Texte intégral
MARC FAUVELLE
Bonjour Elisabeth BORNE.
ELISABETH BORNE
Bonjour.
MARC FAUVELLE
Bienvenue sur France Info. Le gouvernement a dévoilé hier le détail du plan de relance, les 100 milliards d'euros censés réveiller notre économie du coronavirus. Ecoutez ce qu'en dit le leader de la CGT, Philippe MARTINEZ.
PHILIPPE MARTINEZ, SECRETAIRE GENERAL DE LA CGT
Eh bien, notez, rien pour les salaires, notamment pour les salaires de ceux qu'on a appelé les premiers de corvée, la deuxième ligne, je pense aux caissières, aux salariés des commerces, aux aides à domicile, aux agents de sécurité, ça c'est un problème. Après avoir dit qu'ils étaient indispensables à l'économie, on l'a vu, eh bien ils n'ont rien.
MARC FAUVELLE
Vous les avez oubliés, les premiers de corvée, de l'épidémie ?
ELISABETH BORNE
Enfin, je pense qu'il faut bien comprendre que le plan de relance, il a une place très importante dans cette rentrée, mais qu'il ne traite pas tous les sujets, et je pense que Philippe MARTINEZ sait qu'on a un agenda social, dans lequel précisément il y a cette question des salariés de la deuxième ligne, donc il y aura des discussions avec les partenaires sociaux sur ce sujet.
MARC FAUVELLE
Mais rien par exemple pour relancer la consommation en France, ce qui n'est pas le choix qu'ont fait certains de nos voisins, comme l'Allemagne, qui baisse assez massivement la TVA, justement, pour remettre du carburant dans le moteur économique.
ELISABETH BORNE
Alors, je pense qu'on n'est pas dans la même situation que l'Allemagne, ni sur nos taux de TVA, ni sur l'impact qu'aurait une baisse de TVA qui se traduirait sans doute par des importations massives, mais effectivement pas des emplois en France. Et puis vous savez, on a quand même fait beaucoup pour pouvoir d'achat. Quand on a pris en charge la rémunération de près de 9 millions de Français, avec l'activité partielle, eh bien c'est 9 millions de Français, alors que l'économie était à l'arrêt, qui ont eu leur rémunération assurée. Donc je pense que c'est aussi un soutien massif au pouvoir d'achat des Français. Et de fait on voit qu'on est le pays sans doute qui a le plus préservé le pouvoir d'achat. Les Français ont épargné et on espère tous qu'ils vont maintenant consommer.
SALHIA BRAKHLIA
Elisabeth BORNE, pourquoi certains ont l'impression que ce plan de relance c'est un cadeau aux entreprises ? Peut-être parce qu'il n'y a pas de contrepartie qui leur est demandée.
ELISABETH BORNE
Alors, la priorité numéro 1 du plan de relance, c'est l'emploi. Evidemment, tout le volet que je porte particulièrement sur emploi et compétences, eh bien c'est très clair, vous avez une prime à l'embauche si vous embauchez, si vous embauchez un jeune, si vous embauchez un apprenti. Si vous n'embauchez pas, s'il n'y a pas de contrepartie en termes d'emploi…
MARC FAUVELLE
En CDD ou en CDI ?
ELISABETH BORNE
En CDI ou en CDD de plus de 3 mois. Mais par exemple…
MARC FAUVELLE
Si j'embauche en CDD pendant 3 mois, que je touche l'argent public, et qu'au bout de trois mois…
ELISABETH BORNE
Non, vous touchez un quart de l'argent, des 4 000 €…
MARC FAUVELLE
1 000 en l'occurrence.
ELISABETH BORNE
1 000 €, voilà.
MARC FAUVELLE
Et au bout de 3 mois je fais ce que je veux, je n'ai pas d'obligation de le garder.
ELISABETH BORNE
Donc c'est au moins 3 mois. Si vous avez embauché un jeune pour un an, vous avez 4 000 €, mais des 4 000 € vous ne les avez pas, si vous gardez un jeune 3 mois. Donc c'est bien des contreparties.
MARC FAUVELLE
Mais, est-ce que vous pouvez leur imposer des engagements sur le long terme, à ces entreprises ?
ELISABETH BORNE
Ah mais attendez, moi je vais vous dire, enfin, clairement, la priorité c'est l'emploi. Donc je viens de parler des mesures qui évidemment doivent déboucher, sont faites pour qu'on embauche, donc pour créer des emplois, mais surtout le plan de relance, moi je peux vous assurer que tous les marchés qui vont pouvoir être passés par les collectivités, par exemple sur la rénovation thermique, sur les pistes cyclables, eh bien on veillera à ce qu'il y ait des clauses d'insertion, des engagements sur l'embauche d'apprentis, tous les secteurs qu'on accompagne, moi j'ai commencé à les voir, je les verrai régulièrement, pour m'assurer qu'on fasse des soutiens, liés à des emplois.
SALHIA BRAKHLIA
On vous pose la question, Elisabeth BORNE, parce qu'il y a dans certains dispositifs qu'on a vus par le passé, les entreprises ont profité de ces dispositifs, et puis après plus rien.
ELISABETH BORNE
Non mais ce n'est pas du tout comme ça qu'est conçu le plan de relance. Vous savez, je vous dis l'aéronautique, on a eu avant le plan de relance un plan de soutien à l'aéronautique, moi je vois évidemment chacune des entreprises du secteur, pour savoir par exemple quels sont les emplois qu'on a maintenus dans l'ingénierie, en face de l'argent qu'on a donné pour le soutien à la recherche et au développement.
MARC FAUVELLE
Donc il pourrait y avoir, par exemple, à l'occasion d'un appel d'offres avec de l'argent public, des quotas de jeunes à embaucher pour réaliser un chantier ?
ELISABETH BORNE
Très clairement, moi je porterai le fait qu'on a des engagements sur l'embauche d'apprentis, sur l'insertion, sur tous les marchés qui sont maintenant, qui seront rendus possibles par ce plan de relance.
SALHIA BRAKHLIA
Il va bien falloir les rembourser ces 100 milliards, Elisabeth BORNE, mais hier le Premier ministre nous a assurés d'une chose en conférence de Presse.
JEAN CASTEX, PREMIER MINISTRE – HIER
Je veux rappeler ici l'engagement que nous avons pris avec le président de la République : il n'y aura pas de hausses d'impôts. Nous ne reproduirons pas l'erreur de procéder à des hausses de la fiscalité qui affaibliraient notre croissance et enverraient des signaux négatifs, tant aux ménages qu'aux entreprises.
SALHIA BRAKHLIA
Pas de hausse d'impôts, pour le moment ?
ELISABETH BORNE
Mais c'est très clair. Je pense qu'on veut vraiment tirer tous les enseignements, ce qui s'est fait après la crise de 2008, on sait qu'après il y avait eu des hausses d'impôts qui ont cassé la croissance, cassé aussi la confiance, donc il n'y aura pas de hausse d'impôts.
SALHIA BRAKHLIA
Mais qui va rembourser alors ? Ce sont nos enfants ?
ELISABETH BORNE
Non, vous savez, donc c'est 100 milliards, il y a déjà 40 milliards qui viennent de l'Union européenne, et je pense que c'est la première fois, enfin je ne pense pas, c'est la première fois qu'on a un soutien qui vient de l'Union européenne, la France est un des pays qui bénéficie le plus du soutien de l'Europe, ça veut dire que sur chacun des projets soutenus par le plan de France, il y a 40 % qui vient de l'Europe. Et puis effectivement, l'objectif de ce plan de relance, c'est de faire repartir la croissance, si on retrouve en 2022 le niveau de PIB qu'on avait en 2019, eh bien c'est comme ça qu'on aura recréé de la richesse en France, en face effectivement de cet engagement exceptionnel qu'on est en train de faire.
MARC FAUVELLE
Avec là encore le même choix : baisses d'impôts pour les entreprises, mais pas pour les ménages.
ELISABETH BORNE
Vous savez, des baisses d'impôts pour les ménages, elles ont déjà été décidées au lendemain de la crise des Gilets jaunes…
MARC FAUVELLE
C'est fini, c'était la première partie du quinquennat.
ELISABETH BORNE
Il y a encore des baisses de taxe d'apprentissage qui vont continuer jusqu'à la fin du quinquennat. Donc il y a eu des baisses d'impôts, je pense que c'est important, non seulement on n'augmente pas les impôts, mais on continue les baisses qui étaient prévues.
SALHIA BRAKHLIA
Vous disiez tout à l'heure que les premiers de corvée allaient devoir encore attendre, puisque des discussions vont avoir lieu. Ils peuvent attendre quoi de plus ?
ELISABETH BORNE
Moi je vous dis, je n'ai pas préempté la discussion qu'on va avoir avec les partenaires sociaux, mais on a bien en tête le sujet, enfin tous ces salariés dont on ne parle pas beaucoup, qui ont été absolument essentiels pour que notre pays continue à vivre pendant la crise.
MARC FAUVELLE
Elisabeth BORNE, vous restez avec nous, ministre du Travail, de l'Emploi, de l'insertion également, on va parler du bouclier anti-licenciements que vous avez présenté hier lors de la présentation de ce plan de relance, ce sera juste après le Fil info à 8h40 avec Diane FERCHIT.
- Fil info -
MARC FAUVELLE
Elisabeth BORNE, le chômage a explosé en France au premier semestre, 600 000 emplois supprimés dans le secteur privé. Quand la courbe va-t-elle s'inverser ?
ELISABETH BORNE
Ecoutez, on fait tout pour, on n'est pas simplement en train de commenter les chiffres du chômage, le plan de relance c'est clairement pour stimuler notre économie et donc pour créer des emplois, et puis il y a beaucoup de mesures pour éviter des pertes d'emplois, notamment l'activité partielle, vous savez 20 milliards d'euros qui ont été mis sur la table pour soutenir l'activité partielle. Donc effectivement, quand on a mis l'économie à l'arrêt, naturellement le nombre de demandeurs d'emploi a augmenté, il a augmenté de l'ordre de 370 000, c'est 6,5 % toutes catégories confondues, et puis surtout on a vu une très forte augmentation des chômeurs sans aucune activité, les chômeurs de catégorie A, on a eu plus d'un million de demandeurs d'emploi de catégorie A supplémentaires. Depuis le mois de mai, juin et juillet, pardon, avril, mai, juin, on a eu une baisse de cette catégorie, des gens qui n'ont aucune activité. On a refait à peu près la moitié du chemin, avec - 500 000 chômeurs sur ces 3 mois. Donc évidemment on va être très attentif à éviter les licenciements, et puis à ce que ce plan de relance se traduise en créations d'emplois.
MARC FAUVELLE
Est-ce que vous avez des signaux aujourd'hui du terrain, qui sont en train tout doucement de repasser du rouge à l'orange ou au vert ?
ELISABETH BORNE
On a eu un premier signal sur le mois de juillet, où on a eu une baisse des chômeurs toutes catégories confondues. C'est une petite baisse, mais je vous dis, on fait surtout tout pour défendre les emplois existants, et puis s'assurer que le plan de relance va se traduire par des créations d'emplois.
SALHIA BRAKHLIA
Alors justement Elisabeth BORNE, c'est quoi le bouclier anti-licenciements que vous voulez mettre en place ?
ELISABETH BORNE
Alors effectivement, j'ai employé ce terme, c'est là encore tirer les leçons de la crise de 2008. On sait qu'on a un certain nombre de secteurs dans lesquels l'activité va rester sur les prochains mois en dessous de ce qu'elle était, par exemple de secteur aéronautique va connaître pendant 6 mois, 12 mois, 18 mois…
SALHIA BRAKHLIA
Ça ne va pas repartir tout de suite.
ELISABETH BORNE
... une baisse de l'activité. Dans le passé, quand on avait une activité qui baissait de 20 %, eh bien on se séparait de 20 % des salariés, là on veut éviter ça à tout prix, et c'est ce que permet de faire l'activité partielle de longue durée, donc si vous avez une baisse d'activité de 20 %, vous allez baisser le temps de travail de vos salariés de 20 %, et puis sur ce temps qui n'est pas travaillé, d'abord il est pris en charge par l'Etat, avec de l'activité partielle, comme on l'a fait au plus fort de la crise, mais là donc c'est une activité partielle de longue durée, avec effectivement très peu de dépenses pour l'entreprise, et en plus on finance des formations pour permettre que ce temps qui n'est pas travaillé, serve à renforcer les compétences des salariés.
SALHIA BRAKHLIA
Parce que c'est ça la clé, ceux qui vont être en en activité partielle prolongée, vous voulez qu'ils pensent aussi à se reconvertir ?
ELISABETH BORNE
A se former, le cas échéant pour aller vers d'autres secteurs, mais aussi pour être plus forts. Vous savez, donc je pense qu'un point important que je n'ai pas dit, c'est que ça passe par un accord d'entreprise, donc ça veut dire que c'est l'occasion entre la Direction, les salariés, de se projeter sur les prochains mois, de regarder quel va être le niveau d'activité, quelque part de partager le travail qui existe et puis sur les heures non travaillées, de se former pour être plus fort, plus compétent, au moment où l'activité économique repart.
SALHIA BRAKHLIA
Mais dans les secteurs comme l'hôtellerie, le tourisme, on sait que c'est au point mort, vous avez cité l'aéronautique. Comment on incite les gens de ce métier qui, ces salariés qui ont pratiqué ce métier pendant 10 ans, 15 ans, 20 ans, à se reconvertir ?
ELISABETH BORNE
Donc, l'aéronautique on a un bon exemple de ce que j'évoquais, ce bouclier anti-licenciements, c'est l'accord qui a été signé par SAFRAN, qui va sauver 6 000 emplois grâce à cet accord. Moi j'invite aussi, et enfin nous allons voir toutes les branches professionnelles qui sont concernées par cette baisse d'activité, j'ai rencontré justement l'hôtellerie/restauration pour leur dire : on peut vous donner de l'activité partielle au mois le mois, mais…
SALHIA BRAKHLIA
Sur la longue durée.
ELISABETH BORNE
... saisissez-vous de cet outil qui permet de former des salariés. Et donc, dans le plan de relance, on a effectivement beaucoup d'argent qui est mis sur la table, pour à la fois permettre aux salariés de toutes les entreprises de se former à l'évolution du métier, dans leur secteur, ou de se former pour aller vers des secteurs où l'emploi va se développer à l'avenir.
MARC FAUVELLE
Ce dispositif, pardon Elisabeth BORNE, il est là pour combien de temps ?
ELISABETH BORNE
Il est là, on peut signer des accords d'activité partielle de longue durée, jusqu'à l'été 2021, et vous pouvez, avec ce dispositif, bénéficier d'une activité partielle pendant 2 ans, et c'est comme ça qu'on a déjà ce premier exemple de SAFRAN, qui ne va avoir aucun licenciement, malgré une activité dans le secteur qui est à - 40 %, d'ici fin 2021.
MARC FAUVELLE
Là encore, vous êtes sûr qu'il n'y aura pas d'effet d'aubaine, et il y aura des contrôles dans les entreprises, on sait que certaines entreprises, une infime minorité évidemment, ont profité du dispositif du chômage partiel pendant le confinement.
ELISABETH BORNE
Ah mais je vous confirme qu'on contrôle, on fait confiance mais ça n'empêche pas de faire des contrôles. On a fait 45 000 contrôles déjà sur l'activité partielle, heureusement, comme vous le dites, il y a eu des fraudes, il y a eu des escroqueries…
MARC FAUVELLE
Combien ?
ELISABETH BORNE
Alors, on doit avoir près de 400 procédures pénales engagées, sur 45 000.
MARC FAUVELLE
Ça veut dire que les entreprises vont rembourser l'argent ? Ça fait 1 % quand même.
ELISABETH BORNE
Ah mais attendez, ce qu'on a constaté dans les contrôles, c'est que parfois les entreprises se sont trompées, à leur avantage ou à leur désavantage, donc dans ce cas-là on les aide à rectifier. Et puis il y a des fraudes, il y a de l'escroquerie, dans ce cas-là c'est une procédure pénale qui est engagée.
MARC FAUVELLE
Et c'est le tribunal.
SALHIA BRAKHLIA
Et qu'est-ce qu'ils risquent ?
ELISABETH BORNE
Et c'est le tribunal, absolument.
SALHIA BRAKHLIA
Il y a 750 000 jeunes qui vont entrer sur le marché du travail dans les prochains mois, vu le contexte, comment vous allez les aider, vous, à trouver leur premier job ?
ELISABETH BORNE
Alors, vous savez, c'est tout l'objet du plan jeune qu'on a annoncé en avance par rapport au plan de relance, au mois de juillet, parce qu'il y avait urgence, comme vous dites, il y a 750 000 jeunes qui arrivent sur le marché du travail. On a un plan massif. On met…
SALHIA BRAKHLIA
Qui consiste en quoi ?
ELISABETH BORNE
... 6,7 milliards d'euros, donc massif par son montant, et puis on a une solution pour chaque situation, c'est à la fois des aides à l'embauche, on donne 4 000 € pour toute entreprise qui recrute un jeune…
MARC FAUVELLE
Ce que vous nous avez expliqué tout à l'heure, 1 000 € pour chaque trimestre.
ELISABETH BORNE
1 000 € pour chaque trimestre.
MARC FAUVELLE
Donc 4 000 € par an.
ELISABETH BORNE
Donc le message c'est, aux entreprises, c'est de dire : n'attendez pas pour embaucher, vous pouvez peut-être être un peu incertains sur votre activité et vous dire « on verra en avril », non, c'est maintenant qu'il faut embaucher les jeunes qui arrivent sur le marché du travail. Il y a aussi des aides pour l'apprentissage, si vous embauchez, si vous signez un contrat d'apprentissage, vous avez jusqu'à 8 000 €, ça veut dire que c'est quasiment la totalité de la rémunération du jeune, la première année, qui est prise en charge par l'Etat. On veut aussi proposer des formations sur les métiers d'avenir, on a dans le plan de relance 30 milliards pour la transition écologique, c'est un secteur qui va créer beaucoup d'emplois, on propose aux jeunes de se former sur ces métiers de la transition écologique, du soin, de la santé, du digital, et puis il y a des jeunes qui ont plus de difficultés et donc là on a 300 000 parcours d'insertion, donc c'est à la fois les accompagnements des missions locales, les garanties jeunes, c'est aussi quelques emplois aidés, 120 000 emplois aidés, et c'est un ensemble du dispositifs pour que chaque jeune ait une réponse en fonction de sa situation.
SALHIA BRAKHLIA
Mais, est-ce que ces dispositifs sont simples ? Est-ce qu'ils sont accessibles ? Est-ce que les entreprises sont au courant ? Est-ce que les jeunes sont au courant ?
ELISABETH BORNE
Mais vous avez raison, et je pense que ça vaut pour tout le plan de relance, c'est bien d'avoir effectivement ces dispositifs, il faut que chacun s'en empare, donc moi j'ai commencé à discuter avec toutes les associations qui s'occupent notamment de l'accompagnement des jeunes, avec les missions locales. On va leur donner des outils à ces acteurs, sur le terrain…
SALHIA BRAKHLIA
Donc pour les mettre en place ça va être simple.
ELISABETH BORNE
L'objectif c'est vraiment que les jeunes soient bien informés, qu'ils aient reçu un SMS les informant des dispositifs, qu'on ait des partenaires dans les territoires, qui puissent leur donner toute la vision des dispositifs qui existent, donc c'est vraiment l'enjeu des prochaines semaines, c'est avec tous les acteurs des territoires, de faire connaître ces outils et que chaque jeune puisse s'en emparer.
MARC FAUVELLE
Un mot sur le protocole sanitaire dans les entreprises, Elisabeth BORNE, il est en place depuis le 1er septembre, depuis quelques jours, port du masque obligatoire quasiment pour tout le monde, sauf pour ceux qui ont la chance en ce moment d'avoir un bureau fermé, et où il n'y a pas trop de passage. Là où ça se complique un tout petit peu, c'est sur les moments où on a droit de retirer le masque pendant la journée, puisque vous avez choisi de calquer le retrait du masque sur la carte, les départements verts, orange ou rouges. Dans les départements rouges il y a 7 critères.
ELISABETH BORNE
Non non non non.
MARC FAUVELLE
Ah si.
ELISABETH BORNE
Là, attendez, la règle est la même, ce qui change... La règle est la même sur l'obligation du port du masque systématique quand on est dans un espace de travail partagé, et sur le fait que si vous êtes dans un open-space, dans des bureaux partagés, bien ventilés, avec des grandes distances, alors vous pouvez à certains moments de la journée…
MARC FAUVELLE
C'est ce que j'essayais de dire.
ELISABETH BORNE
Non, mais à certains moments de la journée, ça ne dépend pas de la zone. Ce qu'on demande, en fonction de la zone, c'est des mesures de précaution de plus en plus fortes. Je ne vais peut-être pas les détailler, c'est sur le fait d'avoir une ventilation haute...
MARC FAUVELLE
Un plafond de 3,50 m.
ELISABETH BORNE
Non, ce n'est pas aussi précis, c'est des règles en fait de bon sens…
MARC FAUVELLE
Un système d'extraction de l'air.
ELISABETH BORNE
Voilà, mais je pense que là on n'est pas forcément des spécialistes, mais il y a des DRH, il y a des gens qui font de la prévention en entreprise, dont c'est le métier…
MARC FAUVELLE
Pour dire la chose autrement : on peut le retirer de temps en temps de masque en entreprise ?
ELISABETH BORNE
Absolument, donc la règle à la fin, et le DRH, les partenaires sociaux, je crois que c'est très important, enfin dans chaque entreprise les partenaires sociaux pourront s'emparer de ces règles, et l'idée c'est, quand vous êtes dans un open-space, vous pouvez à certains moments de la journée, par exemple vous sortez des transports en commun où vous aviez votre masque, vous arrivez, au monde démarrer le travail vous avez envie de poser le masque 10 minutes, vous pouvez le faire.
SALHIA BRAKHLIA
Donc ça peut être 10, 20, 30 minutes.
MARC FAUVELLE
Si les précautions sont prises…
ELISABETH BORNE
Non, on ne va pas donner des règles comme ça, c'est le dialogue social dans les entreprises qui permet de préciser la façon dont les équipes vont s'organiser.
MARC FAUVELLE
Il n'y a pas un petit côté, Elisabeth BORNE « débrouillez-vous » ? Chaque entreprise se débrouille et le risque c'est que, un patron qui se débrouille, il peut avoir tendance à dire à tout le monde : gardez-le tout le temps ? Parce que s'il y a un problème, c'est moi qui suis responsable.
ELISABETH BORNE
Enfin, vous savez, moi je fais confiance au dialogue social. Depuis le début de la crise on a vu que ça a très bien marché, il y a eu 9 000, plus de 9 000 accords qui ont été signés en entreprises. Alors effectivement on fait confiance aux acteurs sur le terrain, c'est des règles de bon sens, et moi je pense que, enfin on ne va pas non plus dire : c'est pendant 12 minutes 30 que vous pouvez retirer le masque. C'est des règles de bon sens sur le terrain.
MARC FAUVELLE
Et on ne le porte pas à la télé ?
ELISABETH BORNE
Alors, il y a certaines professions pour lesquelles on voit que la nature même de l'activité n'est pas franchement compatible avec le port du masque. On a décidé…
MARC FAUVELLE
Vous voyez que cette décision n'est pas forcément comprise par tout le monde, le fait que nous en ce moment nous n'ayons pas de masque.
ELISABETH BORNE
Donc on a décidé de recenser toutes les professions qui par nature, enfin pour lesquelles par nature, le port du masque posait difficultés, et on aura des concertations avec chacune de ces professions, prochainement, le ministère de la Culture avec mon ministère et la Santé, recevront les responsables des médias.
MARC FAUVELLE
08h52, le Fil info avec Diane FERCHIT et on poursuit avec Elisabeth BORNE dans un instant.
- Fil info -
MARC FAUVELLE
Elisabeth BORNE, une centaine de classe et une vingtaine d'écoles sont désormais fermées pour cause de malades ou de suspicion de malades du coronavirus. Pour les parents qui doivent garder les enfants, il se passe quoi ?
ELISABETH BORNE
Alors, d'abord, la priorité c'est que, sur chacune des situations il puisse y avoir des solutions de garde pour les enfants, que les parents puissent continuer à aller travailler…
MARC FAUVELLE
C'est-à-dire de garde à l'école.
ELISABETH BORNE
De garde organisée…
MARC FAUVELLE
Mise en place par la mairie ou par les collectivités.
ELISABETH BORNE
Organisée par les écoles ou la mairie.
MARC FAUVELLE
... des nounous.
ELISABETH BORNE
... voilà. Et on est en train de regarder à défaut, si on n'arrivait pas à couvrir 100 % des cas, quel est le bon dispositif qui permettrait que les parents puissent effectivement rester chez eux. Ça n'est évidemment pas l'objectif, l'objectif c'est vraiment de trouver des solutions pour que les parents puissent continuer à travailler, avec notamment ces systèmes de garde.
MARC FAUVELLE
On vous pose la question, parce qu'il y a 3 jours, c'est le porte-parole du gouvernement, Gabriel ATTAL, qui était sur ce plateau, voici ce qu'il a dit précisément.
GABRIEL ATTAL, PORTE-PAROLE DU GOUVERNEMENT – MARDI SUR FRANCE INFO
Effectivement, le congé parental sera possible dans le cas où la classe, où l'école est fermée, pour les parents.
MARC FAUVELLE
C'est possible ou ce n'est pas possible de poser un congé parental pour garder ses enfants quand la classe est fermée ?
ELISABETH BORNE
Donc, la priorité c'est qu'on propose aux parents une alternative. Et ensuite on va regarder, vous savez qu'il y a eu des indemnités journalières payées par la Sécurité sociale, au début de la crise, ensuite il y a eu de l'activité partielle, donc il y aura un dispositif de ce type-là…
MARC FAUVELLE
Il y aura.
ELISABETH BORNE
Il y aura un dispositif de ce type-là, pour les cas où il n'y aurait pas de garde.
SALHIA BRAKHLIA
Mais on fait quoi pour ceux dont l'école est fermée aujourd'hui ?
ELISABETH BORNE
L'école qui ferme, ou dont une classe ferme, doit d'abord trouver une solution pour faire garder les enfants. Et à défaut, il y aura…
MARC FAUVELLE
Mais en attendant, on pose donc des RTT ou des congés pour garder les enfants, tant que le nouveau dispositif n'est pas en place.
ELISABETH BORNE
Oui, il va arriver rapidement…
MARC FAUVELLE
D'accord.
ELISABETH BORNE
Vous savez, je pense qu'on a montré que dans la crise on sait être agile, on a mis en place une activité partielle pour 9 millions de personnes, je dirai presque du jour au lendemain, donc on va rapidement donner une réponse sur ce point. La priorité c'est des gardes d'enfants pour que les parents puissent continuer à travailler.
SALHIA BRAKHLIA
Le télétravail, vous l'encouragez au gouvernement, est-ce qu'il faut le rendre obligatoire dans certains cas ?
ELISABETH BORNE
Alors, on l'encourage effectivement, a fortiori dans les zones où le virus circule beaucoup. Il y a une concertation qui est en cours, entre les partenaires sociaux, moi je leur fais confiance pour qu'ils trouvent les bons équilibres. Je pense que c'est effectivement une bonne formule, on l'a vu, ça permet d'éviter de la fatigue, ça permet un meilleur équilibre entre la vie professionnelle et la vie privée, en même temps c'est aussi une perte, on va dire, de relations avec ses collègues, une perte pour les collectifs de travail, donc il faut sans doute avoir des règles, elles se mettent en place là encore dans la négociation au sein de chacune des entreprises. Moi je vois des entreprises qui ont trouvé vraiment des bonnes idées, et je pense que c'est important que cette concertation entre les partenaires sociaux, permette à la fin, à minima de partager ces bonnes pratiques pour que ça se passe bien dans toutes les entreprises.
MARC FAUVELLE
Vous souhaitez qu'il y ait un accord national sur ce point. Les négociations piétinaient depuis des semaines, le MEDEF ou en tout cas le patronat a fait une petite avancée avant-hier dans la dernière négociation en disant qu'il était un peu moins hostile au télétravail, tout ça prend du temps, mais les gens sont déjà rentrés.
ELISABETH BORNE
Oui mais je pense que les discussions, les partenaires sociaux ont bien en tête qu'il faut qu'elles aboutissent rapidement. Je ne vais pas me prononcer sur la forme que ça doit prendre, moi je vous dis, d'abord je pense que c'est important qu'on favorise le télétravail, et puis c'est important a minima que quand i y a des bonnes pratiques qui se mettent en place au sein de l'entreprise, les autres puissent profiter de ces bonnes expériences.
SALHIA BRAKHLIA
Elisabeth BORNE, Lionel JOSPIN est de retour et vous avez été sa collaboratrice dans les années 90.
ELISABETH BORNE
C'est vrai.
SALHIA BRAKHLIA
Est-ce que vous avez déjà des bons souvenirs ? Est-ce qu'il vous a envoyé son livre ?
ELISABETH BORNE
Alors, il ne m'a pas envoyé son livre, mais moi j'ai des bons souvenirs de cette période, je pense qu'on a fait beaucoup à l'époque pour notre pays. C'est quelqu'un pour qui j'ai beaucoup de respect et même d'affection.
MARC FAUVELLE
Vous ne reniez pas cette partie de votre vie.
ELISABETH BORNE
Ah non, moi je ne renie pas, je ne renie aucune partie de ma vie. Non non.
MARC FAUVELLE
Y compris lorsqu'il dit dans son livre aujourd'hui…
SALHIA BRAKHLIA
Pendant l'interview dans L'Obs.
MARC FAUVELLE
Ou dans l'interview dans L'Obs, qu'Emmanuel MACRON l'intrigue et surtout l'inquiète.
ELISABETH BORNE
Ecoutez, on n'est pas obligé, ce n'est pas parce que j'ai du respect et de l'affection pour lui, que je suis d'accord avec lui. Voilà. On va dire que nos chemins ont peut-être un peu divergé.
MARC FAUVELLE
Légèrement.
ELISABETH BORNE
Voilà. Eh bien peut-être un peu plus fortement même, voilà.
MARC FAUVELLE
Merci beaucoup Elisabeth BORNE, très bonne journée à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 21 septembre 2020