Interview de M. Alain Griset, ministre chargé des petites et moyennes entreprises, à BFM Business le 17 août 2020, sur le masque en entreprise et les aides aux PME.

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Intervenant(s) : 
  • Alain Griset - Ministre chargé des petites et moyennes entreprises

Média : BFM Business

Texte intégral

GUILLAUME PAUL
"Good Morning Business" jusqu'à 10 heures sur BFM Business, c'est Alain GRISET, le ministre délégué aux PME, qui est avec nous ce matin, bonjour Alain GRISET, merci beaucoup, merci d'être avec nous quelques minutes sur BFM Business.

ALAIN GRISET
Bonjour.

GUILLAUME PAUL
Deux dossiers, deux sujets à évoquer avec vous pendant quelques minutes, les aides aux PME, on verra ça dans un instant, mais évidemment il y a ce dossier du masque en entreprise qui prend de l'ampleur puisqu'Elisabeth BORNE e Laurent PIETRASZEWSKI feront des propositions demain aux partenaires sociaux. Il y a des pistes qui commencent à émerger mais on a en face des organisations patronales qui sont un peu inquiètes, qui ont peur que de nouvelles contraintes se rajoutent et qui aimeraient bien qu'on laisse les chefs d'entreprise quand même naviguer un petit peu en fonction de leurs intérêts, qu'est-ce que vous pouvez leur dire pour les rassurer ce matin, Alain GRISET ?

ALAIN GRISET
Tout d'abord rappeler que depuis le début de la reprise d'activité les chefs d'entreprise ont été extrêmement disciplinés, ont fait beaucoup d'efforts, ont investi beaucoup d'argent pour permettre la sécurité sanitaire à la fois des salariés, des consommateurs et d'eux-mêmes, je pense qu'ils sont toujours prêts à le faire. Il y a eu une réunion vendredi dernier avec les partenaires sociaux, il y en a une autre demain, chacun sera amené à faire des propositions. L'idée c'est qu'on puisse à la fois garantir cette sécurité sanitaire mais aussi à la fois pouvoir développer l'économie, c'est tout à fait indispensable et nécessaire pour éviter une catastrophe économique et sociale.

GUILLAUME PAUL
C'est une question de dosage finalement parce que certains disent les contraintes sont déjà lourdes et onéreuses et il n'y a pas deux entreprises similaires, on craint un petit peu ces mesures unilatérales, qu'est-ce que vous en pensez-vous ?

ALAIN GRISET
Non, c'est vrai qu'il y a des différences extrêmement importantes suivant le type d'activité, suivant la taille des entreprises, suivant le lieu, on voit bien qu'il y a des cas par exemple les open spaces dans lesquels il faut bien regarder, il y a des risques plus importants que dans une entreprise du bâtiment dans laquelle il y a des salariés qui travaillent à des étages différents, c'est tout l‘intérêt du travail qui va se faire en négociations demain.

GUILLAUME PAUL
La CPME qui dit par exemple "quand vous rajoutez obligation sur obligation vous exposez tout employeur aux contrôles et on a autre chose à penser en ce moment", voilà une préoccupation très, très claire exprimée par les représentants des PME aujourd'hui, Alain GRISET…

ALAIN GRISET
Oui, à juste titre, vous savez, pour une entreprise déjà aujourd'hui la complexité est importante, les chiffres d'affaires ne sont pas toujours là, donc le Gouvernement est là pour accompagner, pour essayer de trouver les meilleures solutions tout en garantissant cette sécurité sanitaire qui est un inconvénient à la reprise parce qu'il y a toujours ce virus qui pèse dans l'esprit des Français.

GUILLAUME PAUL
L'aide aux PME dans le plan de relance, Bruno LE MAIRE avait dit en milieu de semaine dernière qu'il comprendrait trois milliards d'euros pour venir aux TPE et PME pour les aider à investir. Vous avez précisé dans la foulée qu'il y aurait en fait beaucoup plus que trois milliards d'euros, est-ce que vous pouvez nous en dire un peu plus ce matin, Alain GRISET ?

ALAIN GRISET
Oui, naturellement, sur les 100 milliards il y a beaucoup plus que trois milliards qui vont être dirigés PME parce qu'en particulier dans tout ce qui est rénovation énergétique beaucoup d'entreprises vont pouvoir en bénéficier. Ce que Bruno LE MAIRE a précisé c'est qu'il y aurait trois milliards spécifiquement pour l'investissement parce que nous craignons aussi qu'aujourd'hui avec les emprunts qui ont été faits les entreprises ne puissent pas investir et donc nous allons appuyer et créer des outils permettant à l'Etat d'investir puissamment auprès des PME de façon à ce que celles qui le peuvent, celles qui le souhaitent puissent également investir et organiser leur développement.

GUILLAUME PAUL
C'est-à-dire que ce sont des prêts à durée très longue ou quasi assimilables à des fonds propres, est-ce qu'on a une idée de la durée que pourraient prendre ces prêts dans le meilleur des cas aujourd'hui ?

ALAIN GRISET
Non, il y a plusieurs outils qui sont envisagés, le fait d'accompagner les régions dans des fonds qui existent déjà, le fait de pouvoir accompagner également et renforcer l'action de BPI en particulier sur les quasi fonds propres, mettre en place des obligations convertibles, des prêts participatifs. Peut-être également regarder avec les banques et avec l'Europe si on peut rallonger le remboursement des prêts garantis par l'Etat. En tout cas nous nous souhaitons regarder toutes les possibilités possibles pour accompagner les entreprises, c'est l'objectif de l'Etat depuis ce début de virus et c'est absolument indispensable qu'à la fois on garantisse la sécurité sanitaire et à la fois encore on développe l'économie, c'est la priorité absolue que nous essayons d'aboutir.

GUILLAUME PAUL
Deux questions par rapport à ces trois milliards dont parlait Bruno LE MAIRE qui doivent servir aux entreprises à investir sans se mettre en danger, quels types d'entreprises seront éligibles et est-ce qu'on a une idée du taux qui pourrait être appliqué à ces prêts, Monsieur GRISET ?

ALAIN GRISET
Non, d'abord ce sont des PME globalement qui ont besoin de fonds propres, de capitaux. Sur les taux naturellement il y a une discussion qui est en cours avec les banques et nous nous donnons avec Bruno LE MAIRE jusqu'à la fin du mois d'août, début septembre maximum pour avoir avec les banques tous les accords nécessaires. On a bien travaillé avec les banques pour les prêts garantis par l''Etat et je ne doute pas qu'on trouvera des solutions tout à fait adaptées, sécuriser les entrepreneurs et leur donner de la perspective, je pense que ça c'est extrêmement important.

GUILLAUME PAUL
C'est ça, pour les aider à redémarrer. Puisque vous parliez de prêts garantis par l'Etat il y a effectivement une petite musique qui commence à monter pas du côté du Gouvernement mais du côté de certaines organisations patronales qui disent "cinq ans pour rembourser effectivement le prêt garanti par l'Etat, si on ajoute à ça les remboursements des loyers décalés, des charges décalées, ça risque de devenir intenable ", autrement dit, le PGE a été une formidable bouffée d'oxygène, il risque de devenir un boulet. Est-ce que pour vous il est envisageable qu'on puisse donner plus que cinq ans aux entreprises pour rembourser le prêt garanti par l'Etat ?

ALAIN GRISET
Oui, ce prêt garanti par l'Etat il y a deux éléments qui sont importants, d'abord, un, c'est quel taux sera appliqué après la première année, donc nous travaillons avec toutes les banques actuellement pour regarder, pour avoir une sorte de sécurité en termes de taux pour les cinq prochaines années. Puis après il y a la durée, c'est vrai, je pense que si on peut obtenir de l'Europe parce qu'il y a une sorte de règle au niveau de l'Europe qui nous oblige à rester en dessous de six ans, donc si on peut travailler avec l'Europe et avec les banques pour envisager un allongement des remboursements je pense que ça sera également un bon signal pour les entreprises.

GUILLAUME PAUL
L'ironie de l'histoire c'est votre successeur à la tête de l'U2P qui lançait lui-même le débat il y a une semaine qui disait "il faudrait peut-être envisager jusqu'à 10 ans pour rembourser le prêt garanti par l'Etat". Est-ce que pour vous c'est quelque chose qui est du domaine du réalisable si ce n'est souhaitable finalement pour soutenir ces entreprises ?

ALAIN GRISET
C'est souhaitable, je l'avais moi-même évoqué il y a quelques semaines naturellement, maintenant il y a des règles qu'il faut qu'on regarde, il faut qu'on négocie encore une fois avec l'Europe d'abord puisqu'il y a une règle qui nous empêche au niveau européen d'aller au-delà de six ans et puis regarder avec les banques quelles conditions seront mises en place pour pouvoir rallonger ces prêts, donc ça c'est tout le travail que nous faisons actuellement jusqu'à la fin du mois d'août.

GUILLAUME PAUL
Bien. Comment est-ce que vous voyez la rentrée se profiler, Alain GRISET, on le disait, jusqu'à présent les soutiens de l'Etat, le chômage partiel, les allègements de charges, les annulations de charges ont constitué de formidables amortisseurs mais maintenant on risque d'entrer dans le dur, comment est-ce que vous voyez cette rentrée notamment l'automne prochain pour les U2P, les artisans et indépendants, finalement ?

ALAIN GRISET
Tout d'abord, vous le dîtes à juste titre, l'Etat a vraiment mis en place les outils tout à fait adaptés pour maintenir le tissu économique globalement, nous continuons, le Premier ministre nous a demandé avec Bruno LE MAIRE d'être attentifs, d'écouter, de faire des propositions très concrètes, le plan de relance va être annoncé le 25 août, ça va être un outil extrêmement puissant. Là il y a pour nous un objectif très clair c'est d'abord d'accompagner les secteurs les plus en difficulté, deuxième objectif c'est de participer à la transformation de l'économie. Nous allons essayer dans les prochaines semaines de s'adapter en fonction naturellement de l'état sanitaire mais en fonction de la façon dont les consommateurs eux-mêmes vont se comporter ! Je rappelle qu'il y a quand même un objectif de 100 milliards d'argent qui ont mis de côté par les Français, la participation des Français dans ce plan de relance est importante, chacun a une petite partie de la clé de la réussite de notre pays.

GUILLAUME PAUL
Il y a aussi effectivement l'épargne des Français mais il y a aussi l'état de santé des entreprises parce que c'est un sujet dont on parle beaucoup sur BFM Business et, vous le savez bien sûr, l'état d'endettement des PME françaises qui est un vrai sujet, un sujet à part entière qui ne date pas d'hier, Alain GRISET…

ALAIN GRISET
Oui, c'est vrai, c'est un vrai sujet, aujourd'hui nous n'avons pas eu beaucoup d'autres choix que d'accompagner les entreprises, nous comptons beaucoup pour réussir à avoir une reprise d'activité qui soit suffisante pour les accompagner. Notre objectif c'est qu'il n'y ait pas de fermetures ou en tout cas le moins possible, qu'il n'y ait pas une explosion du chômage, c'est tout l'objet de l'accompagnement de l'Etat qui est massif aujourd'hui et qui va continuer d'être très important dans cette période, c'est vrai, vous l'avez dit, entre septembre et décembre qui va être capitale pour notre pays et pour l'économie.

GUILLAUME PAUL
On verra effectivement, on en reparlera bien sûr la semaine prochaine, présentation donc de ce plan de relance dans huit jours, ça sera donc le mardi 25 août. Merci beaucoup Alain GRISET, merci infiniment d'être venu ce matin quelques minutes sur BFM Business parler des perspectives pour les PME. Alain GRISET, ministre délégué aux PME, merci d'avoir été avec nous ce matin sur BFM Business.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 18 août 2020