Interview de M. Jean Castex, Premier ministre, à Europe 1 le 15 décembre 2020, notamment sur le référendum pour inscrire la défense du climat dans la Constitution, les arbitrages du gouvernement dans la crise sanitaire et la sécurité.

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Média : Europe 1

Texte intégral

SONIA MABROUK
Bienvenue sur Europe 1 et bonjour Monsieur le Premier ministre.

JEAN CASTEX
Bonjour Madame.

SONIA MABROUK
Lors de votre entrée en fonction, quand vous avez prononcé votre discours de politique générale il y a six mois, quasiment jour pour jour, vous avez dit : je veux assurer la sécurité des Français. Par cette phrase, vous entendiez la sécurité sanitaire face à l'épidémie, la sécurité économique et sociale face aux conséquences du confinement, la sécurité des Français face à l'insécurité du quotidien et la menace terroriste. Six mois plus tard, la circulation du virus est toujours prégnante, la situation économique et sociale est préoccupante, malgré le soutien de l'État, et les violences minent notre pacte républicain. C'est dans ce contexte, Monsieur le Premier ministre, que vos réponses sont attendues pour expliquer le sens et donner du sens à l'action de l'exécutif. Et pour commencer, cette annonce hier soir du président de la République d'un référendum afin d'inscrire la défense du climat dans la Constitution, pourquoi ce choix d'un référendum ?

JEAN CASTEX
Je crois que c'est l'illustration d'une formidable innovation politique face à laquelle nous nous trouvons, voyez, quel est le sujet ? Le sujet, c'est un sujet plantaire, la transition écologique, c'est un défi majeur pour tous les pays, pour la France en particulier, qui a fait le choix d'être aux avant-postes dans ce domaine, souvenez-vous, la signature à Paris de la Convention sur le climat, avec le retour des États-Unis annoncé ; c'est une formidable perspective, bon. Nous voulons le faire, vous faisiez allusion à ma déclaration de politique générale, avec notre méthode, c'est-à-dire, une écologie ouverte, une écologie qui ne soit pas punitive, une écologie généreuse, une écologie qui transforme, une écologie qui entraîne. Alors le président de la République, il a recouru, il a fait appel à 150 citoyens, c'est totalement innovant, Madame, ils ont fait des propositions, des propositions fortes, que nous allons écouter, dont nous allons collectivement débattre, ça, c'est déjà nouveau. Ensuite, eh bien, la démocratie représentative, le Parlement, va reprendre ses droits, c'est normal, c'est tout à fait normal, il va examiner un projet de loi qui sera issu des propositions des citoyens, il va en débattre, il votera, et puis, et puis, nous avons souhaité que sur ces sujets majeurs, le président en République a voulu que le peuple souverain se prononce, voyez cette innovation…

SONIA MABROUK
Vous vous en remettez aux Français, Monsieur le Premier ministre…

JEAN CASTEX
Des nouvelles techniques de démocratie sur un sujet majeur donnent la parole aux Français dans toute leur composante…

SONIA MABROUK
Mais on connaît l'histoire des référendums en France, il peut se transformer en pour ou contre Emmanuel MACRON, vous assumez ce risque ?

JEAN CASTEX
Ecoutez, l'écologie, je pense que nos concitoyens en sont parfaitement conscients, est une cause qui nous réunit, qui nous dépasse à toutes et à tous. Je pense que donner la parole au peuple, c'est la quintessence de la démocratie, et c'est un honneur pour le président de la République que d'y recourir.

SONIA MABROUK
Mais expliquez à nos auditeurs, Monsieur le Premier ministre, ce matin, la charte de l'Environnement a déjà une valeur constitutionnelle, n'est-ce pas alors un artifice de communication, comme le dit l'opposition, de la part du président de la République ?

JEAN CASTEX
Eh bien, l'opposition, évidemment, s'oppose, l'essentiel, Madame, c'est que le peuple ait le dernier mot, et je crois que, pour que ce ne soit pas des artifices de communication, qu'il faut saisir le peuple sur des questions essentielles, sur des questions qui font bouger la société…

SONIA MABROUK
Que ne l'avez-vous fait…

JEAN CASTEX
Et si la transition écologique n'est pas une de ces questions essentielles, je me demande alors ce qui constitue une question essentielle.

SONIA MABROUK
Mais vous avez raison, mais ce matin, je me mets à la place d'un auditeur qui se dit : et pourquoi pas un autre sujet, la laïcité par exemple, pourquoi pas dans la Constitution, n'est-ce pas un sujet essentiel, Monsieur le Premier ministre ?

JEAN CASTEX
La laïcité est un sujet essentiel, les principes de laïcité ont déjà, chère Madame, et vous le savez, une portée constitutionnelle, et nous allons d'ailleurs, vous le savez aussi, moderniser, adapter au temps présent cette magnifique valeur de laïcité, j'y insiste auprès de vous. Donc par rapport à votre introduction, Madame, vous me permettez de vous dire que nous sommes sur tous les fronts, sur tous les sujets.

SONIA MABROUK
Une date, un calendrier pour ce référendum ?

JEAN CASTEX
Alors ça, c'est un peu difficile à dire, ça nous ramène, chère Madame, malheureusement, aux conditions sanitaires, il faut d'abord que l'Assemblée nationale et le Sénat, puisque…

SONIA MABROUK
Eh oui, il y a des urgences d'abord…

JEAN CASTEX
Nous respecterons scrupuleusement évidemment notre Constitution, vote, comment dire, en termes conformes, ce projet. Et ensuite, voilà…

SONIA MABROUK
Bon, avant la fin du quinquennat ?

JEAN CASTEX
La semaine prochaine, Madame, la semaine prochaine, je le dis pour vos auditrices et vos auditeurs, nous allons adopter un projet de loi sur la base d'un rapport fait par monsieur DEBRE, visant à reporter les élections cantonales et régionales, parce qu'elles ne peuvent pas se tenir en raison du contexte sanitaire, donc évidemment, c'est ce contexte sanitaire qui déterminera l'échéance du référendum.

SONIA MABROUK
Evidemment avant la fin du quinquennat.

JEAN CASTEX
Si possible, bien entendu.

SONIA MABROUK
On en vient, Monsieur le Premier ministre, à la crise sanitaire, alors sur le fondement même de vos arbitrages face à l'épidémie, pourquoi est-ce qu'il n'y a pas une grande étude scientifique, rigoureuse, française sur les principaux lieux de contamination dans notre pays ?

JEAN CASTEX
Alors, d'abord, on dispose d'études scientifiques internationales sur lesquelles on peut se…

SONIA MABROUK
Internationales…

JEAN CASTEX
Oui, mais enfin, le virus est à peu près le même partout. Ces études sont engagées, une va être publiée, je crois, cette semaine sous l'autorité du professeur FONTANET, et qui confirme d'ailleurs des éléments issus des études internationales. Donc on va disposer d'une étude nationale, surtout, vous l'avez vu, pour la compléter, nous avons engagé dans quatre métropoles des opérations de tests importantes, massives, deux avant Noël, deux après Noël, qui ont déjà commencé. Et dont l'un des objectifs est précisément de mieux connaître l'épidémie, dans quels quartiers elle va, quelle catégorie de population touche-t-elle, etc.

SONIA MABROUK
Bien sûr, on va en parler. Mais Monsieur le Premier ministre, sur la grande étude, pourquoi, parce que pour faire accepter des mesures, il faut qu'elles soient comprises, si vous publiez, si vous aviez publié cette étude, cette grande étude, ça fait un an que le virus circule, pourquoi il n'y a pas cette étude ?

JEAN CASTEX
Madame, encore une fois, nous avons des éléments scientifiques, le virus n'est pas différent aux États-Unis, en Allemagne…

SONIA MABROUK
Il y a des modes de vie différents.

JEAN CASTEX
Les lieux de contamination sont connus, et vous verrez d'ailleurs, je dispose des pré-éléments de l'étude du professeur FONTANET, elle confirme, elle confirme la littérature scientifique internationale, il n'y a rien de nouveau…

SONIA MABROUK
Mais est-ce qu'elle confirme vos arbitrages ? Est-ce que cette étude confirme vos arbitrages et vos choix pour la fermeture…

JEAN CASTEX
Oui, oui, Madame, oui, bien sûr, bien sûr…

SONIA MABROUK
Donc elle indique que les principaux lieux de contamination sont les lieux…

JEAN CASTEX
Sont des lieux privés…

SONIA MABROUK
Ah, d'accord, d'abord, les lieux privés…

JEAN CASTEX
Eh bien, on a toujours dit ça, bien entendu, les restaurants, les restaurants et les cafés évidemment, c'est-à-dire, en fait, pardonnez-moi, il peut arriver que la science rejoigne le bon sens, c'est-à-dire les lieux où vous ne pouvez pas garder votre masque, les lieux qui sont plutôt clos, couverts, les lieux où vous restez un temps assez long ensemble, des lieux où les interactions sont plus fortes qu'ailleurs, voilà. Donc vous avez les salles de sport…

SONIA MABROUK
Donc ces pré-éléments, Monsieur le Premier ministre…

JEAN CASTEX
Vous avez les discothèques…

SONIA MABROUK
Ces pré-éléments seront publiés et connus du grand public…

JEAN CASTEX
Absolument.

SONIA MABROUK
Et confirmeront, si je vous entends bien, vos arbitrages et vos décisions.

JEAN CASTEX
Absolument.

SONIA MABROUK
Ce mardi 15 décembre, les lieux culturels qui doivent garder portes closes s'estiment injustement punis, et même le mot est employé, méprisés par le gouvernement, n'y avait-il pas d'autre alternative ?

JEAN CASTEX
Alors, il n'y avait pas d'autre alternative, chère Madame, sinon je n'aurais pas pris ces décisions, soyez-en assurée, et si je les prends, que ce soit dit, pour ce secteur comme pour tous les autres, c'est parce que j'estime, nous estimons, en notre âme et conscience, qu'elles sont nécessaires pour des raisons de sécurité, pour des raisons de protection des Françaises et Français ; il n'y a ; ni pour le monde culturel, ni pour aucun acteur professionnel, aucune française, aucun français, la moindre marque de mépris. Je voudrais vous dire, Madame, très honnêtement, que c'est pour moi une grande source de difficultés, parfois de souffrances de prendre ces mesures, je connais mes concitoyens. Le monde de la culture, chère Madame, le monde de la culture, arrêtons-nous une minute…

SONIA MABROUK
C'est l'âme d'un pays, Monsieur le Premier ministre…

JEAN CASTEX
Mais c'est l'âme d'un pays, oui, Madame…

SONIA MABROUK
C'est l'identité de la France…

JEAN CASTEX
Absolument.

SONIA MABROUK
Ce n'est pas un secteur comme un autre.

JEAN CASTEX
Absolument, et d'ailleurs nous revendiquons, vous le savez, l'exception culturelle, mais l'exception culturelle, ça n'est pas l'exception sanitaire, vous savez, le monde de la culture, les acteurs du spectacle vivant, du cinéma, avec Roselyne BACHELOT, je veux rendre un hommage particulier au ministre de la Culture…

SONIA MABROUK
Vous avez besoin de lui rendre un hommage, elle est fragilisée en ce moment…

JEAN CASTEX
Elle n'est pas fragilisée, Roselyne…

SONIA MABROUK
Elle a perdu des arbitrages…

JEAN CASTEX
Elle se bat, elle se bat comme une lionne pour le secteur culturel…

SONIA MABROUK
Mais qu'est-ce qu'elle obtient ?

JEAN CASTEX
Qu'est-ce qu'on leur dit, je les ai déjà reçus à plusieurs reprises, ils le savent, on a, à chaque fois qu'il y a eu un problème, ils peuvent en témoigner, pris les mesures pour les accompagner. Et nous allons continuer. Alors, qu'est-ce qu'ils veulent…

SONIA MABROUK
Travailler…

JEAN CASTEX
Aujourd'hui, ils veulent d'abord… ils veulent travailler, tout le monde veut travailler, et c'est normal, bon, mais encore une fois, nous ne sommes pas sortis de cette deuxième vague…

SONIA MABROUK
Alors, Monsieur le Premier ministre…

JEAN CASTEX
Attendez, Madame, laissez-moi juste aller jusqu'au bout, nous avions planifié, en fonction de l'évolution de l'épidémie, un retour progressif vers l'ouverture de beaucoup d'établissements et de lieux. L'étape devait avoir lieu aujourd'hui, chère Madame, je pense d'ailleurs que c'est pour ça que vous m'avez invité, le 15 décembre, il se trouve, il se trouve, en France, comme partout en Europe, comme partout en Europe, que ces résultats ne sont pas encore au rendez-vous. Donc on a encore besoin de faire des efforts, donc on a décalé ces ouvertures. Citez-moi, Madame, des pays en Europe où les théâtres, les cinémas, les lieux de culture sont ouverts, ils ont pris des mesures encore plus strictes…

SONIA MABROUK
Monsieur le Premier ministre, j'ai une question, une question, expliquez-nous, expliquez à nos auditeurs, et on entend ce que vous dites sur la culture, qui est l'âme d'un pays, expliquez-nous, où est la logique, quand vous voyez des files d'attente et des grands magasins bondés, bondés, alors que théâtres, musées et cinémas, qui respectent les protocoles, restent fermés, c'est cela l'injustice qu'ils ressentent…

JEAN CASTEX
Non, Madame…

SONIA MABROUK
Qu'ils ressentent, Monsieur le Premier ministre…

JEAN CASTEX
Oui, c'est une injustice que je peux comprendre, nous avons rouvert les commerces le 28 novembre, avec des jauges très strictes, négociées avec la profession, et j'ai donné, et j'ai donné, ne généralisons pas, des instructions extrêmement fermes, vous avez cité les grandes surfaces, pour que le respect de ces jauges soit strictement assuré, bon. Donc l'étape suivante, on a vu d'ailleurs un petit effet, Madame, tous les commerces ont rouvert, vous avez raison, les indicateurs sanitaires s'amélioraient, depuis début décembre, on stagne, donc on ne peut pas en faire plus, on ne peut pas en faire plus. Par contre, je tiens vous le dire, on va accompagner ce secteur culturel, on va accompagner ce secteur, d'ores et déjà, j'ai compris, ils m'ont dit, ils ont dit à la ministre : ah, vous savez, on a dû déprogrammer, on avait engagé des dépenses, on avait retenu des artistes, on avait commandé des œuvres, on ne pourra pas ouvrir. On va les indemniser, d'ores et déjà…

SONIA MABROUK
Quel montant, Monsieur le Premier ministre, cette rallonge de 35 millions d'euros supplémentaire ?

JEAN CASTEX
Une rallonge de 35 millions sera accordée, en plus, au ministère de la Culture. Deuxièmement, nous allons préparer avec eux les conditions de l'avenir, on leur a fixé une clause de revoyure le 7 janvier, ils vont y travailler avec la ministre, et voir comment si, j'y insiste bien, les conditions épidémiologiques se stabilisent et s'améliorent, on pourra à ce moment-là envisager progressivement leur réouverture. Vous savez, là aussi, comparons, il faut préparer l'avenir avec ce secteur, ça s'appelle le plan de relance, comme tous les autres secteurs de l'économie…

SONIA MABROUK
Bien sûr, on va en parler…

JEAN CASTEX
On va mettre deux milliards d'euros pour la Culture, l'Allemagne, pays plus grand que nous, met un milliard, donc je dis à tous les acteurs du monde de la culture, à toutes et à tous, que je suis parfaitement conscient des mesures difficiles, mais temporaires, que nous leur demandons…

SONIA MABROUK
Oui, mais est-ce que ce n'est pas, Monsieur le Premier ministre…

JEAN CASTEX
Nous allons les aider, non seulement à surmonter cette période, mais à préparer leur avenir.

SONIA MABROUK
Bien sûr. Mais Monsieur le Premier ministre, n'est-ce pas un temporaire qui dure, autres secteurs, et ils incarnent aussi la culture et la singularité française, les restaurants ne croient plus en la perspective d'une réouverture le 20 janvier, ils attendent ce matin un langage de vérité, cette date, elle est réaliste ?

JEAN CASTEX
Un temporaire qui dure, chère Madame, mais ça s'appelle l'épidémie. Est-ce que, je vous pose une question, pardonnez-moi de ne pas répondre à une question par une question, sommes-nous le seul pays concerné par ces mesures, sommes-nous le seul pays où le virus continue de circuler…

SONIA MABROUK
Bien sûr que non…

JEAN CASTEX
On a même des performances, je le revendique devant vous, plutôt meilleures que les autres pays, meilleures que l'Allemagne désormais, bon. Alors s'agissant des restaurateurs, là aussi, je vous ferai la même réponse que pour le secteur de la culture, c'est un crève-cœur pour moi, Madame, de fermer les restaurants, c'est un crève-cœur, mais c'est nécessaire, et l'étude…

SONIA MABROUK
Monsieur le Premier ministre, hier, votre ministre de l'Economie affirme qu'il ne pouvait pas…

JEAN CASTEX
Et l'étude du professeur FONTANET le confirmera. Donc est-ce qu'on peut leur garantir aujourd'hui qu'on rouvrira le 20 janvier, la réponse est non.

SONIA MABROUK
Donc là encore, vous allez prolonger les aides, le chômage partiel…

JEAN CASTEX
Nous verrons, Madame, ça va dépendre de nous tous, ça va dépendre de la façon dont nous aurons passé cette période de fêtes, dont j'ai déjà dit qu'elle pourrait être propice à une circulation accélérée du virus si nous n'étions pas collectivement responsables.

SONIA MABROUK
Venons-en, venons-en, Monsieur le Premier ministre, puisqu'un couvre-feu entre en vigueur, mais Noël est sanctuarisé, est-ce que vous appelez clairement les Français à se faire tester avant de se retrouver en famille ?

JEAN CASTEX
Alors, nous avons demandé sur la préparation de cette échéance un guide de recommandations au conseil scientifique, il est sorti hier. Bon, que dit le conseil scientifique, le conseil scientifique dit quelque chose, je pense, de très raisonnable, il dit, d'abord, si vous le pouvez, d'ailleurs, c'est ce qui se pratique dans certains pays étrangers, dans beaucoup, auto-confinez-vous 8 jours avant Noël si vous pouvez, ce n'est pas possible pour tout le monde…

SONIA MABROUK
Mais vous appuyez cette recommandation ?

JEAN CASTEX
Bien entendu, à chaque fois que cela est possible, surtout si on doit recevoir à Noël des personnes vulnérables, le conseil scientifique, je vais vous dire, qu'on appuie, a même dit : si vous pouvez ne pas amener vos enfants à l'école jeudi et vendredi, c'est la période de 8 jours, vous le faites, ce n'est pas une obligation…

SONIA MABROUK
Mais Monsieur le Premier ministre, pardonnez-moi, vous voulez être le chantre du bon sens, vous imaginez une telle recommandation à quelques jours, on imagine l'organisation des parents, des entreprises…

JEAN CASTEX
Mais Madame, Madame, ce n'est pas une obligation, ce n'est pas une obligation. Du bon sens, vous avez parfaitement raison. On dit des recommandations, parce que, qu'est-ce qu'il dit sur les tests, le conseil scientifique, il dit : surtout, les tests, ils sont utiles si vous êtes symptomatique, sinon, mais, sinon, ce n'est pas un totem, le test, vous pouvez vous faire tester le vendredi, mais être contagieux, être positif le lundi, il faudrait le faire presque tous les deux jours ; ça n'est pas possible, ça n'est pas raisonnable, d'autant que nous n'aurions pas la capacité de le faire. Donc le conseil scientifique dit : faites-vous tester, oui, avant les fêtes, si vous avec des symptômes, et si, ajoute-t-il, vous avez été dans la période précédant le réveillon en contact avec des personnes nombreuses certaines présentant des risques, etc., et si vous allez passer Noël ou d'autres événements avec des personnes vulnérables.

SONIA MABROUK
Bien sûr. Certains vous font le reproche, Monsieur le Premier ministre, d'un paternalisme autoritaire, d'avoir parfois tenu un discours qui tend à infantiliser les Français en entrant dans nos foyers, est-ce que vous le regrettez ? Vous réfléchissez ?

JEAN CASTEX
Oui, oui, oui, parce que je suis partagé, pour vous dire la vérité à cette réponse, ce n'est pas ma tendance naturelle, et je crois que ce n'est celle de personnes d'entrer dans les foyers des gens pour leur dire ce qu'ils ont à faire…

SONIA MABROUK
Vous auriez imaginé, Jean CASTEX, de le faire…

JEAN CASTEX
Simplement, écoutez, je suis Premier ministre de mon pays, à un moment où celui-ci est confronté à une crise inédite et très grave, donc je dois prendre mes responsabilités, mes responsabilités, ça consiste, ce n'est pas infantiliser, excusez-moi, mais si vous m'avez suivi, vous parlez de six mois de fonction, dès le premier jour, j'ai, je crois, tenu un discours de responsabilisation. Cette crise sanitaire est un défi collectif pour nous. Le gouvernement doit prendre les bonnes décisions, évidemment, mais chacune et chacun disposent d'une part pour lutter contre cet épidémie…

SONIA MABROUK
Mais vous, Monsieur le Premier ministre, quel Premier ministre êtes-vous ? Comment vous imaginez votre rôle, bouclier ou bouc émissaire ?

JEAN CASTEX
J'essaie surtout de protéger mes concitoyens, de prendre les bonnes décisions, bouc émissaire, eh bien, si vous cherchez à me faire dire qu'effectivement, fermer un théâtre, fermer un restaurant rend impopulaire, vous avez sûrement raison, Madame…

SONIA MABROUK
Et vous l'assumez ?

JEAN CASTEX
La question, ce n'est pas celle-là, la question, c'est : est-ce que c'est mon devoir de le faire, vous savez, on jugera le match à l'arrivée, pour l'instant, je suis dans le feu de l'action, sous l'autorité du président de la République. J'essaie d'associer au maximum les forces vives, j'essaie aussi de rénover les relations avec le Parlement, nous tiendrons un débat demain et après-demain sur ces sujets. Mais je dois prendre des responsabilités pour protéger les Français, je reste conforme, Madame, à la déclaration de politique générale par laquelle vous avez commencé cette interview…

SONIA MABROUK
Justement, Monsieur le Premier ministre, et c'est pour ça que je l'ai citée au début, je trouve que ça structure bien évidemment votre action, vous dites les choses difficiles, Monsieur le Premier ministre, mais combien de victimes économiques, combien de suicides actuels ou à venir, combien de dépressions, combien de malades hors Covid non soignés, combien de sacrifiés dans la jeune génération ; vous assumez l'état dans lequel va se trouver la France…

JEAN CASTEX
Bien sûr, Madame…

SONIA MABROUK
Où se trouve déjà, la France…

JEAN CASTEX
Mais Madame, bien sûr, mais tout ça, justement, ce sont les caractéristiques de cette crise sanitaire qui devient une crise économique, qui devient une crise sociale. Et je veux dire, excusez-moi de vous le dire, mais, c'est quoi l'honneur de notre pays et le rôle du Premier ministre qui le dirige, du président de la République, c'est, encore une fois, de limiter au maximum l'impact sanitaire. Je crois que si nous nous comparons avec les autres pays, je le dis aux Françaises et aux Français, nous n'avons pas à rougir, et c'est aussi, vous l'avez très bien dit, de limiter l'impact économique. On prend toutes les mesures, là aussi, si vous comparez, Madame, le soutien au secteur économique que nous faisons sont parmi les plus ambitieux, la BANQUE DE FRANCE vient de rendre une étude qui dit que c'est en France que le pouvoir d'achat des ménages aura été le mieux préservé, malgré la croissance de la pauvreté.

SONIA MABROUK
Monsieur le Premier ministre, je vous parle de psychologie, et même, même, de psychiatrie, c'est la question. Est-ce qu'à un moment ou un autre, avec le président de la République, vous vous êtes posé la question, et mis en balance justement, ce bilan, ces deux bilans, un certain pourcentage de morts du Covid et une telle situation ?

JEAN CASTEX
Chère Madame, sans cesse, sans cesse. D'abord, je le rappelle, et là aussi c'est à l'honneur de la France, nous avons fait le choix, à la rentrée dernière, de rouvrir toutes nos écoles, la fermeture des écoles, en France comme ailleurs, lors du premier confinement, avait produit, et aurait continué de produire des résultats catastrophiques, on a assumé le choix de le faire, et globalement, globalement, je ne dis pas qu'il y ait quelques problèmes ici ou là, ça tient le choc. Deuxièmement, je voudrais vous parler des étudiants, pour lesquels on a dû maintenir le confinement, là il y a des sources de danger, la ministre Frédérique VIDAL m'alerte là-dessus, les présidents d'université, les acteurs, on a pris des dispositions, on va essayer de faire rentrer, comme on dit, en présentiel, dès janvier, les étudiants les plus fragiles, les plus éloignés. J'ai augmenté, chère Madame, très concrètement les vacations de psychologues, d'assistantes sociales, on a donné une somme aux étudiants un peu plus chevronnés pour s'occuper des étudiants en difficulté ou des étudiants décrocheurs, tout ça nous le faisons. Olivier VERAN, autre ministre qui se bat tous les fronts…

SONIA MABROUK
Oui, qui se bat et qui freine parfois sur certaines décisions, Monsieur le Premier ministre.

JEAN CASTEX
Qui freine quoi ?

SONIA MABROUK
Sur l'ouverture des musées, des théâtres…

JEAN CASTEX
Qui freine…

SONIA MABROUK
Non, non, mais en tenant compte de la situation épidémique.

JEAN CASTEX
La seule chose que freine efficacement Monsieur VERAN c'est la progression de l'épidémie. Donc, je vous disais, Monsieur VERAN travaille avec moi sur l'accroissement des dispositifs de santé mentale, pour en revenir à votre question, donc bien entendu, bien entendu, je suis, nous sommes parfaitement conscients, sensibles, et à l'action, sur toutes les conséquences psychologiques, vous avez même dit psychiatriques, de cette crise, cette crise elle est effectivement dévastatrice, et c'est pourquoi nous sommes mobilisés matin, midi et soir.

SONIA MABROUK
Et vous dites que vous vous occupez, évidemment, de la situation, et que vous anticipez, Monsieur le Premier ministre, d'où ma question, qu'est-ce qui nous garantit qu'après, il faut bien le dire, le fiasco des masques et des tests, les vaccins ne seront pas le troisième fiasco ?

JEAN CASTEX
Ça ce sont des formules Madame. Le fiasco des tests vous avez dit, je peux répondre, je suis Premier ministre, la France est le pays qui a le plus testé d'Europe. Certes, il y a eu des moments, et ça peut revenir, où il y a eu des listes d'attente, qui sont tout à fait regrettables, vous avez raison, mais au total, j'insiste - nous devons nous améliorer sur les tests, ça je vous le dis tout de suite, et ça va être un des axes de la stratégie - les vaccins, eh bien les vaccins nous nous préparons, j'ai expliqué déjà aux Françaises et aux Français, nous avons une stratégie, ces vaccins ont été achetés, à l'initiative de la France au niveau européen, pour faire diminuer les prix, pour augmenter nos chances d'obtenir toutes les doses qui sont nécessaires, et nous allons débuter, et nous allons débuter dès que les autorités sanitaires compétentes se seront prononcées, pour diffuser les vaccins correspondants, au début de l'année 2021. Nous avons une autorité, qui s'appelle la Haute autorité de santé, autorité scientifique indépendante, qui nous dira les priorités des publics à vacciner, le gouvernement s'occupe de tous les aspects logistiques, et surtout, chère Madame, et surtout nous devons, c'est ma préoccupation forte au moment où nous nous parlons, veiller à faire comprendre que toutes les précautions sont prises dans la plus grande transparence, pour que…

SONIA MABROUK
Transparence ?

JEAN CASTEX
La plus grande transparence…

SONIA MABROUK
C'est le maître-mot évidemment.

JEAN CASTEX
C'est le maître-mot, pour que les Français puissent se faire vacciner en toute sécurité.

SONIA MABROUK
Mais, Monsieur le Premier ministre, est-ce que vous pouvez affirmer ce matin que tout est prêt pour que la France ne connaisse ni retard, ni manque en matière de doses de vaccin, est-ce que vous pouvez tenir ce matin, j'allais dire cette promesse, et l'affirmer haut et fort ?

JEAN CASTEX
Je peux le dire à votre micro, chère Madame, nous dépendons évidemment des approvisionnements en vaccins qu'achète l'Europe, mais si tout se déroule comme nous l'avons contractuellement prévu, nous nous mettons un état de ne manquer ni de doses vaccinales, ni de logistique pour assurer leur diffusion selon les priorités fixées par la Haute autorité en santé.

SONIA MABROUK
Donc, Monsieur le Premier ministre, le retard du laboratoire SANOFI ne va pas venir peser sur notre situation et tout cela ?

JEAN CASTEX
Madame, nous avons, au niveau européen, passés des commandes, avec d'autres laboratoires, qui nous permettent de vacciner largement de manière suffisante la population française.

SONIA MABROUK
Monsieur le Premier ministre, on a également envie de vous entendre ce matin sur un domaine éminemment régalien, il y a la sécurité, et j'ai dit tout à lorsque ce que vous avez prononcé lors de votre discours de politique générale, c'est fort de dire "je veux assurer la sécurité des Français", les paroles du président de la République reprenant, dans une réponse certes, l'expression "violences policières", ça a fait des dégâts au sein de la police ?

JEAN CASTEX
La sécurité, chère Madame, est et demeure la priorité du président de la République et du gouvernement. Les policiers, puisque vous parlez d'eux, auxquels je veux rendre hommage, sont les premières victimes, victimes, des violences, de par la profession qu'ils exercent, toutes les Françaises et tous les Français le savent. Et donc, le devoir du gouvernement de la République est d'assurer la protection et les moyens de la police de la République. Ce qui me rend parfaitement à l'aise, mais j'ai déjà répondu plusieurs fois cette question, pour dire…

SONIA MABROUK
Ils ont besoin, les policiers…

JEAN CASTEX
Que si certains policiers, si certains membres des forces de sécurité intérieure, recourent à la violence dans un cadre violant la loi républicaine et leur code de déontologie, évidemment nous serons inflexibles face à ces comportements, et nous le sommes. Mais, de là, comme certains, parce que c'est le sous-entendu de tout ça, soyons clairs, à chercher à jeter, comme on dit, l'opprobre, sur l'ensemble de nos forces de sécurité intérieure, alors là je dis c'est une position totalement scandaleuse et que je récuse. Et nous allons…

SONIA MABROUK
C'est clair, mais…

JEAN CASTEX
Non, mais allons jusqu'au bout ; et nous allons…il va y avoir le Beauvau de la sécurité annoncé par…

SONIA MABROUK
Oui, vous savez ce que disent certains Monsieur le Premier ministre, "encore un comité Théodule, alors qu'on sait comment agir."

JEAN CASTEX
Madame, Madame, on ne peut pas nous dire, "voilà, il y a un sujet, comment lutter contre les violences", vous dites "ici ou là il y a des violences policières", et dire "on ne fait rien", non. On va, c'est le rôle du gouvernement, très calmement mettre tous les sujets sur la table et trouver des solutions, mais, que ce soit très clair, le cap, l'objectif il est simple, faire reculer la violence dans la société, que ceux qui sont hors la loi soient poursuivis et sanctionnés, c'est très simple, c'est compliqué, mais l'objectif est simple. Et ce n'est pas que des paroles… vous disiez "voyez, vous êtes Premier ministre" je rappelle quand même que, il y a un texte, il y a un texte en discussion au Parlement sur les polices municipales, sur la sécurité dite globale, c'est en cours, nous venons de déposer un texte sur les principes républicains, pendant ce quinquennat nous aurons augmenté de 10.000 les effectifs des forces de sécurité intérieure, avec un ministre de l'Intérieur extrêmement déterminé. Ma plus-value, si vous me permettez, dans tout ça, c'est ce que ressentent beaucoup de nos concitoyens, si l'action de la police n'est pas suivie par la justice…

SONIA MABROUK
C'est ce que j'allais vous demander. Quand la justice ne suit pas, Monsieur le Premier ministre, quand les peines ne sont pas appliquées ?

JEAN CASTEX
Eh bien, quand la justice ne suit pas Madame…

SONIA MABROUK
Ça arrive.

JEAN CASTEX
Ce n'est pas parce que la justice est incompétente, c'est parce que, comme je l'ai expliqué, pendant trop d'années nous avons privé la justice des moyens d'agir…

SONIA MABROUK
Oui, il y a les moyens, et parfois…

JEAN CASTEX
Regardez là aussi, regardez là aussi tout ce qui se passe dans les pays étranger.

SONIA MABROUK
Monsieur le Premier ministre, est-ce que ce n'est pas par idéologie parfois ?

JEAN CASTEX
Nous avons donc décidé, ça c'est des faits, le budget de la nation pour 2021 va être voté en cette fin d'année, et il prévoit une augmentation de 8% du budget de la justice, ça ne s'était pas produit depuis des décennies, et je vous l'annonce à ce micro, nous continuerons pour 2022. Donc nous agissons, Madame, calmement, mais fermement, sur tous les fronts, faire reculer la violence, ressouder le pacte social, parce que, il faut bien faire comprendre que notre politique elle est globale Madame, pardonnez-moi de vous le dire. Bien sûr je revendique devant vous la fermeté et l'autorité de l'État, je les revendique, je les assume et je les mets en œuvre, mais la République, la République, c'est aussi une promesse.

SONIA MABROUK
C'est important, alors attendez Monsieur le Premier ministre, c'est très important ce que vous dites, vous dites "la République est une promesse." Sur le projet de loi confortant les principes républicains, la députée Aurore BERGE travaille sur un amendement proposant l'interdiction du voile pour les fillettes, pourquoi vous êtes opposé à un tel amendement ?

JEAN CASTEX
Parce que je pense que ce n'est pas l'objectif de ce texte, de rouvrir le débat sur le voile. Les députés sont parfaitement libres de déposer tous les amendements, nous notre sujet, dans ce texte de loi, c'est d'abord de lutter contre le séparatisme, contre l'islamisme radical, donc toutes les manifestations de l'islamisme radical doivent être combattues.

SONIA MABROUK
Permettez-moi, une remarque de sémantique, et je le fais très rarement Monsieur le Premier ministre, mais l'islamisme est forcément radical.

JEAN CASTEX
Ah non ! Enfin, en tout cas, chère Madame, soyons clairs…

SONIA MABROUK
L'islamisme est une idéologie, c'est forcément radical.

JEAN CASTEX
L'islamisme politique radical, voilà, parce que pourquoi j'insiste auprès de vous, parce que je ne veux pas, et c'est ce que cherche à faire nos adversaires, qu'il y ait un amalgame entre l'islam et l'islamisme radical, c'est pour ça que je tiens, Madame, aux deux mots, à l'islamisme radical, à l'islamisme politique, parce que je le distingue complètement, complètement, de la religion qu'est l'islam, et il y a d'ailleurs beaucoup de musulmans de France qui pourront pratiquer librement leur religion grâce à la loi…

SONIA MABROUK
Mais Monsieur le Premier ministre, sur cet amendement, la question n'est pas de croire ou de ne pas croire, c'est pour certains une forme de violence, de maltraitance, pour des petites filles, c'est pour ça que je vous demande véritablement votre avis, au-delà de l'amendement, sur le sujet.

JEAN CASTEX
Sur le sujet, évidemment chère Madame, évidemment, et nous discuterons avec la députée des voies et moyens de faire cesser cela, mais ce que je veux vous dire c'est que, nous devons être clairs sur les objectifs poursuivis, et l'objectif poursuivi c'est de faire cesser, partout sur le territoire national, des pratiques qui visent à fracturer la communauté nationale, qui visent à recourir à la violence, au lavage de cerveaux, et finalement, au bout du bout, à la haine, contre la République.

SONIA MABROUK
Deux questions pour conclure Monsieur le Premier ministre. Qu'est-ce qui pourrait empêcher Emmanuel MACRON de se représenter en 2022 ?

JEAN CASTEX
Il a dit lui-même de prendre des textes difficiles, mais le président de la République, je le connais bien désormais, est un homme courageux, qui sait prendre les décisions qu'il faut, l'heure n'est peut-être pas, si vous me le permettez, de se prononcer sur qui sera candidat ou pas en 2022, restons au temps présent et moi je trouve que c'est un très bon président de la République dans les temps présents, et peut-être dans les temps de demain.

SONIA MABROUK
Bon, voilà la réponse. On va conclure puisque je vois que Nicolas CANTELOUP nous a rejoints dans ce studio Monsieur le Premier ministre. Il y a une tradition, vous le savez évidemment, au bout de six mois d'exercice à Matignon, c'est de planter un arbre dans les jardins. Alors, Edouard PHILIPPE, je crois qu'il avait choisi un pommier normand, et vous c'est un frêne.

JEAN CASTEX
Oui, c'est un frêne.

SONIA MABROUK
Pourquoi cet arbre, de quoi il est le symbole à vos yeux ?

JEAN CASTEX
C'est un frêne parce que c'est un arbre qui y prospère dans mes Pyrénées-Orientales, voilà, dans le village qui est si cher à mon cœur, où j'ai rencontré ma femme…

SONIA MABROUK
Il est solide dans la tempête.

JEAN CASTEX
C'est un arbre vigoureux, qui tient bien au feu, voyez, ça peut être utile par les temps qui courent, voilà, c'est un c'est un bel arbre, le frêne, mais c'est un arbre vigoureux.

SONIA MABROUK
N'est-ce pas ! Merci en tous les cas Monsieur le Premier ministre…

JEAN CASTEX
Merci à vous.

SONIA MABROUK
Merci de nous avoir accordé cet entretien exceptionnel et en ce jour très particulier évidemment, du 15 décembre, avec tous les changements çà venir pour les Français, merci à vous.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 15 décembre 2020