Texte intégral
CLEMENCE DE LA BAUME
Bonjour à tous. « Deux points l'Eco », c'est en effet aujourd'hui avec Alain GRISET, ministre délégué auprès du ministre de l'Economie, chargé des PME. Bonjour.
ALAIN GRISET
Bonjour.
CLEMENCE DE LA BAUME
Merci d'être avec nous pour évoquer bien sûr ce plan de relance présenté hier par le gouvernement ; c'est l'une des mesures phares, une baisse de 20 milliards des impôts de production, 10 milliards par an. D'abord, ce n'est pas très clair, est-ce que ces impôts de production, cette baisse des impôts de production va être pérennisée au-delà de 2022 ?
ALAIN GRISET
La réponse est oui, c'est une partie de ces impôts de production, je rappelle qu'il y a quand même plus de 70 milliards d'écart avec ce que les Allemands payent, et donc, il y a 10 milliards en 2021, dès le 1er janvier et 10 milliards en 2022, et c'est pérennisé.
CLEMENCE DE LA BAUME
Alors justement, vous venez de le dire, beaucoup d'écart avec nos voisins, les Allemands, comment vous allez réussir à réindustrialiser la France, c'est l'objectif, en sachant qu'on baisse les impôts de production de 10 milliards, alors qu'il faudrait 35 milliards juste pour revenir dans la moyenne européenne ?
ALAIN GRISET
Eh bien, parce que derrière, il y a d'autres actions dans le plan de relance, qui va donner encore plus de compétitivité, et qui va, je l'espère, attirer les industriels pour relocaliser une partie de l'industrie.
CLEMENCE DE LA BAUME
Vous avez une idée des entreprises que vous aimeriez relocaliser en France ?
ALAIN GRISET
Tout est possible, mais il y a aussi l'industrie nouvelle, il y a beaucoup de créations à faire, lorsqu'on parle d'économie d'��nergie, il va falloir créer de nouveaux modèles, et donc c'est relocaliser des entreprises qui sont peut-être parties, mais également créer de nouveaux dispositifs.
CLEMENCE DE LA BAUME
Donc attirer les investissements.
ALAIN GRISET
Attirer les investissements.
CLEMENCE DE LA BAUME
En échange de la baisse des impôts de production, Bruno LE MAIRE a évoqué des contreparties, notamment d'ordre environnemental, vous, ministre des PME, qu'est-ce que vous attendez précisément comme contreparties de la part des entreprises ?
ALAIN GRISET
Je ne sais pas s'il faut parler de contreparties, parce que l'objectif, c'est de doper la reprise, l'économie, objectif début 2020, reprendre la part que nous avions en février de cette année, et puis, derrière, aussi accompagner l'emploi, et il y a beaucoup de mesures dans ce plan de relance, parce qu'il y a 10 milliards d'impôts de production, mais c'est 10 milliards sur 100, et donc les autres 90 milliards, c'est aussi pour doper l'emploi, pour accompagner les entreprises dans l'emploi…
CLEMENCE DE LA BAUME
Mais justement, vous aidez les entreprises, vous ne pouvez pas – vous allez leur demander des contreparties – vous ne pouvez pas ne pas leur demander des contreparties si vous leur faites un chèque, si je puis dire ?
ALAIN GRISET
Le terme « faire un chèque » n'est pas être fait juste.
CLEMENCE DE LA BAUME
C'est caricatural.
ALAIN GRISET
Merci. Non, l'objectif, quand même, c'est de permettre aux entreprises d'embaucher, en particulier les jeunes, dans ce plan pour l'avenir, il y a beaucoup, beaucoup d'argent pour les jeunes, parce qu'on met un focus particulier pour donner de l'espoir aux jeunes, et pour leur permettre de trouver un emploi.
CLEMENCE DE LA BAUME
Mais donc pas de contreparties comme l'a évoqué Bruno LE MAIRE ?
ALAIN GRISET
Si, mais les contreparties, c'est que, naturellement, on transforme l'économie, et donc à partir du moment où il y aura un soutien, on va demander à ce que les entreprises puissent se placer dans cette économie décarbonée, de façon à ce que la France soit exemplaire, et donc, il y a une grande partie de cet argent qui est basée sur la rénovation des bâtiments, sur l'écologie, qui est naturellement plus de 30 milliards dans le plan de relance.
CLEMENCE DE LA BAUME
Mais si elles ne jouent pas le jeu les entreprises, qu'est-ce qui se passe ?
ALAIN GRISET
Mais pourquoi elles ne joueraient pas le jeu, les hommes et les femmes qui sont des chefs d'entreprise sont des hommes et des femmes responsables, et donc je crois que tout le monde a intérêt, parce que le fait de faire des bâtiments, rénover, le fait d'être sur l'écologie, ça va créer de l'emploi, les entrepreneurs, ils sont là pour effectivement que leur entreprise marche bien. Le principe qu'une entreprise soit là uniquement pour profiter de subventions, je crois n'est pas un bon principe…
CLEMENCE DE LA BAUME
On a aidé AIR FRANCE et AIR FRANCE a licencié…
ALAIN GRISET
J'entends bien, mais si on n'avait pas aidé AIR FRANCE, AIR FRANCE aura fermé. Donc l'objectif, c'est de pouvoir maintenir les emplois, en développer, permettre à la France de se transformer, et surtout regarder, parce qu'à un moment donné, il y aura, j'espère le plus tôt possible, la fin du problème sanitaire, donc dire : il y a une petite lumière au bout du tunnel, il faut que nous nous préparions pour qu'au moment venu, nous soyons prêts à ce que notre pays soit la tête du peloton.
CLEMENCE DE LA BAUME
Outre ces impôts de production dont on vient de parler, il y a beaucoup d'autres aides, vous en avez parlé, qui s'ajoutent encore aux aides qui étaient préexistantes, comment le chef d'entreprise peut s'y retrouver dans toutes ces aides ?
ALAIN GRISET
Je voudrais d'abord rappeler quand même que la France est sûrement le pays d'Europe qui a le plus à accompagner les entreprises, les salariés également, parce que tout n'a pas été fait uniquement pour les entreprises, l'objectif, c'est quoi, c'est de dire : il faut absolument que nous arrivions à maintenir le tissu d'entreprises pour être prêts et pour éviter des catastrophes économiques.
CLEMENCE DE LA BAUME
L'objectif, on a bien compris, mais comment on s'y retrouve parmi toutes ces aides quand on est chef d'entreprise ?
ALAIN GRISET
Eh bien, il suffit simplement d'aller sur le site du gouvernement, de regarder les organisations professionnelles, tout ça est assez connu et assez accessible, d'ailleurs, quand on voit le fonds de solidarité, le PGE, le prêt garanti par l'Etat, les cotisations sociales, tout ça, c'est des outils qui ont été très utilisés par les entreprises, et d'ailleurs, ce qui a permis de maintenir le tissu économique, et par ailleurs, c'est vrai qu'il y a malheureusement un peu plus de chômage, mais beaucoup moins… vous avez vu ce qui s'est passé aux Etats-Unis, 3 semaines, 45 millions de chômeurs, on a eu, aujourd'hui, en France, grâce à l'action du gouvernement, malgré tout, un choc qui n'a pas été aussi important.
CLEMENCE DE LA BAUME
Toutes ces mesures, Alain GRISET, pour les entreprises, les PME, c'est bien, mais les entreprises ont aussi besoin que les Français consomment, la consommation, vous le savez, est en berne, est-ce que vous croyez que ce plan est de nature à redonner confiance aux Français pour relancer justement la consommation ?
ALAIN GRISET
J'espère en tout cas, parce que c'est vrai, 85 milliards pour l'instant d'argent qui ont été économisés par les Français, même quelquefois d'ailleurs sur leur compte courant, ce qui veut dire que ça ne rapporte rien.
CLEMENCE DE LA BAUME
100 milliards à la fin de l'année selon LA BANQUE DE FRANCE.
ALAIN GRISET
Voilà. Donc je pense que ceux qui ont les moyens, ceux qui peuvent le faire, ce n'est pas le cas de tout le monde, mais ceux qui peuvent le faire doivent pouvoir se faire plaisir, pouvoir investir, pouvoir consommer…
CLEMENCE DE LA BAUME
Sauf que cet argent c'est peut-être un argent dont ils auront besoin dans les semaines à venir s'ils perdent leur emploi par exemple.
ALAIN GRISET
Non, mais ça, c'est la crainte de l'avenir, moi, ce que je souhaite, c'est que tous ensemble, on essaie d'avoir une positivité pour l'avenir. Chaque Français a un petit peu de réussite entre ses mains, chaque Français, d'abord, au niveau sanitaire, chacun contribue à essayer d'éviter que le virus se développe, et puis, sur le plan économique, chacun, quand il a les moyens, peut contribuer à ce que notre pays reparte. Et donc en gros, certes, on peut faire un peu d'économie, mais en avoir à un tel niveau, je crois qu'aujourd'hui, ça ne correspond pas à ce qu'on doit faire.
CLEMENCE DE LA BAUME
On terminera sur cette note d'optimisme. Merci beaucoup Alain GRISET d'avoir été avec nous ce matin…
ALAIN GRISET
Merci à vous. Bonne journée.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 23 septembre 2020