Texte intégral
MARC FAUVELLE
Bonjour Marlène SCHIAPPA.
MARLENE SCHIAPPA
Bonjour.
MARC FAUVELLE
On va parler bien sûr ce matin de la loi que vous préparez contre le séparatisme, de la délinquance également, du débat qui a pu opposer certains ministres sur le terme d'ensauvagement ces dernières semaines. Mais d'abord si vous le voulez bien, la question des migrants puisque ces dernières heures ils sont un peu plus de 12 000 migrants sur l'île grecque de Lesbos à dormir sous les étoiles. Le camp a été ravagé par plusieurs incendies. Que va faire la France ? Est-ce qu'elle va en accueillir certains ?
MARLENE SCHIAPPA
Plusieurs choses d'abord. Quand on parle de migrants, on parle de personnes humaines et je le rappelle. Je sais que vous le savez, on le sait tous ici mais je le rappelle parce que parfois, on a tendance à conceptualiser le sujet et à oublier qu'il s'agit juste de personnes comme vous et moi. Et donc c'est effectivement un drame humain, humanitaire terrible que cette situation qui se produit à Lesbos.
MARC FAUVELLE
Drame auquel la France va répondre ?
MARLENE SCHIAPPA
Bien sûr. La France et l'Allemagne travaillent de concert. Le président Emmanuel MACRON et la chancelière Angela MERKEL travaillent ensemble et nous avons d'ores et déjà proposé, nos deux pays ont proposé ensemble d'accueillir 400 d'entre eux, et ensuite il faudra qu'il y ait une solidarité au niveau de l'Europe et que chaque pays européen prenne ses responsabilités et accueille une part de ces jeunes migrants.
MARC FAUVELLE
Sans cet incendie, ils auraient été accueillis tout de même en France ?
MARLENE SCHIAPPA
Je crois qu'avec des "si", on mettrait Lutèce en amphore comme on dit dans les bandes dessinées d'Astérix, donc je crois que la question qu'on doit se poser c'est qu'est-ce qu'on fait maintenant et qu'est-ce qu'on fait pour qu'il y ait un accueil digne. Et ça une question sur laquelle je travaille au ministère de l'Intérieur, faire en sorte que notamment les personnes qui sont des demandeurs d'asile puissent avoir des réponses plus rapides. A l'heure actuelle quand vous êtes demandeur d'asile en France, vous attendez plus de vingt mois, près de deux ans, pour avoir une simple réponse, pour qu'on vous dise si oui ou non la France peut vous accueillir. Moi je travaille sous l'autorité du ministre de l'Intérieur à réduire ces délais pour qu'en quelques mois désormais, ces personnes sachent si oui ou non elles ont le droit de rester en France.
MARC FAUVELLE
Pour être précis, c'est 400 en France et en Allemagne ou c'est 400 en France ?
MARLENE SCHIAPPA
C'est 400 en Europe. La France et l'Allemagne d'ores et déjà se sont engagées, et ensuite nous souhaitons que chaque pays européen dise ce qu'il peut faire, ce qu'il souhaite faire.
MARC FAUVELLE
Je n'ai pas compris : c'est 400 dans toute l'Europe, combien en France ?
MARLENE SCHIAPPA
Vous me posez une question à laquelle nous aimerions pouvoir répondre.
MARC FAUVELLE
On n'a pas la réponse pour l'instant.
MARLENE SCHIAPPA
Puisque justement la chancelière et le président de la République ont lancé un appel aux autres pays européens en leur demandant de prendre aussi leurs responsabilités. La France et l'Allemagne ont un engagement fort et reconnu en Europe sur l'accueil des réfugiés, sur l'accueil des personnes qui sont en situation…
SALHIA BRAKHLIA
Pardon Marlène SCHIAPPA, sur les 13 000 personnes il y a 4 000 enfants. Vous dites on va en accueillir 400 en Europe. Nous en France, on fait quoi ?
MARLENE SCHIAPPA
Alors en France, on a d'abord un travail de diplomatie et c'est ce que je suis…
SALHIA BRAKHLIA
Mais on en accueille combien parce qu'ils sont dehors là ?
MARLENE SCHIAPPA
Je viens de vous répondre à cette question en vous disant que pour l'instant, je ne peux pas vous répondre avec un chiffre parce que pour l'instant c'est un travail sérieux. On ne peut pas se lancer des anathèmes et faire de la surenchère de chiffres. Il faut savoir comment on les accueille, qui vient, comment ils viennent avec leur famille, comment on fait pour les mineurs qui sont isolés donc qui sont des mineurs qui ne sont pas avec leur famille, comment l'Allemagne et la France s'organisent et comment on est en capacité de les intégrer. Les intégrer, c'est-à-dire très concrètement une fois qu'ils sont en France, il ne s'agit pas de les laisser dehors dans la rue. Il s'agit de les intégrer donc faire en sorte de les héberger dans des foyers, de les accueillir dans des écoles. Ce sont des enfants et les enfants des droits. Il y a une convention internationale des droits de l'enfant, notamment le droit d'aller à l'école, le droit de grandir en sécurité et donc la France est en train de travailler pour savoir exactement combien d'enfants elle accueille et elle accueille dans de bonnes conditions parce que c'est fondamental. On disait tout à l'heure…
SALHIA BRAKHLIA
Donc il faut agir vite.
MARLENE SCHIAPPA
Oui, il y a une urgence. Là ces gens sont en train de patienter dans des situations terribles, donc oui il y a urgence.
SALHIA BRAKHLIA
Marlène SCHIAPPA, flouter les visages des policiers à la télévision et sur les réseaux sociaux, c'est ce que souhaite le ministre de l'Intérieur. Pourquoi il faut faire ça ?
MARLENE SCHIAPPA
Tout simplement parce qu'aujourd'hui quand vous êtes policier, que c'est la rentrée scolaire, que votre enfant arrive à l'école et qu'on lui demande quelle est la profession de ses parents, il y a beaucoup d'enfants qui ne mettent pas que leur papa est policier par exemple ou que leur maman est policière, parce qu'ensuite ils ont des problèmes à l'école, parce qu'on se moque d'eux, parce que parfois on les attaque, on les agresse, on les frappe. C'est arrivé parce que leur père est policier. Donc on est dans une situation en France où on devrait célébrer l'engagement de la police républicaine qui nous protège toutes et tous, et on n'est pas dans cette situation. On est dans une situation en France où les policiers sont mis en cause sans cesse et où parfois on montre leur visage, leur identité. Et jusque chez eux ils sont ensuite parfois – parfois, je ne dis pas tout le temps mais parfois - persécutés parce qu'ils sont policiers, et donc c'est une manière de protéger ceux qui nous protègent.
MARC FAUVELLE
Donc il sera interdit par exemple de filmer en direct une fin de manifestation avec des soupçons de violences policières : on ne pourra plus le faire.
MARLENE SCHIAPPA
Ecoutez, s'il y a des soupçons de violences policières il faut que l'IGPN s'en saisisse et il faut que la justice passe. Donc je crois que l'idée ce n'est pas de montrer les visages des gens…
MARC FAUVELLE
Il n'y a pas d'exception par exemple pour ce qu'on pourrait considérer comme des lanceurs d'alerte ?
MARLENE SCHIAPPA
Les lanceurs d'alerte, ils s'adressent à la justice. S'il y a une alerte à lancer, il faut le lancer à la justice et la justice elle ne se rend pas en diffusant les images de qui que ce soit, que ce soit un policier ou que ce soit une autre personne. Donc moi j'observe que dès lors qu'il y a des violences commises par la police qui sont disproportionnées, qui ne relèvent pas du maintien de l'ordre, il y a effectivement une enquête, l'IGPN est saisie et se passe.
SALHIA BRAKHLIA
Mais ça se passe comment pour les chaînes info qui diffusent en direct ces manifestations ? C'est terminé ?
MARLENE SCHIAPPA
Non, on peut tout simplement diffuser en direct en floutant. Il y a des techniques maintenant qui font un direct différé de quelques secondes, de quelques minutes. Il y a beaucoup de chaînes qui le font, des directs différés, et ça permet justement de flouter entre temps, filmer les policiers de dos…
MARC FAUVELLE
Direct différé, par définition ce n'est plus tout à fait un direct.
MARLENE SCHIAPPA
Ça, vous le direz à vos collègues qui mettent "direct"… quelques minutes d'écart. Ça c'est un débat entre vous, ça ne me concerne pas.
MARC FAUVELLE
Il n'y a pas d'exception en tout cas.
MARLENE SCHIAPPA
C'est la proposition du ministre de l'Intérieur.
MARC FAUVELLE
Un syndicaliste policier invité, on le floute ?
MARLENE SCHIAPPA
Ecoutez, ce sera discuté. Il y a des responsables. La tradition en fait sur la question des visages et des floutages, si on peut le dire comme ça, c'est qu'effectivement quand il y a quelqu'un qui est syndicaliste et qui vient sur un plateau de télévision, il vient représenter son syndicat, il vient avec son nom et donc évidemment il n'est pas flouté. Il vient en tant que personnalité et que représentant. Là nous parlons de quoi ? Nous parlons des policiers qui lorsqu'ils sont en train de faire leur travail, sont filmés à deux centimètres d'eux devant leur nez et on les filme à longueur de journée en attendant et parfois même - je le dis, pardon, ce n'est pas politiquement correct – mais parfois en espérant la bavure comme on dit et en le filmant à longueur de journée devant lui pendant qu'il est en train de travailler, et ensuite c'est diffusé sur les réseaux sociaux avec parfois des appels au lynchage et l'absence de mesures totales que l'on connaît sur ces réseaux sociaux. Donc c'est une mesure que le ministre de l'Intérieur mais à la discussion, chacun pourra avoir voix au chapitre : les syndicats policiers évidemment mais évidemment les parlementaires et on en discutera. Mais je crois que l'idée du ministre de l'Intérieur, j'en suis même sûre, c'est de vouloir protéger les policiers qui nous protègent. (…)
MARC FAUVELLE
On va parler de la délinquance dans un instant avec vous, Marlène SCHIAPPA. (…)
SALHIA BRAKHLIA
Marlène SCHIAPPA, ministre déléguée à la Citoyenneté, est avec nous. Après quelques jours de débats sur le mot ensauvagement, vous, les ministres, vous vous êtes fait recadrer par le président de la République. Vous n'avez plus le droit de prononcer le mot ensauvagement, c'est terminé ? Ça n'existe plus ?
MARLENE SCHIAPPA
Ah oui ?
SALHIA BRAKHLIA
Je vous pose la question.
MARLENE SCHIAPPA
Vous me l'apprenez.
SALHIA BRAKHLIA
C'était dans Le Monde : vous avez été recadrés lors du séminaire gouvernemental mercredi.
MARLENE SCHIAPPA
Alors je ne crois pas exactement que ce soit ce qui s'est passé. D'abord le président de la République n'est pas coutumier de recadrage mais en fait sur la question de l'ensauvagement…
SALHIA BRAKHLIA
Ça arrive, non ?
MARLENE SCHIAPPA
Moi je n'aime pas l'expression « recadrer », je la trouve… Voilà !
SALHIA BRAKHLIA
Il a tapé du poing sur la table ?
MARC FAUVELLE
On ne va pas faire un débat sur mise au point ou recadrer. Des débats dans le débat.
MARLENE SCHIAPPA
Oui. Vous voyez comme on fait des débats sémantiques, voilà, le débat dans le débat. Peu importe. En tout cas le président de la République effectivement souhaite qu'on se concentre sur les actes et qu'on n'ait pas des débats sémantiques éternels. Il a parlé publiquement de ce qu'il appelait le Kamasutra de l'ensauvagement pour dire justement qu'on déclinait la notion d'ensauvagement à n'en plus finir. Je crois que l'important, c'est quoi ? L'important c'est qu'on travaille contre la délinquance, qu'on travaille contre l'insécurité, qu'on travaille aussi contre le sentiment d'insécurité et moi je l'assume parfaitement. Quels que soient les mots qu'on met dessus, tous au gouvernement on applique la même politique de Gérald DARMANIN à Eric DUPOND-MORETTI puisque c'est là…
SALHIA BRAKHLIA
Mais vous regrettez d'avoir donné du grain à moudre à l'opposition ?
MARLENE SCHIAPPA
Non. Alors on n'a absolument pas donné de grain à moudre à l'opposition.
SALHIA BRAKHLIA
C'est ce qu'a dit le président visiblement.
MARLENE SCHIAPPA
Non. Moi je crois que sur ces questions, au contraire, chacun voit à quel point on est à l'action. Le ministre de l'Intérieur est sans cesse sur le terrain et tout le monde, y compris l'opposition, lui reconnait cela. Et nous notre volonté c'est d'agir et d'écouter aussi ce que nous disent les Français sur la montée d'une forme de violence gratuite et d'une violence très forte. Vous avez vu cette vidéo qui a circulé sur les réseaux sociaux peut-être…
MARC FAUVELLE
A Reims.
MARLENE SCHIAPPA
D'une jeune fille de 13-14 ans qui se fait tabasser et jeter à terre, frappée de coups de pied, de coups de poing par un petit garçon. Enfin un adolescent, je ne sais pas comment l'appeler, un jeune homme qui a 13-14 ans et qui la tabasse littéralement pendant de longues minutes avec des témoins qui n'interviennent pas, qui filment et qui ensuite diffusent la vidéo. Donc je félicite les enquêteurs qui ont réussi à les identifier, qui les ont interpellés et mis en garde à vue, et maintenant la justice doit passer. Mais ce type de phénomène d'une ultra-violence et parfois chez les plus jeunes d'entre nous, elle nous préoccupe. On doit y répondre et c'est notre travail.
MARC FAUVELLE
Mais ce n'est plus de l'ensauvagement.
MARLENE SCHIAPPA
Ecoutez, moi j'ai utilisé le terme d'ensauvagement. Le terme d'ensauvagement ne me dérange pas, je l'ai déjà dit.
MARC FAUVELLE
Mais vous ne l'utiliserez plus.
MARLENE SCHIAPPA
Ce n'est pas ça. C'est que si on doit s'enfermer dans des débats sans fin pour savoir qui a dit ensauvagement, qui a dit barbarie, qui a dit quoi etc… Vous savez j'étais en Corse avec le président de la République. La plaque en hommage au préfet ERIGNAC, il y a marqué dessus que le préfet a été sauvagement tué et je crois que là aussi, cet adjectif s'applique. Mais je crois que ce qui importe, ce sont les actes et c'est ce qu'on fait, et en tout cas on est au travail.
MARC FAUVELLE
Vous portez, Marlène SCHIAPPA, le projet de loi sur le séparatisme qui doit être dévoilé dans les mois qui viennent. C'est quoi le séparatisme ?
MARLENE SCHIAPPA
Le séparatisme, c'est la manière de s'organiser de façon hostile et violente vis-à-vis de la République.
MARC FAUVELLE
Hostile et violente, il faut ces deux critères-là.
MARLENE SCHIAPPA
Hostile dans un but violent. Mais si on prépare une action violente, on est dans un… Mais j'observe, si vous permettez puisqu'on a fait un peu de sémantique, que c'est une question qu'on me pose sans cesse sur les plateaux de radio et de télévision. Qu'est-ce que c'est le séparatisme ? On ne comprend pas bien ce que c'est le séparatisme.
SALHIA BRAKHLIA
Parce que la définition que vous donnez, ce n'est pas la définition du Larousse par exemple.
MARLENE SCHIAPPA
Oui mais en fait, il y a une étude de l'Ifop qui est sortie hier ou avant-hier qui dit que plus de 70 %, 75% - je ne sais plus - des Français soutiennent la loi contre le séparatisme et on leur a même demandé…
MARC FAUVELLE
Peut-être parce qu'on ne sait pas ce qu'il va y avoir dedans.
MARLENE SCHIAPPA
Non parce que justement, on leur a demandé mesure par mesure en mettant toutes les mesures qui ont été mises sur la table, du certificat de virginité au contrat d'engagement sur la laïcité en passant par la fermeture des lieux dans lesquels quelqu'un prêche une idéologie de haine, et on a une adhésion très forte des Français. Les Français ne répondent pas : on ne comprend pas la question, on ne sait pas ce que ça veut dire. Donc moi, je crois que les Français comprennent très bien de quoi il retourne et ils comprennent très bien également nos mesures.
MARC FAUVELLE
Un Gilet jaune qui veut rentrer à 'Elysée pour renverser le pouvoir, il est séparatiste ? Hostile et violent.
MARLENE SCHIAPPA
Ecoutez, moi je crois que ça ne relève pas de la loi qu'on est en train de travailler sur le séparatisme parce que ça, c'est déjà couvert par la loi. Si vous avez quelqu'un qui est violent, hostile et qui arrive avec une hache et qui essaie de rentrer à l'Elysée de force, là la personne peut déjà être arrêtée. Il y a déjà une loi qui existe pour ça. Donc on ne va pas retraiter…
MARC FAUVELLE
Un nationaliste corse qui pose une bombe, il est hostile, violent et séparatiste ?
MARLENE SCHIAPPA
Mais de la même manière, on ne pose pas de bombe. Quelqu'un qui pose une bombe…
MARC FAUVELLE
Ça, c'est une évidence mais ma question… Evidemment qu'on ne pose pas de bombe !
MARLENE SCHIAPPA
Vous me posez la question….
SALHIA BRAKHLIA
Qu'est-ce qui entre dans le séparatisme ? Est-ce qu'un médecin qui refuse de pratiquer l'IVG est un séparatiste ?
MARC FAUVELLE
En allant contre une loi de la République.
MARLENE SCHIAPPA
Non mais on peut décliner ad vitam æternam…
SALHIA BRAKHLIA
Oui, mais on veut des exemples concrets.
MARLENE SCHIAPPA
Moi je vous donne des exemples de ce qui est dans la loi et peut-être avant tout vous dire qu'on ne va pas faire une loi qui a pour vocation de faire la définition exhaustive de ce qu'est le séparatisme. Ce n'est pas ça l'objet de la loi. L'objet de la loi…
MARC FAUVELLE
Donc tous les exemples que vous citez, Marlène SCHIAPPA, pardon de vous interrompre, c'est l'islamisme.
MARLENE SCHIAPPA
Non. Le suprématisme blanc par exemple.
MARC FAUVELLE
Oui.
MARLENE SCHIAPPA
Les gens qui ont tenté… D'ailleurs il y a des attentats et je félicite les services de la DGSI puisqu'il y a des attentats qui ont été déjoués en France, qui étaient organisés par des suprématistes blancs et on peut penser en dehors de la France à l'attentat de Christchurch par exemple. On parle aussi de la question des dérives sectaires. Je crois qu'il y a des pratiques qui sont liées aux dérives sectaires. Alors l'islam radical peut être une dérive sectaire mais il y a aussi d'autres dérives sectaires, et dans ce projet de loi nous sommes en train de travailler pour faire en sorte qu'il y ait des mesures également qui portent sur la lutte contre les dérives sectaires. Donc ce n'est pas que l'islam radical mais c'est aussi et principalement l'islam radical, parce que c'est la principale menace à l'heure actuelle en France.
SALHIA BRAKHLIA
Alors Marlène SCHIAPPA, vous parlez de séparatisme. Marine LE PEN considère que ce n'est pas le bon mot.
MARINE LE PEN, PRESIDENTE DU RASSEMBLEMENT NATIONAL
Moi je parle de communautarisme islamiste.
NICOLAS DEMORAND
Pourquoi ?
MARINE LE PEN
Pourquoi ? Parce que notre Constitution est extrêmement claire. Elle considère que le communautarisme n'a pas sa place. Les communautaristes islamistes ne souhaitent pas seulement vivre séparément. Ils souhaitent imposer aux autres leur manière de vivre. Donc je pense qu'en plus, ce terme qui cherche à atténuer la réalité de ce que nous vivons est erroné sur la réalité de la situation.
SALHIA BRAKHLIA
Vous, vous ne voulez pas parler de communautarisme.
MARLENE SCHIAPPA
On peut parler aussi de communautarisme, moi j'en parle sans problème. J'ai écrit un livre entier qui s'appelle "ne et indivisible"sur le fait qu'il n'y a qu'une communauté en France : la communauté nationale. Moi je parle de communautarisme sans problème. En revanche le terme de séparatisme nous paraît plus fort mais en ce qui concerne Madame LE PEN, j'observe qu'elle a beaucoup de choses à dire sur les plateaux de télévision, elle est accessoirement députée. C'est une élue de la nation et je ne l'ai pas vu faire des propositions de loi ou même faire des propositions d'amendements pour lutter contre ces phénomènes qu'aujourd'hui elle dénonce. Donc j'ai hâte de voir ce que proposera la députée Marine LE PEN lors du projet de loi contre les séparatismes, et quelles sont les mesures fortes, concrètes qu'elle pourra proposer pour aider le travail de toute la nation pour lutter contre le séparatisme et contre l'islam radical. J'attends avec impatience.
MARC FAUVELLE
Concernant, Marlène SCHIAPPA, les certificats de virginité que vous voulez éradiquer, combien sont pratiqués aujourd'hui en France ? Est-ce qu'on a un chiffre, un état des lieux, ou est-ce que c'est une impression ?
MARLENE SCHIAPPA
C'est très difficile d'avoir des chiffres et c'était la même chose pour la question de l'excision. Dans mes précédentes fonctions, j'ai financé une étude qui vise justement à quantifier le nombre de femmes excisées qui vivent en France, puisqu'on avait un chiffre de 60 000 depuis de nombreuses années et les études en cours nous parlent plutôt de 100 à 120 000 femmes. Pour la question des certificats de virginité, c'est la même chose. Il faudrait une enquête qui nous permette de faire un travail de recherche pour avoir des remontées parce qu'il y a à la fois…
MARC FAUVELLE
On n'en sait rien en fait aujourd'hui.
MARLENE SCHIAPPA
On n'a pas les chiffres mais on sait qu'il y a des remontées. On a des associations qui nous appellent, on a des femmes, des jeunes filles qui réussissent à s'échapper de leur famille et qui nous en parlent. On a des médecins qui nous en parlent, des sages-femmes parfois. On a des demandes de certificat de virginité, on a aussi des demandes de reconstruction de l'hymen vis-à-vis de médecins et de gynécologues dans plusieurs quartiers en France. Donc il y a de véritables remontées mais je ne veux pas vous donner un chiffre parce qu'il serait vraiment au doigt mouillé. Mais en tout cas, ça me semble important que ce soit une pratique interdite par les lois de la République, et que fermement on dise que ça ne rentre pas dans le cadre républicain que de demander à une citoyenne de prouver à qui que ce soit sa virginité. Le corps des femmes n'appartient qu'à elles-mêmes.
SALHIA BRAKHLIA
Vous voulez pénaliser les médecins en question. Une gynécologue de Saint-Denis interrogée par nos confrères de LCI a eu cette phrase : si une fille a besoin d'un papier pour lui sauver la vie, je le fais. Vous le comprenez ?
MARLENE SCHIAPPA
Oui, oui je comprends. C'est Ghada HATEM, je la connais. C'est la fondatrice de la Maison des femmes. Je comprends sa philosophie et je comprends ce qu'elle fait en tant que gynécologue.
MARC FAUVELLE
Et pourtant, vous allez lui interdire de le faire.
MARLENE SCHIAPPA
Absolument.
MARC FAUVELLE
Oui.
MARLENE SCHIAPPA
Absolument parce qu'encore une fois, je fais le parallèle avec l'excision. Vous savez, à l'époque des débats sur la question de l'excision, il y avait des gens qui nous disaient : il vaut mieux médicaliser l'excision parce qu'au moins c'est bien fait.
MARC FAUVELLE
Oui, ce ne sera pas pratiqué à la maison.
MARLENE SCHIAPPA
Voilà. Ou il vaut mieux faire croire qu'on a pratiqué une excision, comme ça la famille n'y revient pas. Mais qu'est-ce qui se passe une fois qu'on a donné le certificat de virginité pour sauver la vie ? Et je comprends très bien, je ne la remets pas du tout en cause. Je comprends qu'elle fasse ça pour sauver la vie de la jeune fille à court terme. Eh bien la jeune fille, elle repart dans la famille qui a demandé un certificat de virginité. Et qu'est-ce qui va se passer après ? Vous croyez qu'une famille ou un futur mari ou des parents qui exigent qu'on mette des doigts à l'intérieur d'une fille et qu'on trouve du sang et qu'on lui brise l'hymen pour prouver qu'elle n'a pas eu de rapport sexuel jusque-là, vous pensez qu'ils s'intéressent à sa dignité ? Qu'ils vont bien la traiter ? C'est des gens qui après sans doute vont l'opprimer, vont la frapper, qui ne vont pas bien la respecter en tant qu'individu. Donc moi, je comprends l'idée de se dire : là je vois à court terme et pour l'urgence je fais un certificat je lui sauve la vie deux semaines. Moi ma responsabilité en tant que membre du gouvernement, c'est de dire que je veux que la République interdise ces pratiques, et que l'on cesse ces pratiques, et qu'à long terme on ne renvoie pas ces jeunes filles dans les familles. (…)
MARC FAUVELLE
Marlène SCHIAPPA, hier l'ancien président de la République, Nicolas SARKOZY, était l'invité de nos confrères de « Quotidien », et une petite phrase, plutôt plusieurs, qu'on va écouter ensemble, font polémique.
NICOLAS SARKOZY
Cette volonté des élites, qui se pincent le nez, qui sont comme les singes qui n'écoutent personne – alors, on a le droit de dire singes, parce qu'on n'a plus de dire… on dit quoi, « Les 10 petits soldats » maintenant, c'est ça ? Elle progresse la société… le livre…
YANN BARTHES
Vous parlez d'Agatha CHRISTIE, d'accord…
NICOLAS SARKOZY
Oui, oui, on n'a plus le droit… on a peut-être le droit de dire singes sans insulter personne.
MARC FAUVELLE
Alors, Nicolas SARKOZY a visiblement confondu les mots singes et nègres, est-ce que c'est juste une maladresse, Marlène SCHIAPPA, ou est-ce que c'est une formule raciste, comme le dit ce matin une partie de la gauche ?
MARLENE SCHIAPPA
Ecoutez, honnêtement je n'ai pas vue l'émission en entier, donc je ne sais pas ce qu'il dit après, ce qu'il dit avant et quel était le débat sur ces mots.
SALHIA BRAKHLIA
On comprend tout sur cette question-là !
MARC FAUVELLE
Il n'y a pas de montage évidemment dans ce qu'on diffuse.
MARLENE SCHIAPPA
Non, non, je sais bien que sur France Info il n'y a pas de montage, mais ce que je veux dire c'est que ça s'inscrit dans le cadre d'une discussion, je ne sais pas ce qui est dit avant et un après, je ne suis pas dans la tête du président SARKOZY, et donc si l'idée c'est de…
MARC FAUVELLE
Ça ne mérite pas qu'on lui tombe dessus comme le fait une partie de la gauche, le patron du Parti socialiste, Olivier FAURE, qui dit qu'il est en plein naufrage raciste, par exemple, non pardon, ça c'est Yannick JADOT, Olivier FAURE dit qu'il associe spontanément les singes aux nègres et que c'est du racisme sans masque.
MARLENE SCHIAPPA
Je ne sais pas, comme je vous l'ai dit, je ne suis dans la tête du président SARKOZY. Si l'idée c'était de dire qu'on peut appeler les noirs des singes et que donc il se désole qu'on ne puisse pas le dire, évidemment c'est une pensée raciste, mais si l'idée c'est de dénoncer justement le fait qu'on utilise des mots comme celui-là pour parler à des personnes noires et que donc il veut, par l'ironie, le dénoncer, là ce n'est pas raciste, mais comme je vous le dis, je ne suis pas dans sa tête….
MARC FAUVELLE
Donc vous lui laissez le bénéfice du doute, on va dire ça comme ça.
MARLENE SCHIAPPA
Je n'en sais rien, honnêtement je ne sais pas, je ne comprends pas, en fait, pour être honnête, je ne comprends pas ce que le président SARKOZY essaye de dire avec cette phrase, donc il faudrait le lui demander à lui, voilà, ça nous permettrait d'avoir l'explication.
SALHIA BRAKHLIA
Grégory DOUCET, le maire écologiste de Lyon, estime que le Tour de France est machiste, « quand on défend les valeurs du sport, on défend l'égalité femmes-hommes, il devrait y avoir un Tour de France féminin depuis longtemps. » Vous pensez pareil ?
MARLENE SCHIAPPA
Moi, ce qui me fait sourire, de façon rire jaune, comme le maillot, c'est de voir à quel point, maintenant le rélexe d'une grande partie de la gauche, dont EELV, c'est dénoncer, interdire. En fait on a l'impression qu'il y a des gens qui n'existent pas en dehors de l'indignation, la dénonciation, l'interdiction. Là j'ai vu qu'il y avait un maire EELV qui voulait, le maire de Bordeaux, qui ne veut plus que le Tour de France.
MARC FAUVELLE
Pierre HURMIC.
MARLENE SCHIAPPA
Voilà, passe à Bordeaux parce que c'est machiste et ça pollue. Il y a le maire…
SALHIA BRAKHLIA
Ça c'est Lyon, c'est celui que je viens de citer.
MARLENE SCHIAPPA
Voilà, je confonds Lyon et Bordeaux, et il y a un autre maire…
SALHIA BRAKHLIA
(…)
MARLENE SCHIAPPA
Voilà, qui dit « en fait nous on ne va plus faire de fête de Noël, on ne va plus décorer de sapins, parce que c'est une ode à l'arbre mort. En fait j'ai l'impression que ces gens n'aiment pas la fête, n'aiment pas la joie, dès lors qu'il y a un truc un peu festif, où les gens peuvent être un peu contents, un Tour de France, une compétition sportive, une fête de Noël, ils veulent l'interdire, je ne comprends pas quel est le projet politique derrière dans le fait de vouloir tout interdire. Moi je veux tout améliorer.
MARC FAUVELLE
Vous voulez dire que l'écolo est triste ?
MARLENE SCHIAPPA
Pardon ?
MARC FAUVELLE
Vous voulez dire que l'écolo est triste ?
MARLENE SCHIAPPA
Je veux dire que l'écolo n'aime pas la joie des autres manifestement, ce qui est pire, on a le droit d'être triste et de ne pas imposer sa tristesse aux autres. Pardon, mais on ne veut pas avoir un arbre coupé, je le comprends parfaitement, on met un arbre en pot et on plante, on décore un yucca, j'en sais rien, il y a toujours moyen de faire une fête…
MARC FAUVELLE
Yucca de Noël, avouez que ça fait moins festif.
MARLENE SCHIAPPA
Non, mais je dis ça en plaisantant, mais on peut penser…
SALHIA BRAKHLIA
Vous ne voyez pas…
MARLENE SCHIAPPA
Pour moi c'est des conditions dévoyées. Je pense que toute ma vie je l'ai consacrée au combat féministe depuis l'âge de 15 ans, bien avant qu'on en parle dans les médias, etc., et je n'ai jamais souhaité interdire le Tour de France, je veux que ça évolue, donc je trouve ça très bien que maintenant…
MARC FAUVELLE
Il ne souhaite pas son interdiction, il dit c'est machiste à partir du moment où il n'y a pas un Tour de France féminin qui dure trois semaines.
MARLENE SCHIAPPA
Non, non, il veut l'interdire dans sa ville.
SALHIA BRAKHLIA
Parce que ça coûte cher.
MARC FAUVELLE
Oui, il peut passer à côté de Lyon. Il peut passer à Villeurbanne plutôt qu'à Lyon…
MARLENE SCHIAPPA
Oui, donc c'est une interdiction dans sa ville. Non, ce n'est pas que ça coûte cher, il dit…
MARC FAUVELLE
En l'occurrence le Tour de France arrive à Lyon samedi, demain.
MARLENE SCHIAPPA
Oui, mais il a dit que c'était la dernière fois, et que la prochaine fois il interdirait son passage, moi je prends les déclarations, ce sont ses déclarations en tout cas, donc il y a une volonté d'interdiction.
SALHIA BRAKHLIA
Oui, mais ça coûte cher, ça pollue et c'est machiste en plus.
MARLENE SCHIAPPA
Ecoutez, moi je crois que l'idée c'est d'aller plus d'égalité dans le sport, et d'ailleurs je le dis très tranquillement parce que j'ai été littéralement lynchée mais vraiment, et menacée de mort pour avoir fait un tweet répondant à un hashtag "invente ta règle de foot" dis "nvente ta règle de foot, ça serait bien si les footballeuses étaient payées comme les footballeurs" j'ai eu des milliers d'insultes. Cela dit en passant, le Brésil vient de le faire, donc je crois que la France est aussi en capacité de le faire.
MARC FAUVELLE
Et l'Angleterre.
MARLENE SCHIAPPA
Donc je suis absolument militante de l'égalité entre les femmes et les hommes dans le sport, ça ne passe pas par le fait d'interdire aux mecs de faire du vélo, pardon de le dire comme ça, mais à un moment il faut être aussi un peu rationnel, lucide, et moins rabat joie peut-être.
MARC FAUVELLE
Jérôme RODRIGUES, l'un des leaders des Gilets jaunes, qui s'apprêtent à manifester à nouveau demain, a assimilé les policiers, je cite, à "ne bande de nazis" ces derniers jours, votre patron, Gérald DARMANIN… ce n'est pas votre patron…
MARLENE SCHIAPPA
C'est mon ministre de tutelle.
MARC FAUVELLE
Si, c'est votre patron, vous êtes ministre déléguée – a décidé de porter plainte. C'est le rôle d'un ministre de porter plainte contre un citoyen, ou c'était plutôt le rôle des syndicats de police de le faire ?
MARLENE SCHIAPPA
Je ne sais pas, moi je crois que le rôle du ministre de l'Intérieur c'est aussi de protéger ceux qui nous protègent, comme je vous le disais tout à l'heure, et donc de défendre aussi l'honneur des policiers. Ça rejoint la conversation qu'on avait tout à l'heure. Vous trouvez ça normal qu'un petit garçon de 8 ans, à la rentrée, ne puisse pas écrire "policier"à la profession du père sur sa fiche de renseignements à l'école ? Moi je ne trouve pas ça normal. Donc, je crois que le ministre de l'Intérieur fait bien de rétablir l'honneur des policiers, et je crois que c'est indigne, en plus, ça a un sens historique de dire ça, c'est indigne de comparer des nazis à la police républicaine de la France de 2020.
SALHIA BRAKHLIA
Le retour des Gilets jaunes demain, ça vous inquiète, c'est le retour du cauchemar aussi ?
MARLENE SCHIAPPA
Ecoutez, on est vigilant, il y a des mesures de sécurité et d'ordre public qui ont été prises, notamment par le préfet à Paris, et donc on est vigilant, inquiet non, ce n'est pas le genre de la maison, mais vigilant, oui.
SALHIA BRAKHLIA
Ce n'est pas le genre de la maison, l'inquiétude ?
MARLENE SCHIAPPA
Non. On ne peut pas, si on est aux responsabilités, qu'on est inquiet tout le temps, on se ronge les ongles et on interdit le Tour de France, donc… on a vu des dérapages sur ce sujet.
MARC FAUVELLE
Merci à vous Marlène SCHIAPPA.
MARLENE SCHIAPPA
Merci à vous.
MARC FAUVELLE
Et bonne journée.
MARLENE SCHIAPPA
A vous aussi.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 30 septembre 2020