Texte intégral
LORRAIN SENECHAL
Bonjour Gabriel ATTAL.
GABRIEL ATTAL
Bonjour !
LORRAIN SENECHAL
Le Premier ministre a précisé hier la stratégie vaccinale, on va y revenir, il a d'abord expliqué à quoi allait ressembler Noël, ça ne sera pas plus de 6 adultes à table, c'est bien ça ?
GABRIEL ATTAL
C'est une référence qui est donnée …
LORRAIN SENECHAL
C'est une recommandation !
GABRIEL ATTAL
Une recommandation, une référence vers laquelle il faut tendre, d'ailleurs qui n'est pas nouvelle puisque ça fait maintenant plusieurs mois à l'époque où il n'y avait pas encore le couvre-feu, la fermeture des restaurants qu'on recommandait très fortement d'avoir des repas à 6.
LORRAIN SENECHAL
Donc on n'aura pas d'amende si on est 10 à table !
GABRIEL ATTAL
Ah non ! Je veux dire, on est conscient que Noël, ce n'est pas un dîner comme un autre, qu'il y a des familles recomposées, que voilà ce n'est pas évident et on ne va pas interdire à quelqu'un de venir dîner parce qu'on est 7 au lieu de 6, enfin c'est une évidence mais c'est vrai que depuis quelques jours, quelques semaines, moi-même j'avais des questions de personnes qui me disaient : mais c'est quoi pour vous la référence, c'est quoi la recommandation pour le dîner ? Donc c'est important de donner cette information. Maintenant évidemment, les Français sont adultes, je pense qu'ils ont bien compris maintenant la manière de se protéger du virus, la manière d'être responsable et c'est notamment avoir une attention toute particulière en direction des personnes vulnérables, et notamment les personnes âgées, et je pense que c'est vraiment à elles qu'il faut faire attention à l'occasion de ces …
LORRAIN SENECHAL
Papy, mamy pas non plus dans la cuisine mais à distance quand même, on fait attention … On ouvre les fenêtres, on met le masque …
GABRIEL ATTAL
…oui, passer un bon moment en famille.
LORRAIN SENECHAL
Question de Neïla LATROUS.
NEILA LATROUS
Question peut-être triviale quand on dit adulte, c'est 18 ans, hier des gens se posaient la question – comme le masque, c'était à partir de 11 ans – en se disant : est-ce que mes ados, je peux considérer qu'ils font partie des adultes ou pas ?
GABRIEL ATTAL
Oui, moi je considère que … oui, je considère qu'adulte, c'est 18 ans, je vous avoue que je ne n'ai pas entendu d'arbitrage gouvernemental sur ce sujet-là et donc je prends le risque de vous répondre spontanément "oui", je pense mais encore une fois …
LORRAIN SENECHAL
C'est une recommandation.
GABRIEL ATTAL
…c'est une recommandation parce qu'il faut rappeler que c'est bien de ne pas être trop, trop nombreux, voilà.
NEILA LATROUS
Au moment des fêtes, sans doute juste après ou peut-être au pied du sapin seront délivrés les premiers vaccins. Hier, le Premier ministre a détaillé le calendrier, les populations cibles, d'abord un million de vaccinés dans les EHPAD et les personnels à risque des EHPAD, c'est bien cela le premier échantillon, c'est un million ?
GABRIEL ATTAL
C'est ça, c'est la première phase qui va démarrer …
LORRAIN SENECHAL
Au mois de janvier …
GABRIEL ATTAL
…qui va démarrer dès lors qu'on aura les autorisations des autorités sanitaires indépendantes européennes et françaises et dans la foulée, on s'est organisé, c'est ce qui a été présenté hier, on s'est organisé pour être en mesure de commencer la distribution des vaccins dès lors que les autorisations seront données.
NEILA LATROUS
On commence sur un petit échantillon par principe de précaution ? Le président avait évoqué le manque de recul, d'autres pays font le choix de vacciner tout de suite plus de personnes.
GABRIEL ATTAL
On fait le choix de suivre les recommandations des autorités de santé indépendantes. La question de savoir qui vous devez vacciner, comment, c'est pas un arbitrage politique, c'est un arbitrage scientifique, on a une autorité de santé avec des scientifiques, des chercheurs de très grande qualité, qui ont travaillé, qui ont réfléchi, qui ont regardé les premières informations dont on dispose sur les propriétés du vaccin et ce qu'ils disent c'est que, en priorité, il faut vacciner ceux qui sont les plus à risque de faire des formes graves et de décéder du coronavirus et c'est évidemment les personnes âgées dans les EHPAD parce que vous savez quand le virus rentre dans un EHPAD, ça peut être malheureusement un carnage …
LORRAIN SENECHAL
Mais on ne peut pas aller plus vite qu'un million de personnes sur un mois, puis 14 millions à partir de février et jusqu'à la fin du printemps, c'est bien ça la deuxième phase ?
GABRIEL ATTAL
La deuxième phase va commencer au mois de février avec des personnes à risques, des personnes âgées qui ne sont pas en EHPAD et qui vont via leur médecin traitant notamment se faire vacciner et puis à partir du printemps effectivement, une phase grand public où progressivement le reste de la population pourra être vaccinée, je n'ai pas l'impression – mais les stratégies vont être présentées dans chacun des pays européens – qu'on est particulièrement en retard par rapport aux autres, je crois qu'on avance en même temps d'abord parce qu'on dispose …
LORRAIN SENECHAL
L'Angleterre est très en avance puisqu'elle va commencer à vacciner dès la semaine prochaine, dit-elle !
GABRIEL ATTAL
Là-dessus pour le coup, il y a une vraie différence, c'est qu'il y a un pays, en l'occurrence la Grande-Bretagne qui a décidé d'avoir une procédure accélérée de validation scientifique de son vaccin et nous, s'il y a un point sur lequel on a toujours été très clair, c'est qu'on ne mégotera pas avec la sécurité sanitaire des Français. Quand on met en place un produit de santé, un vaccin en l'occurrence, on considère et c'est à mon sens se qu'attendent les Français qu'il faut respecter toutes les formalités, toutes les procédures de validation scientifique pour mettre sur le marché entre guillemets un vaccin efficace et sûr pour les Français.
LORRAIN SENECHAL
Mais il y a quand même une différence - pardon Neïla – mais entre les différents pays, l'Autriche veut vacciner la moitié de sa population avant l'été, l'Allemagne considère comme prioritaires des salariés, y compris dans les secteurs comme … des fonctionnaires y compris dans des secteurs comme la police ou l'Education nationale, ce qui est pas le cas en France, ça sera pas en tout cas les personnes prioritaires.
GABRIEL ATTAL
Ce ne sera pas la première phase mais ils arriveront assez vite.
LORRAIN SENECHAL
On a le sentiment, en tout cas, que le gouvernement français est plus prudent et prend plus de temps pour vacciner la population.
GABRIEL ATTAL
Non, d'abord, sur le nombre de doses et le nombre de vaccins, on a grosso modo tous à peu près les mêmes puisque c'est une répartition européenne, c'est d'ailleurs la France qui s'est battue pour ça, le président de la République pour éviter qu'en Europe on se retrouve dans une situation du "premier arrivé, premier servi", où on se bat entre guillemets entre pays européens pour avoir le plus de vaccins. On s'est battu et on a obtenu qu'il y ait une commande européenne avec un mécanisme de répartition européen ; ça veut dire que chaque pays européen reçoit un nombre de doses qui est proportionnel à sa population. La France recevra 15% des doses parce que c'est ce que nous représentons dans la population européenne, donc il n'y en a pas qui auront plus de vaccins que d'autres, plus vite, etc.
LORRAIN SENECHAL
On ne pourra pas aller plus vite quoi qu'il arrive parce qu'il n'y aura pas assez de vaccins pour …
GABRIEL ATTAL
Après, la question, c'est les publics prioritaires, les publics cibles et là, on fait confiance à la Haute Autorité de santé française qui a remis ses recommandations.
NEILA LATROUS
Vous évoquiez les doutes, le manque de recul sur ce vaccin. Hier Alain FISCHER, l'épidémiologiste, "monsieur vaccin » du gouvernement, s'en est fait l'écho justement.
- Propos d'Alain FISCHER -
NEILA LATROUS
Si on comprend bien Gabriel ATTAL, les vaccins, ce n'est pas forcément la lumière au bout du tunnel à ce stade !
GABRIEL ATTAL
Ce qui est certain, c'est qu'on va devoir continuer à vivre avec ce virus pendant un certain temps, les vaccins vont arriver progressivement sur plusieurs mois et c'est sur plusieurs mois qu'on pourra vacciner une partie importante de la population et évidemment dans l'intervalle, ça peut repartir à tout moment. C'est un message que je veux passer, y compris …
NEILA LATROUS
Vous dites "ça peut repartir à tout moment » ?
GABRIEL ATTAL
Évidemment si on baisse la garde, si on ne fait plus attention, l'épidémie peut repartir, on voit des pays au niveau international qui en sont déjà à leur troisième vague et on voit des pays où on avait le sentiment – et d'ailleurs quand j'étais interrogé sur des matinales, les journalistes me disaient "regardez ils en sont sortis" – , où finalement ça repart notamment en Asie, je pense à la Corée du Sud, je pense au Japon donc l'épidémie, elle est toujours là, il ne faut pas baisser la garde. On a mis en place un assouplissement du confinement avec des règles qui restent importantes, je rappelle qu'on est toujours en confinement jusqu'au 15 décembre si la situation continue à s'améliorer, ensuite on passera ensuite à un couvre-feu. On procède par étapes précisément pour prévenir ce risque de troisième vague mais au-delà des étapes et des restrictions, c'est à chacune et chacun d'entre nous de rester sur nos gardes.
LORRAIN SENECHAL
On aura des masques jusqu'à quand dans votre esprit ? Est-ce qu'on partira sur la plage avec son masque cet été ?
GABRIEL ATTAL
Très dur à dire et moi, j'écoute ce que disent les scientifiques et je crois qu'hier d'ailleurs à la conférence de presse, c'est une question qui a été posée. Le ministre de la Santé lui-même a dit que pendant un certain temps, on va devoir continuer à vivre avec un masque. Combien de temps ? Je ne suis pas capable de vous dire, je pense qu'on partage tous ici le souhait que ça soit le moins long possible !
NEILA LATROUS
Jusqu'à ce que le virus disparaisse totalement ? Il faut que le virus disparaisse totalement ? Est-ce qu'il y a dans l'idée que si un certain pourcentage de la population est vacciné, peut-être les gestes barrières pourront être relâchés, notamment le masque ?
GABRIEL ATTAL
En attendant, moi je ne veux pas du tout donner le sentiment qu'aujourd'hui parce qu'on a un début de vaccin qui commence à arriver, on peut relâcher les gestes barrières et on peut relâcher notre vigilance, au contraire, c'est le message que j'ai voulu vous faire passer à l'instant : il faut rester sur nos gardes et rester vigilants puisqu'on n'en a pas fini avec ce virus.
LORRAIN SENECHAL
Gare à la troisième vague et on va voir avec vous comment on peut faire pour l'éviter, Gabriel ATTAL, d'abord un coup d'oeil sur le fil info.
- Flash info
LORRAIN SENECHAL
Gabriel ATTAL, porte-parole du gouvernement, invité de FRANCE INFO ce matin. On parlait de cette possible troisième vague, en tout cas c'est quelque chose qui vous inquiète au sein du gouvernement. Parlons déjà du déconfinement parce qu'on n'y est pas encore sorti, l'attestation, c'est toujours notre quotidien. Quand est-ce qu'on va pouvoir s'en passer ? C'est bien le 15 décembre ? Cette date, elle est maintenue ?
GABRIEL ATTAL
Le 15 décembre, si on arrive aux objectifs qui ont été fixés par le président de la République et le Premier ministre, c'est-à-dire 5 000 contaminations par jour sur 7 jours en moyenne …
LORRAIN SENECHAL
On avait 12 000 hier par exemple.
GABRIEL ATTAL
Oui et un nombre de personnes en réanimation autour de 2 500 / 3 000 personnes à ce moment-là, le 15 décembre, on sort du confinement , on bascule dans un couvre-feu, ça veut dire qu'il n'y aura plus d'attestations à remplir en journée et qu'en revanche, pour sortir le soir entre 21h et 6h du matin, il faudra remplir une attestation comme cela avait été le cas au moment du couvre-feu avant le confinement, sauf le 24 décembre et le 31 janvier, où là, en raison des fêtes, il n'y aura pas de couvre-feu ces soirs-là.
NEILA LATROUS
Et on vous entend dire "ce n'est pas automatique», ça veut dire que si au 15 décembre, on est au-dessus des 5 000 contaminations par jour, il n'y aura pas de nouvel allègement ?
GABRIEL ATTAL
Ça, là-dessus, il n'y a absolument rien de nouveau. Le président de la République a été très clair quand il a expliqué les trois étapes. L'objectif, c'est de donner de la visibilité mais en même temps, ça n'est pas de prendre le risque que l'épidémie puisse repartir et donc sur chacune des étapes, on a cité celle du 15 décembre, il y en a une autre, le 20 janvier où là, on espère pouvoir assouplir encore plus avec la réouverture des restaurants, avec le début des retours dans les universités, avec le retour complet dans les lycées, il faudra tenir nos objectifs en termes de contaminations.
NEILA LATROUS
Il y aura des patrouilles le soir de la Saint-Sylvestre pour vérifier qu'il n'y a pas de fêtes clandestines ?
GABRIEL ATTAL
Mais vous savez, le soir de la Saint-Sylvestre, il n'y a pas de couvre-feu, donc vous avez la possibilité de sortir et d'aller …
LORRAIN SENECHAL
Mais on a le droit de se réunir à 200 dans un … ?
GABRIEL ATTAL
Évidemment enfin, non je veux dire, je pense que chacun est conscient que les grandes fêtes massives de fin de Saint-Sylvestre, cette année, ne sont pas très recommandées, pas du tout recommandées d'ailleurs évidemment ! On peut se retrouver en famille, on peut se retrouver entre amis pour un moment comme celui-là mais faire une grande soirée, ça ne me semble pas être …
LORRAIN SENECHAL
C'est des choses qu'on a déjà entendues, ça, tout faire pour éviter la troisième vague, avant, il fallait tout faire pour éviter la deuxième vague, qu'est-ce qui a raté ? Qu'est ce qui fait qu'elle est arrivée malgré tout et qu'est-ce qui va changer cette fois-ci ?
GABRIEL ATTAL
C'est un virus qui a un an, même moins d'un an, qu'on continue à découvrir et c'est vrai que cette deuxième vague, tout le monde était conscient du risque qu'il y ait une deuxième vague mais dans sa rapidité, dans son ampleur, dans son caractère fulgurant, elle a surpris tous les pays d'Europe. Le discours de dire "on veut absolument éviter une deuxième vague », le même était tenu en Allemagne, le même était tenu en Espagne, le même était tenus en Italie.
LORRAIN SENECHAL
Mais qu'est-ce qui va changer cette fois-ci ?
GABRIEL ATTAL
On a d'abord un assouplissement du confinement qui n'est pas une sortie du confinement, on fait les choses progressivement et moi ma conviction aussi, c'est que le fait que cette deuxième vague soit arrivée, qu'elle soit arrivée aussi durement, je pense que chacune et chacun peut-être a encore davantage conscience qu'il faut rester sur nos gardes dans notre vie de tous les jours.
NEILA LATROUS
Gabriel ATTAL, on voit que le gouvernement dans son triptyque "tester, tracer, isoler » a réussi finalement à tester un peu plus massivement avec cette expérimentation qui va commencer dans 3 villes, le "tracer", ça fonctionne un peu mieux avec les 10 millions de téléchargements de l'application Stop AntiCovid, c'est toujours "isoler" qui pêche. Ça n'a pas été évoqué hier, comment faire adhérer les Français à l'isolement ? On a compris l'isolement contraint, ce n'est pas votre tasse de thé mais du coup, comment convaincre quand même qu'une personne positive ou une personne qui a des symptômes et qui n'a pas encore été testée, eh bien, elle doit s'isoler ?
GABRIEL ATTAL
Moi, je pense, je crois beaucoup à la médiation sanitaire, c'est-à-dire à des professionnels de santé, des travailleurs sociaux, des équipes qui physiquement vont échanger avec des personnes qui sont testées positives pour leur expliquer comment s'isoler. Vous savez, j'étais en déplacement à Lille et j'ai discuté avec les professionnels de santé libéraux des Hauts-de-France, ils me disaient que pour des Français, ce n'est pas toujours évident de connaître les règles, de savoir comment faire, il y a souvent des angoisses quand on habite à plusieurs dans un logement, on a peur de contaminer les autres. Donc moi, je crois beaucoup à ce travail très fin de terrain, à l'implication des professionnels de santé.
NEILA LATROUS
Mais vous nous confirmez ce que le président a dit aux sénateurs "il n'y aura pas de d'isolement contraint" ?
GABRIEL ATTAL
Notre souhait, c'est de renforcer l'efficacité de l'isolement en expliquant les choses, en étant incitatif en donnant des moyens si nécessaire à des personnes de s'isoler en dehors de chez elles …
LORRAIN SENECHAL
Et en mettant des amendes le cas échéant ?
GABRIEL ATTAL
Le cas échéant, on pourra – et c'est d'ailleurs un débat qui a été ouvert par le président de la République il y a plusieurs semaines –, aller vers un isolement contraint, comme c'est le cas dans un certain nombre de pays, y compris nos voisins.
LORRAIN SENECHAL
Vous n'y êtes pas opposé en tout cas ? Vous ne fermez pas la porte …
GABRIEL ATTAL
Non, moi, à titre personnel pour le coup avant que le gouvernement se prononce, j'avais dit que j'y étais plutôt favorable. C'est ce qui existe aujourd'hui chez un certain nombre de nos voisins européens et ça me semble, voilà, être une piste intéressante !
LORRAIN SENECHAL
Pour emmener les Français avec vous, y compris d'ailleurs sur la vaccination, il faut montrer l'exemple. Le gouvernement va se faire vacciner ? Vous allez vous faire vacciner vous-même ?
GABRIEL ATTAL
Moi, je me ferai vacciner évidemment au moment où je serai dans les recommandations et les publics recommandés. Hier, la question était posée au premier ministre dans le cadre de sa conférence de presse sur ce sujet-là et le Premier ministre a indiqué que les membres du gouvernement pourraient se faire vacciner au moment où ils rentrent dans les publics …
LORRAIN SENECHAL
Et pourquoi pas dans les premiers pour montrer l'exemple justement ?
GABRIEL ATTAL
C'est la question qui lui a été posée. Moi, je vais vous dire là-dessus, je pense que les deux solutions se regardent. Maintenant, je suis sûr que si on le faisait en premier sans respecter les recommandations de publics, là, peut-être que vous seriez en train de m'interroger, vous ou un autre, en me disant : mais finalement, est-ce que vous ne vous servez pas avant les autres ? Les Français qui ont votre âge pour ce qui me concerne, ils doivent attendre le printemps, peut-être l'été pour se faire vacciner et vous, vous l'avez avant tout le monde, c'est parce que vous êtes membre du gouvernement, vous avez un passe-droit. Bref, je veux dire, je ne pense pas qu'il y ait de solution idéale et je pense que le Premier ministre a raison de dire qu'il faut respecter voilà les recommandations sanitaires.
LORRAIN SENECHAL
Il faut, en tout cas, essayer de convaincre y compris les jeunes, c'est pour ça qu'Emmanuel MACRON va s'adresser tout à l'heure particulièrement à eux à partir de 16 heures sur le média en ligne BRUT ?
GABRIEL ATTAL
Je vais vous dire, pardon si je peux compléter …
LORRAIN SENECHAL
Oui.
GABRIEL ATTAL
Je pense que la conviction des Français sur le vaccin, elle passe avant tout par la transparence et par l'association des Français à la politique vaccinale, on s'est engagé, et c'est le président de la République qui est très attaché à ce que tout soit transparent, à ce que toutes les données scientifiques dont on dispose soient communiquées, on a le professeur Alain FISCHER qui a été nommé …
NEILA LATROUS
Il y a un collectif citoyen qui doit être constitué !
GABRIEL ATTAL
Absolument.
NEILA LATROUS
Vous avez d'ailleurs des précisions à nous donner ? Ça sera du tirage au sort ?
GABRIEL ATTAL
C'est le Conseil économique social et environnemental qui va mettre en place un comité citoyen pour être associé à notre politique vaccinale.
NEILA LATROUS
On ne sait pas pour l'instant s'ils seront tirés au sort par exemple ou s'ils seront désignés parmi les associations ?
GABRIEL ATTAL
Non, je pense que le CESE va communiquer prochainement pour le dire. Moi, je n'ai pas l'information et puis, on va faire un débat au parlement, démocratique devant les forces politiques avec les forces politiques, je pense que c'est vraiment ça qui garantira la confiance des Français.
LORRAIN SENECHAL
Emmanuel MACRON va donc s'adresser aux jeunes en particulier cet après-midi sur le média en ligne BRUT, ça sera à suivre sur FRANCE INFO dès 16 heures. C'est quoi le but ? C'est vraiment d'essayer de les convaincre notamment sur les gestes barrières, la vaccination ?
GABRIEL ATTAL
Le but, c'est de parler aux jeunes même si BRUT, c'est un média qui est regardé y compris par des Français qui sont moins jeunes ! Le but, c'est d'avoir un échange direct avec la jeunesse, de répondre à des questions qui sont posées, à des inquiétudes, des doutes qui sont formulés.
NEILA LATROUS
Elle a été déçue par Emmanuel MACRON, pour vous ? Il y a des doutes sur … ?
GABRIEL ATTAL
Je ne dirai pas ça. Je pense que la jeunesse, elle doute du fait de la période qu'on vit aujourd'hui, pas uniquement le coronavirus, je pense que sur le coronavirus peut-être qu'on a laissé pendant un certain temps – et je dis "on", c'est sans doute les politiques, les scientifiques, peut-être les médias –, circuler un discours un peu culpabilisateur en direction de la jeunesse, en expliquant que c'est eux qui étaient responsables de l'épidémie, qu'ils ne faisaient jamais attention dans leur quotidien alors que ce n'est pas vrai et puis, il y a des inquiétudes très fortes sur la crise économique évidemment mais de manière plus structurelle, le président a dit "c'est dur d'avoir 20 ans en 2020" parce qu'il y a l'épidémie mais aussi parce qu'on est dans un contexte où avec le défi climatique, avec le défi social et économique, avec le défi terroriste, oui, les jeunes en ont beaucoup sur les épaules et moi, ma conviction, c'est qu'il faut les rassurer, il faut échanger avec eux, il faut entendre ce qu'ils ont à dire et il faut y répondre et je pense le président de la République a tout à fait raison d'aller échanger avec eux.
LORRAIN SENECHAL
On continue à parler de ce dialogue à venir entre le président et la jeunesse juste après un coup d'oeil sur le fil d'info.
- Flash infos
LORRAIN SENECHAL
Avec Gabriel ATTAL, porte-parole du gouvernement, on parlait de cette émission cet après-midi à partir de 16h00 sur le média en ligne Brut, avec le chef de l'État Emmanuel MACRON, émission présentée entre autres par Rémy BUISINE, le journaliste frappé la semaine dernière par un policier alors qu'il était à terre, en marge d'une manifestation, alors qu'il était identifié comme journaliste, Rémy BUISINE invité ce matin sur France Info, qui nous expliquait qu'il est de plus en plus difficile de faire son travail de journaliste dans les manifestations aujourd'hui en France.
REMY BUISINE
En tant que journaliste aujourd'hui, couvrir ces manifestations est plus compliqué, d'un point de vue conditions de travail sur le terrain vis-à-vis des forces de l'ordre et les entraves qu'on peut avoir dans notre travail ou des violences et autres, eh bien malheureusement ces dernières semaines il y a une augmentation…
LORRAIN SENECHAL
Est-ce que vous êtes d'abord conscient, Gabriel ATTAL, que c'est de plus en plus dur pour les journalistes reporters de terrain, de faire leur travail dans les manifestations en France ?
GABRIEL ATTAL
Moi je suis porte-parole du gouvernement, et j'échange beaucoup avec les journalistes, avec vous, et oui, il y a des messages qui me sont passés. Maintenant c'est difficile, je crois par nature, de couvrir des manifestations, des opérations de maintien de l'ordre, parce que ça peut donner lieu à de la violence. On a vu des violences…
LORRAIN SENECHAL
Mais Rémy BUISINE dit : c'est de plus en plus difficile et pas seulement pour les journalistes, les manifestations sont de plus en plus violentes aujourd'hui en France.
GABRIEL ATTAL
Oui, on a vu ces dernières années des violences extrêmement fortes, de plus en plus fortes, de certains manifestants en direction des forces de l'ordre. On a vu des scènes extrêmement inquiétantes, terribles, en direction de forces de l'ordre. Moi j'entends ce qui est dit, j'entends les inquiétudes, les interrogations qui sont formulées par des journalistes et c'est la raison pour laquelle le Premier ministre a souhaité, avec le ministre de l'Intérieur, la mise en place d'un travail sous l'égide de monsieur BURGUBURU qui est le président de la Commission nationale consultative des droits de l'homme, pour travailler sur ces questions de lien entre la Presse et entre les forces de l'ordre et la capacité de la Presse à couvrir les opérations de maintien de l'ordre, elle va démarrer je crois de manière imminente ses travaux.
NEÏLA LATROUS
Gabriel ATTAL, plusieurs professionnels des médias se sont émus que la préfecture, enfin pas que la préfecture pardon, que la Direction nationale de la police, la Direction de la police nationale demande à signer une convention avant d'aller filmer des policiers pour pouvoir valider le montage en disant : aucun extrait ne pourra être diffusé sans l'accord express du représentant de la police nationale. Est-ce que c'est un droit à la censure ?
GABRIEL ATTAL
Je ne crois pas du tout. Je vous avoue que sur cette question de convention, je n'ai pas spécialement d'information, je vais me renseigner sur ce sujet, mais…
LORRAIN SENECHAL
Est-ce que c'est normal tout simplement que la police demande de revoir les vidéos des journalistes avant publication ?
GABRIEL ATTAL
Je vais vous dire, il n'y a absolument aucune volonté d'empêcher de diffuser quelque information que ce soit. Maintenant si c'est pour des questions de vie privée de certains policiers, ça se regarde, je pense que ça fait partie des discussions qui seront dans le cadre de ce travail de monsieur BURGUBURU avec les journalistes et avec les forces de l'ordre.
NEÏLA LATROUS
Le président de la République, l'une de ses missions cet après-midi lors de cette interview à Brut, c'est de retisser le lien entre aussi une partie de la jeunesse qui ne fait plus confiance à la police ?
GABRIEL ATTAL
Il y a c'est vrai des interrogations, des doutes et des craintes chez une partie des jeunes. Il faut y répondre en les regardant droit dans les yeux et en échangeant avec eux, et en écoutant ce qu'ils ont à dire.
NEÏLA LATROUS
Que vous percevez vous-même en échangeant notamment avec des influenceurs sur Instagram où vous voyez que cette défiance-là s'exprime sur les réseaux sociaux.
GABRIEL ATTAL
Oui, bien sûr, je la ressens. Il y a une étude d'opinion, un sondage hier qui était intéressant sur ce sujet-là aussi. Moi je vais vous dire, je suis parfaitement lucide sur cette situation, mais je ne pense pas qu'il y ait de fatalité, voilà. Moi je vois aussi beaucoup de jeunes qui ont envie de devenir policier, et d'ailleurs il y a beaucoup de jeunes chez les policiers qui se sont engagés pour protéger leur pays, pour protéger les autres, et qui sont très fiers de porter cet uniforme.
LORRAIN SENECHAL
Mais qu'est-ce que vous répondez à ces jeunes qui ont peur de la police, et qui se font contrôler plus que les autres dans le cas des personnes de couleur ? C'est ce qu'ils nous disent en tout cas les jeunes, se font contrôler plus que les autres, et ont ne serait-ce qu'un ton des policiers qui est différent envers eux.
GABRIEL ATTAL
Je réponds d'abord que la police est là pour nous protéger et pour nous permettre de vivre libre.
LORRAIN SENECHAL
Ce n'est pas ce qu'ils ressentent.
GABRIEL ATTAL
Je sais que ça n'est pas ce qu'ils ressentent, mais moi c'est ce que je dis, et je pense que c'est important toujours de le rappeler, et qu'ensuite moi j'entends parfaitement ce qui est ressenti, ce qui est vécu parfois au-delà du ressenti, et qu'on peut, par principe, toujours améliorer la manière dont nos forces de l'ordre de travaillent. C'est une question de formation, c'est une question de conditions de travail, c'est une question de moyens qui leur sont donnés, c'est une question…
NEÏLA LATROUS
Aujourd'hui, la balle est dans le camp de la police ?
GABRIEL ATTAL
Comment ?
NEÏLA LATROUS
Aujourd'hui la balle est dans le camp de la police aussi pour retisser ce lien ?
GABRIEL ATTAL
Eh bien je pense que la responsabilité c'est celle du gouvernement. Moi je ne dis pas que, je ne renvoie pas toute la responsabilité sur les policiers, je pense que le gouvernement a la responsabilité de permettre aux policiers de travailler dans les meilleures conditions possibles. Ça veut dire la formation, ça veut dire les moyens au quotidien, et je pense que chaque… Après, les Français ont aussi la responsabilité de respecter leur police et de respecter l'autorité.
LORRAIN SENECHAL
Réformer l'IGPN c'est aussi quelque chose qui fait partie des priorités ?
NEÏLA LATROUS
L'Inspection Générale de la Police Nationale, la police des polices.
GABRIEL ATTAL
Je ne crois pas qu'il faille avoir de tabou, mais je ne crois pas non plus qu'il faille avoir des totems, enfin je veux dire, il faut regarder cette question-là et c'est ce qui va être fait par le ministre de l'Intérieur, qui dans deux semaines va remettre au Premier ministre des propositions pour renforcer l'exemplarité de notre système de police…
LORRAIN SENECHAL
La manière dont la police est contrôlée en tout cas.
GABRIEL ATTAL
Oui, et donc il y a des propositions qui seront faites. Il a lui-même reconnu devant les parlementaires, que certaines sanctions qui étaient prononcées n'étaient pas toujours appliquées et qu'on pouvait aller vers plus d'efficacité. Donc vous voyez bien qu'on peut regarder tous les sujets, y compris celui-là.
NEÏLA LATROUS
Gabriel ATTAL, une petite musique monte en ce moment, nourrie notamment par les oppositions de gauche, celle d'une dérive liberticide du quinquennat. Emmanuel MACRON serait très agacé par ce procès, et je sens que vous aussi. Cet après-midi le président doit aussi faire la preuve qu'il a renforcé l'état des libertés en France, il peut convaincre les jeunes sur ce thème-là ?
GABRIEL ATTAL
Oui, enfin moi je pense que c'est vrai que c'est un sujet auquel sont très attachés les jeunes. Il y a eu une offensive assez politicienne de la part des oppositions sur ce sujet-là. Ils ont pris l'appui de l'utilisation du Conseil de défense pour faire le suivi de l'épidémie, ça fait 9 mois que l'épidémie est gérée par le Conseil de défense, on n'avait entendu personne sur ce sujet-là, et puis d'un coup ça devient un grand problème alors ça existe depuis très longtemps dans notre constitution, que tous les présidents ou presque l'ont utilisé, et que l'important c'est que quand vous prenez des décisions, qui ont un impact sur les libertés publiques des Français, il faut qu'elles soient validées, discutées, dans le cadre de nos institutions démocratiques. Toutes les décisions qui ont un impact sur la liberté des Français, les textes de lois, les décrets, sont examinés par le Conseil des ministres. Et les projets de loi sur l'état d'urgence sanitaire ont tous été discutés par le Parlement pendant des centaines d'heures. Et moi je vais vous dire, il faut toujours, quand on est aux responsabilités, entendre les critiques, entendre les interrogations. Mais moi je trouve que ce procès est totalement infondé. Emmanuel MACRON il se bat, d'ailleurs à l'international, pour défendre les libertés, notamment la liberté de la Presse et la liberté d'expression. Vous avez il y a encore quelques semaines des manifestations qui ont lieu dans certains pays dans le monde…
LORRAIN SENECHAL
Mais en retour il y a l'ONU, la Commission européenne, qui s'interrogent sur l'état des libertés en France tout de même.
GABRIEL ATTAL
Oui, mais je vais vous dire, aujourd'hui vous avez un chef d'État qui défend dans le monde la liberté de caricaturer, la liberté d'expression pour les journalistes, on se retrouve avec des manifestations où le drapeau français, où l'effigie du président est brûlée, parce que le président mène ce combat-là à l'international, et c'est un des seuls chefs d'État à le faire de manière aussi forte, et donc entendre ces critiques-là alors que précisément c'est un combat qu'on mène, je vous avoue que j'ai du mal à le comprendre.
LORRAIN SENECHAL
Gabriel ATTAL, merci beaucoup, porte-parole du gouvernement. Bonne journée à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 7 décembre 2020