Texte intégral
JULIEN LANGLET
Notre invité aujourd'hui, Clément BEAUNE, secrétaire d'Etat aux Affaires européennes, bonjour.
CLEMENT BEAUNE
Bonjour.
JULIEN LANGLET
Merci à vous d'être là, et à mes côtés, comme chaque matin, pour vous interroger, Neïla LATROUS, bonjour à vous Neïla.
NEÏLA LATROUS
Bonjour Julien LANGLET et bonjour Clément BEAUNE. Cette nuit un avion médicalisé est parti d'Allemagne pour aller chercher Alexeï NAVALNY en réanimation après un malaise qui fait craindre une tentative d'empoisonnement, son état est instable, il n'est pas transportable, disent ses médecins, sa porte-parole s'inquiète sur une décision qui menace sa vie. Partagez-vous les craintes de la porte-parole d'Alexeï NAVALNY ?
CLEMENT BEAUNE
Je partage les craintes et le choc que représente cette situation dramatique, le président de la République l'a expliqué hier soir aux côtés de la chancelière allemande Angela MERKEL, pour partager à la fois cette indignation et cette crainte. Nous avons dit, la France et l'Allemagne, qui nous étions prêts, bien sûr, à apporter toute la protection nécessaire, à commencer par une protection, une assistance médicale, pour l'instant…
NEÏLA LATROUS
Il n'est pas protégé en Russie, il ne peut pas être soigné en Russie ?
CLEMENT BEAUNE
Ecoutez, je crois que les autorités russes elles-mêmes ont dit qu'elles n'étaient pas opposées à un éventuel transport, la question maintenant est très concrète, s'il n'apparaît pas - je suis prudent parce que la situation peut évoluer - selon son entourage lui-même, transportable à ce stade, donc nous sommes prêts à porter cette assistance dès qu'elle sera possible, ou si elle est possible, en tout cas il faudra aussi faire toute la lumière sur cette affaire qui indigne évidemment tout le monde.
JULIEN LANGLET
Et la thèse de l'empoisonnement, selon vous, elle ne fait aucun doute ?
CLEMENT BEAUNE
Ce n'est pas à moi de pouvoir le dire, je ne peux pas l'établir aujourd'hui. On voit bien qu'il y a une situation qui est grave, qui fait craindre un éventuel empoisonnement, mais il faudra l'établir, c'est aussi pour ça que la chancelière et le président ont insisté sur cette nécessité de transparence, parce qu'on voit bien qu'on a une situation extrêmement grave pour un opposant politique.
NEÏLA LATROUS
Quelle assistance peut apporter la France justement, notamment sur l'enquête, elle a un rôle à jouer ?
CLEMENT BEAUNE
Ecoutez, on verra, pas forcément directement, mais d'abord en insistant, dans les contacts que le président de la République a très régulièrement avec le président russe Monsieur POUTINE, pour insister - ce n'est pas forcément à nous de mener l'enquête et de nous immiscer - mais pour insister sur cette transparence, parce que, évidemment, Monsieur NAVALNY n'est pas n'importe qui, c'est un acteur politique, un opposant politique de premier plan.
NEÏLA LATROUS
Vous évoquez Vladimir POUTINE, qui avait été reçu lui-même l'an dernier au fort de Brégançon, est-ce que le dialogue est plus franc, plus exigeant, depuis notamment, je pense à la Biélorussie où l'Union européenne a proposé sa médiation ?
CLEMENT BEAUNE
Le dialogue il est régulier, parce qu'il est nécessaire, on peut avoir des désaccords, même des oppositions, fortes, avec la Russie ou les autorités russes, mais il serait contre-productif, je pense, et beaucoup plus négatif encore, de ne pas parler. On le voit sur toutes les crises régionales, Syrie, Libye, Ukraine évidemment, on le voit aujourd'hui effectivement sur la Biélorussie, on y reviendra sans doute, s'il n'y a pas un canal d'échange politique, qui peut être ferme, qui peut être parfois dur, qui n'est jamais naïf, avec la Russie, on se coupe d'une possibilité de discussion et d'efficacité. On l'a vu sur la crise ukrainienne depuis que le président a pris cette initiative exactement il y a 1 an, on a, petit à petit, même si c'est encore insuffisant, un certain nombre de progrès, de libération de prisonniers, etc. Donc ce dialogue il est exigeant, il est ferme, il est sans naïveté, il est nécessaire.
JULIEN LANGLET
Et sur la Biélorussie, où en est la situation, est-ce que la tentative de médiation proposée hier par Emmanuel MACRON a des chances d'aboutir ?
CLEMENT BEAUNE
Ecoutez, on l'espère, d'abord parce qu'elle est une tentative, une proposition de médiation, française, mais européenne, et européenne d'ailleurs au sens le plus large, puisque dans le cadre d'une organisation, dont fait partie la Russie, l'OSCE, nous défendons cette médiation. Le président de la République l'a dit hier soir, il a échangé avec Vladimir POUTINE, qui n'est pas opposé, qui est ouvert à cette médiation. Il est nécessaire de tenir ensemble les deux, d'avoir une position d'abord de soutien, c'est symbolique et c'est très politique, et c'est nécessaire, aux manifestants, au peuple biélorusse, qui défend ses droits, des libertés, très courageusement, il est nécessaire aussi de sanctionner, il ne faut pas rester simplement dans les déclarations, on le fera dans les prochains jours, les responsables des violences, de la répression…
NEÏLA LATROUS
Ce sera des sanctions européennes ?
CLEMENT BEAUNE
Européennes, bien sûr, et j'ai échangé d'ailleurs avec mon homologue britannique pour s'assurer aussi que, malgré le Brexit, nous gardons une influence commune, Union européenne et Royaume-Uni, c'est important, dans cette affaire, et puis un dialogue avec la Russie pour éviter que la situation ne nous oppose, et passer ce message commun de défense de la liberté en Biélorussie.
JULIEN LANGLET
Est-ce que le président du bélarusse LOUKACHENKO doit partir ?
CLEMENT BEAUNE
Ecoutez, ce n'est pas à nous de le dire, et ce n'est pas l'Europe qui peut décréter de nouvelles élections, ou qui décide des dirigeants d'un pays, même quand on a, on le voit d'évidence, des désaccords majeurs sur les libertés les plus élémentaires. En revanche, on l'a dit, les 27 européens l'ont dit dans un sommet qui a eu lieu mercredi, les élections, on ne reconnaît pas leurs résultats, elles ont été faussées, de manière évidente, et il faut un processus de dialogue, le plus rapidement possible, entre le pouvoir en place et les opposants, dont je rappelle d'ailleurs que l'Europe, deux pays de l'Union européenne, la Pologne, la Lituanie, les accueillent aujourd'hui pour assurer leur liberté politique.
NEÏLA LATROUS
Clément BEAUNE, secrétaire d'Etat aux Affaires européennes, le prochain Conseil ce sera le 24 et 25 septembre prochain a priori à Bruxelles, et d'ici là le plan de relance présenté mardi en Conseil des ministres, discuté dans le cadre du budget cet automne, l'opposition en France dit « nous perdons de précieux mois », est-ce qu'on aurait pu aller plus vite ?
CLEMENT BEAUNE
D'abord, on n'a pas attendu, ni aujourd'hui, ni mardi, puisque le plan de relance sera présenté en Conseil des ministres dès le 25 août, ni les discussions qui s'en suivent, pour agir, d'abord par des mesures d'urgence, trois lois de finances en France, plusieurs dizaines de milliards d'euros de soutien immédiat, je pense au chômage partiel, je pense à la liquidité apportée aux plus petites entreprises, etc. donc, le plan de relance il est pour une deuxième phase, mais la phase d'urgence elle a apporté une réponse immédiate et massive. J'ajoute d'ailleurs là-dessus, on le voit en comparant les choses dans le monde, ça fait toujours du bien de le rappeler, qu'il y a eu, en Europe, partout en Europe d'ailleurs, pas qu'en France, avec le chômage partiel notamment qui a été une réponse commune, une protection exemplaire des salariés, des emplois, des entreprises, même si ça va être très difficile, on l'a dit…
NEÏLA LATROUS
C'est un message que vous envoyez à ceux qui disent que l'Europe n'est pas assez solidaire et ne fait pas assez
CLEMENT BEAUNE
C'est pour se le rappeler, parce que quand on regarde même parfois nos amis américains, d'autres régions du monde, nulle part dans le monde on a autant protégé les entreprises et les salariés. Ça ne veut pas dire que tout va bien, ça ne veut pas dire que tout est parfait, mais je tiens quand même à le rappeler. Deuxième point, au niveau européen, on a agi par un plan de relance. Vous vous souvenez d'une crise précédente, cette crise grecque, ou la crise de la zone euro, où l'Europe avait été accusée, à juste titre, de ne pas agir assez, pas assez vite, pas assez… de manière pas assez solidaire, cette fois on a un plan de relance européen, 750 milliards d'euros, qui va être disponible dans quelques semaines, et on s'est battu, France, Allemagne notamment, pour le mettre en oeuvre, et il complétera, il amplifiera, le plan de relance français. Donc, la réponse est déjà en place, et là on parle de la relance, c'est-à-dire de reconstruire nos économies par des investissements, écologiques, numériques, industriels, et c'est cette phase qu'on met en place dès le 25 août. Je crois, honnêtement, qu'il n'y a eu aucune perte de temps dans la préparation de toutes ces échéances.
JULIEN LANGLET
On va en reparler dans un instant, de ce plan de relance, parce qu'il y a encore un écueil, il doit être approuvé par l'ensemble des Parlements de l'Union européenne, on y revient avec vous, Clément BEAUNE, secrétaire d'Etat aux Affaires européennes invité ce matin de France Info, mais d'abord 8h40 le fil info.
(…)
JULIEN LANGLET
Et notre invité, ce matin, est arrivé avec Jean CASTEX, dans le nouveau gouvernement, ancien conseiller aux Affaires européennes d'Emmanuel MACRON et donc nouveau secrétaire d'Etat aux Affaires européennes, Clément BEAUNE avec vous ce matin, et avec Neïla LATROUS.
NEÏLA LATROUS
Clément BEAUNE, le plan de relance qui est présenté mardi doit être avalisé par les députés européens, et l'Institut Jacques Delors a calculé, il y a 39 chambres nationales ou régionales dans l'Union européenne, qui doivent aussi voter en faveur de ce plan de relance, est-ce qu'il y a un risque de rejet ?
CLEMENT BEAUNE
Alors, c'est le charme démocratique de l'Union européenne, mais je crois qu'on peut le concilier avec l'efficacité, la rapidité. Donc, pour répondre directement à votre question, il y a toujours un risque, mais je ne crois pas du tout que ce plan de relance européen sera remis en cause. Il y a deux choses, en essayant d'être complet et rapide. Le Parlement européen, après l'accord qui a été trouvé par les 27 chefs d'Etat et de gouvernement en juillet, doit se prononcer, il a émis un certain nombre de critiques, mais j'allais dire de critiques ambitieuses, en gros il nous dit faites encore davantage. Pour la France, ça nous va bien, puisqu'on serait encore en faveur d'une ambition supplémentaire, même si le plan de relance qu'on a établi…
NEÏLA LATROUS
Notamment en matière d'écologie ?
CLEMENT BEAUNE
En matière d'écologie, c'est un bon exemple, je le dis au passage, il y a 30% du plan de relance européen, donc 30% de chaque plan de relance qui va être soutenu par l'Europe, dans chaque Etat membre, qui doit être consacré à des dépenses climatiques et écologiques, c'était une proposition de la France, qui a été poussée par le président de la République, acceptée par les 27 chefs d'Etat et de gouvernement, elle survivra, j'en suis sûr, à l'examen du Parlement européen. Donc, il faut un vote du Parlement européen dès le mois de septembre, donc on ne perd pas de temps, dans quelques jours, je pense qu'il interviendra, peut-être avec des exigences supplémentaires. Et puis il y a effectivement une ratification, qu'on s'est engagé à faire d'ici la fin de l'année, donc de manière accélérée, par tous les parlements nationaux que vous évoquiez, y compris, en France, le Parlement, qui aura à se prononcer, sur notamment ce qu'on a appelé l'endettement commun, c'est-à-dire le financement du plan de relance. Pour dire, d'un mot, les chefs d'Etat et de gouvernement qui étaient pendant 5 jours et 5 nuits, vous vous en souvenez sans doute, à Bruxelles, au mois de juillet, ont vérifié, quand ils ont une coalition parlementaire par exemple, qu'il y avait un soutien de leur majorité dans leur capitale, donc je ne suis pas inquiet. La vraie nécessité c'est d'aller vite, et donc de faire en sorte que cette ratification parlementaire permette le débat démocratique, c'est normal, on le fera en France encore une fois, mais en étant prêt d'ici la fin de l'année.
JULIEN LANGLET
Clément BEAUNE, vous parliez de l'écologie, quels projets seront éligibles pour obtenir ces aides européennes ?
CLEMENT BEAUNE
Alors, il y a un plan de relance français, qui va être présenté par le Premier ministre dès mardi, j'insiste là-dessus, il n'y a pas deux plans de relance, il y a un plan de relance français, qui va intégrer un certain nombre de financements européens…
JULIEN LANGLET
Il y a des conditions à remplir j'imagine.
CLEMENT BEAUNE
Bien sûr, et on l'avait dit, d'ailleurs, avant même le sommet européen, il y aura sans doute à peu près un tiers de ce plan de relance français qui sera consacré à des dépenses liées au climat ou à l'énergie, ce sera précisé dans les prochains jours. Pour être très concret ça peut être, il faut encore le définir, ça peut être des projets liés à la rénovation énergétique des logements, liés aux batteries électriques, qui est aussi un grand projet d'indépendance industrielle française et européenne, ça peut être des projets liés au ferroviaire, aux trains de nuit, au développement du ferroviaire, je vais, en vous quittant, aller voir un projet financé par l'Union européenne sur les mobilités à vélo, qui permet de relancer d'ailleurs toute une filière de production et de recyclage en France, qui est soutenu par l'Europe, et là aussi c'est un exemple très concret, écologique, qu'on trouvera certainement dans notre plan de relance, cofinancé par l'Europe.
NEÏLA LATROUS
"Ce n'est pas le contribuable français qui paiera ce plan de relance" assure Emmanuel MACRON, comment s'assurer justement que les nouvelles taxes qui sont créées, sur le plastique, sur le carbone, sur les géants du numérique, ne seront pas directement répercutées sur le portefeuille des Français ?
CLEMENT BEAUNE
Alors d'abord, à court terme, c'est très important, le plan de relance il est justement financé par un endettement commun, solidaire, européen…
NEÏLA LATROUS
D'ailleurs ça, ça veut dire que les 3% de Maastricht ça n'existe plus ?
CLEMENT BEAUNE
Alors justement, c'est intéressant, parce que je dis endettement commun, c'est l'endettement de l'Union européenne dans son ensemble, pas de chaque pays qui doit respecter les critères, pas en ce moment, parce que pendant la crise tout le monde en est dispensé, et personne ne les respecte, bien sûr, parce qu'on doit relancer sans aucun obstacle, mais au niveau européen on n'avait jamais fait ça, d'avoir une dette commune, qui n'est pas une d'aide pour le plaisir de s'endetter, mais pour financer des investissements, et en période de relance c'est normal, on s'endette, et puis, quand ça va mieux, on rembourse, et on rembourse ensemble au niveau européen. Donc ça, c'est pour dire que, à court terme, ça ne coûte rien aux contribuables parce qu'on fait cet effort de relance immédiat. Demain il faudra rembourser, demain ce n'est pas tout de suite d'abord, c'est après 2027, dans quelques années, le temps de reconstruire et de relancer nos économies. On a dit, au sommet européen, qu'il faudrait créer de nouvelles ressources au niveau européen, et on a dit aussi, c'est très important, parce qu'on a donné des exemples, taxe numérique, ce qu'on appelle parfois une taxe carbone aux frontières de l'Europe, c'est-à-dire payée par ceux qui ne sont pas européens et qui exportent en Europe, en France, de contribuer à la relance et au financement de ce plan. Pourquoi ? parce qu'aujourd'hui ce sont les acteurs, je pense aux grands géants du numérique, qui profitent de l'Union européenne, je rappelle que pour des secteurs du numérique l'Union européenne c'est un marché encore plus grand que les Etats-Unis, qui profitent de ce marché, presque 500 millions de consommateurs, et qui ne paient pas d'impôts, ou très très peu, moins souvent qu'une PME française dans un territoire ou d'un département français, c'est absolument anormal, et donc on se bat pour ce type de ressource européenne. Il y a encore un combat à mener là-dessus, il faudra en débattre dans les prochains mois, mais on a acté le principe au Conseil européen du mois de juillet.
JULIEN LANGLET
Clément BEAUNE, Emmanuel MACRON hier a parlé de l'Europe de la santé, de la possibilité, plutôt raisonnable, d'avoir d'ici quelques mois un vaccin, quelles informations avez-vous là-dessus ?
CLEMENT BEAUNE
Alors, je suis prudent, parce que ce sont des informations qui relèvent des scientifiques, le président a dit ce qui est, je crois, l'état de nos connaissances aujourd'hui, en étant prudent, un espoir raisonnable d'avoir, dans les prochains mois, peut-être l'année prochaine, un vaccin, en tout cas on fait tout pour, en le finançant au niveau français, au niveau européen. Je prends cet exemple parce que l'Europe de la santé c'est une très bonne chose, c'est objectivement une des lacunes de l'Europe aujourd'hui, on l'a vu…
NEÏLA LATROUS
Il y a des agences, un certain nombre d'agences…
CLEMENT BEAUNE
Il y a des agences, mais ce n'est pas suffisant, si on est tout à fait honnête, parce que on le voit, d'ailleurs, sur les questions de frontières, d'ouverture, de fermeture, on a parfois pas les mêmes données, donc il y a des pays qui disent là il y a un risque, et d'autres qui disent il n'y en a pas. Pourquoi ? Parce que chacun a son agence de santé qui évalue. Il faut avoir - je ne rentre pas dans trop de détails, mais je crois que c'est très important - une harmonisation européenne de ces données pour que les faits soient partagés. C'est l'initiative qu'ont prise hier le président et la chancelière.
NEÏLA LATROUS
Clément BEAUNE, cette Europe de la Santé, pardon de vous couper, mais on en parle depuis 1952, pourquoi est-ce qu'on réussirait aujourd'hui, 68 ans plus tard ?
CLEMENT BEAUNE
D'abord, vous avez raison, on en parle parfois, mais malheureusement on en parle assez rarement. S'il y a quelques mois on avait dit, notre grand projet pour l'Europe c'est l'Europe de la santé, je pense, sur ce même plateau, vous m'auriez dit est-ce que c'est vraiment la priorité ? Aujourd'hui on voit que c'est la priorité parce qu'on a eu un choc inédit, qu'on n'avait pas connu justement depuis la création du projet européen, c'est la pandémie du Covid. Et donc je crois que chacun réalise, l'Europe progresse, souvent dans les crises, qu'on ne peut plus se permettre, au niveau européen, de laisser à chacun cette compétence de santé.
JULIEN LANGLET
Puisqu'on parle de la pandémie, est-ce que vous avez une solution, désormais, pour les couples binationaux qui ont été séparés par cette pandémie, notamment ceux qui n'ont pas de statut administratif, c'est-à-dire ceux qui ne sont ni mariés, ni pacsés, est-ce qu'aujourd'hui vous pouvez leur promettre, ce matin, qu'ils pourront bientôt se retrouver ?
CLEMENT BEAUNE
Alors, on leur promet de trouver des solutions adéquates, parce que chaque situation est un peu différente, avec mon collègue Jean-Baptiste LEMOYNE on a pris en compte cette situation, et aujourd'hui, le cas que vous évoquez pour être très concret, ce sont des couples qui ne peuvent pas prouver leur lien, parce qu'il n'y a pas de mariage ou pas de Pacs par exemple…
NEÏLA LATROUS
Ils disent aussi que les consulats sont débordés, donc pas forcément…
CLEMENT BEAUNE
Oui, c'est vrai, parce qu'il y a beaucoup de cas. Ce qui est clair c'est que, il faut être tout à fait honnête, on met tout en haut de la liste et de notre agenda la protection sanitaire, donc on ne veut pas prendre de risque avec des circulations, des voyages, qui sont aujourd'hui restreints, voire interdits. En revanche, quand il y a des couples qui sont depuis plusieurs mois séparés, qui peuvent attester, par un domicile commun, par un achat en commun de quelque chose d'important, ça peut être une preuve qu'on apporte à son consulat, c'est sur ce type de dérogations, très très concrètes, qu'on travaille, en prenant l'exemple d'autres pays européens, le Danemark par exemple, qui ont mis en place ces solutions. On a conscience que c'est long, mais parce qu'on ne veut pas prendre de risque, et aujourd'hui on y travaille, avec plusieurs parlementaires, avec Jean-Baptiste LEMOYNE, pour trouver dans les prochains jours, dans les prochaines semaines, des solutions.
NEÏLA LATROUS
Clément BEAUNE, vous étiez donc, on rappelle, le conseiller Europe d'Emmanuel MACRON, avec qui vous avez une divergence majeure, il soutient l'Olympique de Marseille, je crois que vous êtes, vous, plutôt parisien. Où regarderez-vous le match PSG-Bayern Munich dimanche ?
CLEMENT BEAUNE
Je crois que cette divergence, si elle existe, parce que je suis parisien, et donc j'ai une tendresse particulière pour le Paris-Saint-Germain, je l'avoue, avec fierté, quand il y a une grande échéance européenne et qu'on affronte un autre pays, je crois que, le président lui-même, sans doute, soutiendra le Paris-Saint-Germain sans aucune réserve, et donc il n'y aura aucune divergence dimanche soir.
NEÏLA LATROUS
Est-ce que vous êtes confiant sur les chances françaises, tant pour l'équipe masculine en Ligue des champions, mais il y a aussi une Ligue des champions féminine en ce moment ?
CLEMENT BEAUNE
Absolument, il y a des quarts de finale féminins en Ligue des champions samedi, avec d'ailleurs deux clubs français, les mêmes, PSG et Olympique lyonnais, qu'on a connu en demi-finale hommes en début de semaine, et donc on a une semaine particulièrement historique et incroyable avec ces résultats féminins et masculins….
NEÏLA LATROUS
Dont l'OL féminin qui affronte les Allemands !
CLEMENT BEAUNE
Absolument, absolument, donc on a encore une chance franco-allemande…
JULIEN LANGLET
Et ça ne posera pas de problème au couple franco-allemand.
CLEMENT BEAUNE
Non, je crois qu'on a surmonté cette difficulté, il y a une finale, on aurait préféré qu'elle soit franco-française, pour les hommes dimanche, elle est franco-allemande, donc vous voyez, finalement, que pour l'instant on peut rester bons amis, et puis dimanche affrontera en toute amitié.
JULIEN LANGLET
Clément BEAUNE, secrétaire d'Etat aux Affaires européennes, était ce matin l'invité de France Info, merci à vous et merci aussi à vous Neïla LATROUS.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 24 août 2020