Interview de M. Gérald Darmanin, ministre de l'intérieur, à France Inter le 27 octobre 2020, sur l'épidémie de Covid-19 et la lutte contre l'islamisme radical.

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Média : France Inter

Texte intégral


ALI BADDOU
Bonjour Gérald DARMANIN.

GERALD DARMANIN
Bonjour.

ALI BADDOU
Merci d'être au micro d'Inter. Beaucoup de questions à vous poser, et on va commencer par l'état d'urgence sanitaire. L'épidémie qui ne cesse de progresser, le professeur DELFRAISSY qui parlait de 100 000 nouveaux cas réels chaque jour. Avant de vous rendre au Conseil de Défense à l'Elysée, à 09h00 ce matin, reconfiner c'est la seule solution ?

GERALD DARMANIN
Je crois que les options sont sur la table, mais je ne les connais pas toutes, je ne suis pas ministre de la Santé. Ce que je peux vous dire, c'est que l'on voit bien, malgré les préparations des Etats occidentaux, ceux qui sont touchés notamment dans l'Hémisphère Nord, l'Irlande, le Pays-de-Galles, Madrid, les Etats-Unis pour une partie reconfinent, et donc il faut se poser des questions pour sauver des vies humaines.

ALI BADDOU
Vous y êtes favorable ?

GERALD DARMANIN
Moi je serai favorable aux décisions que prendra le Conseil de Défense, parce qu'évidemment il y a à la fois l'activité économique, très importante, et puis il y a la protection des plus vulnérables d'entre nous, les personnes âgées, les personnes qui ont des difficultés respiratoires, et les difficultés aussi du système de santé français. On a créé 15% de lits en plus, de réanimation, ce qui était un défi, malgré vous le savez bien la formation qu'il faut faire pour être notamment dans ces unités de réanimation, et il ne faut pas laisser les personnels de santé tout seul.

CARINE BECARD
Quel est l'état d'esprit en fait dans lequel est le gouvernement ? Est-ce qu'il faut des mesures de confinement, je dirais strictes et courtes, pour qu'elles soient rapides, efficaces, ou est-ce qu'on est plus dans des mesures modérées qui vont s'étaler dans le temps ?

GERALD DARMANIN
On a déjà pris beaucoup de mesures dures…

CARINE BECARD
Qui s'étalent dans le temps maintenant.

GERALD DARMANIN
Oui, alors normalement on dit que quand on prend une décision, enfin moi c'est ce que j'ai entendu de la part des scientifiques, je ne le suis pas, il faut attendre 15 jours, 3 semaines, pour voir les résultats. Rappelez-vous, le confinement, il a fallu 3 semaines pour qu'on puisse voir la courbe stagner, puis descendre. C'est ce qu'ont fait tous les pays du monde. Ce qui est sûr c'est qu'on a pris beaucoup de décisions très dures, d'abord le confinement évidemment, les distanciations sociales, ne pas voir son visage, je pense que ça crispe une partie des Français et je les comprends, ne plus se serrer la main mais aussi ne plus aller au restaurant, ne plus aller au bar, ne plus faire la fête, ne plus voyager, ne plus faire de regroupements familiaux, ne pas pouvoir se marier, ne pas pouvoir être nombreux pour enterrer les siens…

ALI BADDOU
Même si certains ne respectent pas les règles. Combien sont-ils ? Est-ce que vous arrivez à mesurer si les Français sont disciplinés ou non ?

GERALD DARMANIN
Ecoutez, moi ce que je constate par exemple, c'est que le couvre-feu il est très bien respecté, là où on l'a décidé. Vous savez, à partir de 21h00 nous n'avons plus le droit, normalement, de pouvoir faire autre chose que sa vie professionnelle. Il y a 12 000 policiers et gendarmes qui surveillent grosso modo la moitié du territoire, qui est pris dans ce couvre-feu, il n'y a eu que 14 000 PV qui ont été dressés, pourtant vous avez vu que la police et la gendarmerie sont très présents, ce qui prouve bien que les Français respectent les consignes.

CARINE BECARD
Vous avez dit 14 000, c'est ça ?

GERALD DARMANIN
Oui, 14 620 exactement depuis avant-hier. Voilà.

ALI BADDOU
Beaucoup ont déjà commencé à faire des stocks de pâtes et de papier toilette, est-ce qu'ils ont raison Gérald DARMANIN ?

GERALD DARMANIN
On a vu que dans la première période, si j'ose dire, de la crise du coronavirus, il y a eu aussi ces effets, et puis on a vu que la chaîne alimentaire française, notamment parce que Bercy avait bien organisé les choses et parce que les industriels ont été au rendez-vous, ont montré qu'on a pu évidemment continuer à vivre.

ALI BADDOU
Mais sur le fond, ils ont raison.

GERALD DARMANIN
Non, ils n'ont pas, enfin je ne pense pas qu'ils aient raison, après c'est dur de lutter contre des peurs, mais évidemment qu'il y aura toujours des supermarchés ouverts. Et vous savez, les décisions ne sont pas prises. Regardons nos voisins européens, regardons les chiffres scientifiques, écoutons le Conseil scientifique, moi je constate que…

ALI BADDOU
Mais vous comprenez que ça soit insupportable de vivre dans l'attente, dans l'anxiété, sans qu'on soit associé aux décisions ? Le rapport Pittet décrivait ça comme une forme d'infantilisation.

GERALD DARMANIN
La critique est facile et l'art de gouverner est difficile. Et ce qui arrive en France, arrive dans tous les pays du monde, alors s'il y avait simplement quelques incompétents en France, on ne comprendrait pas très bien pourquoi on Irlande ça reconfine, en Belgique on se pose des questions, en Italie on ferme les restaurants à 18h00, à Madrid la ville est confinée, au Pays-de-Galles on est confiné, donc on voit bien que c'est une pandémie mondiale, qu'on ne connaît pas bien. Evidemment que je comprends que les gens en ont marre du coronavirus, personnellement j'en ai marre du coronavirus, on a envie d'embrasser ses parents sans pour autant risquer de leur donner une contamination, on a envie de pouvoir faire la fête, de sourire à son voisin, de retrouver une vie démocratique normale, mais il est un fait qu'il y a un virus extrêmement violent, qui tue des milliers de personnes, qui contamine les gens très facilement et qui manifestement tue les plus faibles d'entre nous, et nous avons devoir de solidarité.

CARINE BECARD
Gérald DARMANIN, est-ce que les établissements scolaires rouvriront après la Toussaint ? Est-ce que c'est un point qui pose question est est-ce que vous y avez déjà répondu ?

GERALD DARMANIN
Ecoutez, il y a un Conseil de défense ce matin et il y en a un autre demain.

CARINE BECARD
Mais c'est possible.

GERALD DARMANIN
Je n'en sais rien, j'imagine que oui, mais je ne décide pas à la place du Conseil de défense qui partage des données épidémiologiques et qui écoute des scientifiques, tout en ne comprenant, en essayant de comprendre ce que va faire le virus dans les semaines qui viennent. Donc je laisserai au Conseil de défense le soin de décider.

ALI BADDOU
C'est au Conseil de défense que tout se décide, pas au Parlement, pas en associant les citoyens, ça aussi c'est une méthode qui pour certains a du mal à passer.

GERALD DARMANIN
Je ne partage pas cette opinion. Le ministre de la Santé passe des heures et des heures et des heures alors qu'il gère la crise, à être devant les représentants du peuple, ce qui est bien normal, à l'Assemblée et au Sénat, et à la fin il y a une majorité à l'Assemblée et au Sénat pour voter des textes ou non. Si la majorité ne votre pas les textes du gouvernement, alors ces textes ne sont pas au rendez-vous. Donc je crois que c'est un mauvais procès, l'exécutif est là pour exécuter des décisions que le Parlement autorise, c'est le principe de la Vème République.

ALI BADDOU
« La banalisation de mesures restrictives, des libertés, n'est pas admissible, l'état d'urgence distille une forme de poison démocratique, on n'en sort jamais comme on y est entré », la phrase est de Jean-Marie BURGUBURU, le président de la Commission nationale consultative des droits de l'homme. Il a raison ?

GERALD DARMANIN
Je ne le pense pas. Penser que c'est une volonté première, il y a des gens qui pensent ça, il y a des théories complotistes, que le gouvernement fait exprès de restreindre les libertés, sous prétexte de coronavirus, comme si ce virus ne serait pas grave. Ce virus, il plonge des gens dans des états de réanimation ou souvent certains d'entre eux, quand bien même ils ne mourraient pas du coronavirus, ils meurent des insuffisances cardiaques. On voit des gens qui…

ALI BADDOU
Mais c'est important de savoir si pour vous l'épidémie est hors de contrôle.

GERALD DARMANIN
Mais l'épidémie est difficile à contrôler. Mais…

ALI BADDOU
Elle est hors de contrôle.

GERALD DARMANIN
Je ne sais pas si elle est hors de contrôle, elle est difficile à contrôler. Quand on a des dizaines de milliers de cas supplémentaires chaque jour, lorsqu'on voit des hôpitaux qui sont sur… Moi je vois à Tourcoing par exemple, ça n'est jamais arrivé en 20 ans de vie locale, que j'ai connus dans cet hôpital où j'ai été administrateur, président du Conseil d'administration, pourtant la santé de la population du Nord de la France est vous le savez bien une santé qui est fragile, je n'ai jamais vu autant de désespoir de la part du personnel de santé, des lits de réanimation tous complets, et on doit évacuer de Tourcoing pour aller sur la Côte d'Opale ou ailleurs en France, des personnes que je connais. Voyez, par exemple ça, ça interpelle, et on se dit qu'on doit être responsable. On aimerait tous la vie complète comme avant, mais il y a des moments où il faut prendre des décisions dures, et heureusement que le président de la République se soucie plus de sa responsabilité que de sa popularité.

ALI BADDOU
Donc il faut s'attendre à des décisions dures dans les 24, 48 heures, c'est le message que vous faites passer ce matin.

GERALD DARMANIN
Il faut s'attendre à des décisions difficiles, je ne sais pas quelles seront-elles exactement, mais comme tous nos voisins.

ALI BADDOU
Dans l'actualité aussi évidemment l'enquête avance sur l'assassinat terroriste de Samuel PATY, Gérald DARMANIN. Quel est le niveau de la menace terroriste en France aujourd'hui ?

GERALD DARMANIN
Elle est très élevée.

CARINE BECARD
C'est-à-dire ?

GERALD DARMANIN
Elle est très élevée, je l'ai dit d'ailleurs il y a un mois, avant le premier attentat que nous ayons connu depuis que je suis ministre de l'Intérieur, celui dans les anciens locaux de Charlie Hebdo. Elle est très élevée parce que nos ennemis extérieurs et intérieurs sont nombreux, elle est très élevée parce que depuis l'ouverture du procès Charlie et des grands procès terroristes, des menaces existent, alors de manière confuse parfois, mais enfin nombreuses. Elle est réservée aussi parce qu'il y a un islamisme rampant qui arme idéologiquement des gens qui passent à l'action et qui commettent des attentats atroces comme ceux de monsieur PATY.

CARINE BECARD
Mais expliquez-nous, vous avez, on imagine, renforcé certains lieux, vous avez renforcé la sécurité de certaines personnes, on en est où, la France est une cible là en ce moment.

GERALD DARMANIN
La France est une cible, comme beaucoup de démocraties occidentales qui prônent la liberté d'expression, la liberté de culte et finalement la liberté tout court. Donc oui, il y a 1 000 personnes par exemple qui sont policiers et gendarmes qui surveillent le procès. Voilà, les magistrats, les parties civiles de ce procès, par exemple, sont protégées, mais il y a plein d'autres personnes.

CARINE BECARD
Est-ce que vous avez remarqué si effectivement la cible que la France représente a été renforcée après le discours des Mureaux d'Emmanuel MACRON le 2 octobre dernier je crois ? Je me trompe peut-être de la date.

GERALD DARMANIN
Ce qui est certains, c'est que quand je vois les réactions de certaines puissances étrangères, je me dis que le président de la République a eu raison et que quelque chose de rampant existait bien, caché pas tellement finalement, sur le sol national.

CARINE BECARD
Il ne va pas trop loin ?

GERALD DARMANIN
Eh bien, bien au contraire, le président de la République il affirme la souveraineté du pays. Je pense que ça devrait choquer chacun nous de considérer que des puissances étrangères pensent que les musulmans de France leur appartiennent. De quel droit des puissances étrangères se mêlent de nos affaires intérieures ? Vous savez…

ALI BADDOU
De quelles puissances étrangères parlez-vous, Gérald DARMANIN ?

GERALD DARMANIN
Bon, à monsieur ERDOGAN, chacun a été extrêmement choqué de ses propos, mais il y en a eu d'autre.

ALI BADDOU
La Turquie.

GERALD DARMANIN
Je regarde le Pakistan par exemple, qui a lancé évidemment des menaces à peine voilées.

ALI BADDOU
L'Arabie Saoudite.

GERALD DARMANIN
Mais regardez, quelque chose qui me passionne…

ALI BADDOU
Non, parce que ce sont des pays alliés.

GERALD DARMANIN
Il faut savoir dire parfois des choses à ses alliés. La Turquie est un grand pays, c'est un grand peuple, mais il n'a pas à se mêler, ce dirigeant, des affaires intérieures françaises. Vous savez, je pense que les Français ils en ont marre qu'on les trie selon leur confession. Les Français de confession musulmane, les Français de confession juive, les Français ils sont français, et par ailleurs, puisque la République ne reconnaît aucun culte, mais le permet évidemment, ils ont une religion qu'ils pratiquent. C'est tout à fait de la souveraineté de notre pays de dire : qu'est-ce que la liberté d'expression, qu'est-ce que l'ordre public, qu'est-ce que la liberté de culte, qu'est-ce qu'on accepte et qu'on n'accepte pas. Dans ce débat public, que les Français aient des opinions divergentes, que nous soyons d‘ailleurs rudes dans le combat, comme monsieur MELENCHON hier à votre micro, je le respecte, on peut les combattre, mais je les respecte. Mais de quel droit des puissances étrangères se mêlent de nos affaires ? C'est eux qui pensent que les musulmans sont de certaines origines, de certaines nationalités, alors que nous ont dit que tout Français, on se fiche de savoir sa religion ou sa couleur de peau, il doit respecter les lois de la République.

CARINE BECARD
Mais ma question c'était : est-ce qu'il faut avancer masqué sur ces sujets ou est-ce qu'il faut afficher son combat ? Comment on est le plus efficace ?

GERALD DARMANIN
Mais il est trop tard pour avancer masqué. Le fondamentalisme, vous savez, ou la radicalisation qui se repère comme la façon littérale aux textes, elle est, elle trop présente désormais. Les officines islamistes sont trop nombreuses, les financements étrangers sont trop importants, et puis on voit bien les actes meurtriers. Combien d'attentats faudra-t-il encore pour que certains se réveillent et voient qu'il y a manifestement un ennemi de l'intérieur qu'il faut combattre ?

CARINE BECARD
Est-ce qu'il y a un risque particulier, là, à l'avant-veille de la Toussaint, pour les chrétiens en France ?

GERALD DARMANIN
Vous savez, j'ai réuni les préfets lundi matin, après leur avoir écrit dimanche, suite à un certain nombre de menaces que nous avons pu recevoir, la question n'est pas de savoir quand est-ce qu'il y aura des attentats, si c'est dans quelques jours ou dans quelques semaines, mais de se préparer à éviter ces attentats. Mais oui, il y a de manière générale et pas simplement pour les cultes chrétiens, c'est aussi valable pour les musulmans eux-mêmes, il y a des musulmans français qui prennent la parole, le recteur de la Mosquée de Paris par exemple, le président du Conseil du culte musulman, qui prennent la parole et qui sont très courageux pour protéger la République, et moi je les en remercie.

ALI BADDOU
Justement, justement, le président du Conseil français du culte musulman disait ce matin sur France Info qu'il ne souhaitait pas que les caricatures de Mahomet soient montrées à nouveau dans les écoles, je le cite, et il a invoqué un devoir de fraternité et de la responsabilité. Est-ce que vous entendez ce discours, qu'est-ce que vous lui répondez Gérald DARMANIN ?

GERALD DARMANIN
Moi j'entends que les gens soient choqués par des caricatures, oui qui ne souhaitent pas qu'elles soient publiées. Je peux être choqué par des caricatures, y compris celles qui représentent le pape, le président de la République, des journalistes de France Inter, moi-même, mais je n'interdis pas à des gens de le faire, c'est toute la différence. Personne n'est obligé de dire absolument formidable à tout, mais en France on n'assassine pas, on ne menace pas parce que quelqu'un fait des choses qui ne vous plaisent pas. Voilà. Vous savez, moi je préfère souligner un acte très fort que vont faire les imams de la Grande Mosquée de Paris, par exemple, vendredi prochain, à la grande prière, ils vont lire un poème pour la République et pour la France. Je vais vous lire ces vers, parce qu'il faut bien comprendre que ce que nous combattons, ce n'est pas la religion musulmane, bien évidemment, qui a toute sa place dans la République, c'est bien l'idéologie fondamentaliste.

ALI BADDOU
Même si beaucoup le ressentent comme tel.

GERALD DARMANIN
Mais moi, vous savez, ce qui disent…

ALI BADDOU
Il n'y a pas de stigmatisation des musulmans en France ?

GERALD DARMANIN
En disant cela, justement, on amalgame les fondamentalistes avec les musulmans. Je les distingue pour le coup fondamentalement. Il y a évidemment un combat contre une idéologie islamiste, il ne faut rien lâcher, et il y a des musulmans, qu'ils soient français ou étrangers, qui respecte parfaitement les lois de la République et qui ont montré dans l'histoire qu'ils étaient extrêmement courageux, si je peux me permettre, et je suis bien placé familialement pour le dire. Mais quand on lit ce poème : "Sous son aile protectrice, la France – parce qu'il est long, je ne vais pas faire tout le poème sur France Inter - vivent les religions dans l'estime de la République et de sa loi, elle voulait agir pour l'islam religion de Mahomet, mais Mahomet ne répond pas à ces esprits perfides – à propos des islamistes – protège la France et son peuple de la turpitude, et pour eux perpétue la grâce ou fleurit la quiétude". Eh bien voilà, l'islam en France je suis très heureux que ce soit ça, et je combats les fondamentalistes avec eux.

ALI BADDOU
Et il y a aussi des associations que vous avez pointées du doigt et que vous avez même voulu dissoudre, le Comité contre l'islamophobie en France qui parle d'islamophobie d'Etat, suite à votre démarche, BarakaCity également, de fait aucune de ces deux associations n'avaient été poursuivies pour apologie du terrorisme ou trouble à l'ordre public, comment est-ce que vous voulez motiver leur dissolution ?

GERALD DARMANIN
Bon, d'abord ce que vous dites est faux, si je puis me permettre, le dirigeant BarakaCity est poursuivi pour cyber-harcèlement, notamment contre une de vos collègues journaliste, qu'on doit protéger d'ailleurs…

ALI BADDOU
Je parle de l'association.

CARINE BECARD
Oui, mais l'association, elle est dissoute ou pas ?

GERALD DARMANIN
Et il est sous contrôle judiciaire. Demain je proposerai la dissolution de BarakaCity. Il y a eu un contradictoire, selon les règles de la République, et demain je proposerai la dissolution de cette association.

CARINE BECARD
Seulement où il y en a d'autres ?

GERALD DARMANIN
Et dans les jours qui viennent, d'ici sans doute 15 jours, je proposerai la dissolution du CCIF au président de la République et au Conseil des ministres, après un contradictoire normal, prévu par les textes, et nous verrons bien…

ALI BADDOU
Pour quelles raisons les CCIF ?

GERALD DARMANIN
Eh bien écoutez, elles sont nombreuses. D'abord, voilà des gens qui prennent la parole systématiquement pour soutenir ceux qui appellent au djihad, c'est le cas du soutien à l'association Ana Muslim par exemple. Pourquoi je dis que c'est une officine islamiste ? Eh bien lorsqu'on gèle les avoirs de personnes qui envoient des personnes faire du djihad ou promouvant le djihad, on a gelé des avoirs, d'autres gouvernements l'ont fait. Par exemple le CCIF évoquais, je cite : "Si leurs avoirs sont gelés, soyons de ceux qui compenseront ces pertes". Eh bien ça s'appelle une officine. Quand quelqu'un veut mettre financièrement l'argent à la disposition de ceux dont la République pense, prouve qu'ils ont un lien avec le djihad, ça s'appelle une officine islamiste. Ça n'a rien à faire sur le sol de la République.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 28 octobre 2020