Texte intégral
YVES-RENE TAPON
Bonjour Bruno LE MAIRE.
BRUNO LE MAIRE
Bonjour.
YVES-RENE TAPON
Depuis l'annonce du déconfinement, on entend monter l'exaspération du monde de la culture et des professionnels de la restauration. Quand le gouvernement répète hier "pas de garantie pour une réouverture des restaurants le 20 janvier", que leur répondez-vous ? Hormis les aides reçues, eux veulent un calendrier, veulent des perspectives.
BRUNO LE MAIRE
Je réponds d'abord que je les comprends, et notamment les restaurateurs dont je me suis beaucoup occupé depuis plusieurs mois. Je comprends les directeurs de cinéma, les directeurs de théâtre qui voudraient rouvrir, mais le virus ne donne pas de certitudes. Donc donner des certitudes sur un calendrier, alors que vous venez de le dire, le nombre de cas augmente par exemple dans notre région en Normandie, donc c'est bien la preuve que la stabilisation et la baisse du virus, elle n'est pas encore là où elle devrait être et là où nous souhaiterions qu'elle soit.
YVES-RENE TAPON
Mais certains secteurs ont pu reprendre, il n'y a pas 2 poids 2 mesures ?
BRUNO LE MAIRE
Les secteurs comme la restauration c'est très particulier, parce que c'est des lieux de convivialité, on se rassemble, on retire le masque lorsqu'on est dans un restaurant, donc ça explique notre très grande prudence, et je pense que rien ne serait pire que de faire de fausses promesses, et de donner des illusions. Je ne l'ai jamais fait depuis le début de cette crise, je ne compte pas le faire maintenant en disant : ne vous inquiétez pas, à telle date on va rouvrir, je pense que ce serait totalement irresponsable de ma part. Donc je suis à leurs côtés, j'ai indiqué à la ministre de la Culture Roselyne BACHELOT que nous ferions le maximum pour soutenir tous les acteurs de la culture, je comprends parfaitement à quel point ça peut être dur de pas pouvoir faire son métier de comédien, de ne pas pouvoir tourner un film, de ne pas pouvoir diffuser un fil, de ne pas pouvoir réunir son orchestre et donner les concerts qu'on souhaitait donner pour Noël. C'est extrêmement dur, comme c'est dur pour les restaurateurs de ne pas pouvoir ouvrir sa salle, de ne pas pouvoir réunir ses salariés, de ne pas pouvoir faire sa cuisine, de ne pas pouvoir accueillir ses clients. C'est dur financièrement et c'est dur moralement.
YVES-RENE TAPON
Et vous continuerez de les aider financièrement ?
BRUNO LE MAIRE
Nous allons continuer à les accompagner, et le changement qu'il y a à partir du 1er décembre, qui est un changement important, c'est que nous allégeons les aides dans les secteurs qui ont bien redémarré, en revanche, à partir du 1er décembre nous apportons un soutien massif, et je dis bien massif, à tous les secteurs qui sont fermés, et à ceux qui sont les plus durement impactés par la crise. Le Fonds de solidarité, par exemple, jusqu'au 1er décembre c'était au maximum 10 000 € d'indemnisation, là on va prendre à notre charge jusqu'à 20% du chiffre d'affaires d'un restaurant qui a été fermé, d'un cinéma qui est fermé, d'un théâtre qui est fermé, jusqu'à 20% du chiffre d'affaires, avec un plafond de 200 000 €. Donc ça pourra aller jusqu'à 200 000 € d'indemnisation. Nous maintiendrons l'indemnisation du chômage partiel à 100%, sans aucun reste à charge, et nous exonèrerons évidemment tous ces établissements des charges qu'ils ont à payer.
YVES-RENE TAPON
Bruno LE MAIRE, deux secteurs emblématiques en France, et très présents en Normandie, sont lourdement impactés par cette crise : le tourisme et l'aéronautique. Il faudra beaucoup de temps pour qu'ils se relèvent.
BRUNO LE MAIRE
Alors, l'aéronautique ça fait l'objet de toute mon attention depuis le début, ça fait partie des secteurs qui sont les plus durement touchés, simplement parce que le transport aérien est quasiment à l'arrêt, il fonctionne très peu. Ça a un impact direct sur les grands industriels comme AIRBUS, et un impact direct sur les sous-traitants, nous en avons énormément en Normandie, on fait de nacelles d'AIRBUS, de la motorisation, il y a énormément de choses qui sont faites sur le territoire normand. Donc nous avons mis en place un dispositif de soutien spécifique pour l'aéronautique, notamment pour continuer à faire travailler les ingénieurs, poursuivre la recherche, permettre aux entreprises de tourner avec des horaires aménagés. Nous continuerons là aussi à apporter notre soutien. L'aéronautique doit rester un fleuron de l'industrie française.
YVES-RENE TAPON
Le groupe VALLOUREC à Déville-lès-Rouen, spécialisé dans les tuyaux pour l'industrie pétrolière, va fermer son site normand, 200 salariés, que leur dites-vous ce matin ? Le pétrole n'a plus d'avenir, il faut envisager la reconversion ?
BRUNO LE MAIRE
Tout le monde sait que les énergies fossiles, nous devons nous en passer, et que nous devrons engager cette transition écologique, nous l'avons déjà engagée, tout en accompagnant les secteurs qui sont touchés. Et VALLOUREC, le site de Deville est un très bon exemple, les salariés n'ont pas à être les victimes de ces transformations écologiques. On leur doit un accompagnement particulier, on leur doit un soutien total, on doit leur permettre de se reconvertir, de trouver un emploi. Je serai très vigilant, je le dis avec beaucoup de coeur, parce que cette transition écologique elle est nécessaire, mais elle fait aussi des dégâts sur des emplois industriels et sur des activités qui étaient des activités qui étaient des activités puissantes en France. Et VALLOUREC est un très bon exemple, ils font des tubes pour le marché parapétrolier, pour le pétrole, pour le gaz, nécessairement ils sont très impactés, la situation de VALLOUREC, disons les choses franchement, elle est très fragile, elle est extrêmement difficile, mais ce n'est pas aux salariés de payer pour que cette transition écologique. Donc on doit les accompagner, les former si nécessaire, leur garantir une reconversion et faire en sorte qu'ils puissent retrouver une place qu'il soit satisfaisante pour eux.
YVES-RENE TAPON
Merci beaucoup Bruno LE MAIRE. Vous restez encore quelques minutes avec nous pour entendre les questions, les témoignages des auditeurs de France Bleu en Normandie.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 17 décembre 2020