Texte intégral
ROMAIN DESARBRES
On est en direct avec Marlène SCHIAPPA, ministre déléguée à la Citoyenneté. Bonjour Madame la Ministre.
MARLENE SCHIAPPA
Bonjour.
ROMAIN DESARBRES
Vous êtes en direct de Corse, en direct d'Ajaccio, vous accompagnez le président de la République – bonjour – Emmanuel MACRON, qui a déclaré que l'accord avait une identité bien à elle, ça veut dire quoi exactement, comment ça a été accueilli par les nationalistes ?
MARLENE SCHIAPPA
Eh bien, très bien accueilli, parce que, comme vous le savez peut-être, et si vous ne le savez pas, je le dis pour ceux qui nous regardent, je suis corse, je suis donc très heureuse et très honorée d'être ici avec le président de la République. Et nous avons hier soir dîné avec un certain nombre d'élus de Corse, et vous savez, la Corse, historiquement, elle a effectivement son identité bien à elle, d'abord, c'est une île, elle n'est pas rattachée au continent, il y a la mer Méditerranée entre le continent et la Corse, et puis, historiquement, elle a son histoire bien à elle, à la fois très française, et ancrée dans la République bien évidemment, mais aussi très européenne, et puis, tournée vers la Méditerranée, nous avons aussi des liens en Corse avec l'Italie, avec la Sardaigne, bien évidemment, qui est en Italie, avec la Grèce, avec l'Espagne, avec les pays du Maghreb, et ça, c'est important pour l'identité de la Corse.
ROMAIN DESARBRES
Marlène SCHIAPPA, j'ai beaucoup de questions à vous poser, on était à l'instant avec Olivier BENKEMOUN, on parlait des quotas de minorités, qui vont être imposés dans les films aux Oscars aux Etats-Unis, est-ce qu'il faut les imposer également en France, aux César, quelle est votre opinion ?
MARLENE SCHIAPPA
Moi, ce que j'ai vu, c'est qu'on ne pourra pas décerner un Oscar à un film s'il ne remplit pas effectivement un certain nombre de questions de quotas dans le scénario et dans les interprétations, moi, je trouve ça dommage, parce que je pense qu'il ne s'agit pas de remplacer une exclusion par une autre et de dire les femmes ou les personnes issues de la diversité ou les histoires qui mettent en scène des couples de même sexe ont été longtemps exclues des grandes récompenses du cinéma, à quelques exceptions près, évidemment, et de dire, eh bien, subitement, on va faire l'inverse, et on va exclure les histoires d'hommes, alors, qu'est-ce qu'on fait des "Tontons flingueurs" par exemple ? Donc, non, je ne suis pas favorable à ce qu'on aille jusque-là, je trouve ça un petit peu extrême. En revanche, il y a une vraie question sur la manière dont on finance mieux les films portés par des femmes, et je sais que la ministre de la Culture, Roselyne BACHELOT, est très engagée sur ces questions.
ROMAIN DESARBRES
Marlène SCHIAPPA, on en a beaucoup parlé depuis le début de la matinale, à Reims, un jeune violent a agressé une jeune fille, des personnes lui disaient : arrête Nabil, mais malgré cela, il continuait, c'était filmé, l'auteur de l'agression, et celui qui filmait, et qui n'a pas aidé la victime donc, sont en garde-à-vue, qu'est-ce qu'ils méritent ?
MARLENE SCHIAPPA
Eh bien, écoutez, ça, c'est à la justice de le dire, mais, moi, dès lors que j'ai eu connaissance de cette vidéo, que j'ai vu qu'elle circulait sur les réseaux sociaux, d'abord, j'ai lancé un appel général pour qu'on cesse de diffuser cette vidéo par respect pour la jeune fille, qui est une jeune collégienne de Reims, comme vous l'avez rappelé, par respect pour cette jeune fille. Ensuite, j'ai souhaité que l'enquête soit menée, et c'est ce qu'ont fait les services de police, et je voudrais saluer d'ailleurs leur célérité, puisque grâce aux enquêteurs, grâce aux policiers, les deux jeunes hommes ont été identifiés, l'auteur présumé de cette vidéo et l'auteur présumé des coups de l'agression, d'une extraordinaire violence, que l'on voit dans cette vidéo, eh bien, ils ont été interpellés, et donc le reste, la justice doit le dire, puisqu'il y a une séparation des pouvoirs, mais moi, je trouve que cette vidéo est ignoble, elle est insupportable, et en tant que maman de deux petites filles, je condamne très, très fermement ces actes, de surcroît, envers une jeune fille âgée de 13, 14 ans, et je voudrais d'ailleurs saluer son courage à cette jeune fille.
ROMAIN DESARBRES
Et d'ailleurs, je précise sur CNews, on ne diffuse pas la vidéo, mais uniquement des images arrêtées avec le visage de la jeune fille, de la victime, flouté, totalement flouté pour qu'on ne la reconnaisse pas. Par ailleurs, deux jeunes femmes, à quelques jours d'intervalle, se sont vu refuser l'entrée du musée d'Orsay à Paris parce que des gardiens ont décidé que leur tenue était indécente, en clair, un décolleté et une brassière, qu'est-ce que ça dénote de l'époque, surtout que ça s'est passé dans un musée où, je le rappelle, on expose l'origine du monde de Gustave Courbet, qui est un gros plan, une peinture d'un sexe féminin ?
MARLENE SCHIAPPA
Oui, qu'est-ce que vous voulez que je vous dise, c'est assez navrant, c'est encore une fois une expression d'une forme de contrôle social vis-à-vis du corps des femmes, parce qu'on ne dit pas aux hommes : vous êtes en caleçon, vous avez des chaussettes avec des tongs, et c'est laid, donc vous n'allez pas rentrer dans un musée, donc je crois qu'il y a effectivement une attention particulière sur le corps des femmes, mais puisque je suis ici en Corse, avec le président de la République, je voudrais souligner que, par exemple, les phénomènes de harcèlement de rue sont quasiment inexistants en Corse, donc je crois que c'est aussi, là aussi, quelque chose de culturel le respect des femmes, et je crois qu'on peut saluer cela positivement vis-à-vis de l'engagement de la Corse.
ROMAIN DESARBRES
C'est-à-dire que vous nous dites qu'il y a plus de respect des femmes en Corse que dans le reste de la France ?
MARLENE SCHIAPPA
Moi, ce que j'observe, c'est qu'en Corse, il n'y a quasiment pas, je ne veux pas dire pas du tout, mais quasiment pas de phénomènes de harcèlement de rue, c'est quelque chose de culturel, et simplement, nous avons demandé avec Gérald DARMANIN aux préfets de doubler le nombre de verbalisations de harcèlements de rue, vous savez que la loi permet de le verbaliser depuis 2018, nous avons demandé qu'on aille plus loin et qu'on intensifie cette lutte contre le harcèlement de rue, mais simplement, j'observe, et les autorités observent également qu'en Corse, il y a très peu de ce type de phénomènes, dans l'espace public, on respecte les femmes traditionnellement, voilà, c'est quelque chose qui se fait, ça ne veut pas dire qu'il n'y ait pas violences intrafamiliales, et là, c'est un combat que nous menons également avec les forces de l'ordre, dont je salue l'engagement, avec Gérald DARMANIN, nous serons tout à l'heure en visite auprès des forces de l'ordre justement et des services de police de Corse et d'Ajaccio, et nous allons notamment travailler sur la question de la lutte contre la drogue, vous savez que c'est la priorité numéro un du ministère de l'Intérieur et de Gérald DARMANIN. Et donc avec le président de la République, nous avons l'honneur d'être de ce voyage, de ce déplacement en Corse, et donc nous en profitons avec le ministre de l'Intérieur pour mettre l'accent également sur cette lutte qui est fondamentale, parce que je rappelle que l'argent de la drogue, il finance aussi la traite des êtres humains, les réseaux, le grand banditisme, et donc c'est très, très important pour nous de mener cette lutte.
ROMAIN DESARBRES
Merci beaucoup Marlène SCHIAPPA, merci à vous d'avoir été en direct avec nous depuis Ajaccio. Bonne journée à vous.
MARLENE SCHIAPPA
Merci à vous.
ROMAIN DESARBRES
Et bonjour à la Corse.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 28 septembre 2020