Texte intégral
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R - Oui, nous avons échangé via la Commission européenne qui, je le rappelle, défend nos intérêts communs dans l'achat des vaccins dès la fin de semaine en France, avec le ministre de l'industrie pour limiter ces retards et d'abord pour clarifier la situation. Cela a été fait hier par l'entreprise Pfizer et son partenaire BioNTech, en disant que les retards seraient limités à une semaine. C'est pour adapter l'outil industriel et pour qu'ensuite la production se fasse plus rapidement. Donc, on aura une production sans doute un peu réduite, la semaine prochaine, et on reprendra le rythme de production normale dès le 25 janvier ; c'est l'engagement qui a été pris par l'entreprise, suite aussi aux pressions que nous avons mises en commun, en Européens. Puis, le rythme a annoncé l'entreprise, s’accélérera à partir de la mi-février. Donc, au total, je pense que l'on reprendra plus vite et plus fort, après une semaine, nous avons essayé de réduire les choses au maximum, avec une réduction de cadence la plus limitée possible.
Q - La semaine prochaine, la France attend une livraison de la part de Pfizer BioNTech de 520.000 doses très précisément, finalement cette livraison ne sera pas totalement honorée, ou alors partiellement ?
R - Le total qui a été commandé par la France, notamment sur le premier trimestre sera honoré et la semaine prochaine, nous déterminerons le montant exact, il y aura sans doute un peu moins que les 520.000 doses supplémentaires qui devaient être livrées, mais le rythme qui a été contractualisé de 500.000 doses par semaine sera repris, dès la semaine du 25 janvier et accéléré à partir de la mi-février.
Q - D'accord, il y a une baisse, là, quand même.
R - Pour être très concret, il y a un creux et il y a une remontée ensuite. Il vaut mieux que le creux arrive maintenant que nous avons encore du stock, plutôt qu'au moment où la phase d'élargissement de la vaccination qui commence lundi pour les plus de 75 ans et puis ensuite qui augmente, s'ouvre.
Q - Justement, vous dites que l'on a encore du stock, mais le conseil scientifique demande une accélération de la vaccination, compte tenu, notamment, des différents variants qui arriveraient de pays étrangers. Vous l'avez dit, vous-même, effectivement, les plus de 75 ans vont pouvoir se faire vacciner, dès la semaine prochaine. Quand même, n'êtes-vous pas inquiet des conséquences de ce retard même si il n'aurait qu'une semaine ?
R - Non, si ce retard est limité comme ceci, je crois que l'on n'a pas un vrai problème. Mais vous avez raison, nous sommes vigilants, c'est notre responsabilité. Le but n'est pas de ralentir la production, c'est de l'accélérer. C'est ce que nous avons fait au niveau européen en commandant d'ailleurs pour Pfizer BioNTech, plus de doses, nous sommes passés d'un contrat total de 300 millions de doses à 600 millions de doses. Ce sera honoré et cette augmentation massive va se faire dès le deuxième trimestre et je le répète la semaine prochaine, je le regrette, et on s'en est expliqué avec l'industriel pour limiter les choses, il y a ce petit creux, et une reprise dès le 25 janvier, c'est l'engagement qui a été pris et annoncé publiquement hier et l'accélération à partir de la mi-février.
Q - Ces retards sont-ils acceptables de la part d'un laboratoire qui fabrique des vaccins, qui s'engage, j'imagine, par contrat, à les livrer à une certaine date, il s'agit de santé publique ; peut-on accepter ce type de souci ?
R - On ne peut pas accepter de ne rien faire, c'est pour cela que quand la nouvelle a été connue en fin de semaine, nous avons échangé, mis la pression, échangé avec la Commission européenne, échangé avec les industriels pour que les choses ne soient pas acceptées telles quelles. C'est pour cela que nous avons pu limiter les choses. Je comprends que c'est lié à une adaptation de l’outil industriel qui ensuite permet d'accélérer la cadence, mais je vous assure qu'à chaque fois nous sommes très vigilants et avec une très forte pression sur les industriels, avec Agnès Pannier-Runacher, le ministre de l'industrie, pour que cela reprenne le plus vite possible et que cela accélère.
Q - Vous êtes très vigilant, Clément Beaune, on vous entend, vous êtes très vigilant, pression, coups de fil directs au laboratoire, mais pour la semaine prochaine, vous n'avez pas de chiffre précis ce matin à nous donner sur le montant des livraisons ?
R - C'était, vous l'avez rappelé, 500.000 doses, un tout petit peu plus que prévu, on essaie de réduire l'impact de ce petit problème d'ajustement industriel, j'espère que ce sera de l'ordre de quelques dizaines de milliers de doses mais on n'a pas encore...
Q - Plutôt 400.000 ?
R - Je ne peux pas vous dire un chiffre définitif parce que, surtout ce qui est important, c'est que cela n'aura pas d'impact la semaine prochaine sur le rythme de la campagne de vaccination, parce que nous avons un peu d'avance dans les doses, c'est quand même très important.
Après il faut que l'on accélère la production industrielle, parce que, ce qui va se passer, c'est qu'il y aura de plus en plus de gens qui vont accéder au vaccin et c'est tant mieux, et il faut que la production suive. Je voudrais quand même être très rassurant sur ce point, pour la semaine prochaine, cela ne ralentit pas la campagne de vaccination.
(...)
Q - Pourquoi, finalement, ne pas faire comme l'Allemagne et ne pas commander directement, c'est-à-dire sans passer par l'Europe, des doses de vaccin, par exemple, au laboratoire Moderna ? Pourquoi la France ne prend-elle pas cette précaution de commander plus de vaccins ?
R - Je voudrais revenir là-dessus parce qu'il y a eu beaucoup de mensonges, de contrevérités ou de rumeurs. L'Allemagne a, je crois, été tentée par des commandes nationales, à côté des commandes européennes. On a discuté avec l'Allemagne et on pense que c'est une mauvaise idée.
Q - Pourquoi ?
R - Parce que l'on affaiblit le cadre européen, en faisant cela. Si chacun commence à dire que ça ne l'intéresse pas de commander ensemble et qu'il commande de son côté, c'est l'un ou l'autre !
Q - Oui, mais les populations ?
R - Attendez, justement, le but est de commander le maximum bien sûr, de commander encore plus et encore plus et d'accélérer la production. Le faire au niveau européen, j'insiste là-dessus, ce n'est pas une contrainte ou ce n'est pas une procédure bureaucratique imposée par l'extérieur, c'est nous qui avons fait ce choix en commun avec l'Allemagne, parce que cela permet de commander plus, plus sûr, moins cher et plus vite. Cela, j'y insiste beaucoup. Regardez ce qui s'est passé vendredi : quand un industriel (Pfizer) dit qu'il a un retard, on a mis la pression parce qu'on a 600 millions de doses commandées avec cet industriel donc on a un moyen de pression, on est client, on paie, l'Europe paie pour ces doses. Donc, je veux tordre le cou à ce mythe, si vous commandez tout seul, vous n'êtes pas plus fort, vous payez plus cher et vous êtes moins fort dans la négociation.
Par ailleurs, et j'insiste aussi là-dessus parce qu'il y a eu beaucoup de fausses nouvelles ou de rumeurs inexactes sur ce sujet, on a aussi une autorité commune qui valide les vaccins, cela va plus vite.
Q - Justement, une autorité commune, dernière question très rapidement avant le rappel des titres, pour AstraZeneca, l'agence du médicament va examiner la demande le 29 janvier prochain, confirmez-vous cette date et êtes-vous optimiste ?
R - Oui, je suis optimiste, je précise les choses, nous avons accéléré. 12 janvier, dépôt du dossier Astrazeneca, donc un troisième vaccin, et fin janvier en effet, et c'est sous l'autorité d'un comité scientifique, c'est lui qui décidera, mais nous avons bon espoir que fin janvier, soit autorisé un troisième vaccin, j'insiste, c'est encore 400 millions de doses supplémentaires que nous avons commandées en européens, et à chaque fois pour la France, c'est environ 15%, donc plus de 40 millions de doses supplémentaires.
Q - L'invité du "8h30 France info" est Clément Beaune, le ministre des affaires européennes. Nous sommes avec Jean-Jérôme Bertolus, chef du service politique de France info. On va parler de la question des contrôles aux frontières, question évidemment essentielle dans cette crise, Clément Beaune. Jean Castex en a parlé au cours de sa conférence de presse jeudi dernier, pour annoncer un renforcement de ces contrôles. On écoute le Premier ministre : "A compter de lundi, tous les voyageurs qui souhaitent venir en France, en provenance d'un pays extérieur à l'Union européenne, quel qu'il soit, devront effectuer un test avant de partir. De plus, les personnes concernées devront s'engager sur l'honneur à s'isoler pendant sept jours, une fois arrivées en France, puis à refaire un deuxième test PCR, à l'issue". Voilà ce que disait le Premier ministre. Clément Beaune, est-ce qu'il faut imposer un passeport vaccinal ?
R - Alors d'abord je ne veux pas qu'on confonde les choses, c'est très différent le passeport vaccinal...
Q - Oui on va venir au contrôle aux frontières. Mais d'abord après tout, c'est peut-être le plus simple, le passeport vaccinal ?
R - Moi, je vais dire, nous sommes très réticents à cette idée. De quoi parle-t-on exactement ? Si on dit un passeport, un papier, un document, qui vous autorise en l'occurrence, par exemple, à voyager en Europe, je crois que c'est un débat qui est très prématuré. Pourquoi ? D'abord, on sait que le vaccin est sûr scientifiquement, qu'il a des effets bénéfiques, on ne sait pas encore tout son impact sur la transmission du virus. Donc, il faut quand même faire la clarté complète sur ce point. D'autre part, on est dans une phase, partout en Europe, pas seulement en France, de montée en puissance de la campagne de vaccination. Pour l'instant, vous le savez, il y a quelques centaines de milliers de personnes dans chaque pays, en Allemagne, en Italie, en France, qui sont vaccinées, plutôt les personnes les plus âgées, les plus vulnérables. Tant que vous n'êtes pas rentrés dans une phase grand public de la vaccination où tout le monde a accès, ce qui arrive plutôt au printemps, eh bien, je crois que dire aux gens "votre activité est limitée à cela", alors que l'on n'a pas encore l'accès généralisé au vaccin, ne marche pas, pour être très clair. Donc, c'est un débat que certains pays européens ont ouvert, notamment la Grèce, pour être concret, parce qu'ils pensent à la saison touristique, on peut comprendre. C'est un débat qui aujourd'hui, je crois, n'a pas lieu d'être, et je crois qu'il serait choquant de dire, alors qu'on débute encore partout cette campagne de vaccination en Europe, qu'il y a un passeport avec des droits plus importants pour certains que pour d'autres, ce n'est pas notre conception de la protection et de l'accès au vaccin.
Q - Alors, on l'entend bien, vous êtes clair sur cette question. Les Français, quand même, ce matin dans Le Parisien, via un sondage IFOP, s'y montrent très favorables. Et vous citiez la Grèce, Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, a reçu très favorablement la demande de la Grèce. Cela veut dire que pour vous, Clément Beaune, ministre des affaires européennes, lors du prochain Conseil européen, il n'y a même pas matière à discussion autour de ce passeport vaccinal ? C'est la semaine prochaine le conseil européen.
R - La semaine prochaine, il y a un Conseil européen, des chefs d'Etat et de gouvernement, auquel participera le Président de la République. Moi, je préparerai cette réunion dès demain matin avec les ministres des affaires européennes. C'est une idée, on sera clairs là-dessus, sur laquelle la France considère qu'on ne doit pas ouvrir le débat, maintenant. Encore une fois, j'insiste, parce que les termes sont importants, je pense qu'on mélange des notions. Le sondage que j'ai vu, il est intéressant, parce que je crois qu'il montre quoi ? Il montre une impatience, les gens disent "Je veux retrouver une activité, je veux pouvoir aller au restaurant, trouver une activité sociale". Là, on parlait de déplacements en Europe avec la proposition de Mme von der Leyen. C'est deux choses un peu différentes, mais je crois que cela veut dire qu'il faut mener cette campagne de vaccination, l'accélérer. Quand l'accès au vaccin sera généralisé, cela sera un sujet différent.
Q - Parlons des contrôles aux frontières, cela intéresse tout le monde, enfin en tout cas ayons une vision très pratique de ces contrôles. Le Premier ministre a annoncé, pour les voyageurs qui arrivent hors de l'Union européenne, un test, 72h avant, négatif, bien sûr, un isolement, ou plutôt exactement une attestation sur l'honneur de s'isoler une fois arrivé sur le sol national pendant sept jours, et un autre test. Première précision, le Premier ministre n'a pas spécifié ça, mais est-ce que c'est un test PCR dont on parle, notamment quand on est dans le pays, avant de rejoindre la France, ou est-ce qu'un test antigénique, cela marche aussi ?
R - Le Premier ministre l'a précisé dans sa conférence de presse, c'est un test PCR.
Q - Non il ne l'a pas précisé. Pour le deuxième test oui, il a précisé test PCR, mais pour le premier test il ne l'a pas précisé.
R - Alors il me semble bien que si pour le premier test, c'est un test PCR qui doit être négatif, et fait au départ, avant le voyage, et avant l'arrivée éventuelle sur le sol national. Et il y a cette mesure supplémentaire, effectivement, qui est une quarantaine, de sept jours, que l'on demande à chacun de respecter.
Q - Ces contrôles aux frontières, est-ce qu'on n'y vient pas très tardivement tout de même par rapport à nos voisins ?
R - Non je vais être très précis, les frontières, hors Schengen, hors Europe, elles sont fermées, par principe. C'est une initiative que la France a prise depuis le 17 mars de cette année. Elles n'ont pas rouvert. Il y a eu quelques pays, pendant l'été, qui étaient sur ce que l'on appelait une liste verte, c'est-à-dire qui avaient une situation épidémique favorable, et on a donné des exceptions. Mais le principe, qui vaut depuis mars, et qui est toujours en application, alors je tiens à le dire parce qu'il n'y a pas de laxisme, c'est la fermeture des frontières, hors Europe. Il y a quelques exceptions pour nos ressortissants, et maintenant on le précise et on l'applique pour tout le monde, y compris nos ressortissants, il y a une obligation de test avant le départ.
Q - Alors, revenons, quand même, revenons à la séquence, donc test PCR avant le départ, auto-isolement. Mais ça veut dire quoi un "auto-isolement" ? Est-ce que vous avez les moyens, est-ce que la France, l'Etat français a les moyens de contrôler cet auto-isolement ?
R - Alors, je vais le dire, d'abord, c'est ce qui se passe avant qui est le plus important. On n'a pas le droit, sauf cas exceptionnel, de rentrer quand on vient du hors Schengen, hors Europe, en France. Il faut une bonne raison, par exemple, être un ressortissant français qui rejoint sa famille, son pays. Il y a le test avant le départ, obligatoire, négatif, évidemment, récent, de moins de 72h. On a ajouté cette mesure de quarantaine. Il faut trouver un équilibre, il faut être clair, pragmatique, est-ce que vous pouvez mettre tout le monde sous vérification policière dans un hôtel ? Non. Est-ce que vous pouvez appeler à la responsabilité des gens, encore une fois, en plus de la vérification pour le coup systématique du test, à faire cette mesure supplémentaire de protection civique et de responsabilité, c'est ce que nous faisons. S'il faut aller plus loin, on verra, mais je crois que le cumul des trois, fermeture par principe et dérogations rares, test au départ obligatoire négatif récent, et cette mesure supplémentaire, on appelle à la responsabilité de chacun, mais on a peu d'arrivées, aujourd'hui. Je crois que cet ensemble-là, il est protecteur, il n'est pas laxiste.
Q - Clément Beaune, cela va être le même dispositif, c'est-à-dire dérogations rares, auto-isolement, voire isolement contraint peut-être, pour les outre-mer, je pense spécifiquement à Mayotte, La Réunion, la Guyane, qui sont, véritablement, sous la menace de ces variants sud-africains et brésiliens maintenant ?
R - Alors le Premier ministre a annoncé d'ores et déjà jeudi dans sa conférence de presse, un certain nombre de mesures pour ces territoires, pour éviter la circulation du virus dans ces territoires, notamment la Guyane qui est très exposée avec sa proximité avec le Brésil, par exemple. Et on verra, ce n'est pas à moi de le dire parce que c'est trop tôt, peut-être qu'il peut y avoir, puisque chaque semaine on fait une évaluation, des mesures supplémentaires de renforcement.
Q - C'est-à-dire ?
R - Qui peuvent être de l'ordre de la quarantaine...
Q - De la quarantaine obligatoire ?
R - C'est une possibilité, je ne le sais pas...
Q - Parce que la loi le prévoit, éventuellement, pour les territoires ?
R - La loi le prévoit éventuellement. C'est une décision qui ne m'appartient pas, qui appartient au ministre des outre-mer, au ministre de la santé, au Premier ministre, on verra dans les prochains jours, mais on a déjà annoncé, je le rappelle, des mesures de renforcement des contrôles, dans les territoires d'outre-mer, notamment la Guyane, La Réunion, Mayotte.
Q - Nous parlons du renforcement des contrôles aux frontières. Ces contrôles aux frontières n'arrêtent pas les variants du coronavirus. Manifestement, ils passent quand même, ils sont arrivés en France.
R - Il faut être cohérent. On ne peut pas demander les deux. Je pense qu'il faut être clair : ce n'est pas le seul contrôle des frontières qui arrête l'épidémie, variants ou pas variants. Et donc, il ne faut pas reposer sur cette seule mesure, mais contrôler les frontières et notamment la fermeture des frontières hors Europe, hors Schengen, c'est un outil. Qu'on assume encore une fois depuis le printemps dans la lutte contre le virus, et aujourd'hui encore plus nécessaire - c'est pour cela qu'on a renforcé ces mesures de test au départ, avec la multiplication de variants dont on sait qu'ils circulent plus vite.
Q - Et, Monsieur le Ministre, et Schengen, puisque vous abordez Schengen, Conseil européen vous l'avez dit en fin de semaine prochaine. Qu'est-ce que la France va demander ? Que finalement les pays de Schengen soient tous considérés en zone écarlate, et que ce qui est appliqué aux pays hors Schengen, que vous avez détaillé juste avant le rappel des titres - test PCR 72 heures avant de partir, auto-isolement et test PCR au bout de l'auto-isolement - le soit aussi pour les pays de l'Union européenne ? C'est ce que va demander la France ?
R - Ce que fait la France en ce moment - c'est pour cela que nous n'avons pas annoncé de mesure jeudi dernier pour les pays de l'espace européen (je dis l'espace européen, parce que cela compte, cela couvre aussi par exemple la Suisse qui fait partie de Schengen, et il y a beaucoup de frontaliers). D'abord, je veux le préciser parce que c'est important : quoi qu'il arrive, nos travailleurs frontaliers - il y en a 350.000 chaque jour qui vont en Suisse, au Luxembourg, etc...- pourront continuer à circuler. Cela est vital : c'est leur vie quotidienne. De même que l'on peut aller travailler, ils peuvent continuer à travailler, c'est important.
Et nous envisageons, effectivement, de renforcer au sein de l'espace européen, des mesures de contrôles. Pas de fermeture des frontières, parce que justement, notamment pour les frontaliers, on a besoin que les marchandises circulent, que les travailleurs puissent aller travailler, etc... Mais oui, c'est une possibilité. Pourquoi ne l'avons-nous pas annoncé ? Parce que nous menons une concertation avec ces pays européens. Demain matin une réunion des ministres des affaires européennes, à laquelle je participe. Jeudi, au niveau des chefs d'Etat et de gouvernement, une discussion. Donc, c'est dans ces jours-ci que nous déciderons.
Il est possible aujourd'hui - nous avons un cadre européen - d'imposer des tests entre pays européens avant de circuler. Encore une fois, pas pour les frontaliers, c'est sûr. Mais, par exemple, aujourd'hui, si vous allez de Paris à Berlin en avion, l'Allemagne exige depuis quelque temps un test avant le départ négatif. Nous pouvons faire la même chose, c'est juridiquement possible, et nous concertons ces mesures renforcées avec nos partenaires européens. Pourquoi ? Parce que c'est plus cohérent et plus logique. Tout le monde compare, c'est normal de faire cela ensemble. Et puis, on vérifie aussi le type de test que l'on peut exiger. Parce qu'il y a un point qui est technique mais qui est important : les tests PCR, cela existe partout ; les tests antigéniques, tous les pays européens ne les reconnaissent pas encore de la même façon. Donc, nous travaillons aussi sur ce point.
Q - Tout de même, Clément Beaune, malgré toutes ces mesures, on voit ce qui se passe assez largement chez nos voisins : du reconfinement, soit total, soit partiel, dans certaines régions, on vient d'en parler il y a quelques minutes. Est-ce qu'on va pouvoir y échapper si on ne l'organise pas nous-mêmes ? Est-ce qu'on va pouvoir éviter d'être reconfiné, ou de subir un reconfinement, plutôt que de l'organiser ?
R - Le Premier ministre et le ministre de la santé ont été clairs, transparents dans la conférence de presse de jeudi. Ils ont dit : on prend des mesures renforcées - c'est ce couvre-feu en vigueur sur tout le territoire à 18 heures depuis hier, samedi. Et on pense que cela va avoir un effet, parce qu'on l'a constaté d'abord dans les départements où cela s'était appliqué. De même que le couvre-feu à 20 heures avait eu un effet aussi. Et si la situation n'était pas maîtrisée, nous devrions prendre des mesures supplémentaires. Mais ce n'est pas la perspective et nous cherchons à l'éviter.
Je tiens à préciser qu'il n'y aucun laxisme non plus. Parce que vous montrez la cohérence. Certains disent : il faut confiner, il faut tout mettre sous cloche parce qu'il faut maîtriser tout comme c'est maintenant. D'autres nous disent : c'est très dur pour l'économie, pour la vie en général, de faire des mesures aussi difficiles d'ores et déjà. On a été plus strict plus tôt que les autres pays européens. Je rappelle - pour faire une comparaison, il faut être précis -, en octobre, novembre, jusqu'à mi-décembre, nous avons pris des mesures d'abord de couvre-feu plus tôt que nos voisins, plus tôt que l'Allemagne ou l'Italie, nous avons pris pendant quatre semaines, vous le savez, des mesures de confinement, puis un deuxième confinement. Et cela a tout de même été dur pour nos commerçants, pour les Français en général.
Il faut en tenir compte aussi de cet effort qui a été fait. Et qui nous a permis d'avoir une situation épidémique - je ne me réjouis pas du malheur des autres, mais - meilleure que chez nos voisins européens au moment des fêtes, début janvier... Et encore aujourd'hui, nous avons une situation - il faut être prudent, vigilant - meilleure, en moyenne, que celle de nos partenaires européens.
Q - En même temps, vous dites : pas de laxisme ; et vous avez dit : on ne va pas, effectivement, les travailleurs frontaliers - vous avez cité le chiffre, entre 350.000 et 400.000 Français travaillent dans les pays limitrophes chaque jour. Mais vous n'allez pas prendre une initiative par rapport à ces travailleurs frontaliers ? Je ne sais pas : en matière de plus de tests, par exemple, ou, voire, plus de vaccins ? C'est-à-dire que d'un côté, vous allez accroître le contrôle des frontières, et de l'autre, les travailleurs frontaliers ne vont pas devenir une nouvelle priorité ?
R - Mais bien sûr, il faut une priorité. D'abord parce qu'il faut tenir compte de leur situation spécifique.
Q - Oui, mais est-ce qu'en matière sanitaire, vous n'allez pas prendre une initiative ?
R - Alors en matière sanitaire, je tiens à préciser d'abord : la circulation des travailleurs frontaliers, c'est important parce que ce n'est pas du luxe. C'est leur vie quotidienne, ils en dépendant pour travailler. C'est comme si on vous interdisait à vous de travailler dans Paris. On ne va pas faire cela.
2/ Il peut y avoir - on en discute avec certains pays - dans les zones frontalières des mesures de dépistage, de tests renforcés, parce qu'il y a plus de circulation. Après, je pense qu'il ne faut pas - je ne suis pas ministre de la santé - mais il ne faut pas fragmenter, complexifier à l'excès la stratégie vaccinale. Il y a eu des débats, vous le savez. Je pense que la force de cette stratégie vaccinale, c'est de rester cohérent dans ses principes, dans la durée, et lisible. On ne va pas fragmenter les choses par petites catégories. Il y a des personnes vulnérables, en fonction de leur maladie, de leur âge, ou d'une exposition très forte. Par exemple les personnels soignants, c'est vers eux, c'est cela notre stratégie vaccinale. On a toujours été clair depuis le début du mois de décembre sur son annonce et sur sa mise en oeuvre : on priorise.
Et dans les régions frontalières, il peut y avoir encore une fois du test, du dépistage supplémentaire, mais on ne va pas faire des catégories de travailleurs particulières...
Q - Mais cela sera tout de même au menu du prochain Conseil européen ?
R - Oui, absolument.
Q - On va en discuter avec nos amis allemands, avec nos amis belges ?
R - Absolument. Je prends un point très concret, qui concerne les travailleurs frontaliers mais qui concerne plus largement la circulation en Europe. Il faut aller progressivement vers une reconnaissance mutuelle des tests antigéniques. Donc, on travaille à une liste européenne de tests antigéniques qui seraient reconnus. Parce que, encore une fois, les tests PCR, c'est une technique bien établie, reconnue partout ; les tests antigéniques...
Q - Mais pourquoi ne pas exiger des tests PCR et non pas antigéniques ?
R - Vous avez raison. C'est ce à quoi on réfléchit. Si on exige des tests entre pays européens, on va autoriser bien sûr les tests PCR dans cette hypothèse, parce que, encore une fois, ils sont fiables et reconnus partout. Et on réfléchit - mais il faut que cela soit harmonisé - à une liste de tests antigéniques qui seraient reconnus mutuellement partout en Europe. Aujourd'hui, ce n'est pas encore le cas. Donc aujourd'hui, je prends un exemple très concret, entre la France et l'Irlande, si vous voulez exiger un test départ : PCR, cela marche, puisqu'on a les mêmes ; antigéniques : cela ne marche pas, aujourd'hui, parce que l'Irlande ne reconnaît pas encore les tests antigéniques, voilà.
Donc, on essaie d'être le plus concret possible, protecteur, même au sein - je le précise - même au sein de l'espace européen. D'ores et déjà, il peut y avoir des contrôles dans les zones frontalières, etc... pour vérifier que la circulation est justifiée. Donc, on n'a pas du tout attendu ces jours-ci pour prendre des mesures dures vis-à-vis de nos frontières extérieures, plus souples, parce que c'est notre bassin de vie, entre les pays européens, mais tout de même, avec des contrôles.
Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 19 janvier 2021