Déclaration de M. Jean-Yves Le Drian, ministre de l'Europe et des affaires étrangères, en réponse à une question sur la Turquie, au Sénat le 4 novembre 2020.

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Circonstance : Question d'actualité au Sénat

Texte intégral

Merci, Monsieur le Président,
Monsieur le Sénateur,


Vous posez des questions légitimes et totalement pertinentes. Nous avons avec Ankara une longue liste de désaccords très sérieux. Et nous attendons d'abord d'Ankara, vous l'avez dit, que la Turquie cesse son comportement belliqueux dans le voisinage européen. Les actions unilatérales de la Turquie en Méditerranée orientale, la politique agressive de la Turquie en Libye, la politique de la Turquie dans le Haut-Karabakh sont des ferments de déstabilisation majeure.

Mais, Monsieur le Sénateur, ces dernières semaines, nous avons franchi dans nos relations avec la Turquie un palier inadmissible entre pays alliés. Les insultes, les calomnies, la volonté d'instiller une campagne de haine à l'égard de la France et de l'Europe, sont de nature totalement différente ; ce sont des menaces ! Nous attendons donc que le président turc et son gouvernement mettent un terme immédiat à ces comportements. Et nous ne tolérerons pas, non plus, que cette haine et cette violence soient exportées sur le territoire français, en étant relayées par des groupuscules qui ne doivent pas avoir le droit de cité.

Et je voudrais vous dire aussi que les réactions unanimes de solidarité de toute l'Europe démontrent que ce n'est pas uniquement une question de contentieux franco-turc, mais d'attaques contre l'Europe, ses valeurs, son modèle de libertés fondamentales et d'Etat de droit. Et je voudrais rappeler qu'il y a un rendez-vous, Monsieur le Sénateur, posé par le Conseil européen, au mois d'octobre, avant même l'escalade que j'ai constatée et que vous avez constatée ; le rendez-vous, c'est si la Turquie ne modifie pas fondamentalement et concrètement sa posture, avant le Conseil européen de décembre, alors nous prendrons les mesures nécessaires, au niveau européen, à l'encontre des autorités turques. Vous avez proposé une liste et dans cette position du rendez-vous de décembre, je dois vous dire, ici, que toutes les options sont sur la table.


Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 6 novembre 2020