le 10 juillet ils l'ont donné combien de fois ce type de dérogation ?
ROSELINE BACHELOT
Alors, eh bien les gens ne les ont pas demandés.
NICOLAS POINCARE
Ah si ! Ah si, il y en a qui l'on demandé et qui ne l'on pas eu.
ROSELINE BACHELOT
Non mais dans le monde du spectacle, qui est celui dont je m'occupe, 5 000 personnes, avec des normes aussi contraignantes, ça pose un certain nombre de difficultés. Mais ceux qui le demanderont, l'obtiendront.
NICOLAS POINCARE
Non mais je vous demandais combien de dérogations ont été accordées, en réalité je connaissais la réponse…
ROSELINE BACHELOT
Non, bien sûr.
NICOLAS POINCARE
La réponse est deux : l'une pour le Puy-du-Fou le 12 juillet et une pour le Puy-du-Fou le 15 août.
ROSELINE BACHELOT
Attendez…
NICOLAS POINCARE
On se dit que ce festival a quand même droit à un traitement spécial.
ROSELINE BACHELOT
Une autre dérogation sera peut-être donnée le 22 juillet (sic), le préfet de la Vendée est en train de regarder comme ça s'est passé le 15 juillet, mais j'invite les organisateurs de plus de 5 000 personnes de spectacles assis, qui accepteront les contraintes que nous imposons, je leur demande de nous demander cette dérogations.
NICOLAS POINCARE
Mais vous nous dites qu'il n'y a pas de passe-droit, quand on voit que seules deux dérogations ont été données et qu'elles ont été données à Philippe de VILLIERS, les deux, on se dit que…
ROSELINE BACHELOT
Données au Puy-du-Fou, effectivement. Non mais elles n'ont pas été données, j'allais dire en passe-droit, une faveur, il l'a demandée, il l'a obtenue. Ceux qui la demandaient…
NICOLAS POINCARE
Il l'a demandée et il est le seul à l'avoir obtenue.
ROSELINE BACHELOT
Oui, mais ceux qui la demanderont, l'obtiendront. Je le répète, je le dis aux personnes qui le souhaitent, les organisateurs de spectacles de plus de 5 000 personnes qui observeront les mêmes contraintes, vous le demandez, vous l'obtiendrez.
NICOLAS POINCARE
L'Olympique de Marseille l'a demandé, les Girondins de Bordeaux l'ont demandé, le préfet des Bouches du Rhône l'a refusé, le préfet de la Gironde l'a refusé…
ROSELINE BACHELOT
J'allais dire, ce n'est pas ma boutique le sport, vous poserez la question à Roxana MARACINEANU.
NICOLAS POINCARE
Oui mais n'empêche qu'on s'étonne. Le Puy-du-Fou, au moment du déconfinement, Philippe de VILLIERS avait aussi annoncé, avant tout le monde, alors que rien n'avait été annoncé officiellement, que son parc allait rouvrir, et qu'il le savait parce qu'il avait eu un coup de fil avec Emmanuel MACRON. Donc on se dit : eh bien voilà, il donne un coup de fil à Emmanuel MACRON, il a ensuite cette dérogation, alors que personne d'autre n'en a.
ROSELINE BACHELOT
Ecoutez, moi, ce que dit Philippe de VILLIERS, j'allais dire, ne m'intéresse pas. Moi je suis ministre de la Culture, je dois à la fois assurer la pérennité du spectacle vivant, et en même temps respecter des normes sanitaires. La chose qui m'importe c'est : est-ce que la demande de dérogation est justifiée par des contraintes sanitaires qui sont exposées ? Elles sont observées ? On donne la dérogation. Elles ne sont pas observées, on ne la donne pas. Moi, les conversations qu'il y a entre les uns et les autres, ça ne m'intéresse pas. Les déclarations entre les uns et les autres, ça ne m'intéresse pas. Je suis ministre de la Culture et je veux que les spectateurs soient en sécurité, les acteurs, les techniciens, les gens qui s'occupent de la billetterie, qui s'occupent de la surveillance, de la sécurité, soient protégés. Est-ce qu'ils sont protégés ? On donne la dérogation. Ils ne sont pas protégés, on ne la donne pas. Moi, le reste, ça ne m'intéresse pas.
NICOLAS POINCARE
Ça ne vous intéresse pas, mais ça intéresse un certain nombre d'acteur du monde de la culture qui se disent : il y a eu deux poids, deux mesures.
ROSELINE BACHELOT
Il n'y a pas deux poids, deux mesures.
NICOLAS POINCARE
Qui sont en colère, il y en a qui sont en colère, qui ont du mal à comprendre pourquoi cette dérogation n'a été donnée que par un seul préfet sur les 100 préfets de France et deux fois au même festival.
ROSELINE BACHELOT
Ecoutez, que les personnes qui se seraient vues, dans le monde du spectacle, qui se seraient vues avec les mêmes contraintes, refuser une dérogation, s'adressent à moi.
NICOLAS POINCARE
Les Vieilles Charrues, le festival de musique, n'a pas…
ROSELINE BACHELOT
Mais ce n'est pas un spectacle assis !
NICOLAS POINCARE
Alors, c'est ça la différence, c'est que le…
ROSELINE BACHELOT
Mais, attendez, mais c'est une évidence, Nicolas POINCARE, vous savez très bien que dans un spectacle debout, et on en a eu plusieurs exemples, les personnes s'agglutinent a pied de la scène, vous avez assisté à un certain nombre de spectacles, on parle de spectacles assis. Les dérogations ne peuvent être données qu'à des spectacles assis.
NICOLAS POINCARE
Alors, justement, puisqu'on parle des spectacles assis, parlons un petit peu du théâtre. Pour l'instant, la norme reste de séparer les spectateurs, les entrepreneurs du spectacle disent : on n'y arrivera pas, il faut qu'à un moment on puise s'asseoir les uns à côté des autres.
ROSELINE BACHELOT
Alors, effectivement, et vous parlez peut-être aussi de la tribune qu'à fait paraître dans le Parisien…
NICOLAS POINCARE
Oui, alors c'est notamment l'humoriste Jeremy FERRARI.
ROSELINE BACHELOT
Jeremy FERRARI.
NICOLAS POINCARE
Alors, prenons son argument pour aller plus loin, directement. Lui il dit : dans le train, dans le bus, on s'assoit à côté de gens que l'on ne connaît pas, on porte un masque et on fait le trajet. Pourquoi ce que ce que l'on fait dans le train, on ne peut pas le faire au théâtre ?
ROSELINE BACHELOT
Voila. Alors, j'explique la législation actuelle. C'est-à-dire que l'on peut s'asseoir, en groupe, dans une salle de spectacle, mais il faut une distance entre les groupes ou une personne individuelle. Groupe, vous y allez avec votre femme, vos enfants…
NICOLAS POINCARE
Une famille.
ROSELINE BACHELOT
... une famille, etc. Bon, il faut respecter une distance, et le port du masque est recommandé, mais n'est pas obligatoire. Alors, effectivement, et l'argument de Jeremy FERRARI est tout à fait recevable. Et j'y souscrirais volontiers. Il y a toutefois des difficultés, c'est que le monde du spectacle est extrêmement divisé dans cette affaire, et en particulier entre le monde du cinéma et le monde du théâtre, de l'opéra ou des concerts. Car le monde du cinéma tient au fait de pouvoir retirer son masque pendant les séances, pour une raison très simple, c'est que la confiserie représente une source de revenus importante.
NICOLAS POINCARE
Donc c'est pour manger du pop-corn.
ROSELINE BACHELOT
Vous simplifiez, mais c'est un peu l'image. Donc, moi, ce que je veux, c'est que d'abord, dans le monde du spectacle, on s'entende. Peut-être faudra-t-il deux législations différentes. Il faut y travailler. Mais aussi, il faut s'assurer qu'une fois l'obscurité obtenue, il faut s'assurer que le port du masque reste bien fiable. Si vous allez avec une personne fragile de votre entourage, au spectacle, et que la personne à côté profite de l'obscurité pour enlever son masque, comment fait-on ? Donc moi je suis tout à fait d'accord pour avancer avec les professionnels, pour vérifier que les choses soient bien observées pendant le spectacle. C'est la raison pour laquelle je reçois d'ailleurs l'ensemble des secteurs les plus impactés, pour voir comment on peut avancer sur ce sujet. Mais je suis très sensible à l'argumentation, effectivement ; Il faut dire concrètement ce à quoi ça aboutit, c'est qu'actuellement les dispositions font que la jauge peut atteindre, dans une salle de spectacle, 70 % de la jauge habituelle au lieu de 100 %.
NICOLAS POINCARE
Et c'est difficile de gagner sa vie quand la salle est à un tiers vide.
ROSELINE BACHELOT
Et les professionnels estiment que la jauge de rentabilité est à 80 %. Donc il faut gagner quelques pourcentages que permettrait le port du masque obligatoire et la suppression de la distanciation physique entre les spectateurs ou les groupes de spectateurs. Toutefois, vous avez vu Nicolas POINCARE, un certain nombre d'images, un certain nombre de difficultés, qui sont liées à la difficulté d'obtenir le port du masque, et il y a des réactions extrêmement violentes quand on exige le port du masque, on a vu des choses très graves se passer, et même jusqu'à un meurtre. Donc, il faut faire attention aussi que les personnels qui vont exiger ce port du masque auprès des spectateurs, soient respectés et ne mettent pas leur intégrité en danger. Donc, je veux parler de tout cela avec les professionnels du spectacle. Moi je suis très ouverte à bouger sur cette affaire, le Premier ministre aussi l'est, mais il faut discuter ensemble des moyens qui assureront la sécurité des spectateurs, des acteurs et des techniciens.
NICOLAS POINCARE
Mais parce que le 11 mai dernier on a commencé à se déconfiner, à rouvrir, tout le monde s'en souvient, on a pris des risques de temps en temps, on a dit, l'école, tant pis, on y va, parce qu'il ne faut pas laisser les enfants dehors. Dans les trains, on en parlait, les trains, les transports, même s'il y a des incidents liés au port du masque, eh bien on a pris le risque parce qu'il faut bien que la France bouge, que les gens voyagent.
ROSELINE BACHELOT
Bien sûr.
NICOLAS POINCARE
Et le théâtre, le cinéma, les lieux de spectacle, c'est le dernier endroit.
ROSELINE BACHELOT
Je ne suis pas d'accord avec vous. On a beaucoup bougé, c'est la raison pour laquelle on a précisément accordé des dérogations, dit que des dérogations étaient possibles pour les spectacles assis de plus de 5 000 personnes…
NICOLAS POINCARE
Oui, enfin, une dérogation.
ROSELINE BACHELOT
Non mais des dérogations ! Il faut les demander ! Il faut les demander. Je le répète, il faut les demander.
NICOLAS POINCARE
Je répète, il n'y a eu que le Puy-du-Fou jusqu'à présent.
ROSELINE BACHELOT
Oui, parce qu'il l'a demandé.
NICOLAS POINCARE
Bon très bien.
ROSELINE BACHELOT
Ceux qui le demanderont et qui observeront…
NICOLAS POINCARE
Non, mais est-ce qu'on n'est pas allé plus vite dans certains domaines économiques jugés plus primordial que la culture ?
ROSELINE BACHELOT
Non, les théâtres ont rouvert avec un certain nombre de contraintes liées aux nécessités de sécurité. On a beaucoup bougé dans le monde du spectacle vivant. On a aussi beaucoup aidé, 5 milliards d'euros pour aider le spectacle vivant à survivre. Ils ont bénéficié, évidemment le spectacle vivant a bénéficié de toutes les mesures d'aides qui ont été dans le secteur économique, activité partielle, prêt garanti par l'Etat, des fonds de secours spécifiques, les droits des intermittents du spectacle ont été prolongés d'un an, même plus d'un an, jusqu'au 31 août 2021. Donc véritablement le spectacle a été aidé, il est soutenu, on va continuer, on va continuer à l'aider…
NICOLAS POINCARE
Mais il y a beaucoup d'incertitudes, c'est ce que reprochent les entrepreneurs. Ils ne savent pas exactement ce qu'ils vont pouvoir monter en septembre, en octobre, en novembre.
ROSELINE BACHELOT
Mais tout le monde, Nicolas POINCARE est dans l'incertitude. Si le coronavirus pouvait nous dire ce qu'il va faire. A l'instant, sur votre antenne, on faisait le point sur la pandémie, et les spécialistes disaient : la pandémie est en train de reflamber, 3 000 cas supplémentaires ont été... 3 105 cas ont été enregistrés hier. Oui, on est dans l'incertitude, vous avez raison, tout le monde est dans l'incertitude. Si vous pouvez, vous, Nicolas POINCARE, me dire exactement ce qui va se passer à l'automne avec le coronavirus, écoutez, je vous en serais extrêmement reconnaissante.
NICOLAS POINCARE
Ça se saurait.
ROSELINE BACHELOT
Oui, ça se saurait, vous ne le savez pas.
NICOLAS POINCARE
On parlait de cette tribune de Jérémy FERRARI l'humoriste, alors il demande plus de réouvertures, et vous avez l'air de dire que vous êtes plutôt sur cette ligne-là vous aussi. Il dit aussi « on a nommé une ministre de la Culture » - vous – « qui est plutôt bien aimée des artistes » - c'est lui qui le dit – « qui est plutôt bien aimée des Français » - c'est lui qui le dit, « mais qui ne s'exprime pas, que l'on n'entend pas », sauf ce matin.
ROSELYNE BACHELOT
Qui ne s'exprime pas, certains trouvent que je m'exprime de trop, non, mais je m'exprime.
NICOLAS POINCARE
Et l'incertitude dont on parlait, elle concerne tous les secteurs, parce que vous venez de prendre la tête d'un secteur, j'allais dire d'une industrie, parce que la culture c'est aussi une industrie, qui est en crise totale.
ROSELYNE BACHELOT
Mais on traverse un désastre Nicolas POINCARE, c'est la vraie vérité. La culture c'est 650.000 personnes qui en vivent, c'est 80.000 entreprises, la valeur ajoutée de la culture c'est 7 fois l'industrie automobile. Je répète ce chiffre parce que tout de suite on se dit « ah oui, l'automobile c'est un secteur, c'est très important », la culture c'est 7 fois l'industrie automobile, et nous sommes… évidemment nous traversons un désastre, c'est vrai, comme beaucoup de secteurs. Et c'est pour ça qu'il faut aider ce secteur, il faut le soutenir, c'est la raison pour laquelle, dès la semaine prochaine – on est en train de prendre les rendez-vous avec les acteurs des secteurs les plus impactés, les rendez-vous vont commencer dès le mardi et mercredi prochain – pour qu'on voit comment on va soutenir ce secteur qui est absolument primordial, qui irrigue toutes les économies et en particulier les économies des territoires.
NICOLAS POINCARE
On a une idée du nombre de théâtres qui vont fermer, du nombre de cinémas qui vont fermer ? Les cinémas sont en danger, non ?
ROSELYNE BACHELOT
Bien sûr, les cinémas sont en danger. Quand les cinémas ont rouvert, on a enregistré un petit rush, et on s'est dit voilà, l'affaire est gagnée, on est à peu près à 30 % de fréquentation, c'est pour ça qu'un certain nombre de cinémas sont inquiets de mesures qui pourraient impacter durablement une économie extrêmement fragilisée. Il faut pouvoir que tout le monde s'entende pour qu'un secteur ne souffre pas de mesures qui seraient plus favorables à d'autres.
NICOLAS POINCARE
Je ne sais pas si vous avez vu cette vidéo, c'est un gérant de salle de cinéma qui prend un gros marteau et qui casse une des vitrines dans le hall, celle qui annonçait le film « Mulan », parce que le film devait sortir, c'était, pour les exploitants, un espoir d'entrées assez importantes, et finalement DISNEY a décidé de retirer le film pour le mettre uniquement sur sa plateforme Disney+. Vous regrettez cette décision ?
ROSELYNE BACHELOT
Il y a des mutations considérables. C'est vrai que le cinéma est porté, sa fréquentation, est portée par un certain nombre de blockbusters, en particulier américains, et à partir du moment où les Etats-Unis, où les producteurs américains décident, pour des raisons évidentes, de ne pas les sortir pour les réserver soit à des plateformes, soit retarder leur sortie, ça impacte tout l'écosystème, tout le système économique des salles de cinéma, oui.
NICOLAS POINCARE
Quand vous nous dites c'est un désastre, on pense aussi à toutes les boîtes de nuit, les discothèques, le monde de la nuit est aussi très très impacté.
ROSELYNE BACHELOT
Le monde de la nuit n'est pas sous ma responsabilité, mais effectivement. J'ai d'ailleurs entendu, certaines personnes disent « on autorise le Puy-du-Fou, on n'autorise pas les discothèques », mais vous voyez bien qu'on ne peut pas comparer les choses. On est dans un système en plein air, avec des tribunes étanches de 3000 personnes chacune, avec des écoulements facilités, avec le port du masque obligatoire, avec des gels hydro-alcooliques dans des kits individuels distribués, un système absolument fou de précautions, vous n'allez pas imposer ça dans une discothèque, ce n'est pas possible, or on sait que les jeunes, et on l'a vu à travers un certain nombre d'études, ont des formes, bénignes, mais sont des transmetteurs.
NICOLAS POINCARE
Là, d'un seul coup, on entend aussi la scientifique que vous êtes, la pharmacienne que vous êtes, l'ancienne ministre de la Santé que vous êtes. Vous vous étiez battue, on s'en souvient, pour qu'un maximum de Français soient vaccinés au moment du H1-N1, aujourd'hui on parle beaucoup d'un possible vaccin qui pourrait arriver dans les mois qui viennent, il faut y croire ?
ROSELYNE BACHELOT
Je vais sortir là de ma zone de responsabilités ministérielles…
NICOLAS POINCARE
Oui, mais revenez à votre autre compétence.
ROSELYNE BACHELOT
Oui, eh bien vous interrogerez Olivier VERAN sur le sujet, il est d'ailleurs intervenu récemment, rappelant les normes qu'il convient de respecter dans ce domaine, et de respecter les mesures barrières, parce que de toute façon la sortie d'un vaccin, j'ai de forts doutes que le vaccin russe puisse être opérationnel au mois de septembre.
NICOLAS POINCARE
Celui-là vous n'y croyez pas…
ROSELYNE BACHELOT
Mais je ne veux surtout pas sortir… voyez où…
NICOLAS POINCARE
Non mais il y a un domaine…
ROSELYNE BACHELOT
Nicolas POINCARE, avec beaucoup de perversité, vous m'entraînez dans la forêt profonde, si on reparlait de la culture s'il vous plaît, au lieu du vaccin.
NICOLAS POINCARE
Non, juste un dernier mot, parce qu'on arrive au bout. Il y a un domaine où vous êtes aussi au moins compétente qu'Olivier VERAN, c'est celui des réticences des Français par rapport aux vaccins, ça vous l'avez vu, vous avez été extrêmement attaquée là-dessus. Si ce vaccin devait arriver, il faut l'espérer, dans les mois qui viennent, comment est-ce qu'il faudra faire pour dire aux Français qu'il faut se vacciner ?
ROSELYNE BACHELOT
Il y a un travail de communication extrêmement important à faire, je ne doute pas, hélas, qu'un certain nombre de mouvements anti-vaccin vont revenir à la charge, je les ai moi-même rencontrés dans une vie antérieure, c'est pour ça qu'il faudra que le vaccin, ou les vaccins, parce qu'il y en a plusieurs qui sont en préparation, apportent la preuve absolue de leur innocuité, et une trop grande précipitation pourrait nuire précisément au sentiment de sécurité qui doit présider à l'administration du vaccin.
NICOLAS POINCARE
Un dernier mot Roselyne BACHELOT. Vous vous entendez bien avec votre collègue Eric DUPOND-MORETTI ? Il a des ennuis là, on lui reproche d'avoir tenu des propos extrêmement violents contre les défenseurs de l'environnement, les défenseurs des animaux, qu'il appelle, qu'il traite « d'ayatollahs », « d'illuminés. »
ROSELYNE BACHELOT
Je pense que quand il a parlé des « ayatollahs de l'écologie », il n'a pas parlé de l'ensemble des écologistes, parce que figurez-vous que j'ai été aussi ministre de l'Ecologie, et donc de la chasse…
NICOLAS POINCARE
Et alors, il y a des ayatollahs dans les adversaires de la chasse ?
ROSELYNE BACHELOT
Il y a des ayatollahs partout, il y a des ayatollahs dans les chasseurs, il y a des ayatollahs dans les écologistes, et le problème des passionnés c'est qu'ils peuvent devenir des ayatollahs, mais la majorité ne l'est pas.
NICOLAS POINCARE
Voilà. Jérémy FERRARI disait que vous ne vous exprimiez pas, eh bien c'est fait.
ROSELYNE BACHELOT
C'est fait.
NICOLAS POINCARE
Merci beaucoup d'être venue sur RMC et sur BFM ce matin.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 18 août 2020