Texte intégral
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
A 7h46 notre invitée c'est la ministre de 10% de l'emploi en France, Olivia GREGOIRE, secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Economie chargée de l'économie sociale, solidaire et responsable, évidemment c'est important aujourd'hui, et je le disais, 220.000 employeurs dans ce secteur, et en plus, dans le plan de relance, vous avez réussi à mettre la main sur 1,3 milliard d'euros. Qu'est-ce que vous allez en faire Olivia GREGOIRE, vous êtes en train de piquer une idée à CAMERON, les Contrats à impact, qu'est-ce que c'est ?
OLIVIA GREGOIRE
Alors déjà merci de m'inviter pour me permettre de parler d'économie sociale et solidaire. C'est effectivement, l'économie sociale et solidaire, 10% du PIB, 12% des emplois dans notre pays, et incontestablement des associations, des coopératives, des fondations, qui ont aussi pas mal souffert pendant la crise, qui ont pour partie été en première ligne, vous avez aussi les EHPAD par exemple, non lucratives, dans l'économie sociale et solidaire. Je tiens à dire ce matin, et à rappeler à quel point, les acteurs de l'économie sociale et solidaire ont été en première ligne pendant la crise. Par conséquent, on a beaucoup travaillé cet été, et nous avons demandé, au gouvernement, d'être vigilant sur ces acteurs et de nous permettre de les accompagner dans les prochains mois…
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Mais, il vous a entendus, avec 1,3 milliard d'enveloppe il y a de quoi faire.
OLIVIA GREGOIRE
Ils nous ont entendus, ils nous ont entendus aussi accessoirement en créant un secrétariat d'Etat sur ce sujet, à Bercy, auprès de Bruno LE MAIRE, ce n'est pas rien, façon de démontrer qu'il y a un portage politique et une volonté politique de faire grandir et de mettre la lumière sur ce secteur qui est extrêmement intéressant.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Alors, premier exemple, les contrats d'impact, qu'est-ce que c'est ?
OLIVIA GREGOIRE
Alors, les contrats d'impact c'est, comme son nom l'indique, deux choses, des contrats, qui ont un objectif, créer de l'impact. C'est une idée…
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Impact, environnemental, sociétal ?
OLIVIA GREGOIRE
Impact social, environnemental, je vais y revenir, c'est un dispositif qui a été créé il y a plus d'une dizaine d'années, par CAMERON en Angleterre, et qui a été imaginé et intégré aussi en France il y a quelques années, ça avait eu du mal à décoller parce que c'était un peu trop complexe dans son ingénierie. Les contrats à impact c'est un changement de modèle de financement, c'est du financement public/privé qui va venir soutenir des initiatives, sociales, environnementales, locales. Je vais prendre un exemple très concret, parce que c'est une petite révolution aujourd'hui par rapport au rôle de l'Etat sur ces sujets sociaux et environnementaux. Prenons un exemple. Vous avez dans une commune, et il y en a beaucoup, un porteur de projet, qui a une belle idée, pour permettre de ramasser les mégots, par exemple, dans le centre-ville, on a ce sujet en économie circulaire, vous savez que les mégots c'est un enfer, et donc un porteur de projet, avec une association, a développé, dans sa ville, un projet qui fonctionne bien. L'Etat, a proprement parlé, est trop gros, parfois, pour mener à bien ce type d'initiative, et parfois les associations sur le terrain sont trop petites pour mener, à l'échelle, ce type d'initiative. Donc là, le contrat à impact peut intervenir, le porteur de projet va pouvoir répondre à un appel à projets, avec un investisseur, qui peut être un particulier, qui peut être une association, qui peut être une banque, classique, ou d'ESS, et va dire « eh bien écoutez, moi je vous propose de passer à l'échelle ce dispositif de ramassage des déchets et je m'engage, en matière d'évaluation, en performance, je pense qu'on est capable de, par exemple, ramasser 1 tonne de déchets par mois, sur l'année, et je m'engage sur ces résultats. » Alors, l'opération se mène, et à la fin de l'année, l'Etat est aux côtés du porteur de projet, qui lui a présenté le projet, et dit, et regarde si effectivement la tonne de mégots a été ramassée ou non.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Et qu'est-ce qui se passe si la tonne a été ramassée ?
OLIVIA GREGOIRE
Si la tonne a été ramassée, l'Etat prend intégralement à sa charge l'investissement de démarrage du porteur de projet et dit « votre projet a fonctionné, je prends 100 % de l'investissement parce qu'il a il a démontré son utilité. » C'est une sorte de réassurance de l'Etat, c'est l'Etat qui va investir et prendre en charge les dispositifs prouvés comme étant utiles.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Avant on subventionnait ce type d'initiatives, là vous les subventionnez a posteriori.
OLIVIA GREGOIRE
Déjà il y a une chose que je veux dire, très clairement, ce dont je parle c'est en plus de tout ce qui existe déjà au sein des 1,3 milliard, notamment pour la relance, et c'est en plus des subventions que nous devons apporter au secteur de l'ESS, là c'est plutôt un nouveau mode de financement où on dit, « l'Etat vous fait confiance, si vous prouvez votre efficacité, alors nous prenons intégralement en charge la dépense publique », en fait c'est un jeu gagnant-gagnant, ça fonctionne, l'Etat paye un procédé utile pour les autres, ça ne fonctionne pas, l'Etat n'a pas mis d'argent dans des dispositifs inutiles, donc c'est aussi une dynamique d'évaluation pour l'ESS.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
On en profite d'avoir quelqu'un de Bercy avec nous ce matin pour vous poser quand même une question sur les cafés et restaurants qui ont appris, notamment à Aix-Marseille, qu'ils allaient fermer dès ce week-end, et dans les autres grandes villes, comme Lyon, Paris, à partir de 22h00 on devra fermer les cafés et restaurants, c'est une tragédie pour ce secteur économique.
OLIVIA GREGOIRE
Je vais vous dire, le mot est fort Christophe JAKUBYSZYN, je crois que la possible tragédie elle est avant tout la tragédie des femmes et des hommes et la possible tragédie sanitaire. On vit des moments extrêmement difficiles, tous, à commencer aussi par vous médias. 13.000 cas en 24 heures, 43 morts en 24 heures, une saturation, en cours, d'un certain nombre de services de réanimation, je ne vais pas vous mentir, la décision est difficile…
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
A Marseille notamment.
OLIVIA GREGOIRE
Ce qu'a annoncé Olivier VERAN, hier précisément, c'est difficile, mais je vais le dire avec vraiment en force, et comme je le pense, je sais que c'est difficile, c'est pourquoi, avec Bruno LE MAIRE, avec Alain GRISET, dès ce matin, à 11h30, d'ici quelques heures, il y a une grosse conférence téléphonique qui est organisée, avec l'ensemble des acteurs, les hôteliers, la culture, le sport, vous l'avez dit, les salles de sport sont concernées, je vais le dire simplement, mais avec force, l'Etat n'abandonnera par ceux qui vivent aujourd'hui ces moments extrêmement difficiles. Nous allons préserver les dispositifs, nous allons les maintenir, que ce soit le prêt garanti d'Etat, que ce soit le fonds de solidarité, Alain GRISET y travaille jour et nuit, on est bien conscient de la difficulté, Bercy s'est quand même montré, à la hauteur je crois, depuis plusieurs mois, qu'ils soient assurés que nous allons continuer, on est parfaitement conscient de la difficulté.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Quoi qu'il en coûte ?
OLIVIA GREGOIRE
Quoi qu'il en coûte.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Merci Olivia GREGOIRE, secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Economie, chargée de l'économie sociale, solidaire et responsable.
OLIVIA GREGOIRE
Merci.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 25 septembre 2020