Texte intégral
Merci, Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Députés,
Madame la Députée,
Face aux déclarations de haine, face aux attaques, face au boycott de ses produits, la France est décidée à défendre ses valeurs. Jean-Yves Le Drian est actuellement à Brazzaville pour célébrer l'anniversaire, à quelques jours près, il y a 80 ans, du manifeste lancé par le général de Gaulle. Dans ces heures sombres, déjà, la France n'était pas seule, Madame la Députée. Toute l'Europe est unie pour dénoncer les propos haineux du président Erdogan qui a très clairement attaqué, non seulement, bien évidemment, le président de la République, mais la France.
Ne soyons dupes de rien ! C'est parce que la France porte haut ses valeurs, est déterminée à se défendre, justement, contre l'islam radical qui mine une partie de sa population, aujourd'hui, que la France est attaquée ainsi.
Mais ce n'est pas une question franco-turque, c'est une question, justement, de l'Europe face aux dérives nationalo-islamistes du président Erdogan. L'Europe et la France sont unies pour défendre leurs intérêts et pour défendre leurs valeurs.
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Députés,
Monsieur le Député,
Unie et ferme, vous avez raison, c'est la ligne de la France. Unie, au niveau des différentes formations politiques de notre pays, à part quelques exceptions choquantes près, et je tiens à saluer cette unité des forces politiques de notre pays.
Unité de l'Europe, je le disais à l'instant, où la quasi-unanimité des pays de l'Union européenne a dénoncé avec force les propos de M. Erdogan.
Mobilisation aussi et soutien de nombreux pays, alliés de la France, notamment au sein du monde musulman.
Oui, nous devons être unis face à ces propos haineux, face à ces dérives nationalo-islamistes.
La France a pris la décision, face à l'attitude de M. Erdogan, de rappeler son ambassadeur pour consultations. Cela fait suite d'abord à l'absence choquante de toute condamnation de l'attentat de Conflans-Sainte-Honorine par le président Erdogan. Cela fait suite aussi à cette campagne véhiculée par la presse turque et les réseaux sociaux turcs contre la France, contre ses intérêts et contre le président de la République, et, enfin, le discours du président Erdogan attaquant directement le président de la République et la France.
Nous avons donc rappelé notre ambassadeur, nous avons pris la décision d'être unis avec les Européens. Et, lors du prochain Conseil européen, nous aurons des discussions avec nos partenaires européens pour voir la réaction forte qu'il faudra avoir vis-à-vis de la Turquie pour défendre, non seulement nos intérêts, mais aussi défendre nos valeurs, parce qu'il s'agit en l'espèce, aussi, de la défense des valeurs françaises et européennes.
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Députés,
Madame la Députée,
La France, comme je l'ai dit à l'instant, est déterminée à défendre ses valeurs et à lutter contre l'islam radical. Nous sommes déterminés, aussi, à expliquer quelle est la politique, justement, de la France, à tous nos partenaires du monde musulman, particulièrement. C'est la raison pour laquelle nos ambassadeurs ont pris les contacts qu'il était nécessaire de prendre pour expliquer quelle était la politique de la France, pour veiller, en plein contact avec les entreprises qui sont victimes du boycott de leurs produits, même si, ces boycotts, je dois le dire ici, sont très circonscrits, et d'expliquer à quel point la politique de la France est de défendre ses valeurs, ses valeurs de liberté, de liberté d'expression, de lutter contre l'islam radical, mais en aucun cas d'attaquer l'Islam, bien évidemment. Les musulmans sont libres de pratiquer leur culte, en France, les musulmans sont des citoyens à part entière, évidemment. Et donc, nous rappelons, face à cette calomnie, face à cette manipulation de l'information, notamment des réseaux turcs, notamment d'un certain nombre de réseaux sociaux, qui peuvent manipuler certaines personnes qui, en toute bonne foi, pensent éventuellement que la France aurait des attaques contre l'Islam, pour bien réaffirmer quelle est la politique de la France : une politique qui est une politique d'une république ouverte et libre, où tous les cultes peuvent être pratiqués librement, et où chaque entreprise a le droit, à l'international, de pouvoir vendre ses produits en toute liberté. C'est cela, les démarches qui sont mobilisées aujourd'hui par le réseau diplomatique de la France pour faire cesser ces pratiques de boycott de ses produits. Merci.
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Députés,
Madame la Députée,
Cette séquence turque est une séquence qui fait suite à de nombreuses autres séquences et qui s'inscrit dans une démarche de la Turquie qui est une démarche, ne nous y trompons pas, qui vise à étendre le rayonnement et l'emprise de la Turquie sur un certain nombre de régions voisines.
Cela fait suite au viol de l'embargo libyen depuis des mois en Libye. Cela fait suite aux actions de la Turquie dans le Haut-Karabakh avec le soutien d'envois de mercenaires vers le Haut-Karabakh pour soutenir l'Azerbaïdjan. Cela fait suite à la stratégie turque dans la Méditerranée orientale pour inciter à des explorations gazières dans les eaux territoriales ou d'économie exclusive chypriotes ou grecques. Cela fait suite à l'absence de condamnation par la Turquie de ce qui s'est passé avec l'attentat de Conflans-Sainte-Honorine. Cela fait suite à cette déclaration scandaleuse du président Erdogan face au président de la République française.
Bref, c'est un ensemble d'actions que la France dénonce avec force, mais elle n'est pas la seule à le dénoncer, toute l'Europe dénonce ces comportements de M. Erdogan et nous devrons avoir une réplique européenne lors du prochain Conseil européen de décembre.
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Députés,
Monsieur le Député,
Que faire face aux comportements du président Erdogan et à ses manoeuvres pour étendre son influence au-delà de ses frontières et pour essayer de faire passer sa détermination à développer son influence partout dans le monde sur le dos d'une soi-disant confrontation avec le président Macron ? On est bien loin de cette réalité-là.
Il s'agit d'un problème de fond majeur. La détermination de la France, donc, à défendre ses valeurs et défendre ses intérêts au sein de l'Europe est totale. Et nous pensons qu'il faut renforcer le rapport de force avec le président Erdogan. Pour cela, il faut être unis, et l'Europe est unie, regardez les manifestations de soutien vers la France de tous les pays européens. La France est unie, l'Europe est unie, et lors du prochain Conseil de l'Union européenne, l'Europe devra prendre les décisions qui lui permettra de renforcer son rapport de force avec la Turquie pour mieux défendre ses intérêts et mieux défendre les valeurs européennes.
Parce qu'au-delà, encore une fois, de l'influence grandissante potentielle de la Turquie, il en va de l'avenir des valeurs de notre Europe, celles que nous partageons avec tous les pays européens.
Il faut être fermes et unis, je l'ai rappelé tout à l'heure. Et la France sera évidemment à l'initiative tout en étant déterminée aussi à apaiser les relations avec la Turquie. Être fermes, être déterminés, agir avec tous les moyens pour renforcer le rapport de force au niveau européen et, en même temps, essayer de trouver les voies et moyens pour davantage de dialogue et davantage d'apaisement avec ce grande partenaire que doit rester la Turquie.
source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 30 octobre 2020