Texte intégral
ORIANE MANCINI
Et notre invitée politique ce matin c'est Brigitte KLINKERT, bonjour.
BRIGITTE KLINKERT
Bonjour.
ORIANE MANCINI
Merci beaucoup d'être avec nous, ministre déléguée chargée de l'Insertion. On est ensemble pendant 20 minutes pour une interview en partenariat avec la presse quotidienne régionale et on retrouve ce matin, avec plaisir, Stéphane VERNAY, bonjour Stéphane.
STEPHANE VERNAY
Bonjour.
ORIANE MANCINI
Qui dirige la rédaction parisienne du journal Ouest-France. Brigitte KLINKERT, le gouvernement qui en cette rentrée s'attaque principalement à deux sujets, la sécurité, la lutte contre le séparatisme. Strasbourg et Mulhouse, dans votre département, dans votre région, sont touchées par ces phénomènes, vous avez été, vous, présidente du département il y a encore peu, est-ce que vous ne trouvez pas que le gouvernement arrive trop tard sur ces sujets ?
BRIGITTE KLINKERT
Je pense vraiment qu'aujourd'hui c'est une priorité pour le gouvernement, d'ailleurs demain, lors du séminaire gouvernemental, eh bien ça sera l'un des deux sujets qui sera à l'ordre du jour. Vous savez, la sécurité, c'est d'une part la prévention, et tant que ministre de l'Insertion je suis dans la prévention, moi aussi, et c'est d'autre part la répression. On sort aussi, j'espère qu'on sort, d'une crise sanitaire qui a été très très dure, avec…
ORIANE MANCINI
On va en parler, mais vraiment sur ces sujets de séparatisme, de sécurité, vous qui avez été élué locale, est-ce que, encore une fois, l'Etat n'arrive pas trop tard, est-ce que les élus locaux n'ont pas déjà fait une grande partie du travail ?
BRIGITTE KLINKERT
Alors, c'est un vrai sujet, mais sur ce sujet-là, comme sur les autres, mon avis c'est qu'il faut jouer collectif, que l'Etat tout seul ne peut rien, et justement, en tant que ministre, et en tant qu'élue locale, puisque je suis vice-présidente du conseil départemental du Rhin, j'estime que, quel que soit le sujet, quelle que soit la politique menée, ce n'est qu'ensemble, Etat et collectivités, avec les acteurs locaux, qu'on peut avancer.
STEPHANE VERNAY
Vous venez d'évoquer le séminaire gouvernemental en disant c'est une des deux questions, l'autre question c'est plan de relance évidemment, est-ce que vous aurez des choses particulières à mettre sur la table au cours de ce séminaire ?
BRIGITTE KLINKERT
Alors, le plan de relance est juste un plan de relance exceptionnel, vous le savez, 4 fois plus que le plan de relance de 2008, avec 100 milliards d'euros, c'est juste énorme. La priorité des priorités du gouvernement ce sont les jeunes, parce que 750.000 jeunes se retrouvent chaque année sur le marché du travail…
STEPHANE VERNAY
Ça c'est votre domaine.
BRIGITTE KLINKERT
Alors, l'insertion des jeunes, mais l'insertion de l'ensemble des publics fragiles, c'est ça mon domaine - mon leitmotiv, mon objectif, c'est de ne laisser personne, personne sur le bord de la route, et on le sait, lorsqu'il y a une crise économique tout le monde souffre, les entreprises souffrent, mais ceux qui souffrent le plus ce sont ceux qui sont éloignés de l'emploi, parce qu'ils vont avoir encore plus de difficultés à en trouver, et mon objectif immédiat c'est d'être à leurs côtés pour leur permettre de s'insérer, de trouver un emploi, parce que trouver un emploi c'est changer la vie de la personne qui à cet emploi et c'est changer aussi la vie de toute une famille.
STEPHANE VERNAY
Dans le plan de relance il est question de 1,3 milliard - vous me corrigez si je me trompe – 1,3 milliard d'euros pour l'insertion des jeunes, est-ce que c'est suffisant au regard des enjeux ?
BRIGITTE KLINKERT
Je l'ai dit, la priorité des priorités c'est le plan de relance pour les jeunes, et le plan de relance pour les jeunes c'est 6,5 milliards d'euros.
STEPHANE VERNAY
L'enveloppe globale.
BRIGITTE KLINKERT
L'enveloppe globale, c'est juste énorme, c'est juste un plan massif, et nous voulons trouver une solution adaptée à chaque jeune. Alors, il y a de nombreux dispositifs qui ont été mis en place…
STEPHANE VERNAY
Alors peut-être on peut détailler, une solution pour chaque jeune c'est ce qu'avait annoncé le président de la République fin juillet dans son discours, ça se décline comment, il y a d'abord la prime de 4000 euros à l'embauche pour les moins de 26 ans, plus de 3 mois, enfin CDD ou CDI, et le reste c'est quoi ? Il était question de 200.000 formations spéciales.
BRIGITTE KLINKERT
Alors il y a beaucoup de mesures, il y a des formations également qui sont proposées aux jeunes pour les métiers de l'avenir, dans le domaine du numérique, dans le domaine de la transition écologique…
STEPHANE VERNAY
Est-ce que ça c'est prêt, c'est déjà opérationnel pour cette rentrée ?
BRIGITTE KLINKERT
Alors, nous sommes en train de travailler, en particulier avec l'AFPA, qui va lancer, qui est en train de lancer, des formations dans les territoires, mais c'est aussi des formations qualifiantes, ce sont des formations aussi dans l'enseignement supérieur. Le plan jeunes ce sont aussi 300.000 parcours d'insertion et d'accompagnement…
STEPHANE VERNAY
En plus des 200.000 formations ?
BRIGITTE KLINKERT
En plus des 200.000 formations, pour les jeunes les plus éloignés de l'emploi, et ce sont tout un tas d'autres mesures, notamment une mesure qui me tient à coeur aussi, ce sont les services civiques, parce que les services civiques permettent à des jeunes, qui sont un petit peu loin de tout aussi, eh bien de remettre un pied dans la société et de reprendre espoir. Ce qui me semble important aussi, puisqu'on parle de milliards, en l'occurrence de 6,5 milliards d'euros pour le plan jeunes, ce sont surtout des solutions concrètes que nous voulons apporter à ces jeunes pour qu'ils puissent avoir un espoir…
STEPHANE VERNAY
Est-ce que je peux juste reprendre le chiffre que vous citiez, vous disiez 750.000 jeunes arrivent sur le marché du travail, là, quand je vous écoute, il y a 200.000 places de formation pour prolonger les études, 300.000, que vous venez de citer….
BRIGITTE KLINKERT
Parcours d'insertion, d'accompagnement pour les plus démunis…
STEPHANE VERNAY
Parcours d'insertion, plus des services civiques, est-ce que ça veut dire que vous vous attendez à ce que quasiment aucun jeune, ou presque, ne parvienne à trouver du travail en cette rentrée particulièrement difficile du fait de la crise sanitaire ?
BRIGITTE KLINKERT
Tout est mis en oeuvre aujourd'hui, pour que justement chaque jeune trouve une solution. Nous avons beaucoup, demandé beaucoup de sacrifices aux jeunes durant la crise sanitaire, c'est vrai que je ne veux pas entendre, moi, parler d'une génération sacrifiée, ce n'est juste pas « entendable » pour la ministre déléguée à l'insertion, et donc mon objectif, même s'il est ambitieux, c'est vraiment de trouver une solution pour chacun d'entre eux.
ORIANE MANCINI
Juste, Stéphane le rappelait, ce chiffre de 1,3 milliard dans le plan de relance consacré à l'insertion des jeunes, précisément, en tout cas dans les grandes lignes…
BRIGITTE KLINKERT
Alors 6,5 milliards, si je puis me permettre…
ORIANE MANCINI
Oui, dans le plan jeunes présenté, mais dont 1,3 milliard parmi les 100 milliards annoncés il y a quelques jours par Jean CASTEX. Comment, précisément, ils vont être utilisés ces 1,3 milliard du plan de relance ?
BRIGITTE KLINKERT
Alors précisément, tout à l'heure, lorsqu'on parlait de sécurité, je disais l'Etat ne peut rien faire tout seul, eh bien là aussi nous allons nous appuyer évidemment sur les acteurs locaux, en premier lieu les missions locales, qui vont repérer les jeunes, et puis ensuite, eh bien je parlais de l'AFPA, qui va proposer des formations, des formations qualifiantes qui vont être proposées, également de l'enseignement supérieur qui va proposer la formation aux métiers d'avenir, mais surtout, surtout aussi, l'insertion, certes ce sont des formations, avec l'obligation de formation maintenant, de 16 ans à 18 ans, qui pour moi est très importante, pour… dans le cadre de l'égalité des chances, parce que, vous le savez bien, l'égalité des chances c'est maintenant l'obligation de la scolarité à partir de 3 ans, eh bien ce qui est important pour nous aujourd'hui c'est que de 16 ans à 18 ans les jeunes poursuivent une formation. Une formation ça ne veut pas dire forcément l'école, parce qu'on le sait beaucoup de ces jeunes qui sont éloignés, et qui cherchent à éviter l'école, il ne faut surtout pas leur en parler, mais il y a d'autres formations que l'école.
ORIANE MANCINI
Notamment l'apprentissage, que le gouvernement cherche à relancer.
BRIGITTE KLINKERT
Notamment l'apprentissage. Je vais beaucoup, aussi, dans les départements, dans les territoires, et il y a beaucoup d'initiatives très très passionnantes qui se font, par exemple dans le domaine du sport, d'essayer de ramener vers l'emploi, et tout simplement de remettre un pied vraiment dans la société, les jeunes, à travers le sport. Parce que, vous savez, on parle beaucoup de diplômes, et bien sûr je crois en l'école, et je crois au CV, on a besoin de CV lorsqu'on se présente à un emploi, mais j'étais jusqu'à il y a un mois présidente de conseil départemental, lorsque je recrutais, lorsque j'embauchais, certes, je regardais le CV, mais j'essayais de donner la chance à des jeunes qui étaient très éloignés de l'emploi, qui habitaient dans des quartiers difficiles, j'essayais même de leur donner la priorité. Et pour moi, plus que les diplômes, c'était le savoir-être et la volonté de ces jeunes qui m'importait. Et s'il y a une ligne que je regardais vraiment sur le CV c'était le sport, quelle activité sportive est-ce qu'il fait, parce qu'à travers l'activité sportive, à travers la culture aussi, mais à travers l'activité sportive, eh bien on peut repérer les qualités et les talents d'un jeune.
ORIANE MANCINI
Et justement l'égalité des chances, Stéphane.
STEPHANE VERNAY
Alors, vous venez de citer l'égalité des chances, il y a un déplacement du président la République ce matin même à Clermont-Ferrand, est-ce que vous pouvez nous dire un petit peu quel est l'objet, ou l'objectif de ce déplacement, et qu'est-ce qu'il va annoncer ? Il y aura des annonces, forcément.
BRIGITTE KLINKERT
Alors, c'est bien sûr au président de la République d'annoncer tout à l'heure un certain nombre de…
ORIANE MANCINI
Vous devez en connaître les grandes lignes quand même !
BRIGITTE KLINKERT
Pour moi, vraiment… vous savez, il y a la loi pour l'école de la confiance, qui a été votée l'an dernier, l'égalité des chances c'est de 3 ans à 18 ans, il faut donner à tous les jeunes, d'où qu'ils viennent, quelle que soit leur origine, les mêmes possibilités de réussir dans la vie. Il y a tous les jeunes, pardon, tous les ans, environ 80.000 jeunes qui sont sans qualification, notre objectif c'est aucun jeune, ni en emploi, ni en formation, donc donner à chaque jeune, soit un emploi, soit une formation, les repérer, et puis ensuite les accompagner, pas seulement vers l'emploi, mais dans l'emploi.
STEPHANE VERNAY
Est-ce qu'il y aura des annonces par exemple sur l'apprentissage ? on sait que l'année dernière a été une année record en termes d'apprentissage, c'était +20 % de jeunes qui rentraient en apprentis par rapport aux années précédentes, donc les efforts du gouvernement précédent ont été payants en la matière, et il y a une angoisse, ou une question qui se pose, c'est avec le Covid est-ce qu'on va arriver au même niveau de taux d'entrées en apprentissage, est-ce qu'on on peut encore, cette année, faire aussi bien que l'année dernière en la matière, ou alors là aussi il va y avoir un creux ?
BRIGITTE KLINKERT
C'est vrai que c'est une vraie question du fait de la crise sanitaire, suivie de la crise économique que nous connaissons aujourd'hui, et je sens aussi un certain nombre de chefs d'entreprise, aujourd'hui, un peu frileux, et on les comprend, avant d'embaucher, ils se posent beaucoup de questions, parce que c'est une responsabilité que d'embaucher, notamment que d'embaucher un jeune…
STEPHANE VERNAY
Du coup c'est quoi le coup de pouce pour les convaincre ?
BRIGITTE KLINKERT
Le coup de pouce c'est justement l'aide à l'embauche d'apprentis, qui a été faite par le gouvernement, et c'est de leur dire, aux chefs d'entreprise, d'avoir confiance, d'avoir confiance en l'avenir économique de notre pays, à travers le plan de relance massif, de 100 milliards d'euros, que nous venons de mettre en place. 100 milliards d'euros c'est juste énorme, dans aucun pays européen voisin vous ne retrouvez un plan de relance tel que celui qui a été lancé par le gouvernement français.
STEPHANE VERNAY
Et quand est-ce que vous saurez, vous aurez l'assurance que cette confiance est restaurée, parce que 100 milliards d'euros, effectivement c'est massif, et en même temps on sait bien que dans la confiance les ressorts qui jouent ce n'est pas forcément une histoire de chiffres, c'est aussi une histoire de conviction et de persuasion, à quel moment vous aurez atteint votre objectif ?
BRIGITTE KLINKERT
Alors, l'objectif du plan de relance, ces 100 milliards d'euros, c'est pour l'emploi et c'est pour les territoires, ça veut dire que là aussi il faut travailler au plus proche, aller convaincre, aller expliquer. Vous savez, j'ai lancé…
STEPHANE VERNAY
On voit qu'il y a beaucoup de ministres qui font beaucoup de terrain depuis l'annonce du plan de relance, ils sont partout en France, ils donnent des interviews, etc.
BRIGITTE KLINKERT
Oui, nous sommes partout, et c'est très important…
STEPHANE VERNAY
C'est la méthode ?
BRIGITTE KLINKERT
Et c'est très important. Il y a 15 jours, j'ai lancé, avec Elisabeth BORNE, avec Sophie CLUZEL, un plan de 300 millions d'euros pour l'insertion, là aussi c'est du jamais vu, et ce plan est destiné, d'une part à soutenir les entreprises dans le domaine de l'insertion, mais aussi les entreprises adaptées, donc pour les personnes en situation de handicap, les aider à surmonter la crise, parce qu'elles ont évidemment beaucoup souffert, et c'est aussi un plan que nous avons mis en place pour aider ces structures de l'inclusion sociale, comme on dit, à se transformer et à se développer, parce que quand l'économie a des difficultés, que les entreprises ont des difficultés, eh bien les entreprises de l'insertion ont encore de plus grandes difficultés.
STEPHANE VERNAY
Il y avait un certain nombre de projets intéressants, ont-ils été mis à mal par le Covid ou pas ? Je pense par exemple aux Territoires zéro chômeur, pour l'instant il y en a 10 qui sont toujours en expérimentation, qu'est-ce que vous allez en faire finalement, vous arrêtez, vous étendez, vous généralisez ?
ORIANE MANCINI
Avec une proposition de loi examinée à l'Assemblée la semaine prochaine.
BRIGITTE KLINKERT
Alors justement, à partir de la semaine prochaine le texte, la proposition de loi Territoires zéro chômeur va être examinée, c'est d'ailleurs le premier texte qui va être examiné par l'Assemblée nationale à partir de l'ouverture de la session, c'est un signe.
STEPHANE VERNAY
Qu'est-ce que vous proposerez ?
BRIGITTE KLINKERT
C'est un signe pour le gouvernement, et c'est un signe de l'Assemblée nationale, de montrer l'importance qu'elle attache à l'insertion, et à l'insertion par l'activité économique. Ce qui est proposé, avec la députée Madame VERDIER-JOUCLAS, qui est l'auteure et la rapporteure du texte, c'est l'insertion de personnes qui sont très très éloignées de l'emploi. Donc, Territoires zéro chômeur existe déjà, il y a une expérimentation…
STEPHANE VERNAY
Il y en a 10.
BRIGITTE KLINKERT
Voilà, c'est une expérimentation…
STEPHANE VERNAY
Est-ce qu'il y en aura plus ?
BRIGITTE KLINKERT
Qui est appelée à être développée, ça sera l'un des objets de la discussion justement la semaine prochaine à l'Assemblée nationale. Territoires zéro chômeur c'est donner, proposer, un CDI à des personnes qui sont très très éloignées de l'emploi, et c'est donc leur donner une chance de retrouver une place dans la société et de leur redonner l'espoir dans la vie.
ORIANE MANCINI
A quand une généralisation ?
BRIGITTE KLINKERT
Alors, vous savez, il y a une expérimentation qui a été lancée sur une dizaine de territoires, nous attendons d'ailleurs encore les retours, nous n'avons pas tous les retours…
STEPHANE VERNAY
Il y a eu plusieurs rapports, parce que ça existe quand même depuis longtemps déjà !
BRIGITTE KLINKERT
Il y a plusieurs rapports. Moi il me semble très important de poursuivre cette expérimentation, peut-être un jour de la généraliser, mais ce n'est pas le cas tout de suite…
STEPHANE VERNAY
Ce n'est pas encore à l'ordre du jour.
BRIGITTE KLINKERT
Pour développer le secteur de l'insertion et permettre, parce que c'est vraiment là l'objectif, aux personnes les plus éloignées de l'emploi de trouver, d'obtenir un CDI, dans des entreprises qui sont dans les territoires, au plus proche des préoccupations des habitants, et au plus proche aussi des nécessités qui se font jour sur le territoire.
STEPHANE VERNAY
Juste une dernière question…
ORIANE MANCINI
Une dernière question, après on va aller en Alsace.
STEPHANE VERNAY
Sur le service public de l'insertion également, donc il y avait un certain nombre de territoires qui ont été choisis, 14 de mémoire…
BRIGITTE KLINKERT
Quatorze, tout à fait.
STEPHANE VERNAY
L'expérimentation devait commencer au mois de mars, en plein confinement, du coup est-ce qu'elle a avoir lieu, est-ce que tout a été mis cul par-dessus tête, ce sera reporté, qu'est-ce qui se passe du coup avec le service public d'insertion ?
BRIGITTE KLINKERT
Alors effectivement le service public de l'insertion dans l'emploi, j'y tiens, dans l'emploi, a été expérimenté à partir du mois de mars…
STEPHANE VERNAY
Il a été expérimenté quand même ?
BRIGITTE KLINKERT
Alors, pour dire la vérité, l'expérimentation démarre maintenant, parce que pendant la crise du Covid ça a été très compliqué de le faire, mais c'est pour moi une priorité, le service public de l'insertion et de l'emploi. Pourquoi ? Parce que dans le domaine de l'insertion il y a des acteurs multiples sur le terrain, il y a des dispositifs qui sont multiples aussi, et donc un problème de lisibilité et de visibilité.
STEPHANE VERNAY
Donc l'objectif c'est de tout simplifier, d'avoir un interlocuteur unique pour un maximum de prestations ?
BRIGITTE KLINKERT
Exactement, d'avoir, j'ai envie de dire enfin, parce que ça fait 10 ans ou 15 ans qu'on parle d'interlocuteur unique, donc d'avoir un référent unique, qui accompagne, tout au long de ce parcours, le bénéficiaire, et quand on parle d'accompagnement, c'est l'accompagnement social, et c'est aussi l'accompagnement vers et dans l'emploi.
ORIANE MANCINI
Allez, Brigitte KLINKERT, on va aller dans votre département, on va retrouver Laurent BODIN qui est journaliste à l'Alsace, c'est votre journal local. Laurent, rebonjour, vous avez des questions pour Brigitte KLINKERT sur la Collectivité européenne d'Alsace.
LAURENT BODIN
Oui, rebonjour Oriane, bonjour Madame KLINKERT.
BRIGITTE KLINKERT
Bonjour Monsieur BODIN.
LAURENT BODIN
Madame KLINKERT, l'actualité politique en Alsace, outre les élections sénatoriales, c'est la disparition le 1er janvier prochain des conseils départementaux du Haut-Rhin et du Bas-Rhin, qui vont fusionner donc dans une entité appelée Collectivité Européenne d'Alsace, est-ce qu'il n'y a pas un risque d'éloigner un peu plus les élus, les centres de décision, des citoyens ?
BRIGITTE KLINKERT
Alors, le 1er janvier prochain c'est surtout la naissance de la Collectivité Européenne d'Alsace, qui est une naissance attendue, et tous les Alsaciens, vous le savez Monsieur BODIN, s'en réjouissent, parce que c'est une co-construction qui a été réalisée entre les élus alsaciens et le gouvernement, et qui va faire de l'Alsace une collectivité, non pas à statut particulier, mais qui aura une place tout à fait unique dans le territoire institutionnel français. Et qu'après Paris, après Lyon, après la Corse, eh bien l'Alsace sera une collectivité qui aura les compétences des deux départements, mais qui aura des compétences nouvelles, qui lui viendront à la fois de l'Etat, et j'entends par-là le développement du bilinguisme, la coopération transfrontalière, le transfert des routes et des autoroutes avec un mécanisme de régulation du transit poids lourds, puisque le transit des poids lourds en Alsace c'est juste une catastrophe, et puis des compétences qui nous viennent de la région, notamment dans le domaine de l'attractivité, du tourisme. Et l'engagement que nous avons pris, Frédéric BIERRY, moi-même, et l'ensemble des conseillers départementaux alsaciens, eh bien c'est que cette collectivité soit encore plus proche que ne le sont aujourd'hui les départements. D'ailleurs, lorsque j'étais présidente du Conseil départemental, j'ai remis en place des animateurs dans les territoires, au plus proche des élus locaux, au plus proche des habitants, pour que cette collectivité, demain, ne soit pas une collectivité qui soit centralisée, ni à Colmar, ni à Strasbourg, ni à Mulhouse, mais qui soit partout dans les territoires.
ORIANE MANCINI
Et justement Laurent a une question sur le choix du siège de cette collectivité.
LAURENT BODIN
Oui, le choix du siège et la question de la présidence, est-ce qu'on n'est en train de revivre la guerre entre - ou la guéguerre - entre les Bas-rhinois et les Haut-rhinois ? Entre Mulhouse, Colmar et Strasbourg, quel est votre choix pour le siège de cette Collectivité Européenne d'Alsace, est-ce que votre nomination au gouvernement ne laisse-t-elle pas la voie libre au président du Conseil départemental du Bas-Rhin, Frédéric BIERRY, qui ne semble pas prêt d'accepter une présidence tournante de cette CEA ?
BRIGITTE KLINKERT
Vous savez, nous avons co-construit ensemble, élus alsaciens, avec le gouvernement, cette Collectivité Européenne d'Alsace, plus que jamais je me sens garante de la réussite de la Collectivité Européenne d'Alsace. Je me suis d'ailleurs exprimée en juillet à ce sujet. Le siège, pour moi, ne doit pas être un sujet, le Premier ministre du gouvernement précédent, Edouard PHILIPPE, l'avait dit, ce sont aux élus alsaciens, le moment venu, de décider du siège, donc c'est à la nouvelle Assemblée de décider. Avec Frédéric BIERRY, d'ailleurs, nous sommes tout à fait d'accord pour dire que, certes, sur le papier il faudra un siège, mais cette nouvelle Assemblée pourra aussi bien se retrouver à Colmar, qu'à Strasbourg, qu'à Mulhouse, mais aussi à Saint-Louis, à Haguenau, à Saverne, etc. Ce que nous ne voulons surtout pas faire, Monsieur BODIN, c'est centraliser à l'échelle de l'Alsace, ce que nous voulons au contraire c'est avoir une Collectivité Européenne d'Alsace au plus proche des habitants. Pour moi aussi, il n'y a pas de guerre des chefs, nous avons réussi ce projet collectivement, eh bien nous continuerons à le mettre en route collectivement, et je suis sûre que ce sera une grande réussite, au bénéfice des Alsaciennes et des Alsaciens.
ORIANE MANCINI
Et merci, on a encore deux questions à vous poser Brigitte KLINKERT, merci beaucoup, merci Laurent BODIN d'avoir été avec nous ce matin, deux questions d'actualité. Alors une qui concerne encore votre région, c'est la crise sanitaire, on sait le grand Est a été particulièrement touché par la première vague, est-ce que les leçons ont été tirées pour vous, est-ce qu'il est pertinent de réduire la quatorzaine comme l'envisage le gouvernement ?
BRIGITTE KLINKERT
Alors, effectivement notre région a été très très touchée, le département du Haut-Rhin très très très fort, j'ai passé 2 mois, non plus à m'occuper de la construction de la Collectivité Européenne l'Alsace ou des grands dossiers, mais j'ai passé 2 mois, on peut le dire, à essayer de sauver des vies, c'était juste une catastrophe. Aujourd'hui ce que j'ai envie de dire à tous les Français c'est portez le masque, les gestes barrières sont fondamentaux, il faut vraiment que les Français soient responsabilisés, se sentent responsables des autres, parce que je ne souhaite pas que l'on puisse revivre une deuxième vague. Et c'est pourquoi aussi pour moi il est important que les préfets puissent prendre des arrêtés pour que le port du masque soit obligatoire dans un certain nombre de villes, notamment à Strasbourg, où malheureusement les indicateurs aujourd'hui ne sont pas très favorables.
ORIANE MANCINI
Et réduire la quatorzaine, est-ce que ce n'est pas un mauvais signal dans ce contexte d'épidémie… ?
BRIGITTE KLINKERT
Vous savez, j'ai eu beaucoup de contacts avec des experts, les experts nous disent il faut aborder de ce virus avec une grande humilité, parce qu'on en sait peu de choses, et tous les jours on apprend autre chose sur ce virus, mais qui le lendemain éventuellement est remis en question. Donc moi je fais confiance aux experts.
ORIANE MANCINI
Allez, dernière question politique, Stéphane.
STEPHANE VERNAY
Allez sans transition aucune, et très vite. En 2019 vous étiez encore aux Républicains, vous avez quitté le parti, est-ce qu'aujourd'hui vous avez rejoint la République en marche, ou est-ce que vous avez l'intention de le faire ?
BRIGITTE KLINKERT
Alors, j'ai toujours été une élue locale, engagée, dans ce que j'appellerais la majorité alsacienne, aujourd'hui je suis membre du gouvernement…
STEPHANE VERNAY
Dans la majorité gouvernementale, présidentielle.
BRIGITTE KLINKERT
Dans la majorité présidentielle.
STEPHANE VERNAY
Mais vous n'avez pas pris votre adhésion à En Marche ?
BRIGITTE KLINKERT
Je n'ai pas d'étiquette politique, pour moi ce qui importe c'est l'avenir du pays, c'est de servir mon pays.
ORIANE MANCINI
Et merci beaucoup, merci Brigitte KLINKERT d'avoir été notre invitée ce matin.
BRIGITTE KLINKERT
Merci.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 24 septembre 2020