Texte intégral
Q- ...
R - Bonsoir. Non, je crois que ce n'est pas tout à fait exact, parce que justement, face à une situation d'urgence, difficile, nous avons coordonné en quelques heures nos réponses, le Président a parlé dès ce matin à la Chancelière Angela Merkel, à la Présidente de la Commission, Mme von der Leyen ; et quand vous regardez les mesures qui ont été prises en quelques heures seulement, entre le début de l'après-midi et ce soir pour la France, qui sont des mesures qui s'appliquent à partir de minuit, pour nous comme pour l'Allemagne, par exemple, vous avez des mesures très similaires, qui sont des mesures d'urgence et de précaution. On se donne un délai de quarante-huit heures, parce que c'est urgent, et nous devions agir, mais aussi justement pour renforcer cette coordination européenne, et pour faire une analyse scientifique précise de ce qui se passe au Royaume-Uni. On devait réagir pour se protéger, mais on doit regarder de plus près ce qui est la nature du virus mutant comme l'on dit, du côté du Royaume-Uni. Donc, nous ferons cela, précisément, de manière européenne, organisée, et dès demain, il y aura une nouvelle réunion des Vingt-sept, pour partager les analyses et prendre des mesures communes.
Q - Alors, justement, que peut-on attendre concrètement de ce renforcement de la coordination européenne, je reprends vos mots, à quel type de décision doit-on s'attendre ?
R - D'abord, je veux clarifier les décisions qui s'appliquent aujourd'hui, pour que tout le monde les ait bien en tête : à partir de minuit, ce soir, tous les flux, vous l'avez dit, en provenance de Grande-Bretagne, sont interrompus, suspendus pour au moins ces 48 heures, que ce soit des flux de personnes, de passagers, ou de marchandises, par tous les moyens de transports, terrestres, maritimes, aériens et ferroviaires. Et puis, demain, nous examinerons donc, avec les partenaires européens, quelle est la nature de la menace exacte, et nous pourrons être amenés à avoir un dispositif qui se durcisse, par rapport à la situation que l'on a connue, avant aujourd'hui, dans les jours qui suivent. Concrètement, une des possibilités, mais nous y travaillons, c'est que les flux de passagers puissent reprendre mais avec une obligation de test PCR. Et c'est pourquoi, le Premier ministre l'a dit, dès ce soir, nous le disons à tous nos compatriotes qui sont au Royaume-Uni, et qui souhaiteraient revenir en France pour les fêtes, nous travaillons à des solutions, mais il est plus prudent, il est utile, d'ores et déjà, de faire un test PCR parce que ce sera sans doute une des exigences que nous aurons, après ce délai d'urgence de quarante-huit heures. C'est sur quoi on travaille au niveau européen.
Q - Un test PCR, et une quarantaine aussi ?
R - On ne sait pas encore, on le précisera avec le ministre de la santé, le ministre des transports, dans les heures qui viennent. Cela fait partie des mesures possibles, mais en tout cas, il est clair que le test PCR sera un de ces outils indispensables. Et donc, c'est pour cela que nos ressortissants qui sont aujourd'hui à Londres ou ailleurs au Royaume-Uni, doivent essayer de faire, le plus vite possible, ce test. On précisera l'ensemble des mesures qui s'appliqueront, encore une fois, dans les heures qui viennent. Pour être très " pratico-pratique ", j'invite ceux qui ont des questions et qui sont au Royaume-Uni à contacter notre ambassade, notre consulat, et à se renseigner, nous avons un site internet qui a été actualisé, avec des conseils aux voyageurs, www.diplomatie.gouv.fr, qui est le plus actualisé, le plus complet possible aujourd'hui. Nous l'actualiserons encore, dans les heures qui viennent.
Q - Mais vous parliez de ces Français qui vivent aujourd'hui, au Royaume-Uni, est-ce que vous pouvez leur garantir, ce soir, qu'à partir du 22 décembre ils pourront rentrer en France s'ils font un test PCR, qu'ils pourront passer Noël en famille, en France ? La date du 22 décembre est arrêtée ?
R - Nous ne pouvons pas encore le garantir, nous le dirons très clairement dans les premières heures, demain, une fois que nous aurons mieux analysé la situation. C'est aussi pour cela que l'on se donne ce délai de quarante-huit heures, mais notre souhait, le scénario sur lequel on travaille, c'est bien sûr, et parce que c'est nécessaire, aussi, pour les familles, pour ceux qui ont besoin de rentrer, que nous puissions organiser cela, après ce délai de suspension de quarante-huit heures. Donc, nous le préciserons, mais c'est exactement ce à quoi on travaille, et je prends l'engagement que l'on examine toutes les possibilités pour leur faciliter la vie, après ce moment difficile.
Q - Clément Beaune, la nouvelle variante de ce virus, elle a aussi été trouvée, on l'a appris, d'ailleurs, ce dimanche, en Italie, à Rome, dans un hôpital, au Danemark, aux Pays-Bas. La question que l'on se pose, ce soir : est-ce qu'il ne faudrait pas mettre en place des mesures similaires pour ces pays-là aussi ? Est-ce qu'il ne faudrait pas le faire tout de suite ?
R - Cela fait partie des alertes qu'il y a eu dans les toutes dernières minutes, parfois dans les toutes dernières heures, et qui seront examinées et partagées entre pays européens, demain. Donc, s'il y a des mesures de précaution européennes supplémentaires à prendre, nous les prendrons. Mais aujourd'hui, ce qui est avéré, c'est qu'il y a eu, puisque les autorités britanniques elles-mêmes ont renforcé les mesures, sur la base de cette alerte, hier, le Premier ministre britannique Johnson l'a annoncé. Et donc, c'était notre responsabilité de prendre tout de suite ces mesures, et comme vous l'avez vu, d'autres pays européens, tous nos voisins, l'ont fait. Et donc, on devait le faire. S'il faut renforcer, actualiser ces mesures, nous le ferons dans les prochaines heures. Une mesure d'urgence et de précaution, aujourd'hui, à l'égard du Royaume-Uni, et puis, une analyse scientifique, en temps réel, dans les heures qui viennent.
Q - Clément Beaune, je sais que vous n'êtes pas médecin, mais soyez transparent, si ces décisions sont prises, en ce moment même, un peu partout en Europe, c'est bien qu'elle inquiète un tant soit peu, cette nouvelle souche ?
R - C'est en tout cas, je vous l'ai dit, que l'on doit prendre nos responsabilités. S'il y a une information, donnée par les Britanniques, qui ont notifié également cette difficulté à l'organisation mondiale de la santé, c'est qu'il y a une inquiétude de leur part, qui a justifié des mesures au Royaume-Uni, et qui justifie ces mesures européennes. Donc, on ne cache rien, justement, on fait toute la transparence sur ces mesures et sur les raisons pour lesquelles on les prend. Et s'il y a de nouvelles informations dans les prochaines heures, vous l'avez dit, ce n'est pas moi qui suis ministre de la santé ou médecin, mais nous les donnerons, comme nous l'avons fait à chaque étape, par la voix du gouvernement, du ministre de la santé, en toute transparence, en toute clarté, nous dirons à chaque étape ce que nous savons, et nous prendrons toutes les mesures nécessaires à cet égard.
Q - Il y a une autre échéance importante, ce lundi, c'est l'Agence européenne des médicaments qui doit se prononcer sur le sort du vaccin Pfizer, sur le continent européen. Sauf énorme surprise, ce sera un feu vert, on est d'accord ?
R - Ecoutez, c'est ce qui est attendu, l'Agence européenne des médicaments a avancé sa réunion pour que l'Europe soit au rendez-vous, en toute sécurité, c'est très important, mais aussi de manière rapide. Ce n'est pas moi, ni aucun responsable politique qui peut dicter à l'Agence européenne des médicaments sa décision, je crois que ce serait, d'ailleurs, extrêmement néfaste, et cela minerait la confiance. Ce n'est pas comme cela que cela marche. Ce sont des évaluations scientifiques, indépendantes et rigoureuses. Et donc, je ne préjuge pas de ce que dira l'Agence européenne des médicaments, mais elle a, elle-même, donné un certain nombre de signaux positifs. Donc, je crois que demain, attendons, et nous aurons la confirmation de sa part, si toutes les procédures sont bien réalisées, que ce premier vaccin, sur Pfizer BioNtech, sera autorisé, certainement, en Europe. Et l'Agence européenne des médicaments a aussi accéléré son calendrier pour les autres vaccins. Il y en a un deuxième qui fera l'objet d'une décision, très probablement, le 6 janvier.
Q - Très rapidement, puisque le temps presse malheureusement, le gouvernement allemand dit ce soir que cette nouvelle souche, qui a été découverte au Royaume-Uni, ne remet absolument pas en cause l'efficacité des vaccins qui seront notamment administrés en France, celui de Pfizer, en l'occurrence. Est-ce que le gouvernement français s'y engage aussi, ce soir ?
R - Ecoutez, là aussi, je suis prudent parce qu'il faut des informations scientifiques. Mais ce qu'ont dit les autorités britanniques, c'est qu'elles n'avaient pas d'inquiétude sur son degré de danger supplémentaire, de cette nouvelle souche, ou de cette variation, ni de résistance accrue au vaccin. Et donc, cela ne remet pas en cause la stratégie de vaccination que nous avons, et les vaccins qui sont désormais développés et qui seront, je l'espère, - dans les prochaines heures pour le premier -, autorisés. Donc, évidemment, s'il y avait de nouvelles informations, nous les dirions, mais pour l'instant, il n'y a pas d'inquiétude de cette nature, à ma compréhension.
Q - Décidemment, on attend beaucoup de réponses, dans les prochaines heures. Une dernière question, Clément Beaune : comment va Emmanuel Macron ? Vous l'avez vu, par visioconférence, lors de ce conseil de défense sanitaire, le Président de la République ? Nous, Français, on ne le voit plus depuis deux jours. On nous informe de son état de santé par communiqué. Plus de vidéo. Pourquoi ? Est-ce parce qu'il est encore très fatigué ? Ce qui se comprendrait, d'ailleurs.
R - Non, écoutez, pas de fantasme, le Président de la République travaille, je me suis entretenu avec lui, sur le Brexit, à plusieurs reprises. Je peux vous dire qu'il est à la tâche, il a fait toute la transparence, là aussi, par cette vidéo que vous avez vue vendredi, en s'engageant à publier un bulletin quotidien, et c'est ce qui est fait, c'est ce qui sera fait. Il ne s'agit pas de mettre en scène ou de chercher à montrer le plus d'images possible, mais je peux vous dire que le Président est au travail. Ce virus fatigue, et donc, il l'a dit lui-même, comme toute personne affectée, il en subit les symptômes, ce qui doit renforcer notre vigilance collective. Mais il travaille et notamment sur tous ces dossiers importants comme celui dont on parle ce soir.
Q - Merci beaucoup, Clément Beaune, d'avoir été avec nous, longuement, dans Week-end Direct.
R - Merci à vous.
Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 4 janvier 2021