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Q - Jean Castex vient d'annoncer plusieurs mesures visant à dissuader les Français d'aller skier à l'étranger à Noël. Mais comment les mettre en place sur le terrain et que répondez-vous à l'opposition qui évoque des "dérives liberticide " ?
R - L'objectif premier c'est de prévenir toute résurgence du virus et tout risque de troisième vague. C'est dans ce but préventif qu'il a été décidé de laisser les remontées mécaniques fermées à Noël. A partir du moment où les stations françaises ne peuvent pas les faire fonctionner, il est important qu'on recherche une coordination européenne en la matière. Or certains Etats ont annoncé qu'ils maintiendraient leurs stations ouvertes. Dans un souci d'équité, le message envoyé aujourd'hui est de dire : n'allez pas skier dans un autre pays. J'avais appelé à un été tricolore, j'appelle maintenant à un hiver bleu-blanc-rouge.
Q - Une nouvelle réunion est prévue le 11 décembre avec les professionnels de la montagne. La décision de laisser les remontées fermées à Noël est-elle définitive ?
R - Le Premier ministre a bien précisé que cette réunion aurait vocation à avancer sur les mécanismes d'indemnisation et de compensation. Le sujet débattu lors de la dernière entrevue était de savoir quel serait en janvier le moment le plus opportun pour rouvrir. Concernant l'accompagnement économique des acteurs de la montagne, nous savons que Noël représente plus de 20% de la saison. Par conséquent, l'Etat doit être au rendez-vous, quoi qu'il en coûte. Mais une fois encore, rien ne serait pire que d'ouvrir pour refermer en cours de saison.
Q - Votre appel à "un été bleu-blanc-rouge" avait-il été entendu et un basculement vers une forme de tourisme du circuit court est-il en train de se jouer ?
R - Oui, les Français ont massivement redécouvert nos territoires cet été. Ils ont à 94% fait le choix de la France. C'est vingt points de plus qu'une année ordinaire. Il nous faut poursuivre sur cette tendance. Le tourisme domestique peut être un moteur encore plus important du tourisme national.
Q - Quelles sont les pertes estimées pour le tourisme français cette année ?
R - Elles sont très importantes : on les estime à 60 milliards d'euros, soit 30% des recettes. Le 14 mai, nous avions dévoilé un plan de 18 milliards d'euros, dont 13 ont déjà été engagés entre les prêts garantis par l'Etat, le fonds de solidarité à destination des acteurs touristiques, les exonérations de charges ou l'activité partielle. La période est compliquée, tout le monde fait des efforts, l'Etat, les banques en octroyant des PGE et les assureurs doivent eux aussi prendre leur part.
Q - Dites-vous clairement qu'ils ne sont pas au rendez-vous de cette crise ?
R - Dès le mois de mai, je disais que s'il n'y avait pas de geste significatif de la part des assureurs, les parlementaires seraient tentés de prendre la voie législative. Un amendement a ainsi été adopté au Sénat pour mettre à contribution les assureurs à hauteur de 1,2 milliard d'euros. Bruno Le Maire a fixé un ultimatum aux assureurs et je m'en réjouis.
Q - Ce jeudi, vous vous rendez dans le Puy-de-Dôme sur la thématique du thermalisme, qui est lui aussi très touché par la crise sanitaire...
R - Les professionnels estiment qu'il faudra trois à cinq ans pour retrouver le niveau économique d'avant la crise sanitaire. Pour autant, le thermalisme a de nombreux atouts. La dimension de bien-être est prégnante dans les motivations touristiques. C'est pour cette raison que le Premier ministre a missionné le président du conseil départemental du Puy-de-Dôme, Jean-Yves Gouttebel, afin de travailler à l'avenir du secteur et bâtir un vrai plan pour la relance du thermalisme.
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source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 4 décembre 2020