Interview de M. Gabriel Attal, secrétaire d'État, porte-parole du gouvernement, à France Info le 1er septembre 2020, sur la rentrée scolaire et le coronavirus, la fourniture et le port de masques à l'école et en entreprise.

Prononcé le 1er septembre 2020

Intervenant(s) : 
  • Gabriel Attal - Secrétaire d'État, porte-parole du gouvernement

Média : France Info

Texte intégral

MARC FAUVELLE
Bonjour Gabriel ATTAL.

GABRIEL ATTAL
Bonjour.

MARC FAUVELLE
Que dites-vous aux 12 millions, un peu plus même, d'écoliers, de collégiens et de lycéens, qui reprennent le chemin des cours ce matin ?

GABRIEL ATTAL
D'abord je leur souhaite bon courage parce qu'une rentrée c'est toujours un moment particulier, un moment qui peut être stressant, un moment aussi où on est content de retrouver ses camarades, mais c'est la fin des vacances, et puis je leur souhaite bon courage aussi, ainsi qu'aux professeurs, en cette année particulière, parce qu'on voit bien que les conditions sont particulières, avec notamment le port du masque, mais au-delà de ça un climat qui peut entraîner des inquiétudes quand on retourne dans un lieu collectif. Ce que je leur dis ensuite c'est que, ils peuvent avoir confiance, qu'on a mis en place un protocole sanitaire, des mesures, pour garantir que les risques, en matière de contamination, sont réduits au maximum dans le cadre de l'école.

MARC FAUVELLE
Vous diriez, comme Jean-Michel BLANQUER, on est préparé à tout ?

GABRIEL ATTAL
Je dis qu'on a mis en place tous les scénarios, on a mis en place des scénarios en fonction de ce qui peut se passer en termes de contamination, avec la réaction et les mesures qu'il faut prendre si jamais, par exemple, un cas était détecté dans une école.

SALHIA BRAKHLIA
Alors, qu'est-ce qui se passe ?

GABRIEL ATTAL
Si un cas est détecté dans une école, d'abord on isole l'élève concerné, on s'assure qu'il ait bien son masque sur lui, qu'il n'est pas en contact avec d'autres élèves, on demande un avis médical, on fait un test, le cas échéant, si on considère qu'il y a une suspicion, et puis ensuite on va faire le travail qu'on fait d'une manière générale autour de cette épidémie. Regardez les cas contacts, les élèves, les enseignants, qui ont pu croiser cet élève, on va les inviter à s'isoler…

MARC FAUVELLE
Pardon, comment on remonte les cas contacts dans une cour de récré quand les résultats tombent 3 jours après ?

GABRIEL ATTAL
Alors, d'abord on va faire en sorte que les résultats ne tombent pas 3 jours après, on fait beaucoup pour accélérer les tests, pour accélérer le diagnostic et le résultat, ensuite il y a une consigne, qui a été donnée aux établissements, ça dépend évidemment aussi de la circulation du virus, mais de faire en sorte qu'il y ait le moins de brassage possible des élèves, notamment de fonctionner par groupes, et dans certains départements, d'ailleurs, on va même faire en sorte que les élèves ne changent pas trop de classe dans la journée, mais que ce soit les enseignants qui tournent et qui changent de classe pour qu'il n'y ait pas trop de groupes qui se croisent. Mais, oui, c'est sûr que c'est compliqué, mais il y a beaucoup de professionnels….

SALHIA BRAKHLIA
Pour la cantine, par exemple, ce midi, comment ça va se passer ?

GABRIEL ATTAL
Pour la cantine il y a des consignes qui ont été données, faire en sorte qu'il n'y ait pas trop d'élèves au même moment dans la cantine, c'est-à-dire fonctionner par groupes, faire en sorte qu'il y ait des services qui soient peut-être un peu plus étalés pour qu'on n'ait pas une cantine bondée, voilà, tout ça a été mis en place, et puis en fonction, pour revenir à la question que vous posiez si jamais un cas est détecté, il y a une évaluation de la situation épidémique, si on a le sentiment que le virus a pu circuler dans une classe ou dans un établissement, on pourra être amené, si c'est nécessaire, à fermer une classe ou un établissement évidemment.

SALHIA BRAKHLIA
Qui prend la décision ?

GABRIEL ATTAL
La décision est prise par le rectorat et l'Agence régionale de santé au niveau local.

MARC FAUVELLE
Et dans ce cas-là, qu'est-ce qui se passe pour les parents qui doivent garder les enfants ?

GABRIEL ATTAL
Il y a des solutions qui devront être mises en place, d'abord moi ce que je veux assurer c'est qu'il y aura une continuité pédagogique, puisqu'on a beaucoup appris de la première vague et de ce qui s'est passé en mars dernier, qu'on a un système qui a été mis en place, qui a fonctionné, alors pas pour tous les élèves, il y a des élèves, malheureusement, qui ont décroché à cette occasion, mais qui a fonctionné, et donc il y aura une continuité des enseignements.

SALHIA BRAKHLIA
Mais si une école est fermée, si une classe est fermée, vous dites il y a des solutions qui vont être trouvées pour la garde d'enfant, mais c'est quoi les solutions ?

GABRIEL ATTAL
On proposera, j'imagine, au niveau local, des solutions, des solutions de garde…

SALHIA BRAKHLIA
C'est-à-dire que ce n'est pas prêt là encore ?

GABRIEL ATTAL
Comment ?

SALHIA BRAKHLIA
Vous imaginez, donc que ce n'est pas prêt.

GABRIEL ATTAL
C'est sans doute imaginé, je n'ai pas tous les détails de ce qui est prévu, mais en tout cas moi la garantie que j'ai, et pour avoir entendu Jean-Michel BLANQUER s'exprimer aussi, c'est qu'on ne laissera pas les parents sans solution, et que si jamais une décision, lourde, de fermer une classe ou de fermer une école est prise, évidemment qu'on proposera des solutions aux familles.

MARC FAUVELLE
On pourra prendre un congé garde d'enfants, dans ces cas-là, si, non pas son enfant est malade, mais s'il y a un cas dans son école et que l'école est fermée, les parents qui travaillent pourront prendre un congé garde d'enfant ?

GABRIEL ATTAL
Ecoutez, je n'ai pas la réponse précise à cette question, je ne connais pas tous les détails sur ce point-là en particulier, mais ce que je peux dire c'est que, on donne des garanties aux parents, pas d'inquiétude à avoir, il y aura des solutions qui seront proposées, et le cas échéant cette solutions…

MARC FAUVELLE
Alors, contrairement à l'Italie par exemple, Gabriel ATTAL, la France a fait le choix de ne pas distribuer de masques à l'ensemble des enfants, mais uniquement aux familles les plus modestes, écoutez ce qu'en disait il y a quelques jours sur le plateau de France 2 l'ancien chef de l'État, l'ancien président, François HOLLANDE.

FRANÇOIS HOLLANDE
Je pense que le masque étant maintenant quasi obligatoire, il doit être, dans l'enseignement public, comme privé d'ailleurs, gratuit.

JOURNALISTE
Pour tous ?

FRANÇOIS HOLLANDE
Pour tous.

JOURNALISTE
Et fournis par l'État aux élèves ?

FRANÇOIS HOLLANDE
Et fournis par l'Education nationale. On va bientôt – j'approuve d'ailleurs cette mesure – fournir des ordinateurs, on fournirait des ordinateurs et on ne donnerait pas de masques ? Tout ça n'a pas de sens.

MARC FAUVELLE
On n'avait pas les moyens de le faire ?

GABRIEL ATTAL
Ce n'est pas une question de moyens. Ce qu'on a décidé de faire, depuis le début de cette crise, c'est de garantir qu'il n'y ait pas de Français, que ce soit des parents ou des enfants, qui soient empêchés de se protéger pour des raisons financières, et donc on a distribué et envoyé par la Poste 100 millions de masques, à des familles modestes, parents et enfants, pour garantir qu'ils puissent accéder à une protection. Il y a 50 millions de masques grand public réutilisables qui ont été envoyés à, je crois, près de 8 millions de Français, qui leur permettent de tenir pendant 3 mois, et puis il y a des masques non-réutilisables, jetables, qui sont distribuées via des associations.

MARC FAUVELLE
Pardon, je reprends les chiffres, il y a 50 millions de masques qui ont été distribués à 8 millions de personnes, ça n'en fait même pas 10…

GABRIEL ATTAL
C'est des masques réutilisables.

MARC FAUVELLE
Réutilisables, d'accord.

GABRIEL ATTAL
C'est des masques réutilisables, je crois que c'est un jeu de 6 masques par personne, si je ne me trompe pas, qui sont réutilisables un certain nombre de fois, et donc l'évaluation c'est que chaque personne qui a reçu un masque peut réutiliser son stock pendant 3 mois, et on renouvellera cet envoi, évidemment, fin octobre ou début novembre…

SALHIA BRAKHLIA
Donc vous dites qu'il n'y a pas de défaillance de l'État sur le sujet, même si les départements, les régions, eux aussi ont pris la décision de distribuer des masques puisque vous vous ne l'avez pas fait complètement ?

GABRIEL ATTAL
Mais, depuis le début de cette crise, il y a des régions, des départements, des collectivités, qui ont pris la décision de distribuer des masques et qui l'ont refait, et c'est d'ailleurs dans leur droit absolu, et dans leurs compétences, puisque les collèges sont sous la responsabilité des départements et les lycées sont sous la responsabilité des régions, mais moi ce que je veux dire c'est que, il y a peu de pays au monde qui ont eu cette politique aussi volontariste pour distribuer des masques gratuitement à la population. Et je ne suis pas là à dire il faut claironner, etc., on considère que c'est normal, et qu'on ne peut pas avoir des Français qui sont empêchés de se protéger pour des raisons financières. Maintenant, la question qui était posée finalement, si on considérait qu'il fallait distribuer des masques à tous les élèves dans les écoles parce que c'est obligatoire dans les écoles, aura été plus largement de dire comme il est obligatoire aussi dans la rue, comme il est obligatoire dans un certain nombre d'établissements pour tous les Français, est-ce qu'il ne faut pas se lancer dans une distribution de masques, pour tout le monde, tout le temps ? Et là, il y a assez peu de pays au monde, je crois pas du tout, qui ont mis en place cette politique-là. Il y a effectivement, je crois, deux ou trois pays au niveau européen…

MARC FAUVELLE
L'Italie, la Grèce.

GABRIEL ATTAL
Italie, Grèce, et je crois…

SALHIA BRAKHLIA
La Suisse y pense aussi.

GABRIEL ATTAL
Voilà, mais les autres pays n'ont pas fait ce choix, je pense notamment à nos voisins allemands et autres, voilà, l'important c'est qu'il y ait cet engagement très fort pour les Français les plus modestes. On a aussi augmenté l'allocation de rentrée scolaire de 100 euros, par enfant, pour répondre à cet enjeu.

SALHIA BRAKHLIA
Juste une question technique, il se passe quoi si un enfant ne veut pas porter un masque dans une école ?

MARC FAUVELLE
J'allais poser la même question, la vie est bien faite.

GABRIEL ATTAL
Vous savez, les enseignants et les équipes encadrantes dans les établissements ils savent faire face à des situations difficiles parfois, avec des enfants, donc il va y avoir des discussions avec lui, une explication….

MARC FAUVELLE
Il sera mis à l'écart, je parle de quelqu'un qui sciemment ne voudrait pas porter le masque, peut-être parce que ses parents ne veulent pas ?

GABRIEL ATTAL
Je ne veux même pas rentrer dans cette réflexion-là, c'est-à-dire que je pense que…

SALHIA BRAKHLIA
Mais c'est possible, donc il faut l'imaginer.

GABRIEL ATTAL
Tout est toujours possible, on peut toujours tout imaginer, mais je ne crois pas du tout que ce soit l'esprit, on verra à l'occasion de cette rentrée. Et ce que je peux vous dire aussi c'est que, si jamais un enfant se présente ce matin, ou s'est présenté ce matin, à l'école, sans masque, on ne va évidemment pas le renvoyer chez lui, il y a des petits stocks de masques qui ont été constitués dans les établissements pour être en mesure de l'équiper d'un masque, voilà. On fait preuve à la fois de bon sens, de pragmatisme et surtout de confiance vis-à-vis des enfants et des familles.

MARC FAUVELLE
Après l'école on va parler des entreprises dans quelques instants, le protocole sanitaire a été dévoilé hier soir, assez tard, puisqu'il entre en application dès ce matin partout en France, on va essayer d'y voir plus clair avec vous Gabriel ATTAL, juste après le Fil info à 8h40.

(…) Infos

MARC FAUVELLE
Toujours avec le porte-parole du gouvernement Gabriel ATTAL, et une précision sur ce que nous disions il y a quelques minutes : dans le cas où des classes seraient fermées pour des parents qui travaillent, dont l'enfant ne serait pas forcément malade, mais dont la classe où l'école serait fermée, qui ne pourrait donc plus aller dans leur établissement, j'espère que je suis clair, Salhia, le congé parental pour de garde d'enfant va bien exister ?

GABRIEL ATTAL
Oui, pour répondre à la question que vous me posiez, pendant le fil info mon équipe a pu me préciser : effectivement le congé parental sera possible dans le cas où la classe, ou l'école est fermée, pour les parents.

MARC FAUVELLE Précision importante. Salhia BRAKHLIA, les entreprises. 

SALHIA BRAKHLIA
Gabriel ATTAL…

GABRIEL ATTAL
Il vaut mieux parfois se taire que dire une bêtise et vérifier les choses, c'est pour ça que c'est important. 

SALHIA BRAKHLIA
C'est toujours mieux. Aujourd'hui donc c'est aussi l'entrée en vigueur du port obligatoire du masque en entreprise. Quels sont les cas de figure où le salarié peut être dispensé de porter ce masque ?

GABRIEL ATTAL
Alors, il y a une obligation du port du masque, qui a été annoncée en entreprise il y a 15 jours. Evidemment il faut que ça puisse s'adapter, il y a des situations particulières, et donc on a saisi le Haut Conseil à la santé publique pour regarder dans quelle mesure des adaptations étaient possible ? Il y en a déjà deux. D'abord, si vous êtes dans un bureau individuel, si vous êtes seul dans votre bureau, vous pouvez ne pas porter le masque pendant que vous travaillez. Ensuite, si vous travaillez dans des ateliers de production, avec des métiers qui sont pénibles et où le masque vient rajouter de la pénibilité, si vous portez par exemple des charges lourdes, qu'il y a une ventilation suffisante…

SALHIA BRAKHLIA
S'il y a un effort physique.

GABRIEL ATTAL
.. Et qu'il n'y a pas trop de monde, là aussi vous êtes dispensé de porter le masque. Après, il y a d'autres adaptations possibles, en fonction de la circulation du virus dans votre département. 

SALHIA BRAKHLIA
Alors justement dans les départements rouges, on a regardé avec Marc, à plusieurs critères pour enlever son masque. Alors il faudra qu'il y ait une ventilation, des écrans en plexiglas entre les bureaux, une visière pour ceux qui le demandent, que le plafond mesure au moins 3,50 m, un référent Covid dans l'entreprise, que l'extraction d'air soit de haute performance, que chaque salarié dispose d'au moins 4 m². Ça ne fait pas un peu beaucoup tout ça ?

GABRIEL ATTAL
Eh bien ça fait un certain nombre de critères qui permettent d'aller travailler avec confiance et de pouvoir temporairement dans la journée retirer son masque avec confiance. Et je parle…

MARC FAUVELLE
Si un seul de ces critères n'est pas rempli, les 7 critères que Salhia vient de rappeler, il sera hors de question d'enlever le masque même quelques minutes dans la journée ?

GABRIEL ATTAL
Je vais vous dire quelque chose. On fait preuve de bon sens, de pragmatisme, et surtout fait confiance aux entreprises. Il n'y a pas une entreprise, un chef d'entreprise, qui a envie de mettre en danger la santé ou la sécurité de ses salariés.

MARC FAUVELLE
Justement, tous les chefs d'entreprise, à la lecture de ces critères, vont sans doute se dire : le seul moyen pour me protéger, dans le doute, et protéger mes salariés, c'est de dire : on porte le masque en permanence.

GABRIEL ATTAL
Ce n'est pas ce que j'ai entendu hier. D'abord parce que ce protocole sanitaire il a été fait avec eux, il a été diffusé hier soir parce qu'il y avait encore hier une réunion avec eux, pour le définir, ensuite parce que j'ai entendu des réactions, notamment le patron de la CPME, donc qui représente les PME, les patrons de PME notre pays qui disaient : voilà, c'est du bon sens, il y a des situations qui n'étaient pas réglées avant, qui sont réglées dans ce protocole. Je vous donne un exemple : sur les véhicules utilitaires, le précédent protocole disait : si un salarié est en voiture, il ne peut pas y avoir un autre salarié à la place à côté, mais doit sur la banquette arrière, si vous avez un véhicule utilitaire, il n'y a pas de banquette arrière et donc comment on fait ? Et donc voilà, c'est des sujets qui sont réglés dans ce protocole, et sur ces questions-là… 

SALHIA BRAKHLIA
Gabriel ATTAL, est-ce que l'État a prévu de faire des contrôles dans les entreprises, des contrôles aléatoires ?

GABRIEL ATTAL
Il y aura des contrôles, évidemment ils ne vont pas commencer tout de suite, il y aura, il y a un délai de mise en place de ce protocole. Mais encore une fois, moi je veux vraiment… 

SALHIA BRAKHLIA
Et alors il se passe quoi, s'il y a les défaillances, si des salariés ne portent pas le masque ?

GABRIEL ATTAL
Je veux vraiment insister sur le fait que personne ne pense qu'un chef d'entreprise voudrait ne pas respecter les consignes, voudrait mettre en danger ses salariés. Je pense que c'est important aussi d'avoir ce message de confiance, tout le monde fait au mieux dans cette situation, et les outils qui ont été diffusés, ils viennent comme un guide pour les aider, pour les accompagner. Ensuite, les services dont on dit qu'ils font les contrôles, ils font aussi de l'accompagnement. Une entreprise aujourd'hui qui se pose des questions, elle peut contacter les services de santé au travail, elle peut contacter sa DIRECCTE, avoir des conseils pour adapter les choses dans son entreprise. Et après évidemment il y aura des contrôles, et si jamais manifestement il y a une entreprise qui ne souhaitait pas respecter les consignes, eh ben bien sûr qu'il peut y avoir des sanctions, mais c'est comme pour la question que vous posiez… 

SALHIA BRAKHLIA
Quelles sanctions ?

GABRIEL ATTAL
C'est comme la question que vous me posiez tout à l'heure sur l'école. On se projette toujours dans le pire cas, dont on se dit que, a priori ça sera epsilonesque… 

SALHIA BRAKHLIA
Parce que tout est possible.

GABRIEL ATTAL
J'entends que tout est possible, mais, si vous voulez… 

SALHIA BRAKHLIA
Gouverner c'est prévoir.

GABRIEL ATTAL
Oui, mais on est dans un moment où il y a beaucoup d'inquiétudes, il y a beaucoup d'anxiété, et moi je pense que c'est important aussi d'instaurer un climat de confiance, et de faire confiance aux gens, aux entreprises en particulier, aux salariés et à tous ceux qui aujourd'hui font une rentrée dans des conditions difficiles, avec de l'inquiétude.

MARC FAUVELLE
Vous parlez du climat d'anxiété, Gabriel ATTAL, je pense aux téléspectateurs qui nous regardent peut-être en ce moment sur le canal 27, et qui se demandent pourquoi eux, eux trois, deux journalistes et un ministre, ne sont pas masqués ? Est-ce qu'on a un passe-droit à la télé ?

GABRIEL ATTAL
Alors, sur ce sujet-là, qui est un sujet très important, qui nous concerne effectivement tous les trois aujourd'hui, la profession, c'est-à-dire les représentants de l'audiovisuel, ont fait des demandes au ministère de l'Intérieur en disant qu'ils considéraient que c'était compliqué quand les journalistes ou les invités sont en train de parler, de porter le masque, pour des raisons sonores etc. Et donc il y a une discussion entre le secteur et le ministère du Travail, mais c'est le cas aussi pour d'autres secteurs, je vous donne un exemple : les conférences qui sont organisées, vous avez des conférenciers qui pendant plusieurs heures parlent devant un public, ont fait aussi des demandes.

MARC FAUVELLE
Mais il n'est pas exclu qu'on voit bientôt Anne-Sophie LAPIX ou Gilles BOULEAU, le soir au 20 heures, masqués ?

GABRIEL ATTAL
Il n'est pas exclu du tout, qu'à un moment…

MARC FAUVELLE
Ou nous.

GABRIEL ATTAL
Non, il n'est pas exclu que ça soit décidé, il y a des discussions en cours. En attendant que ces discussions aboutissent, c'est la décision de l'entreprise, en l'occurrence vous ne m'avez pas demandé de mettre un masque en rentrant sur ce plateau…

MARC FAUVELLE
Non, mais si vous en aviez mis un, on vous aurait laissé le porter.

GABRIEL ATTAL
En tout cas, je crois que c'est une question…

MARC FAUVELLE
Jean-François DELFRAISSY, le président du Conseil scientifique, qui était assis à votre place il y a quelques jours, est venu masqué, il a fait le choix d'enlever le masque juste avant l'interview, mais on lui avait évidemment dit la même chose, que s'il souhaitait être masqué, il pouvait le faire. Et c'était son droit.

GABRIEL ATTAL
Mais en tout cas, moi, comme tous les responsables politiques, et j'imagine tous les journalistes, on se fiera à la décision qui sera prise. Ensuite évidemment je portais mon masque jusqu'à l'entrée dans le studio, et je le porte le plus régulièrement possible, en tout cas dès que c'est nécessaire, et que c'est obligatoire. J'étais en déplacement à Strasbourg, à Mulhouse, en fin de semaine, je portais mon masque, toute la journée, voilà c'est normal. Et je comprends que ces questions puissent se poser et que pour des gens qui nous regardent, ils se disent : mais attendez, ils sont dans un lieu clos etc. Bon, là-dessus il y a des précisions qui seront données dans les prochains jours. 

SALHIA BRAKHLIA
Gabriel ATTAL, un tout autre sujet. "Pour ne pas gâcher tous les talents de la droite, passons un accord avec Emmanuel MACRON, pour qu'il soit notre candidat commun à la présidentielle", cette phrase est signée Christian ESTROSI, maire Les Républicains de Nice, dans Le Figaro. Elle vous a fait plaisir c'est interview ?

GABRIEL ATTAL
D'abord, pour nous la question de la présidentielle n'est pas du tout d'actualité, c'est-à-dire qu'en ce moment on ne réfléchit pas à la présidentielle de 2022, on fléchit à la rentrée scolaire évidemment, à la relance du pays qu'on va annoncer jeudi avec un plan de 100 milliards d'euros pour relancer l'économie. Et à cette petite épidémie qu'il nous faut gérer. 

SALHIA BRAKHLIA
Et vous n'êtes pas content ce matin en lisant ça ?

GABRIEL ATTAL
Je vais vous dire, moi je suis Marcheur, je me suis engagé avec Emmanuel MACRON en 2016, parce que je crois au dépassement des clivages, et je pense que, je pensais déjà en 2016 que des personnes qui viennent d'horizons politiques différents, peuvent se rassembler pour l'intérêt général, et je le pense encore plus aujourd'hui, on est dans un moment historique de crise, qu'il nous faut aider le pays à se relever ? Donc évidemment moi je suis toujours satisfait quand des personnalités qui aujourd'hui ne font pas partie de la majorité, apportent leur soutien au président de la République. Et pour moi l'important c'est de soutenir l'action qui est menée aujourd'hui pour relever la France. La question de la présidentielle, elle n'est pas à l'ordre du jour aujourd'hui. 

SALHIA BRAKHLIA
Mais alors, qu'est-ce que vous dites aux membres des Républicains qui sont un peu récalcitrant et qui n'ont peut-être pas envie de vous rejoindre, vous leur titre quand même : on peut faire des, on peut discuter ensemble ?

GABRIEL ATTAL
Mais nous, depuis le début on tend la main à tous ceux qui ont envie de s'engager avec nous pour le pays, donc je ne vais pas changer de discours aujourd'hui, évidemment, on tend la main à toutes les bonnes volontés et à tous ceux qui ont envie de nous aider. 

SALHIA BRAKHLIA
J'allais dire, en même temps, quand on regarde la composition du gouvernement, Jean CASTEX Premier ministre issu de la droite, Gérald DARMANIN issu de la droite, Bruno LE MAIRE issu de la droite. Qu'est ce qui reste de gauche d'Emmanuel MACRON ?

GABRIEL ATTAL
D'abord, moi je n'aime pas quand on regarde le gouvernement, réfléchir en termes d'origines, enfin, un gouvernement ce n'est pas…

MARC FAUVELLE
Ce n'est pas une honte d'avoir … de droite ou de gauche.

GABRIEL ATTAL
Non, ce n'est pas une honte, mais enfin, je veux dire, un gouvernement ce n'est pas une course hippique, on ne regarde pas les écuries des uns et des autres. L'important c'est pourquoi on est là et quel est le projet. Et je vais vous dire, quand vous demandez ce qu'il reste de gauche, il y a quelques semaines on a annoncé le Ségur de la santé, avec presque 10 milliards d'euros pour revaloriser les salaires de ceux qui travaillent à l'hôpital, dans les EHPAD, dans le médico-social, je n'ai pas le souvenir qu'un gouvernement de droite, de gauche non plus d'ailleurs, se soit engagé à ce point avec ce caractère social. Voilà. L'important c'est ce qui est fait. Et aujourd'hui les électeurs de gauche, les responsables de gauche, selon moi, enfin on peut ne pas être d'accord, ont des raisons de se reconnaître dans l'action qui est menée.

MARC FAUVELLE
Le porte-parole du gouvernement, Gabriel ATTAL, invité de France Info jusqu'à 09h00. On s'interrompt quelques instants pour retrouver Mélanie DELAUNAY pour le Fil info à 08h50.

(…) Infos

MARC FAUVELLE
Gabriel ATTAL, est-ce qu'il vous arrive d'acheter ou de lire Valeurs actuelles ?

GABRIEL ATTAL
Il m'est arrivé de le lire.

MARC FAUVELLE
De l'acheter ?

GABRIEL ATTAL
Pas de l'acheter, je crois, mais en tant que porte-parole du gouvernement je reçois toute la presse.

MARC FAUVELLE
C'est un bon journal ?

GABRIEL ATTAL
Moi je… enfin, vous imaginez, je suis porte-parole du gouvernement, je ne vais pas commencer à dire ce qui est un bon et qui est un mauvais journal, et je suis censé m'adresser à tout le monde et respecter tout le monde. Maintenant, si vous vous faites référence à ce qui s'est passé avec le dessin de Danièle OBONO, évidemment…

MARC FAUVELLE
Danièle OBONO, députée de la France insoumise, dessinée, caricaturée en esclave dans le cadre d'une fiction, le Parquet de Paris a ouvert une enquête pour injure à caractère raciste, c'est une bonne chose ?

GABRIEL ATTAL
Enfin, là c'est pareil, c'est la décision du Parquet de Paris. Moi, ce que je peux vous dire, c'est que j'ai évidemment été indigné par cette image. Il y a peu de députés, à l'Assemblée nationale, dont je me sens aussi éloigné, sur le fond, que Danièle OBONO, et pourtant j'ai été indigné par cette image, comme je l'aurais été pour n'importe qui d'autre, parce qu'on ne peut pas représenter, d'une manière générale, quelqu'un, viser quelqu'un, et le représenter en esclave, et en particulier une élue de la République qui a été, qu'on le veuille ou non, élue par ses concitoyens, par des Français dans sa circonscription, pour les représenter à l'Assemblée nationale.

MARC FAUVELLE
Vous regrettez d'avoir, par le passé, accordé des interviews à Valeurs actuelles, ou vous le referiez au nom de ce pluralisme dont vous parliez il y a quelques instants, c'est-à-dire il faut parler à tout le monde ?

GABRIEL ATTAL
Je ne sais pas répondre à votre question…

MARC FAUVELLE
S'ils vous appellent demain pour demander une interview, s'ils appellent le porte-parole du gouvernement, vous dites oui ou vous dites non ?

GABRIEL ATTAL
Je pense que je ne refuserai pas, mais je pense que je dirai ce que je pense de leur ligne éditoriale sur sujet-là dans l'interview.

SALHIA BRAKHLIA
Donc vous pourriez encore leur parler, est-ce que vous avez conscience qu'en accordant des interviews, à Valeurs actuelles, comme l'a fait le président de la République, vous participez à cette respectabilité du magazine ?

GABRIEL ATTAL
D'abord, comme l'ont fait, je crois, des responsables politiques de tous les partis, y compris de la France Insoumise…

SALHIA BRAKHLIA
Oui, mais je vous pose la question.

GABRIEL ATTAL
Non, mais c'est important de redire les choses.

MARC FAUVELLE
Ils disent tous ça quand on les interroge, ils disent "il y a les autres aussi, donc je ne suis pas tout seul."

GABRIEL ATTAL
Oui, bien sûr, mais je veux dire l'important c'est, on vous propose une interview, vous répondez aux questions, vous passez un certain nombre de messages, y compris…

SALHIA BRAKHLIA
Mais vous faites le choix de répondre.

GABRIEL ATTAL
Y compris pour contester des messages qui sont portés dans le cadre d'une ligne éditoriale d'un journal, voilà. Mais, encore une fois, la situation, en plus je suis porte-parole du gouvernement, je ne considère pas qu'il faille exclure des médias.

SALHIA BRAKHLIA
Donc vous pourriez répondre à nouveau à Valeurs actuelles. L'insécurité, c'est le sujet, le thème sur lequel la droite a décidé de vous attaquer, le gouvernement, "l'immense faillite du quinquennat, la sécurité" dit Xavier BERTRAND le président de la région des Hauts-de-France. Il vous reste donc 2 ans pour redresser la barre ?

GABRIEL ATTAL
D'après Xavier BERTRAND non, d'ailleurs on voit bien que Xavier BERTRAND, qui régulièrement rappelle sa candidature à l'élection présidentielle, considère que, lui, on y est déjà, et à priori il ne pense qu'à ça puisque, à l'écouter, on a l'impression que le quinquennat est terminé. Il reste 2 ans, évidemment qu'on va continuer à agir. Et ensuite non, je ne suis pas d'accord avec ce qui est dit. La sécurité c'est un sujet extrêmement difficile, c'est un sujet de vie quotidienne pour beaucoup de Français, c'est un sujet où vous pouvez mettre des moyens…

SALHIA BRAKHLIA
Mais est-ce que vous vous trouvez à la hauteur ?

GABRIEL ATTAL
Vous pouvez mettre des moyens très importants au niveau national, et on l'a fait depuis 2017, parce qu'on a augmenté le budget d'1 milliard d'euros, parce qu'on a recruté 10 000 policiers et gendarmes, parce qu'on a payé les heures supplémentaires, ça faisait des années qu'elles n'étaient pas payées, parce qu'on a mis en place une prime de nuit, parce qu'on renouvelle…

MARC FAUVELLE
Est-ce que vous diriez, Gabriel ATTAL, qu'il y a moins de délinquance aujourd'hui qu'au début du quinquennat ?

GABRIEL ATTAL
Je ne dis pas ça, ce que je dis c'est que, on est à la hauteur en termes de moyens, et que maintenant il faut que sur le terrain ça se ressente, ça prend du temps, mais on agit, et maintenant il y a un autre enjeu qui est posé, c'est celui de l'effectivité et de l'efficacité des peines, et des sanctions, on voit bien.

MARC FAUVELLE
C'est-à-dire qu'on peut investir 1 milliard, comme vous venez de le rappeler, pour l'instant ça ne fonctionne pas, ça coince où ?

GABRIEL ATTAL
Non, mais, je vais vous dire, il y a des résultats, je ne dis pas qu'ils sont au rendez-vous partout, je ne vous dis pas tout va très bien, c'est parfait. J'ai fait moi-même des déplacements, je suis allé dans ce qu'on appelle des quartiers de reconquête républicaine, qui sont des quartiers qu'on a visés spécifiquement parce qu'il y avait beaucoup de délinquance, parce qu'il y avait des enjeux d'insécurité très forts, et on s'est dit sur ces quartiers-là on va mettre le paquet, on va mettre les moyens, et on voit que vous avez des gendarmes, des policiers supplémentaires, qui arrivent, et que vous avez des réseaux de trafic qui sont démantelés, et que cette action elle est là. Mais, encore une fois, ce n'est pas réglé partout, pour tout le monde, et il y a beaucoup de Français aujourd'hui, qui ressentent, mais qui vivent l'insécurité.

SALHIA BRAKHLIA
Gabriel ATTAL, vous parliez justement il y a quelques minutes des peines, hier Valérie PECRESSE, la présidente de la région Ile-de-France, était l'invitée de la matinale de France Inter et elle a pointé un problème, écoutez là.

VALERIE PECRESSE
Nous avons un problème aujourd'hui dans le pays, c'est un problème avec la sanction, la sanction. Il n'y a pas d'éducation, il n'y a pas de respect de la loi, sans une sanction immédiate, rapide, proportionnée, adaptée.

SALHIA BRAKHLIA
Vous avez acquiescé en l'écoutant, ça veut dire que la justice est trop laxiste aujourd'hui ?

GABRIEL ATTAL
Non, je ne dis pas ça, je dis que, quand quelqu'un commet un acte de délinquance, un crime évidemment, mais un acte de délinquance du quotidien en particulier, parce que c'est souvent ça qu'on entend sur le terrain, ce sentiment d'impunité face à, soit des incivilités, soit de la délinquance du quotidien, il faut qu'il y ait une réponse pénale, une réponse de la justice immédiate et que la peine soit… et que la sanction soit effectuée immédiatement.

SALHIA BRAKHLIA
C'est trop lent aujourd'hui ?

GABRIEL ATTAL
Oui, ça peut être trop lent, c'est trop long. Eric DUPOND-MORETTI l'a dit, ça va être un de nos chantiers très importants, j'étais chez certains de vos confrères dimanche, je disais il faut qu'on en revienne à ce principe "tu casses, tu répares, tu salis, tu nettoies", voilà, ça paraît tout bête comme ça, mais c'est important…

MARC FAUVELLE
C'est-à-dire quitte à trouver d'autres peines que la prison ?

GABRIEL ATTAL
Bien sûr, évidemment.

MARC FAUVELLE
Qu'est-ce que ça pourrait être ?

GABRIEL ATTAL
Ça peut être des travaux d'intérêt général, mais on a commencé, on a commencé depuis maintenant 3 ans, il y a une loi qui a été portée par Nicole BELLOUBET, qui fait que, pour les peines supérieures à 1 an il ne peut plus y avoir de dérogation d'adaptation parce que c'est des actes particulièrement graves, et puis, pour les peines inférieures, on va vers des travaux d'intérêt général. Un gamin, comme je le disais, qui tague un mur, il faut que le lendemain matin il soit sont en train de nettoyer le mur.

SALHIA BRAKHLIA
Mais ça c'est réel, ça marche, ça existe vraiment, vous avez des chiffres ?

GABRIEL ATTAL
Ça peut exister, et c'est ce qu'on va faire. Moi ce que je vous dis c'est qu'aujourd'hui ça n'existe pas suffisamment…

SALHIA BRAKHLIA
Ça peut exister, donc vous ne savez pas où on en est aujourd'hui.

GABRIEL ATTAL
Et qu'on va avoir un séminaire du gouvernement la semaine prochaine, autour du président de la République, que le président de la République a demandé que ce sujet-là figure à l'ordre du jour et qu'il y ait des mesures qui soient portées par le Garde des sceaux et le ministre de l'Intérieur, rapidement, pour qu'on puisse tendre vers cet objectif.

MARC FAUVELLE
Merci à vous Gabriel ATTAL, porte-parole du gouvernement, invité ce matin de France Info.

GABRIEL ATTAL
Merci.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 17 septembre 2020