Texte intégral
MARC FAUVELLE
Bonjour Bruno LE MAIRE.
BRUNO LE MAIRE
Bonjour Marc FAUVELLE.
MARC FAUVELLE
L'Allemagne qui a longtemps été considérée comme un modèle dans la lutte contre l'épidémie va finalement se reconfiner après-demain, fermeture des commerces non essentiels, fermeture des écoles pendant quasiment 4 semaines, est-ce que vous diriez comme le Premier ministre Jean CASTEX que la France aujourd'hui s'en sort mieux que ses voisins ?
BRUNO LE MAIRE
Je dirais surtout que les Français peuvent être fiers de la manière dont ils ont vécu le confinement et dont ils nous ont permis de stopper la circulation du virus. Quand nous avons décidé avec le Premier ministre, le président de la République le confinement au mois de novembre, beaucoup ont critiqué cette décision, mais le résultat c'est que nous avons réussi à stopper la circulation du virus et que d'autres pays qui n'avaient pas pris des mesures aussi fortes sont obligés de le faire juste avant Noël, dans les semaines qui précèdent Noël. C'est le cas de l'Allemagne, Angela MERKEL a fait une nouvelle fois la preuve de son sens des responsabilités, d'abord en lançant un appel vibrant au Bundestag pour la responsabilité de chacun et ensuite en prenant ces décisions courageuses que nous, nous avons prises il y a un peu plus d'un mois qui nous ont permis de stopper la circulation du virus. Moi je voudrais surtout appeler chacun maintenant à la responsabilité avant Noël. On a réussi à stopper ce virus, on voit qu'on atteint maintenant un plateau, il ne faudrait surtout pas que ça redémarre au lendemain des fêtes de Noël. Ça ce serait un échec collectif dramatique pour nous tous et au passage dramatique pour notre économie, pour nos emplois et pour nous entreprises.
SALHIA BRAKHLIA
Alors on a ralenti l'épidémie mais ce qui n'est pas suffisant puisque les lieux culturels ne vont pas rouvrir tout de suite contrairement à ce qui était prévu ? 6 Français sur 10 par exemple ne comprennent pas pourquoi on maintient fermés ces lieux culturels, ces choix du gouvernement français ils sont en compris parfois, c'est le cas encore aujourd'hui et pourtant vous dites on fait les meilleurs choix, comment vous l'expliquez ?
BRUNO LE MAIRE
Je ne dis pas on fait les meilleurs choix, je dis, nous faisons les choix les plus responsables possibles après beaucoup de discussions, Roselyne BACHELOT s'est beaucoup battue, elle a défendu la réouverture des théâtres, des cinémas et elle le fait avec tout son coeur et tout son talent. Nous avons jugé collectivement, le président de la République a pris ensuite la décision de fermer ces théâtres, ces cinémas, de laisser les lieux culturels fermés, c'est un déchirement pour tout le monde et ça n'est jamais une décision facile.
MARC FAUVELLE
Vous entendez l'incompréhension…
BRUNO LE MAIRE
On pèse le pour, on pèse le contre mais j'entends toutes les incompréhensions, toutes les colères, mais je dis simplement que plus vous ouvrez de lieux, plus il y a de personnes qui circulent, donc plus il y a de risques de circulation du virus. Je dis pas que toutes nos décisions à chaque fois ce sont les meilleures, je dis simplement que nous pesons le pour et le contre et que nous avons estimé en l'espèce que rouvrir des lieux culturels c'était avoir plus de circulation de personnes, dont plus de circulation du virus et que c'était peut-être un risque excessif. C'est ce qui nous a amené à cette décision, mais je tiens à dire à tous les acteurs de la culture comme je l'ai dit à Roselyne BACHELOT, à ceux qui dirige un théâtre, à ceux qui dirigent un cinéma, à ceux qui s'occupent de films, à ceux qui dirigent des musées, des lieux de culture, nous serons là pour les soutenir y compris financièrement et je l'ai dit Roselyne BACHELOT ce week-end tout ce dont la culture a besoin pour passer ce moment difficile, nous ne lui accordons.
SALHIA BRAKHLIA
Ça veut dire quoi qu'il y aura un plan de relance pour la culture ?
BRUNO LE MAIRE
Mais ça veut dire que s'il y a des difficultés financières ici ou là nous continuerons de soutenir le secteur culturel comme nous soutenons aujourd'hui tous les secteurs qui sont les plus touchés par la crise du coronavirus et par ses conséquences économiques.
MARC FAUVELLE
Et quelle est la règle pour la réouverture des lieux de culture aujourd'hui, il faut repasser en dessous des 5000 cas quotidien de contamination ou pour l'instant on ne sait pas ?
BRUNO LE MAIRE
La règle, elle sera fixée par le président de la République, par le Premier ministre avec la consultation des acteurs de la santé du Conseil scientifique, moi je suis de l'Economie et des Finances, je ne peux pas vous dire quels seront les règles qui présideront à cette réouverture, je suis là pour accompagner les secteurs les plus en difficulté, parce que la réalité aujourd'hui la crise c'est que ça redémarre très bien dans certains secteurs mais que d'autres secteurs sont beaucoup plus touchés que les autres, c'est les restaurants, c'est les bars, c'est les hôtels qui ont des taux d'occupation au mois de novembre qui sont extrêmement faibles, c'est les cinémas, c'est les théâtres, c'est le monde de la culture, c'est tout le secteur évènementiel, donc la stratégie que nous avons maintenant, c'est de concentrer notre soutien sur ces secteurs qui sont les plus touchés et dans le même temps de relancer l'activité économique là où ça peut redémarrer.
SALHIA BRAKHLIA
Bruno LE MAIRE sur cette histoire de calendrier s'il faut attendre le 7 janvier pour savoir si déjà on va rouvrir les lieux culturels, le 20 janvier pour les restaurants et les cafés, c'est loin d'être sûr.
BRUNO LE MAIRE
Je ne peux pas vous dire avec certitude que nous rouvrirons les bars et restaurants le 20 janvier, ce serait malhonnête de ma part. Je crois avoir tenu un discours de vérité depuis le 1er jour de cette crise, je continuerai à le tenir. Je recevrai à nouveau les restaurateurs dans les semaines qui viennent, je verrai avec eux quels sont les accompagnements complémentaires qui sont nécessaires pour eux, comment est-ce qu'ils peuvent redémarrer, comment est-ce qu'on peut les accompagner aussi sur le long terme parce que les restaurateurs aujourd'hui vivent des moments qui sont terribles, terribles psychologiquement et terrible économiquement. Donc nous allons continuer à les accompagner, mais vous dire le 20 janvier c'est fini on rouvre il y a pas de difficulté, ce serait prendre un risque excessif de dire cela.
MARC FAUVELLE
Quand vous entendez les représentants du secteur de la restauration Bruno LE MAIRE dire il y a environ un tiers du secteur qui n'arrivera pas à s'en relever en dépit des aides et elles sont importantes qui ont été accordées par l'Etat, est-ce que ce sont des chiffres que vous avez-vous aussi sur vos tablettes à Bercy ?
BRUNO LE MAIRE
Non ce n'est pas des chiffres que je confirme, d'abord parce que moi je vais me battre pour que chaque établissement puisse rester ouvert, que chaque restaurant puisse continuer. vous savez quand nous avons pris la décision avec Jean CASTEX de relever le plafond d'indemnisation jusqu'à 200 000 euros par mois avec un fonds d'indemnisation, un fonds de solidarité qui est aujourd'hui la clé de voûte du soutien aux restaurateurs, aux bars, aux hôtels, tous ces restaurants aujourd'hui ils peuvent avoir une indemnisation de 20% de leur chiffre d'affaires par rapport à l'année 2019, on veut couvrir toutes leurs charges fixes, on prend en charge l'activité partielle à 100% autant de temps que resteront fermés les restaurants. Et s'il faut là encore des mesures complémentaires ici ou là, des soutiens particuliers, une aide à la reconversion pour ceux qui pourraient le souhaitez, nous serons là.
MARC FAUVELLE
Donc tout n'est pas encore sur la table.
BRUNO LE MAIRE
Tout n'est pas encore sur la table.
MARC FAUVELLE
Le quoi qu'il en coûte peut continuer encore.
BRUNO LE MAIRE
Ce n'est pas une question de quoi qu'il en coûte, c'est aussi une question d'accompagnement psychologique, d'accompagnement à la formation, à tous ceux qui pourraient se dire, écoutez nous on veut maintenant passer à autre chose, on ne pourra pas rouvrir notre restaurant, on voudrait passer à autre chose, il faut aussi pouvoir les accompagner mais la règle c'est que ceux qui souffrent le plus, sont ceux qui doivent être le plus accompagner.
MARC FAUVELLE
Il y a des patrons aujourd'hui qui n'en peuvent plus.
BRUNO LE MAIRE
Bien sûr. Mais vous savez on a ouvert une cellule, un numéro vert…
MARC FAUVELLE
Une cellule à Bercy.
BRUNO LE MAIRE
Au la ministère de l'Economie et des Finances et j'entends tous ces restaurateurs, tous ces patrons de bars, tous ces hôteliers, d'ailleurs je les reçois, je les vois régulièrement toutes les semaines qui me disent on n'en peut plus, c'est pas simplement qu'on a besoin d'argent pour vivre, c'est pas uniquement ça, c'est qu'on en peut plus de tourner en rond, on n'en peut plus de pas voir nos salariés, on n'en peut plus de pas accueillir nos clients, on n'en peut plus de ne pas faire notre métier, c'est ça qui est déchirant, pour un restaurateur qui a consacré toute sa vie aux autres et au plaisir de recevoir et d'accueillir, il ne peut plus faire son métier, c'est déchirant. Donc le moins qu'on puisse lui apporter c'est le soutien financier, mais on veut pouvoir faire plus c'est-à-dire regarder avec lui vers où il veut aller, est-ce qu'il veut changer d'activité, de quoi est-ce qu'il pourrait avoir besoin de plus, dans ces temps qui sont des temps de détresse pour les restaurateurs et pour un certain nombre de secteurs économiques, notre rôle est d'accompagner.
MARC FAUVELLE
Bruno LE MAIRE ministre de l'Economie invité de France Info.
(…)
SALHIA BRAKHLIA
Toujours avec le ministre de l'Economie, Bruno LE MAIRE, avec la crise la dette de la France a explosé, on va atteindre les 122% du PIB à la fin de l'année, qui va payer, c'est la question qu'on se pose, c'est la question que s'est posé aussi Jean-Luc MELENCHON, il était l'invité de BFM TV hier, on l'écoute.
JEAN-LUC MELENCHON
Qui va payer, est-ce que vous annoncez à la jeune génération et à ce pays que vous allez mettre 20 ans pour payer la dette du Covid, plus 100 ans… c'est absurde.
JOURNALISTE
Bien sûr que c'est la jeune génération qui va payer.
JEAN-LUC MELENCHON
Mais non elle ne paiera rien, j'espère qu'elle aura plus de courage que ses parents et qu'elle saura mettre un terme à cette comédie, la dette n'est pas payable, personne ne pourra rembourser cette dette, je vous le redis, donc la Banque Centrale Européenne est en état de la neutraliser.
SALHIA BRAKHLIA
La dette n'est pas payable et il compte sur la Banque centrale européenne pour mettre au frigo, comme il dit une partie de la dette, de la dette publique de la France. Vous lui dites quoi, c'est une bonne idée ?
BRUNO LE MAIRE
Jean-Luc MELENCHON aille au bout de son raisonnement et qu'il demande la sortie de la France de l'Union européenne parce que c'est ça que propose Jean-Luc MELENCHON. Quand vous dites on ne va pas rembourser notre dette, on ne va pas respecter les traités européens, dans ce cas-là on sort de l'Union européenne. La France a toujours honoré sa signature et elle honorera aussi sa signature sur cette dette. De quelle façon ? D'abord en retrouvant la croissance, en étant capable de retrouver de la prospérité. ensuite en étant capable d'être responsable sur ses finances publiques parce que ce qui fait que la dette française au cours des décennies n'a cessé de s'accumuler, c'est qu'on a trop souvent laissé filer les déficits publics et c'est l'honneur de cette majorité, je le redis au passage, d'avoir été capable au cours des 3 dernières années de sortir la France de la procédure pour déficit public excessif et de passer sous les 3% de déficit, donc quand il y a la volonté c'est possible de tenir les comptes publics. Enfin la 3e façon de réduire la dette publique sur le long terme, c'est d'engager des transformations structurelles de notre pays, de point de vue-là vous connaissez ma conviction, je considère qu'il faut au-delà de la réforme de l'assurance chômage sur laquelle travaillent Elisabeth BORNE regarder attentivement quand et comment nous pouvons engager une réforme des retraites en France.
MARC FAUVELLE
Pendant ce mandat d'Emmanuel MACRON ou comme l'a dit Richard FERRAND, le précédent de l'Assemblée nationale hier, ça pourrait être la première réforme d'un deuxième quinquennat.
BRUNO LE MAIRE
Ce sera au président de la République et à lui seul de décider le calendrier, mais vous voyez bien que les faits sont têtus, vous ne pouvez pas avoir un régime de retraite qui reste déficitaire pendant des décennies jusqu'en 2045, sinon c'est les retraites de nos enfants pour reprendre l'expression de Jean-Luc MELENCHON que vous menacez et que vous mettez en péril. Vous ne pouvez pas continuer à avoir une nation qui est pourtant une nation puissante qui a toutes les qualités pour réussir, dans laquelle le volume global de travail tout au long de la vie est un des plus faibles de tous les pays de l'OCDE. Ça n'est pas tenable.
MARC FAUVELLE
Bruno LE MAIRE, au moment de la réforme des retraites on nous a expliqué ici même chaque matin quand on recevait à un membre du gouvernement que cette réforme des retraites n'était pas là pour faire rentrer davantage d'argent dans les caisses, que c'était une réforme de justice fiscale. Aujourd'hui vous nous dites c'est un outil justement pour gagner de l'argent et pour éponger la dette, vous comprenez que le discours a un petit peu changé en quelques mois et que certains des gens qui nous écoutent ou qui nous regardent peuvent se dire il y a un loup dans cette réforme.
BRUNO LE MAIRE
Mon discours n'a jamais changé.
MARC FAUVELLE
Vous non mais d'autres membres du gouvernement nous ont expliqué que ce n'était pas une réforme pour gagner de l'argent.
BRUNO LE MAIRE
c'est mon rôle de ministre des Finances de faire en sorte que les finances publiques du pays soient bien tenues, donc ma conviction très profonde c'est qu'on peut parfaitement concilier les deux, c'est-à-dire avoir un régime de retraite dans lequel les équilibres financiers soient garantis parce que c'est essentiel pour vous, c'est essentielle pour nos enfants, c'est essentiel tout simplement pour le niveau de vie des Français et puis dans le même temps engager une réforme structurelle le moment venu pour avoir un système par points comme le dit parfaitement Richard FERRAND, c'est un système qui est plus juste, c'est un système qui est plus transparent, qui est plus lisible, qui demande beaucoup de temps parce que c'est extrêmement complexe.
SALHIA BRAKHLIA
Mais alors c'est quand le moment venu, c'est quoi votre calendrier ?
BRUNO LE MAIRE
Ça demande du temps parce que c'est extrêmement complexe ce système de retraite par points, mais les deux sont compatibles. On peut vouloir l'équilibre financier et la justice du système de retraite par points ensemble.
MARC FAUVELLE
Mais à l'équilibre financier ça permet pas de rembourser la dette, ça permet juste de creuser davantage.
BRUNO LE MAIRE
Mais ça permet de ne pas la creuser davantage.
MARC FAUVELLE
Ce qui n'est pas la même chose.
BRUNO LE MAIRE
Ce qui est déjà pas mal et ça permet surtout d'avoir un régime de retraite qui est équilibré et je pense que si nous sommes attachés comme je le suis à un régime de retraite par répartition ou une génération paie pour une autre génération, il est important de garantir cet équilibre financier en envisageant que tout le monde travaille davantage et que la nation française dans son ensemble travaille davantage. Moi je vous donne ma conviction de fond, je suis attaché au système social français parce qu'il est protecteur et parce qu'il est solidaire, mais vous pouvez pas avoir le système social qui est un des plus généreux de la planète et dans le même temps être une des nations développées dont le volume global de travail tout au long de la vie est un des plus faibles, là il y a un petit truc qui cloche. Il y a un hic. Et je pense qu'il vaut toujours mieux regarder ce qui cloche et essayer de l'améliorer, plutôt que de mettre la poussière sous le tapis. Vous savez mon engagement politique depuis des années n'a jamais été de mettre la poussière sous le tapis. C'est de mettre sereinement les problèmes sur la table pour essayer de les régler. Nous avons un problème d'équilibre financier du régime de retraite qui devra être réglé le moment venu.
SALHIA BRAKHLIA
Mais c'est quand le moment venu, vous parliez de priorité absolue, ça veut là maintenant ?
BRUNO LE MAIRE
Ce sera la priorité absolue quand viendra le moment de rétablir les équilibres financiers du pays, ce moment-là ce n'est pas le moment où nous sommes. Quand vous regardez très rapidement sur cette crise économique, elle nous a frappé à partir de février, mars, le premier temps, ça a été la protection absolue des salariés des entreprises, nous l'avons fait. Nous sommes aujourd'hui très clairement dans le 2e temps de la crise, c'est-à-dire celui où il faut continuer à protéger les secteurs les plus fragiles et relancer l'activité économique pour sortir comme la Banque de France l'a indiqué en 2022 avec le même niveau de développement économique en 2019. Et je l'espère avec plus d'innovations, plus des technologies et surtout l'économie plus décarbonée. Et viendra le 3e temps, celui sur lequel il faut déjà commencer à réfléchir pour qu'on puisse l'engager sereinement où il faudra rétablir les finances publiques françaises.
MARC FAUVELLE
Après 2022 si on suit bien votre calendrier.
BRUNO LE MAIRE
Pas forcément, la date qui nous permettra d'engager ce rétablissement des finances publiques, c'est quand la croissance commencera à revenir, qu'elle sera forte, qu'elle sera stable, là il faudra engager le rétablissement des finances publiques et c'est bien pour ça qu'avec Olivier DUSSOPT nous avons nommé une commission dirigée par Jean ARTHUIS qui doit nous faire des propositions libres et fortes pour que nous soyons prêts le moment venu.
MARC FAUVELLE
il y a une échéance bien plus proche de Bruno LE MAIRE à la fin du mois, c'est le Brexit, pour l'instant on s'achemine vers un no deal, c'est-à-dire pas d'accord entre Londres et les 27 pays de l'Europe, le Royaume-Uni ce week-end a menacé de déployer des navires de guerre, des navires de la Royal Navy pour empêcher les pêcheurs de toute l'Europe et notamment les pêcheurs français de venir jeter leurs filets dans ses eaux territoriales s'il n'y a pas d'accord le 31 décembre à minuit, est-ce que c'est de bonne guerre de commencer à envoyer des bâtiments de la Royal Navy ou est-ce que vous dites attention trop c'est trop, on se calme et on retourne autour de la table et . On négocie maintenant ?
BRUNO LE MAIRE
Vous savez quand on a fait une erreur très souvent pour masquer et la corriger on fait des déclarations où on prend des décisions spectaculaires qui masquent une triste réalité, c'est que les grands perdants du Brexit, ce seront les Britanniques. La nation qui sortira affaiblie du Brexit, c'est la Grande-Bretagne et le Brexit pour reprendre un mot tout simple de John LE CARRE à qui j'en profite pour rendre hommage est une folie, une folie politique, une folie économique et une folie historiques. Et je regrette que mes amis britanniques aient à en payer le prix parce qu'ils paient le prix du populisme, ils payent le prix des mensonges, ils payent le prix des approximations de la campagne. On a fait croire aux Britanniques qu'ils allaient pouvoir sortir de l'Union européenne mais continuer à garder accès au marché unique européen qui est un des plus riches de la planète, eh bien non, nous nous leur expliquons et le président de la République a raison de faire preuve de fermeté et la présidente de la Commission européenne Ursula VON DER LEYEN a raison de faire preuve de fermeté, vous ne pouvez pas avoir…
SALHIA BRAKHLIA
Mais en cas de no deal…
BRUNO LE MAIRE
Attendez en cas de no deal, les perdants ce seront les Britanniques.
SALHIA BRAKHLIA
On y perd beaucoup nous aussi ?
BRUNO LE MAIRE
Non on n'y perd pas beaucoup, j'entends dire partout qu'on y perd beaucoup, je reviens juste à mon raisonnement pour vous dire qu'on ne peut pas avoir le beurre et l'argent du beurre. On ne peut pas dire je sors, je suis indépendant mais en même temps je vais garder l'accès à l'un des marchés les plus riches de la planète sans respecter les règles environnementales de ce marché, sans respecter les règles sociales, sans respecter…
SALHIA BRAKHLIA
Mais nous nos pêcheurs à nous, eux ils ne vont pas pouvoir avoir accès aux eaux britanniques.
BRUNO LE MAIRE
… la moindre des règles de ce marché unique. Ensuite les grands perdants, je le redis, ce seront les Britanniques. Nous en France, nous allons avoir quelques secteurs très durement touchés, ils ont besoin de tout notre soutien, le président de la République ne cesse de se battre pour les pêcheurs, il a raison, c'est fondamental l'activité de pêche, c'est fondamental pour quelques communes, c'est fondamental pour Boulogne-sur-Mer, c'est fondamental pour le Guilvinec et puis c'est fondamental pour notre culture, nous sommes un peuple de marins, un peuple qui a des pêcheurs et qui est attaché à l'importance de cette pêche, je le dis comme ancien ministre de la Pêche, je suis totalement solidaire des pécheurs. Nous aurons aussi 150.000 entreprises qui exportent vers la Grande Bretagne, qui vont être touchées, que nous accompagnons depuis des mois, que nous aidons à remplir des procédures douanières qu'elles n'avaient pas à remplir auparavant, nous serons là pour les soutenir. Mais si on prend un tout petit peu de recul, ceux qui vont être durement touchés, c'est les Britanniques, ce n'est pas la France. La France, le commerce vers la Grande Bretagne, c'est environ 33 milliards d'euros, ce n'est pas grand-chose au regard du volume commercial global de la France, nous notre évaluation, c'est que l'impact du Brexit sur l'économie française sera 0,1 point de notre richesse nationale en 2021. Ces 0,1 point de trop.
MARC FAUVELLE
Vous voulez dire comparé au Covid c'est pinuts.
BRUNO LE MAIRE
Ce n'est pas grand-chose au regard de ce que cela va coûter aux britanniques et surtout nous saurons faire face.
(…)
SALHIA BRAKHLIA
Toujours avec Bruno LE MAIRE, le ministre de l'Economie, selon les informations de Libération, confirmées par France-Info, vos services procèdent actuellement à un méga redressement fiscal de Carlos GHOSN, le fisc a des doutes sur le fait qu'il ait vraiment résidé aux Pays-Bas à partir de 2012, si sa résidence était fictive, il aurait dû en conséquence continuer depuis cette année-là à payer en France des impôts sur l'ensemble de ses revenus perçus dans le monde. Vous nous confirmez qu'il y a bien une enquête sur Carlos GHOSN ?
BRUNO LE MAIRE
Je ne confirme rien pour une raison qui est simple, c'est que le ministre des Finances n'intervient dans aucun, je dis bien, aucun dossier fiscal particulier, l'administration fiscale traite les dossiers personnels de manière totalement indépendante. Carlos GHOSN sera donc traité comme n'importe quel autre citoyen français, ni plus ni moins.
SALHIA BRAKHLIA
Pourtant, vous nous aviez dit : il n'y a rien de particulier à signaler sur la situation fiscale de Carlos GHOSN en France, c'est ce que vous aviez dit suite à son arrestation au Japon en novembre 2018, là, vous pourriez dire la même chose ?
BRUNO LE MAIRE
Mais je peux avoir évidemment des informations, mais des informations, ce n'est pas une intervention, je n'interviens, je le redis, dans aucun dossier fiscal particulier…
SALHIA BRAKHLIA
Donc sans dire qu'il y a une intervention, est-ce qu'il y a une enquête juste sur les faits ?
BRUNO LE MAIRE
Donc je laisse l'administration fiscale mener sa procédure de manière indépendante, je n'ai pas d'information, là, particulière…
MARC FAUVELLE
Il y a donc bien une procédure…
BRUNO LE MAIRE
Elle mène sa procédure de manière totalement indépendante. Et Carlos GHOSN aura droit au traitement auquel a droit n'importe quel citoyen français.
MARC FAUVELLE
Même s'il est en fuite ?
BRUNO LE MAIRE
Qu'il soit en fuite, qu'il soit sur le territoire, qu'il ne soit pas sur le territoire, il est citoyen français, il sera traité comme un citoyen français.
MARC FAUVELLE
Vous souhaitez qu'il revienne en France pour y être jugé ?
BRUNO LE MAIRE
C'est à lui de prendre ses décisions, très franchement, je n'ai pas beaucoup de temps à accorder à la question de Carlos GHOSN.
SALHIA BRAKHLIA
Le président de la République rencontre cet après-midi les membres de la Convention citoyenne pour le climat, parmi les propositions, parmi leurs propositions, il y a l'idée d'interdire à la vente les véhicules les plus polluants dès 2025, vous souhaitez que le gouvernement reprenne cette proposition, vous dites oui, c'est faisable ?
BRUNO LE MAIRE
Mais moi, je dis que le gouvernement fait déjà énormément pour réduire les émissions de carbone des véhicules, il a une trajectoire qui est très ambitieuse, il apporte des soutiens massifs à l'achat d'un véhicule électrique ou d'un véhicule hybride rechargeable, et d'ailleurs, ça marche très bien, puisque nous vendons beaucoup plus de véhicules électriques que tout ce qui avait été prévu, tout ce qui avait été programmé…
SALHIA BRAKHLIA
Donc on fait déjà assez, pas besoin d'interdire les véhicules les plus polluants ?
BRUNO LE MAIRE
On peut toujours faire plus. Je vais vous dire, moi, ma conviction, là aussi, de fond, c'est que le fait que nous soyons leaders sur l'environnement, et que nous ayons une économie décarbonée va rendre notre économie particulièrement attractive, notamment pour les investissements étrangers, donc je souhaite qu'on accélère la décarbonation de notre économie, mais qu'on le fasse aussi en tenant compte de la réalité des industries, de la réalité des emplois, et surtout de la réalité de ce que peut payer le citoyen.
MARC FAUVELLE
Ils vous agacent les citoyens de la Convention climat, comme on a pu le percevoir chez Emmanuel MACRON, il y a quelques jours, quand il nous a dit : bon, ça va, ce n'est pas la Bible, ce n'est pas le Coran, ce n'est pas à prendre ou à laisser, on a le droit de réécrire, c'est…
BRUNO LE MAIRE
D'abord, je m'agace difficilement, ensuite, je pense que cette Convention citoyenne était une excellente idée, parce qu'on a besoin de revitaliser…
MARC FAUVELLE
Etait ?
BRUNO LE MAIRE
Etait et reste une excellente idée, on a besoin de revitaliser notre démocratie, et à partir du moment où on demande son avis au peuple français, eh bien, il faut l'écouter, il faut prendre en compte ses remarques, ses propositions, et leur faire droit, sans oublier aussi qu'il y a des élus, légitimes, qui ont été élus par le peuple français, et que ce sont eux qui votent les lois.
MARC FAUVELLE
Vous savez pourquoi je vous pose la question, parce que, entre-temps, depuis que cette Convention a été nommée, l'Europe, il y a quelques jours, a revu ses ambitions à la hausse, il s'agit maintenant de baisser nos émissions de gaz à effet de serre de 55%, c'était 40 jusqu'à présent, et que certains, y compris dans votre camp, commencent à se dire : tiens, peut-être qu'on pourrait prolonger le mandat de la Convention citoyenne sur le climat et leur demander d'autres mesures en plus des 150.
BRUNO LE MAIRE
Tout ce qui nous permettra d'accélérer la décarbonation de notre économie, j'y suis favorable, je sais bien que ça coûte cher, mais je sais aussi qu'à terme, ceux qui auront réussi la décarbonation notre économie seront les vainqueurs économiques du 21ème siècle, j'en suis convaincu. Donc accélérons la décarbonation, faisons-le sans faire payer les citoyens en permanence, parce que la réaction habituelle, c'est de dire : on va augmenter telle taxe, on va augmenter tel impôt, c'est des citoyens qui paieront. On doit trouver des solutions plus imaginatives. Et enfin, troisième réflexion, n'oublions pas aussi de nous appuyer sur nos atouts, une des énergies les plus décarbonée de la planète, c'est l'énergie nucléaire, ça tombe bien, on en a.
SALHIA BRAKHLIA
Et dernière question sur le référendum, vous êtes pour ou contre un référendum sur l'idée d'introduire dans la Constitution des notions de biodiversité, d'écologie, d'environnement ?
BRUNO LE MAIRE
En bon Gaulliste, je suis toujours favorable à la consultation du peuple, il ne faut jamais avoir peur de consulter, d'écouter le peuple français, en règle générale, c'est lui qui a raison.
MARC FAUVELLE
Merci à vous, Bruno LE MAIRE, invité ce matin de France Info…
BRUNO LE MAIRE
Merci.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 15 décembre 2020