Texte intégral
Mesdames et Messieurs les Ministres, chers amis,
La crise pandémique n'est pas seulement venue confirmer le diagnostic que nous portons collectivement sur l'importance de la coopération internationale dans le monde de défis partagés qui est le nôtre. Elle aura aussi rappelé qu'un multilatéralisme efficace est un multilatéralisme réactif. C'est pourquoi, depuis plusieurs mois, notre Alliance est à pied d'oeuvre pour tirer tous les enseignements de ce que nous sommes en train de vivre.
D'abord, pour renforcer l'architecture multilatérale de santé : les travaux que nous avons menés depuis le début de la crise nous ont permis de dégager des pistes de travail : pour renforcer la mise en oeuvre du Règlement sanitaire international et pour mettre au point une meilleure gradation des niveaux d'alerte.
Aujourd'hui, nous avons souhaité mettre l'accent sur un sujet particulier en tâchant de donner une traduction concrète à l'approche dite "Une seule santé". Cela à travers le projet de mise en place d'un Conseil d'experts de haut niveau, chargé de rassembler toute l'information scientifique disponible sur les interactions entre santé humaine, santé animale et désordres environnementaux, et de lui donner une visibilité accrue. Accrue auprès des responsables publics, bien sûr, pour prendre les bonnes décisions au bon moment. Accrue aussi auprès du grand public, dont le degré d'information conditionne le succès des politiques sanitaires, et nous le voyons bien aujourd'hui.
L'humanité ne saurait bien vivre sur une planète malade. Tout ce qui menace nos écosystèmes, tout ce qui menace la vie animale constitue aussi, de fait, une menace pour notre santé. Hier encore, cette liaison intime des grands équilibres du vivant faisait figure d'évidence. Mais, au cours des dernières décennies, l'évidence s'est peu à peu effacée, tandis que les atteintes à l'environnement et à la biodiversité se sont multipliées et se sont aggravées.
Cette réalité, nous devons impérativement la regarder en face ! Et pour cela, nous avons besoin d'outils adéquats. C'est le sens de ce Conseil qui, grâce à vous, grâce aux dirigeants de l'OMS, de l'OIE, de la FAO et du PNUE - que je remercie pour leur soutien -, c'est grâce à ce Conseil qui est en passe de voir le jour, puisque nous allons le lancer ensemble aujourd'hui, que nous pouvons regarder en face cette réalité. C'est une grande fierté pour la France, qui a toujours soutenu ce projet avec l'Allemagne et continuera à le soutenir très concrètement, avec une première contribution à hauteur de trois millions d'euros.
Parce que nous n'en avons pas fini avec la Covid-19, je saisis aussi l'opportunité de m'exprimer devant vous pour rappeler que l'initiative ACT-A, qui fera l'objet d'une rencontre, cet après-midi, ouverte par le Président Macron, l'initiative ACT-A doit impérativement continuer à recueillir le soutien le plus large possible. Et vous le savez, elle vise à favoriser le développement et l'accès universel et équitable aux diagnostics, traitements, vaccins contre la Covid-19, qui doivent être considérés comme des biens publics mondiaux.
Après avoir traité ensemble de ce premier sujet consacré à "Une seule santé", dans une discussion qui permettra d'en passer en revue les différents enjeux scientifiques, institutionnels et politiques, nous en viendrons à la lutte contre le fléau des infodémies.
Pour nous, la question des manipulations de l'information n'est pas nouvelle. Nous nous en sommes saisis, ensemble, dès septembre 2019, en lançant un Partenariat pour l'information et la démocratie destiné à promouvoir l'accès à une information fiable issue de médias libres et indépendants. L'un des premiers résultats de cette initiative, c'est le rapport que vient de rendre le premier groupe de travail du Forum. Nous allons en examiner, ensemble, les recommandations, nous allons examiner, ensemble, nos responsabilités pour mettre en oeuvre concrètement ces recommandations. Il s'agit fondamentalement d'améliorer, par la régulation, la transparence des plateformes et la façon dont elles modèrent les contenus. Il s'agit de promouvoir la fiabilité de l'information. Il s'agit aussi de nous pencher sur le rôle des messageries privées lorsqu'elles se transforment en espaces publics en ligne non régulés.
Tout ce travail est extrêmement important, car rien de ce qui se passe aujourd'hui en ligne n'est sans conséquence pour nos sociétés. Quand les manipulations de l'information instaurent un climat de haine, elles font le lit d'une violence bien réelle, et la France ne le sait que trop. Quand les manipulations de l'information servent à propager des contre-vérités scientifiques, notre capacité à mobiliser nos concitoyens dans la lutte contre la Covid-19 s'en ressent, et parfois de manière dramatique.
Donc je remercie chaleureusement Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières, d'être des nôtres, aujourd'hui, pour évoquer tout à l'heure ces enjeux majeurs.
Voilà les sujets que nous devons aborder et cher Heiko, puisque tu es en ligne, je te passe maintenant la parole.
Mes chers amis,
Au terme de ces échanges très riches, je voudrais d'abord vous remercier de la qualité de vos interventions, de la force de vos engagements, vous rappeler aussi que lorsque nous avons initié l'Alliance pour le nouveau multilatéralisme, avec Heiko Maas, nous avons toujours privilégié un multilatéralisme des résultats et de l'action. Et aujourd'hui, avec le Conseil des experts de haut niveau "Une seule santé", avec les pistes très concrètes qui ont été annoncées pour lutter contre les infodémies, nous sommes véritablement au rendez-vous de ce que nous avions initié au départ et nous pouvons être fiers de cette Alliance qui, en dépit de sa jeunesse, joue un rôle déjà très utile, au coeur de la crise actuelle, et qui est déjà en mesure de proposer des réponses concrètes aux défis globaux que nous constatons aujourd'hui.
C'est dans cet esprit que nous allons continuer ensemble à agir pour un multilatéralisme du résultat et de l'action.
Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 19 novembre 2020