Interview de M. Marc Fesneau, ministre délégué chargé des relations avec le Parlement et de la participation citoyenne, à LCI le 8 janvier 2021, sur la protection des institutions, notamment aux États-Unis, et la stratégie vaccinale contre la Covid.

Prononcé le

Intervenant(s) : 
  • Marc Fesneau - Ministre délégué chargé des relations avec le Parlement et de la participation citoyenne

Circonstance : Prise d'assaut du Capitole par des milliers d'émeutiers radicaux, à Washington D.C. (États-Unis) le 6 janvier 2021

Média : La Chaîne Info

Texte intégral

JEAN-MICHEL APHATIE
Bonjour Marc FESNEAU.

MARC FESNEAU
Bonjour.

JEAN-MICHEL APHATIE
Vous êtes ministre chargé des Relations avec le Parlement et, on l'oublie trop souvent, de la participation citoyenne.

MARC FESNEAU
Absolument.

JEAN-MICHEL APHATIE
Merci d'avoir accepté l'invitation de LCI. Ministre chargé des Relations avec le Parlement, vous étiez devant votre télévision quand les hordes - je ne sais pas comment les appeler autrement - d'Américains ont envahi le Capitole, le Parlement américain. Quelles étaient vos émotions à ce moment-là ?

MARC FESNEAU
Quand même un sentiment de sidération devant ce qui est le temple de la démocratie américaine. C'est comme si nous avions assisté à l'invasion de l'Assemblée nationale ou du Sénat ou du palais de l'Elysée.

JEAN-MICHEL APHATIE.
Quelque chose d'inimaginable.

MARC FESNEAU
C'est quelque chose d'inimaginable. C'est le lieu où se fait la démocratie, surtout un jour particulier où devaient se valider les élections présidentielles américaines. Donc un sentiment de sidération et un sentiment de comment on en est arrivé là. Au fond c'est quatre années, peut-être un peu plus même, où le président en place a plutôt noué la querelle et la division du peuple américain, la défiance à l'ensemble des institutions y compris aux institutions démocratiques, y compris aux institutions judiciaires, y compris aux institutions médiatiques. Et au fond, quand on œuvre ainsi, quand on divise, quand on jette le doute et l'opprobre sur l'ensemble des institutions, et que quelques heures avant on incite ses partisans à aller au Capitole, les mots en politique ont une importance, eh bien voilà ce que ça produit.

JEAN-MICHEL APHATIE
Alors vous citez donc Donald TRUMP qui dit à ses partisans : "allez au Capitole !"

MARC FESNEAU
"Allez au Capitole !"

JEAN-MICHEL APHATIE
Ils y vont. Interrogée hier matin, Marine LE PEN a dit : "le président TRUMP n'a pas mesuré la portée de ses propos." Vous êtes d'accord avec cette analyse, Marc FESNEAU ?

MARC FESNEAU
Il serait bien que Madame LE PEN se l'applique à elle-même aussi. C'est-à-dire que quand on parle dans le champ de l'espace public et quand on est un responsable politique - et quel responsable politique - il faut faire attention à ses propos. Parce que ce que produit la voix d'un responsable politique sur ceux qui le soutiennent est très fort. Et moi j'ai toujours dit depuis très longtemps qu'il fallait faire attention aux mots qu'on portait quand on appelle à envahir, on appelle à l'insurrection, on appelle à renverser, dans des esprits qui sont parfois des esprits troublés. Et on en a vu beaucoup, des esprits troublés, au Capitole. Ça produit quelque chose qui est de l'ordre de la violence. A la violence des mots souvent succède la violence physique et c'est ce qu'on a vu au Capitole. Au bout, je le dis quand même, c'est quatre morts parmi les manifestants et ce matin un mort policier qui est à déplorer.

JEAN-MICHEL APHATIE
Bien sûr.

MARC FESNEAU
Et donc dans le champ politique qu'on a, il faut que dans nos grandes démocraties qui sont profondément ballottées y compris par les événements que nous rencontrons qui sont la crise sanitaire mondiale que nous connaissons, il faut faire très attention aux mots. Heureusement il y a quand même des contre-pouvoirs, des contre-pouvoirs politiques. On l'a vu aux Etats-Unis. Il y a des contre-pouvoirs médiatiques. Il y a des contre-pouvoirs de droit. Et donc ça, c'est important aussi de solidifier l'ensemble des contre-pouvoirs. Les institutions ne sont pas parfaites. Vous ne m'entendrez jamais le dire. Elles ont besoin parfois d'être réformées mais il faut toujours protéger les institutions, sinon c'est la loi du plus fort qui s'impose.

JEAN-MICHEL APHATIE
Jean CASTEX, Premier ministre, Olivier VERAN, ministre de la Santé ont tenu hier un point de presse. Le Covid, peut-être un reconfinement, on verra bien. Le gouvernement ne s'interdit rien si la contamination continue de se développer. Les variantes du virus nous soucient aussi. Je voudrais qu'on parle quand même de la vaccination puisque Jean CASTEX a évoqué longuement ce dossier. On peut dire que le gouvernement a changé de braquet ?

MARC FESNEAU
Oui. En tout cas qu'il a mieux en évidence quel était le braquet dans lequel il entendait travailler.

JEAN-MICHEL APHATIE
Il n'a pas changé de braquet carrément ?

MARC FESNEAU
Evidemment, confronté à une polémique qui est née entre les fêtes, on a décidé d'accélérer un certain nombre de processus, de clarifier un certain nombre de points de procédure qui avaient pu être compris comme complexes ou mis en application de façon complexe. Je ne jette la pierre à personne, ça peut arriver dans une démarche de vaccination. On est sur une démarche de moyen-long terme quand même puisqu'on sait bien que c'est plusieurs mois de vaccination. Le tout, c'est de rattraper les quelques jours qui ont pu apparaître comme ce décalage, mais j'ai l'impression que les processus sont en place et un dispositif. Ce qui est satisfaisant d'ailleurs, je le voyais dans un sondage je crois sur votre antenne ce matin, c'est que manifestement l'envie de se vacciner a monté.

JEAN-MICHEL APHATIE
Elle augmente.

MARC FESNEAU
A augmenté. Et je pense que ça, c'est un élément déterminant.

JEAN-MICHEL APHATIE
… servi à ça.

MARC FESNEAU
Oui. Je ne sais pas si ça a servi à ça mais…

JEAN-MICHEL APHATIE
Vous avez évoqué la pierre, quand même la bureaucratie. Beaucoup de gens mettent en cause le ministère de la Santé. Quand je dis beaucoup de gens, pas n'importe qui : Gérard LARCHER. Je le cite : "il est temps d'en finir avec la trop lourde bureaucratie dans ce pays." 45 pages éditées pour faire de la vaccination, un manuel de vaccination qui est apparu beaucoup trop compliqué à beaucoup de monde. Vous confessez là qu'il y a…

MARC FESNEAU
Enfin le manuel de vaccination n'est pas le manuel à destination des patients : il est le manuel à destination du directeur d'EHPAD, des professionnels.

JEAN-MICHEL APHATIE
Bien sûr, bien sûr. 45 pages. Beaucoup trop disent…

MARC FESNEAU
Mais c'est assez d'ailleurs fascinant dans ce pays. Quand on donne des choses qui sont laissant la marche de la liberté on nous dit : "non, on veut des choses précises", parce qu'au fond on est dans un monde où chacun veut pouvoir se protéger en cas de difficultés. Et puis quand on fait quelque chose qui est trop détaillé, on dit : "au fond la bureaucratie est à l'œuvre." Donc il faut trouver un équilibre et puis il y a la loi et puis l'esprit de la loi, c'est-à-dire la manière dont on l'applique. Et donc c'est aussi un état d'esprit qu'il faut.

JEAN-MICHEL APHATIE
La bureaucratie quand même qui a bloqué, fait que les lenteurs sont installées. Ce n'est pas ça quand même ?

MARC FESNEAU
Non mais comme tout système politique. Non, mais il faut y réfléchir et qu'on ait besoin parfois de se poser la question d'une bureaucratie qui devienne ou trop tatillonne ou trop puissante, il faut le faire.

JEAN-MICHEL APHATIE
Ça a été le cas ?

MARC FESNEAU
Je ne suis pas sûr que ç'a été le cas. Je pense que parfois, on s'est appuyé où certains se sont appuyés sur la bureaucratie pour dire : "du coup, je prends toutes les précautions d'usage." Mais il me semble qu'il y a des endroits, d'ailleurs vous le voyez, il y a des EHPAD où les choses se sont passées sans que la bureaucratie soit à l'œuvre. C'est aussi une question d'état d'esprit, la bureaucratie. Vous avez un document qui vient vous donner des grandes lignes et puis après, vous le mettez en œuvre avec discernement. On va dire les choses comme ça. Il faut toujours veiller à la dé-bureaucratie parce que par nature, on est un pays où on aime bien produire de la norme, où on aime bien… Tout le monde d'ailleurs aime bien produire de la norme parce que dès qu'il y a un problème…

JEAN-MICHEL APHATIE
C'est le Ministre de la Santé qui est visé là.

MARC FESNEAU
Oui. Mais globalement, quand vous regardez sur un certain nombre d'autres sujets - là on est sur le sujet de la vaccination et c'est un sujet qui était éminemment sensible et on peut le comprendre pour les Français - par nature, on est un pays où on a tendance à faire des documents qui sont des documents assez volumineux. Et donc il faut aussi qu'on s'interroge collectivement sur cette donnée-là.

JEAN-MICHEL APHATIE
On a changé de braquet. Un million de personnes vaccinées fin janvier.

MARC FESNEAU
C'était d'ailleurs l'objectif.

JEAN-MICHEL APHATIE
C'est l'objectif, il est maintenu ?

JEAN-MICHEL APHATIE
Qui sera tenu ?

MARC FESNEAU
Qui sera tenu mais je rappelle qu'il y a eu trop ou quatre jours où on s'est posé la question mais l'objectif sera tenu.

JEAN-MICHEL APHATIE
Je voudrais qu'on regarde ensemble - on va la voir - la Une du Journal du dimanche donc qui a maintenant presqu'une semaine : Vaccin, la colère de Macron. Contre qui le président de la République était-il en colère ?

MARC FESNEAU
Je ne sais pas si c'était nominatif. En tout cas la volonté du président de la République…

JEAN-MICHEL APHATIE
On est toujours en colère contre quelqu'un.

MARC FESNEAU
Oui, mais je ne crois pas que le président de la République cherche des boucs émissaires.

JEAN-MICHEL APHATIE
Ah bon ?

MARC FESNEAU
Non. Le président de la République cherchait à comprendre pourquoi ce qui paraissait un processus qui était assez clair, qui avait été très bien exprimé par le Premier ministre au 15 décembre, autour du 15 décembre, tout d'un coup vous devenait en 3 jours alors que nous avions procédé à la première vaccination de la fameuse Madame Mauricette - en tout cas, c'est son prénom - le 27 décembre, tout d'un coup en 3 jours venait un tas de gens dire sur des plateaux de télévision ou des plateaux de radio dire : "ça ne va pas assez vite."

JEAN-MICHEL APHATIE
"Ça ne va pas assez vite."

MARC FESNEAU
"Le process ne va pas, la météorologie n'est pas la bonne". Et au fond quand on y regarde de plus près, il y avait quelque chose qui s'était grippé alors que le process était plutôt bon et qu'on voit bien que la montée en puissance était…

JEAN-MICHEL APHATIE
Il y a quelqu'un qui est responsable.

MARC FESNEAU
Non mais la question du président de la République est de dire : "il y a des choses qui sont en train de bloquer, je veux que vous releviez et les uns et les autres… Alors chacun à son niveau de responsabilité. Mais chacun doit prendre la part de sa charge, c'est-à-dire ceux qui sont chargés de gouverner, le gouvernement, ceux qui sont chargés de mettre en application les directives du gouvernent."

JEAN-MICHEL APHATIE
Donc on ne sait pas contre qui il était en colère Emmanuel MACRON.

MARC FESNEAU
Non. Enfin moi, je ne participais pas à cette colère personnellement. Je n'ai pas assisté au débat mais je pense que c'est quelque chose, pour connaître le président de la République, c'est plutôt essayer de résoudre une question qui est en train de monter, et donc ça s'adresse à la fois aux responsables politiques que nous sommes et puis à ceux qui sont chargés d'exécuter les mesures que nous avons décidées.

JEAN-MICHEL APHATIE
Et ça s'adresse d'abord au Ministre de la Santé Olivier VERAN qui sera…

MARC FESNEAU
Non mais je vois bien que c'est ça peut-être sur lequel on voudrait interroger. Par nature, on est tous en situation de responsabilité donc… ne doit se défausser…

JEAN-MICHEL APHATIE
Olivier VERAN l'est plus que vous par exemple.

MARC FESNEAU
Oui, bien sûr, et donc par nature…

JEAN-MICHEL APHATIE
Il est Ministre de la Santé, vous n'êtes pas Ministre de la Santé ?

MARC FESNEAU
Et il fait ça très bien et personne n'aimerait au fond être à sa place.

JEAN-MICHEL APHATIE
Il n'est pas affaibli par cette polémique et cette difficulté ?

MARC FESNEAU
Non. Vous voyez bien que depuis le mois de mars, et c'est une des difficultés dans laquelle on est, on va de polémique en polémique. Je n'aurai pas la méchanceté de rappeler toutes les polémiques sur lesquelles nous avons eu à répondre. Je rappelle qu'un certain nombre de responsables politiques n'auraient pas réclamé à corps et à cris l'utilisation de l'hydroxychloroquine, nous accusant d'ailleurs de tous les maux de la terre parce que nous ne procédions pas à ce médicament qui paraissait pour certains résoudre le problème de la crise sanitaire quelques mois après. On ne leur fera pas l'insulte de leur rappeler ce qu'ils ont dit. Mais enfin quand même ! Donc on va de polémique en polémique et quand vous êtes Ministre de la Santé, vous devez à la fois répondre à un certain nombre de sujets, des polémiques comme celle-là et comme d'autres, et puis d'avancer. Parce que si en permanence vous vous laissez ballotter par des oppositions pas forcément bienveillantes et pas forcément clairvoyantes…

JEAN-MICHEL APHATIE
C'est des oppositions.

MARC FESNEAU
C'est des oppositions mais on peut être dans l'opposition…

JEAN-MICHEL APHATIE
Pourquoi seraient-elles bienveillantes ?

MARC FESNEAU
Mais parce qu'on est face à une crise sanitaire et un sujet qui concerne tous les Français. Et quand on est dans l'opposition, on ne peut pas simplement s'asseoir au bord de la route, constater ce qui ne marche pas et ne pas donner autre chose que de la polémique à voir. On peut faire des propositions aussi.

JEAN-MICHEL APHATIE
Hervé MORIN disait, président de la région Normandie : "Olivier VERAN a échoué sur les masques, sur les tests, sur les vaccins." C'est beaucoup.

MARC FESNEAU
Oui mais je vois bien chez Hervé MORIN…

JEAN-MICHEL APHATIE
Il a tort ?

MARC FESNEAU
Non parce que sur les tests par exemple, sur les masques on a eu un sujet d'approvisionnement que tout le monde connaît. Sur les tests, on a eu 15 jours où effectivement on a eu des délais. Nous sommes désormais le pays qui teste le plus. Je crois qu'Olivier VERAN rappelait hier qu'on a en une semaine testé 3,8 millions de personnes de manière gratuite quand en Allemagne on testait à 800 000. Bon. Hervé MORIN pourrait signaler aussi que nous avons testé massivement. Qu'à Noël, beaucoup d'entre nous se sont fait tester pour pouvoir aller rencontrer leurs parents ou leurs grands-parents dans des conditions de sérénité psychologique relative quand même, mais enfin quand même des conditions de sérénité relative. Le système ne s'est pas embouteillé. Il y a eu en 2 jours je crois 2 millions de tests qui ont été réalisés avant Noël, avec des délais de réponse qui ont été très courts. On pourrait aussi saluer ça dans ce pays.

JEAN-MICHEL APHATIE
Et on ne le fait pas.

MARC FESNEAU
Voilà. Alors je ne demande pas à l'opposition de n'être que bienveillante, mais enfin quand quelque chose marche on pourrait le dire parce que ça participe d'un sentiment que la France serait forcément à la traîne. Et sur ces sujets de tests, il a pu y avoir 15 jours de difficultés au début du mois de septembre ou au mois d'octobre, mais enfin on a résolu le problème.

JEAN-MICHEL APHATIE
Ça ne serait pas bien que les membres du gouvernement, peut-être le Premier ministre seulement, se fassent vacciner pour donner une impulsion, montrer qu'il y a de la confiance ?

MARC FESNEAU
Mais je vois bien le débat qui se noue. Moi je suis plutôt défavorable, pour tout vous dire, parce qu'au fond il faut se faire vacciner…

JEAN-MICHEL APHATIE
Ce ne serait pas un passe-droit, ce serait montrer l'exemple. C'est en l'expliquant.

MARC FESNEAU
Oui, mais ce serait vécu comme un passe-droit. On fait vacciner nos parents, on fait vacciner nos grands-parents, on fait vacciner ceux qui autour de nous sont des publics fragiles. Mais nous ne sommes pas, n'étant pas un public fragile, je ne vois pas pourquoi j'irais substituer mon cas…

JEAN-MICHEL APHATIE
Pour montrer l'exemple, pour donner la confiance.

MARC FESNEAU
Oui. Mais dès lors que vous vaccinez vos parents ou vos grands-parents auxquels vous êtes normalement attaché, ça devrait suffire à susciter la confiance. Sinon je pense qu'on dirait : "Voyez, il y a des dizaines de membres du gouvernement, des parlementaires qui se sont fait vacciner et au fond, moi, j'étais un patient plus à risque et on m'a pas vacciné." Et donc comme il y a un ordre, je pense qu'il faut respecter l'ordre.

JEAN-MICHEL APHATIE
Vous êtes ministre, je le disais, des Relations avec le Parlement et aussi de la participation citoyenne.

MARC FESNEAU
Exactement.

JEAN-MICHEL APHATIE
Alors ce fameux comité de citoyens, 35 personnes tirées au sort, il va voir le jour ou pas ?

MARC FESNEAU
Absolument.

JEAN-MICHEL APHATIE
Et ça sera quelque chose ou pas ?

MARC FESNEAU
Absolument. Là aussi, on a l'impression qu'on découvre ces 35 citoyens. J'annonce, je signale que le président de la République l'avait annoncé dans son allocution.

JEAN-MICHEL APHATIE
Fin novembre.

MARC FESNEAU
Fin novembre. Le Premier ministre l'a rappelé dans son intervention à l'Assemblée nationale puis le ministre VERAN au Sénat.

JEAN-MICHEL APHATIE
Exactement.

MARC FESNEAU
La volonté, ce n'est pas un processus de participation citoyenne à proprement parler. C'est d'avoir dans le processus de vaccination des citoyens qui peuvent donner leur ressenti propre. Au fond c'est un panel de citoyens qui permet…

JEAN-MICHEL APHATIE
Il y a déjà des comités de patients. Ça existe.

MARC FESNEAU
Non mais c'est des citoyens qui viendront à côté des responsables publics.

JEAN-MICHEL APHATIE
Ça n'alourdit pas ?

MARC FESNEAU
Non. Ça n'alourdit en rien la mécanique. Ils ne sont pas là pour déterminer la stratégie vaccinale. La stratégie vaccinale a été présentée devant le Parlement. Les parlementaires jouent leur rôle. Moi je suis… C'est un ministère comme vous l'avez remarqué qui joue… Le Parlement et la participation citoyenne, ce n'est pas complètement le hasard parce que les deux ne s'opposent pas. On peut être intéressés par avoir la parole d'un citoyen qui disent : "Voilà comment ça se passe dans mon territoire, voilà comment je perçois les choses." Mais après la décision politique, c'est le gouvernement et le Parlement.

JEAN-MICHEL APHATIE
Il sera en place quand ce comité ?

MARC FESNEAU
Là, dans les jours qui viennent il sera en place puisque le tirage au sort a eu lieu en début de semaine.

JEAN-MICHEL APHATIE
A eu lieu en début de semaine.

MARC FESNEAU
A eu lieu en début de semaine.

JEAN-MICHEL APHATIE
Ah, ça y est.

MARC FESNEAU
Les gens ont été tirés au sort et il y a une première réunion, je crois, le week-end prochain.

JEAN-MICHEL APHATIE
Le week-end prochain, c'est-à-dire là ?

MARC FESNEAU
Non, non, le week-end d'après.

JEAN-MICHEL APHATIE
35 citoyens tirés au sort. 30 titulaires et 5 suppléants.

MARC FESNEAU
Absolument.

JEAN-MICHEL APHATIE
On n'évitera pas le reconfinement ?

MARC FESNEAU
Difficile à dire aujourd'hui. Le Premier ministre l'a dit avec les mots qui ont été les siens, qui étaient très justes hier. C'est tout ça dépend à vrai dire, comme vous l'avez dit tout à l'heure, du variant britannique qui est un variant qui est beaucoup plus puissant en termes de contamination. On voit bien à quel point la Grande-Bretagne est submergée par ce variant britannique. C'est plutôt ça notre objet d'inquiétude. Et donc déjà essayer de tenir le plus longtemps possible éloigné ce variant britannique, même s'il y a déjà des cas malheureusement en France. C'est ça qui est qui est le point important. Reconnaissons que depuis 3 semaines, nous sommes à un plateau, un plateau assez haut. On ne peut pas s'en satisfaire mais quand même, c'est quand même déjà quelque chose qui est à ce stade rassurant. Mais la vérité oblige à dire que nous sommes dans l'incertitude de ce que sera le variant britannique et à quel moment il se répandra sur le sol français.

JEAN-MICHEL APHATIE
Qu'est-ce est rassurant ? Que le plateau…

MARC FESNEAU
Que le plateau soit l'instant relativement stabilisé mais il est encore à haut niveau. On est sur un état de tension des urgences et des services hospitaliers qui est encore très haut mais qui n'est pas à l'état de tension qu'on a connu dans les vagues précédentes. Voilà. Il faut regarder ça avec grande vigilance et attention, avoir une capacité d'adaptation que nous avons eue hier puisque le Premier ministre a annoncé qu'un certain nombre de départements procéderaient à des couvre-feux plus tôt parce que c'est une des mesures qu'on a vu d'ailleurs au mois d'octobre…

JEAN-MICHEL APHATIE
Qui est efficace dit-on.

MARC FESNEAU
Qui a été efficace. De façon graduée, c'est efficace.

JEAN-MICHEL APHATIE
Il n'y a pas que le Covid dans la vie même si ça occupe évidemment beaucoup.

MARC FESNEAU
Non, mais ça occupe l'esprit et l'esprit des citoyens.

JEAN-MICHEL APHATIE
J'ai deux questions au Ministre chargé des Relations avec le Parlement. Est-ce qu'on verra une réforme des retraites dans l'année ?

MARC FESNEAU
Eh bien, ç'a été clairement posé par le Premier ministre. La question de la réforme des retraites, elle n'est pas à temporalité immédiate. La question de la réforme des retraites elle existe, parce qu'il y a besoin de réformer le système dans son fondement, c'est-à-dire dans sa…

JEAN-MICHEL APHATIE
Mais quelque chose va être présenté au Parlement ou pas ?

MARC FESNEAU
Si on arrive à sortir de la crise sanitaire.

JEAN-MICHEL APHATIE
Si…

MARC FESNEAU
Oui.

JEAN-MICHEL APHATIE
Donc c'est plutôt non.

MARC FESNEAU
Personne ne peut savoir dans quel délai nous sortirons de la crise sanitaire.

JEAN-MICHEL APHATIE
Le Premier ministre a dit l'été, fin de l'été.

MARC FESNEAU
L'été.

JEAN-MICHEL APHATIE
Après il y a le budget tout ça, donc c'est cuit.

MARC FESNEAU
Donc à partir de là on verra, mais on ferait des fois notre responsabilité que de ne pas poser la question de la réforme des retraites à un moment ou à un autre mais dans le calendrier qui sera celui aussi qui nous est dicté par ce virus.

JEAN-MICHEL APHATIE
Et donc c'est peu probable.

MARC FESNEAU
On verra.

JEAN-MICHEL APHATIE
On verra, d'accord. Vous êtes assez prudent.

MARC FESNEAU
Très prudent.

JEAN-MICHEL APHATIE
Alors une question simple. Les élections législatives, on dit : "la proportionnelle va permettre de désigner les députés" est-ce que ça sera le cas Marc FESNEAU ?

MARC FESNEAU
En tout cas il y a une réflexion qui est en cours, qui n'est pas en cours uniquement dans la majorité. C'est quelque chose qui existe depuis… Cette idée existe depuis un certain nombre d'années. Il faut que le débat se noue.

JEAN-MICHEL APHATIE
Porté par votre parti politique, le MoDem.

MARC FESNEAU
Porté par le MoDem depuis des années, mais je ne crois pas que ce soit une question du MoDem. Je pense que c'est une question d'équilibre politique.

JEAN-MICHEL APHATIE
Disons que François BAYROU est celui qui a remis ça dans l'actualité.

MARC FESNEAU
C'est celui qui depuis des années d'ailleurs, depuis très longtemps a dit que ça permettrait de créer une ambiance politique qui soit de nature à plutôt créer des coalitions que plutôt un camp contre un autre.

JEAN-MICHEL APHATIE
Une réflexion est en cours mais elle va aboutir ou pas ? Parce que là, les élections législatives…

MARC FESNEAU
Pardon, ça c'est indépendant d'ailleurs du calendrier que j'évoquais sur la question des retraites. Il faut qu'on regarde dans l'opinion publique et vis-à-vis des formations politiques est-ce qu'il y a d'autres formations politiques qui veulent porter ce champ-là ?

JEAN-MICHEL APHATIE
Le Rassemblement national, la France insoumise, les écologistes.

MARC FESNEAU
Oui. Et dès lors qu'il y aurait quelque chose qui relèverait non pas d'une unanimité…

JEAN-MICHEL APHATIE
Mais on le sait tout ça.

MARC FESNEAU
Non.

JEAN-MICHEL APHATIE
Il n'y aura pas d'unanimité.

MARC FESNEAU
Non, il n'y aura pas d'unanimité mais le Parti socialiste le porte depuis des années et depuis des années, il dit qu'il va le faire et depuis des années, il ne le fait pas.

JEAN-MICHEL APHATIE
Non mais vous, vous allez le faire ou pas ?

MARC FESNEAU
On va regarder dans le champ politique.

JEAN-MICHEL APHATIE
Encore regarder ? Mais ça fait des années que vous réfléchissez.

MARC FESNEAU
Non, ça ne fait pas des années.

JEAN-MICHEL APHATIE
Vous cherchez un accord avec les formations politiques actuellement ?

MARC FESNEAU
Il vaut mieux qu'on ait une ambiance politique qui dise après toutes ces réunions…

JEAN-MICHEL APHATIE
Mais vous avez des réunions actuellement ?

MARC FESNEAU
Non. Ce n'est pas au Ministre des Relations avec le Parlement du gouvernement, c'est aux responsables de partis de se parler et de regarder s'il y a un champ qui peut s'ouvrir.

JEAN-MICHEL APHATIE
Bon.

MARC FESNEAU
Dans un délai qui est court quand même, reconnaissons-le, puisque les élections législatives sont dans un peu plus d'un an. Il faut quand même que ce soit un délai qui soit raisonnable.

JEAN-MICHEL APHATIE
Donc voilà. Retraite, proportionnelle, on ne sait pas. Tout ça n'est pas très lisible.

MARC FESNEAU
Non. Retraite c'est un calendrier qui dépend du champ sanitaire ; proportionnelle c'est un calendrier politique. Est-ce qu'on peut trouver un rassemblement d'une certaine façon, quelque chose qui donne une ambiance qui permette d'avancer sur ce sujet ? Après on prendra nos responsabilités.

JEAN-MICHEL APHATIE
Merci Marc FESNEAU d'accepté l'invitation de LCI.

MARC FESNEAU
Merci à vous.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 11 janvier 2021