Texte intégral
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R - Le Premier ministre a dit "rendez-vous le 20 janvier", le 20 janvier pour avoir un peu plus de recul, pour voir ce qui s'est passé pendant les fêtes. C'est pour cela que j'incite les Français, les futurs vacanciers qui ont d'ores et déjà fait des réservations à les conserver parce qu'hier, j'ai tenu une réunion avec les représentants des hôteliers, l'UMIH, le GNI, avec les représentants des résidences de tourisme, le SNRT, et ces trois types de grands professionnels se sont engagés à ce que les annulations puissent se faire plus tard, sans frais et sans pénalité, pour qu'ainsi les Français les conservent, qu'ils puissent regarder ce qui se passe, le 20 janvier, et avisent. Je crois que c'est aussi un signal de confiance envoyé aux professionnels et vice versa, de la confiance des professionnels aussi envers leurs clients.
Q - Donc pour l'instant, vous dites qu'il n'est pas question d'annuler ce qui a éventuellement été déjà réservé, - on attend. Pour ce qui est de réserver d'ores et déjà... en revanche ?
R - comme les professionnels font des conditions commerciales très flexibles et très souples, c'est valable d'ailleurs dans les transports, avec la SNCF, avec l'aérien, avec Air France par exemple, je pense que les gens peuvent regarder, se renseigner, éventuellement poser des options ou des réservations, ils auront cette faculté, le cas échéant, de revenir dessus si la situation ne s'améliore pas. Encore une fois, il y aura un moment important qui est le 20 janvier, le Premier ministre l'a dit hier, pour pouvoir finaliser tout cela.
Q - Voici le calendrier des vacances d'hiver, vous êtes très nombreux à nous suivre et à l'avoir en tête, cela commence très vite, dès le 06 février pour la zone A, et les derniers à partir en vacances, ce sera la zone B, à partir du 20 février jusqu'au 08 mars. Ce sont des vacances assez particulières tout comme les vacances d'avril qui présentent la particularité d'être étalées sur plus d'un mois, ce qui permet, en effet, aux professionnels de la montagne, par exemple, d'avoir plus longtemps des touristes. Faut-il changer ce calendrier comme le réclament aujourd'hui les maires des stations de skis ?
R - Vous savez, c'est très compliqué d'avoir une réponse définitive, on l'a vu. Cette crise épidémique depuis le début, elle nous a incité les uns et les autres à être très agiles, à s'adapter, mois par mois, semaine par semaine, voire parfois jour par jour. Je crois d'ailleurs que c'est dit par le professeur Maréchal précédemment, il disait que l'épidémie évolue, et il est donc très compliqué de donner des projections à plusieurs semaines ; il le disait sur les modélisations, par exemple, hospitalières, au-delà de trois semaines. Tout cela pour dire que le virus ne prend pas rendez-vous pour dire qu'il sera encore là ou pas le 08 mars et dans quelles conditions.
Tout cela pour dire que ce qui est sûr, c'est que, si les conditions, à un moment donné, sont réunies pour que la montagne vive dans la plénitude des activités, parce qu'il y a des activités qui sont d'ores et déjà pratiquées, on l'a vu, le ski de randonnée, la raquette etc. Les Français ont redécouvert certains plaisirs.
Q - Et cela sera à nouveau possible a priori en février.
R - C'est toujours possible. Et je vois que d'ailleurs des stations de moyenne montagne dans les Vosges, dans le Jura ont rencontré de beaux succès, même si la fréquentation n'est pas à la hauteur de ce qu'elle a pu être dans les dernières années. Tout cela pour dire que c'est un débat qui est posé. Le ministre de l'éducation a dit : je suis plutôt sur un scénario de maintien des vacances telles qu'elles sont, voilà, sans fermer complètement la porte. Je crois qu'il faut être pragmatique.
Mais voyez, dans les solutions, il y a peut-être aussi une autre solution. Parce que les enfants, c'est important qu'ils aillent à l'école, et puis, c'est important aussi que l'école permette aux enfants de partir peut-être encore plus cette année, encore une fois si les conditions sont réunies, je mets beaucoup de conditionnel, parce qu'on le voit, il ne faut pas prendre de risques inutiles, peut-être pour faire réamorcer la pompe, des classes de neige, des classes découverte, des classes nature. C'est aussi une autre façon de faire vivre la montagne. C'est une façon de permettre aussi aux moniteurs, aux ESF, d'avoir ces publics-là. Et cela peut se faire en dehors du temps des vacances scolaires. Et donc, cela permet d'étaler et d'avoir une saison qui vit pleinement.
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Q - J'aimerais que l'on revoie ensemble le calendrier parce que j'entends ce que vous dites, pour l'instant, ce n'est pas envisagé, il n'est pas envisagé de modifier. Néanmoins, il y a un avantage à adapter ce calendrier, à l'étirer. Dans le calendrier tel qu'il est prévu aujourd'hui, il y a plusieurs semaines, deux, on va dire, qui sont des semaines bi-zones, où des zones sont ensemble en vacances, ce qui veut dire beaucoup plus de monde dans les stations de ski, notamment. Si on étire ces vacances, il y a un peu moins de monde, tout de même, dans les stations. C'est peut-être un argument.
R - Alors, chaque formule, maintien, ou éventuellement adaptation, a ses avantages et ses inconvénients. A l'inverse, le fait de faire bouger peut emporter des problèmes pour des familles recomposées qui ont déjà planifié des retrouvailles, etc. Donc, on le voit, il n'y a pas de solution simple. Ce que je veux dire, ce qui est sûr, c'est qu'il y aura, de toutes les façons, moins de monde et moins de brassage que précédemment, que les années passées, parce que déjà, les clientèles étrangères ne seront pas en mesure d'être là. Les Britanniques, première clientèle en matière de ski en France, les Britanniques sont confinés. Donc, les Britanniques ne viendront pas. Autre chose, vous avez vu, il y a eu de fortes chutes de neige partout, tous les massifs sont enneigés, et donc ça permet d'ailleurs une répartition des flux qui peut être plus harmonieuse parce que la moindre bosse est skiable aujourd'hui. Donc, on le voit, il y a aujourd'hui des conditions qui sont assez intéressantes en matière d'étalement, de répartition des flux, mais encore une fois ce qui doit guider notre décision, la décision au 20 janvier, c'est aussi une vision globale de " où on en est dans cette lutte contre l'épidémie ", vous l'avez vu, on est un peu à un plateau quand même, que ce soit en terme de nouvelles contaminations, en terme de nombre de personnes en réanimation. Il y a ces incertitudes autour des variants et de leur impact, c'est un sujet de préoccupation, donc c'est ça qui va nous guider sur la décision qui sera prise.
Q - Bon, pour résumer, on attend le 20 janvier. Le débat n'est pas clos, n'est pas interdit, mais pour l'instant il faut attendre cette date pour éventuellement prendre une décision, rien ne sera décidé avant, sur un calendrier ?
R - Non mais vous savez c'est très dur pour les acteurs, je travaille avec eux au quotidien, avec les domaines skiables, les stations de montagne, les élus de montagne. Ils ont besoin de visibilité, parce que c'est vrai qu'on souhaiterait pouvoir sauver le coeur de la saison, on souhaiterait pouvoir sauver février et surtout, c'est qu'en quatre mois ils font ce qui leur permet de faire vivre des familles et vallées pendant un an. Donc, c'est pour ça qu'on n'a pas lésiné sur l'indemnisation. Je préfère d'ailleurs parler d'indemnisation que d'aide ou de soutien, parce que la vérité est qu'on ne leur permet pas d'avoir une activité qu'il aurait eu. Donc par exemple, on voyait tout à l'heure un des moniteurs des ESF, ces fameux pulls rouges qui sont dans la mémoire de chacun, naturellement, des symboles, des emblèmes. On a fait en sorte qu'ils puissent être éligibles au fonds de solidarité, jusqu'à dix mille euros par mois, et donc leur chiffre d'affaires sur l'année n-1, il est compensé. Je crois que ça va permettre, effectivement d'un point de vue financier, d'être accompagnés, mais après, il y a effectivement le sujet psychologique. Parce qu'ils le disaient, ce sont des gens, la montagne, c'est de la passion et c'est une passion qu'il faut partager, donc il y a cette envie d'inculquer, de transmettre, bref, Frison-Roche a très bien expliqué tout ça, et par conséquent, cela, il est difficile de pouvoir pallier cela. Mais dans tous les cas, et c'est pareil pour les remontées mécaniques, on a mis en place un mécanisme, 70% des charges fixes qui sont compensées ; c'est quelque chose, vous voyez, qui est considérable, mais c'est normal, on doit être à leurs côtés dès lors qu'on ne leur permet pas d'ouvrir.
Q - Merci beaucoup, Jean-Baptiste Lemoyne, merci d'être venu ce matin dans BFM TV.
R – Merci.
Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 11 janvier 2021