Interview de Mme Roxana Maracineanu, ministre des sports, à Europe 1 le 21 août 2020, sur la finale de la Ligue des champions, la jauge limite de spectateurs dans les stades et les dérogations.

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Média : Europe 1

Texte intégral

INTERVENANTE

Huit heures seize, « L'interview politique » d'Europe 1, François GEFFRIER, vous recevez à présent la ministre déléguée chargée des Sports.

FRANÇOIS GEFFRIER
Bonjour Roxana MARACINEANU.

ROXANA MARACINEANU
Bonjour.

FRANÇOIS GEFFRIER
Le PSG en finale de la Ligue des champions dimanche soir, est-ce que vous serez, est-ce que le président de la République sera au stade à Lisbonne pour encourager Paris ?

ROXANA MARACINEANU
Ecoutez, j'étais présente pour les deux demi-finales, celle de Paris, celle de Lyon il y a quelques jours et je vais y retourner dimanche. La décision du président de la République dépendra de la décision de madame MERKEL d'y être aussi présente.

FRANÇOIS GEFFRIER
Il n'y aura pas de fan zones à Paris et à peine 5.000 supporters dans le Parc des Princes, qu'est-ce qu'on va faire des dizaines de milliers de fans du PSG qui vont inévitablement se rassembler à l'extérieur quelque part dimanche soir après une éventuelle victoire ?

ROXANA MARACINEANU
Ecoutez, déjà 5.000 personnes au Parc des Princes plus le Camp des Loges qui va ouvrir aussi pour les fans c'est déjà une fan zone dans la situation sanitaire que notre pays connaît aujourd'hui. Cela va permettre à un certain nombre de personnes de pouvoir accéder sur grand écran au match et j'invite tous les supporters, tous les amoureux de football, tous ceux qui vont se réjouir pour cette victoire qu'on espère tous de l'équipe française à Lisbonne à fêter cela en responsabilité chez eux. Si les gens veulent sortir dans la rue qu'ils le fassent avec le masque et qu'ils gardent les distances entre des personnes qu'ils ne connaissent pas.

FRANÇOIS GEFFRIER
Mais vous entendez bien qu'on ne peut pas interdire en tout cas vu la situation et vu ce qu'on a vu, les images mardi soir, cette liesse sur les Champs-Elysées, des gens qui s'embrassaient, qui étaient tout près, qui dansaient quasiment collé-serré et s'époumonaient avec tout ce qu'il y a de gouttelettes, d'aérosols et tout ce qu'on veut, là on est sur un cluster généralisé dimanche soir sur les Champs-Elysées, c'est sûr !

ROXANA MARACINEANU
On n'interdit pas, ce n'est pas parce qu'on allait ouvrir des fan zones que ça n'allait pas se passer de toute façon, on peut considérer que justement c'est une fan zone aujourd'hui ce Parc des Princes ouvert pour 5.000 personnes qui respecte les conditions sanitaires de la période.

FRANÇOIS GEFFRIER
Le Parc des Princes c'est 47.000 spectateurs habituellement, donc là 5.000 c'est tout petit !

ROXANA MARACINEANU
Oui mais habituellement hors période de crise, là en période de crise ça fait déjà maintenant plusieurs mois que même quand on fait un match de foot classique, quand on vient supporter quelqu'un c'est 5.000 personnes, pas plus.

FRANÇOIS GEFFRIER
Donc là vous en appelez à la responsabilité des supporters si je vous entends bien, est-ce que concrètement il y aura tout de même des forces de police qui vont bloquer les accès de telle ou telle place, tel ou tel artère de Paris ?

ROXANA MARACINEANU
Il y aura les forces de l'ordre qui vont faire respecter l'ordre public bien entendu et effectivement il ne faut pas qu'il y ait des débordements et que les gens soient civiques, responsables et qu'ils envisagent aussi d'autres manières de fêter, de suivre ce match à la télévision chez eux ou bien au Parc des Princes puisque le PSG a réussi à obtenir avec notre soutien cette dérogation de la part du préfet pour pouvoir organiser ce spectacle sur grand écran à l'intérieur du stade.

FRANÇOIS GEFFRIER
Ce soir c'est la reprise du championnat de France de foot de Ligue 1…

ROXANA MARACINEANU
L'autorisation, excusez-moi, j'ai dit la dérogation mais ce n'est pas une dérogation, c'est une autorisation puisqu'à 5.000 on autorisait à organiser un événement.

FRANÇOIS GEFFRIER
Justement ce soir c'est le début de la Ligue 1 avec un premier match à 19 heures, le match d'ouverture qui impliquait l'OM a dû être reporté à cause des contaminations à Marseille, on est en train de surveiller partout en France l'hypothèse d'une deuxième vague de l'épidémie, est-ce qu'on peut craindre une saison 2020-2021 finalement aussi perturbée que la précédente en fonction de l'évolution sanitaire ?

ROXANA MARACINEANU
On reste confiants comme la rentrée scolaire aura bien lieu, monsieur BLANQUER l'a affirmé hier soir, la rentrée sportive également aura lieu dans des conditions normales puisqu'aujourd'hui toutes les pratiques sportives sont autorisées. Au niveau des compétitions professionnelles il y a une règlementation comme c'est le cas pour la vie en entreprise et pour la vie professionnelle, lorsqu'il y a un certain nombre de cas positifs détectés au sein d'un même groupe de personnes les agences régionales de santé prennent des décisions, les décisions adéquates pour pouvoir isoler ces personnes, c'est le cas aujourd'hui pour les équipes professionnelles de sports collectifs. C'est vrai que ça peut poser des problèmes puisqu'au niveau du calendrier c'est un calendrier très chargé et déplacer des matchs au bout d'un moment ça va faire des bouchons dans le calendrier. Donc nous allons étudier attentivement avec Olivier VERAN aussi ces conditions de mise en quarantaine des équipes si jamais de tels problèmes venaient à se manifester.

FRANÇOIS GEFFRIER
Et puis il y a l'équation économique, concrètement 5.000 personnes, la fameuse jauge dans un stade à Lyon ou à Marseille c'est seulement un siège sur 12, est-ce que par exemple le Stade toulousain va obtenir sa dérogation pour accueillir plus de 5.000 spectateurs pour son match en Coupe d'Europe de rugby fin septembre ?

ROXANA MARACINEANU
Dans les territoires où ce sera possible les préfets accepteront les dérogations qui sont demandées par les organisateurs, c'est écrit dans le dernier décret publié par le Gouvernement et ça se fera à la main des préfets puisque c'est eux qui connaissent le mieux la situation sanitaire. Mais bien sûr dès que ce sera possible d'accueillir plus de 5.000 personnes nous le ferons, il en va de la situation économique de certains clubs de beaucoup de sports aujourd'hui de pouvoir d'une part remplir pleinement la jauge des 5.000 dans des espaces clos ou extérieurs lorsque cela est possible, à partir du moment où les gens portent un masque notre demande c'est vraiment que la jauge soit remplie un maximum à 100 % des 5.000, ce qui n'est pas encore le cas aujourd'hui partout. Et lorsque les dérogations seront demandées et que la situation sanitaire le permettra qu'on aille au-delà effectivement.

FRANÇOIS GEFFRIER
Donc c'est du cas par cas une fois de plus bien sûr.

ROXANA MARACINEANU
Oui.

FRANÇOIS GEFFRIER
Parlons plus largement de la pratique sportive que ce soit dans le monde pro ou amateur, aujourd'hui on rend obligatoire le port du masque un peu partout en France dans les villes, dans les écoles, dans les entreprises et à côté de ça on a toujours le droit, vous nous le confirmez, de faire de la boxe, du judo ou même de la lutte ?

ROXANA MARACINEANU
Oui, le Haut Conseil de la santé publique a rendu cet avis il y a maintenant quelques semaines, il reste toujours valable lorsqu'il n'est pas possible de porter le masque et c'est le cas pour une activité physique et sportive il est autorisé de pratiquer sans masque et bien sûr lorsqu'il est possible de respecter les gestes barrières il faut le faire.

FRANÇOIS GEFFRIER
Mais ce qui parait quand même incompréhensible, pardonnez-moi, on doit porter son masque dans les open spaces quand on est sagement chacun derrière son écran d'ordinateur, en revanche quand on crache ses poumons sur un adversaire de lutte ou de judo, qu'on lui tombe dessus, là il n'y a pas de problème ?!

ROXANA MARACINEANU
Ecoutez, de toute façon le risque existe toujours que l'on soit avec un masque au travail, que l'on soit sans masque dans une réunion d'amis c'est toujours une mesure du risque par rapport à l'enjeu qu'il y a derrière. Aujourd'hui l'enjeu de pouvoir être en bonne santé grâce à une activité sportive est essentiel aussi aujourd'hui. C'était le cas pendant le confinement, il était autorisé de sortir pendant une heure courir, maintenant il faut arriver dans sa vie quotidienne à limiter le plus possible les risques. Après évidemment personne n'oblige personne à aller faire du sport mais tous les amoureux de sport, tous les enfants vont pouvoir aller à l'école, vous voyez, les enfants de moins de 11 ans ne doivent pas porter le masque, on ne leur conseille pas de porter le masque à l'école, ce sera la même chose pour les activités sportives, il n'y a pas de raison que ce soit différent.

FRANÇOIS GEFFRIER
Roxana MARACINEANU, sur le dossier des violences sexistes et sexuelles dans le sport vous avez contribué à assainir la Fédération des sports de glace, il y a eu aussi la convention début juillet plus largement, on voit encore des affaires, récemment un ancien entraîneur de jeunes joueuses de foot, un ancien coach d'athlétisme, donc la parole continue de se libérer sur le passé. Mais est-ce que l'avenir peut être serein dans le sport pour les jeunes, est-ce que les contrôles d'honorabilité des bénévoles comme des éducateurs seront bien effectifs en janvier 2021 par exemple ?

ROXANA MARACINEANU
Oui, la tâche est lourde aujourd'hui avec les révélations qui sont sorties dans la presse, avec toutes celles qui nous sont arrivées, 180, près de 200 affaires que nous avons à traiter aujourd'hui dans une cellule au ministère des Sports que nous avons montée exprès pour cela. Ce sont des affaires anciennes, vous l'avez dit, mais aussi actuelles et on doit rattraper le temps perdu, le temps perdu par les victimes et pouvoir leur rendre justice. Et par la suite effectivement inciter et impliquer toutes les fédérations sportives parce cela concerne tous les sports, plus de 80 fédérations qui sont impliquées dans ces affaires, dans ces 200 affaires, donc toutes les fédérations doivent aujourd'hui s'engager. Nous allons par décret et dans une prochaine loi, je l'espère bientôt, renforcer dans le contrat de délégation de service public des fédérations leurs obligations en matière d'éthique et d'intégrité de manière à ce qu'elles s'engagent dans cette belle aventure qu'est la protection de nos enfants lorsqu'ils intègrent un club sportif.

FRANÇOIS GEFFRIER
Et c'est évidemment indispensable. Merci Roxana MARACINEANU de l'avoir rappelé, ministre déléguée chargée des Sports, bonne journée.

ROXANA MARACINEANU
Merci.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 24 août 2020