Texte intégral
MATTHIEU BELLIARD
Bonjour Frédérique VIDAL.
FREDERIQUE VIDAL
Bonjour.
MATTHIEU BELLIARD
Avant de parler de la circulation du virus dans les universités, Parcoursup, la procédure d'admission et d'orientation post-bac, vous révélez aujourd'hui, vous nous révélez ce matin, sur Europe 1, les bilans de la session 2020, une année particulière, évidemment, le confinement, le Covid. Première information, les superlatifs, plus de formations, plus d'étudiants admis, plus de demandes. Vous avez l'air contente de votre rentrée, sur ce point-là, ça a marché ?
FREDERIQUE VIDAL
Oui, absolument, avec un accompagnement exceptionnel une fois de plus des commissions d'accès à l'Enseignement supérieur qui réunissent les professeurs du secondaire, du supérieur, et puis, les rectorats, les services d'orientation, alors que nous avons eu 30.000 bacheliers supplémentaires qui souhaitaient s'inscrire dans l'Enseignement supérieur. Nous avons, au moment de la fermeture de la procédure, 590 bacheliers que nous continuerons bien sûr à accompagner, puisque nous nous sommes engagés à un jeune, une solution, c'est moins de…
MATTHIEU BELLIARD
Et combien d'élèves sont restés sans proposition au total ?
FREDERIQUE VIDAL
591.
MATTHIEU BELLIARD
591 élèves sans proposition de Parcoursup…
FREDERIQUE VIDAL
C'est moins de 0,1 %.
MATTHIEU BELLIARD
Ok, on fait quoi pour eux du coup ?
FREDERIQUE VIDAL
On continue…
MATTHIEU BELLIARD
Ça, c'est un bon résultat au regard de ce qu'on a pu dire ces dernières années, mais…
FREDERIQUE VIDAL
Non, non, on continue, on continue, on continue, bien sûr, on ne les laisse pas tomber. Et on va leur trouver des solutions, on va leur proposer des choses, et ils le savent d‘ailleurs, puisque nous les avons très régulièrement au téléphone, et on continue à affiner leur projet, mais ils seront tous pris en charge.
MATTHIEU BELLIARD
Il y a une catégorie qui s'appelle les « oui, si », qui sont-ils ?
FREDERIQUE VIDAL
Alors, les « oui, si », ce sont des étudiants qui souhaitent rejoindre des formations, qui ne correspondent pas forcément à ce qu'ils ont fait pendant leur cycle de lycée, et qui vont donc être plus particulièrement accompagnés, soit, par des dédoublements de travaux dirigés, soit par du renforcement méthodologique, soit, on va leur proposer de faire leur première année sur 18 mois au sur 24 mois pour justement les accompagner vers la réussite et leur donner confiance en eux.
MATTHIEU BELLIARD
Ils existaient déjà avant ces « oui, si », mais est-ce qu'on peut y voir un signe du confinement, est-ce que certains élèves sont arrivés à la fin de l'année sans avoir le niveau ?
FREDERIQUE VIDAL
Alors les universités, pour certaines d'entre elles en tout cas, ont choisi de faire rentrer, si je puis dire, ces étudiants quelques semaines avant justement pour regarder s'il y avait un accompagnement particulier à leur donner, voilà, il y en a un peu plus évidemment que les années précédentes, mais l'accompagnement a été préparé durant ces trois dernières années. Donc là, les établissements sont prêts.
MATTHIEU BELLIARD
Avec la crise du coronavirus, le confinement, il y avait eu cette promesse de formations, de plus de formations dans les domaines sanitaires, le sanitaire et le social ; combien de places ont été créées dans les BTS ?
FREDERIQUE VIDAL
Alors, il y a des places qui ont été créées dans les BTS, c'est près de 6.000 places, des places qui ont été créées aussi dans les écoles de soins infirmiers, en lien avec les régions, puisque ce sont les régions qui pilotent ces écoles, plusieurs milliers de places aussi. Nous avons essayé de répondre à la demande, c'est-à-dire que partout où il y avait une très forte demande, et ça a été le cas pour ces formations paramédicales, nous avons augmenté le nombre de places.
MATTHIEU BELLIARD
Frédérique VIDAL, un tiers des clusters sont en milieu éducatif, milieu éducatif, c'est l'école plus l'université, mais quand je lis Jean-Michel BLANQUER dans Le Figaro ce matin, il vous renvoie un peu la balle : la contagiosité viendrait, selon lui, davantage de l'Enseignement supérieur, pour plusieurs raisons, sans entrer dans le détail. Vous, vous répondez, Frédérique VIDAL, qu'on risque plus d'être contaminé dans un bar que dans un amphi si on est masqué dans l'amphi. Ça semble cohérent. Mais est-ce à dire qu'il n'y a pas de sujet contamination en université ?
FREDERIQUE VIDAL
Non, pas du tout, il y a évidemment des contaminations observées dans les universités, ce qui est intéressant, c'est que lorsqu'on a un cas avéré dans une université, c'est facile de tester la promotion entière, et on voit qu'il y a aussi parmi les étudiants asymptomatiques des étudiants qui sont eux aussi positifs, et ça permet aux établissements de gérer en fonction de ce qu'ils observent sur place ; c'est très important, quand on dit une université, souvent, on parle d'une quinzaine ou d'une vingtaine de bâtiments qui peuvent être sur des sites différents. Donc c'est le président d'université, le directeur de l'établissement en lien avec l'ARS et le préfet, qui organisent en fait, soit, le passage en tout distanciel, soit, qui dédoublent les promotions de manière à ce qu'il y ait et du distanciel et du présentiel.
MATTHIEU BELLIARD
Aujourd'hui, combien d'universités sont fermées ?
FREDERIQUE VIDAL
Alors, il y a quelques dizaines de sites qui ont été fermées, ce n'est pas que des universités, c'est souvent des écoles qui ont un seul bâtiment en réalité comme Sciences Po par exemple, à Reims, ou comme certaines écoles d'ingénieurs qui n'ont qu'un bâtiment…
MATTHIEU BELLIARD
Oui, ça semble plus simple d'isoler aussi, de faire du 100 % distanciel quand on est à Sciences Po, à HEC ; toutes ces questions-là, elles sont plus compliquées quand on est une grande université évidemment ?
FREDERIQUE VIDAL
Evidemment, mais dans une grande université, ce qu'il faut voir, c'est que les étudiants sont répartis par département de formation, et donc finalement, c'est une…
MATTHIEU BELLIARD
Et on fermerait le département et pas forcément…
FREDERIQUE VIDAL
Voilà, c'est une juxtaposition de petites structures.
MATTHIEU BELLIARD
Pourquoi est-ce qu'on ne teste pas directement sur les campus ?
FREDERIQUE VIDAL
Alors ça se fait sur certains campus en lien avec les ARS, il y a des barnums qui ont été…
MATTHIEU BELLIARD
Ça se fait beaucoup à l'étranger, Frédérique VIDAL, en l'occurrence…
FREDERIQUE VIDAL
Il y a des barnums qui ont été montés au moment des chaînes d'inscription, mais la réalité, c'est qu'il faudrait pouvoir tester tous les étudiants tous les jours pour que ça ait du sens, et donc ça, ça n'est pas le cas. Ce que nous faisons, c'est que nous sommes très attentifs à la définition d'un cluster, c'est une définition qui est très particulière, vous pouvez avoir un établissement où vous avez 15 étudiants qui présentent des symptômes et vous vous rendez compte qu'ils sont dans quatre promotions différentes, qu'ils ne se croisent jamais, simplement, ce sont des amis.
MATTHIEU BELLIARD
Contaminés dans un bar, vous voulez dire, plus que dans l'université, pour le dire clairement ?
FREDERIQUE VIDAL
En tout cas, ce que l'on observe, c'est que, par exemple, il n'y a pas de corrélation entre l'apparition d'un cluster chez des étudiants, et puis, les personnels chargés de ces étudiants contaminés…
MATTHIEU BELLIARD
Est-ce que le protocole sanitaire est strictement respecté, appliqué, Frédérique VIDAL dans les universités, je vous pose la question, je vous dis ma question d'après dans la foulée, je vois Paul MAYAUX, qui est président de la FAGE, la fédération des associations étudiantes, qui est cité dans Le Figaro et qui parle de salles de TD pleines à craquer sans respect des gestes barrières, qui parle de 400 étudiants dans un amphi limité à 300, qu'on ne me dise pas que ça n'a aucun impact, dit-il.
FREDERIQUE VIDAL
Alors, évidemment, je ne peux pas vous garantir qu'on est sur du 100 %, mais ce que je peux vous dire, c'est que tous les chefs d'établissement ont travaillé tout l'été avec leurs équipes pour préparer cette rentrée, que nous avons mis à disposition des établissements des masques pour le cas où les étudiants n'en auraient pas, qu'il y a quatre scénarios qui ont été prévus en fonction de l'aggravation de la situation. Donc l'ensemble des universités, l'ensemble des équipes pédagogiques ont travaillé tout l'été pour préparer cette rentrée, parce que le présentiel était essentiel, il fallait remettre du lien entre l'enseignant et ses étudiants.
MATTHIEU BELLIARD
Est-ce qu'il est question de confiner intégralement, de fermer intégralement les universités ou est-ce que c'est complètement exclu ?
FREDERIQUE VIDAL
Alors, la situation, elle est très différente sur le territoire, et elle est très différente dans les établissements, donc pour le moment, il n'est absolument pas envisagé de dire que l'on referme l'ensemble des universités, c'est pour ça d'ailleurs que de manière très pragmatique, en lien avec eux, la décision est prise par le chef d'établissement avec l'ARS et avec le préfet et le recteur.
MATTHIEU BELLIARD
Pas de fermeture des universités ?
FREDERIQUE VIDAL
Pas de fermeture généralisée des universités, non, une fois de plus, je crois que c'est très important d'arriver à garder du lien, d'arriver à garder du présentiel ; on a vécu cette phase pendant le confinement, on a vu à quel point l'absence de vie sociale pouvait aussi être délétère pour les étudiants, y compris pour leur capacité d'apprendre.
MATTHIEU BELLIARD
Vous avez suivi le Premier ministre jeudi soir sur France 2, jeudi dernier ?
FREDERIQUE VIDAL
Oui, oui.
MATTHIEU BELLIARD
Alors, déjà, vous, vous avez StopCovid sur votre téléphone ?
FREDERIQUE VIDAL
Oui, bien sûr, j'ai StopCovid sur mon téléphone…
MATTHIEU BELLIARD
Bien sûr, évidemment. Ma question portait plus sur les deux étudiantes qui l'ont interpellé, qu'est-ce que vous dites ce matin, Frédérique VIDAL, sur Europe 1, à des étudiants qui arriveraient en fin de cursus, qui démarrent une vie professionnelle et qui ne connaissent finalement, et ça, c'est l'air du temps aujourd'hui, que leurs 9 mètres carrés, que leurs études en distanciel, un démarrage de vie professionnelle en distanciel ; quel avenir est-ce qu'on leur propose à ces jeunes-là ?
FREDERIQUE VIDAL
Eh bien, c'est tout l'objectif du Plan Jeunes, c'est 6,5 milliards d'euros qui ont été consacrés à justement encourager les entreprises à les embaucher, la possibilité de prolonger des stages, de décaler leurs stages, le soutien à l'apprentissage de manière à ce qu'ils aient une première expérience professionnelle…
MATTHIEU BELLIARD
Ma question portait sur le présentiel, ces étudiants, ils disent, ils disent : moi, je veux rencontrer mes futurs collègues, je veux avancer dans une entreprise en prenant des pauses clopes avec mes chefs, vous voyez ce que je veux dire, Frédérique VIDAL…
FREDERIQUE VIDAL
Bien sûr, bien sûr, c'est essentiel…
MATTHIEU BELLIARD
Quand on est dans son 9m², ça marche moins…
FREDERIQUE VIDAL
C'est le lien social, et évidemment, ce lien social est essentiel. Ce que je leur dis, c'est que si nous sommes tous responsables, et c'est le cas de l'immense majorité de nos concitoyens, eh bien, nous nous en sortirons tous ensemble.
MATTHIEU BELLIARD
Merci Frédérique VIDAL.
FREDERIQUE VIDAL
Merci à vous.
MATTHIEU BELLIARD
Ministre de l'Enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation en direct ce matin dans le « Tête-à-tête Europe matin. »
source : Service d'information du Gouvernement, le 7 octobre 2020