Texte intégral
Q - Jean-Baptiste Lemoyne, manifestement, pour les territoires d'outremer, la crainte, c'est surtout les variants que l'on a pour la Guyane, le variant amazonien avec la proximité du Brésil, pour Mayotte c'est le variant sud-africain et pour la Réunion également, pour Guadeloupe et Martinique, c'est le variant anglais. Que sait-on sur ces variants ? A-t-on les moyens de les détecter, et les mesures que vient d'évoquer Thomas Cluzel pour permettre d'endiguer sont-elles suffisantes ?
R - Effectivement, nous sommes maintenant dans cette phase de la lutte contre le virus où il y a une attention redoublée qui doit être portée à ces variants, d'une part parce que le variant britannique est beaucoup plus fortement contagieux que le COVID-19 ordinaire, si je puis dire, toute contagiosité accrue de 30 à 70% d'après le ministre de la santé, et par ailleurs, des études sont en cours sur le variant sud-africain qui pourrait s'avérer plus dangereux ; et donc, études pour comprendre dans quelle mesure les vaccins seront capable de lutter efficacement contre ce variant.
Face à ce contexte, il est important de se prémunir, en tout cas de prendre le maximum de mesures pour freiner sa diffusion ; vous l'avez dit, un premier cas du variant sud-africain a été détecté à la Réunion, un autre à Mayotte, et par conséquent, les mesures ont été prises pour faire en sorte qu'on limite l'expansion de ce phénomène. Ce sont effectivement des mesures très strictes, parfois une suspension des liaisons maritimes et aériennes dans le cas de Mayotte. Ce sont des mesures qui sont dures, mais on a besoin de ces mesures pour lutter avec efficacité contre ces variants.
Q - Et pour ce qui est de la détection de ces variants ? On sait qu'il n'y a qu'un test, a priori, qui permette de les détecter. A-t-on les moyens de faire un état des lieux sanitaires en quelques sortes ou quelque chose qui approcherait ?
R - En tous les cas, les techniques et les technologies sont là, à la Réunion par exemple pour détecter ce type de variant, mais nous devons prendre toutes les précautions et c'est pourquoi, y compris pour les Antilles, ces mesures de tests et d'isolement ont été prises. Heureusement, pour ces territoires, les vacances de Noël ont permis néanmoins, à une économie touristique de tourner un peu. C'est vrai que par exemple, des Français qui, initialement, avaient envisagé de partir aux sports d'hiver, ont réorientés leur choix vers les Antilles ou vers la réunion, mais aujourd'hui, la sécurité sanitaire doit primer.
Et nous sommes conscients de l'impact sur les économies de ces territoires. J'ai moi-même tenu un comité de filière tourisme avec les Antilles, c'était il y a une quinzaine de jours et c'est pourquoi nous serons toujours aux côtés des acteurs avec un soutien dans la durée, avec les dispositifs d'aide que nous avons mis en place et que Bruno Le Maire a rappelés jeudi encore et qui ont été renforcés.
Q - Vous ne craignez pas que l'afflux de touristes qu'il y a pu avoir dans certains territoires, comme la Martinique ou la Guadeloupe au moment des fêtes ait justement permis la diffusion du virus ?
R - Ecoutez, c'est dur de reconstituer l'histoire, mais ce qui est sûr, c'est que, par exemple, pour se donner le maximum de chances de lutter contre cela, la préfecture à la Réunion a demandé à ce que tous les voyageurs qui, ces quatorze derniers jours ont voyagé à Mayotte, aux Comores, au Mozambique, dans l'environnement régional, fassent d'eux-mêmes des tests pour s'assurer qu'ils n'aient pas été contaminés. Donc, vous le voyez, le maximum de précautions ont été prises par les autorités préfectorales.
Q - En ce qui concerne la vaccination pour les territoires d'Outre-Mer, cela démarre un peu plus tardivement ?
R - Il y a un schéma de vaccination qui est national. Le ministre des Outre-mer et le ministre de la santé font en sorte que cela se déploie de la même façon Outre-Mer. Ce qui est sûr, c'est que de façon générale - j'entendais des reportages et l'impatience exprimée ici ou là - il faut voir d'où l'on vient. En neuf mois, des vaccins ont été trouvés. C'est une sorte de prouesse scientifique, et aujourd'hui, on le voit en France, la vaccination se déploie : 800 centres... J'étais la semaine dernière dans le département de l'Yonne où l'on a dans les EPHAD administré le vaccin. Je peux vous dire que la montée en puissance est là. Maintenant, il y a également, on le voit, des contraintes de production, qui font que tout le monde ne peut pas être vacciné dans le monde entier au même moment, à la même minute. Et donc, tout le monde fait du mieux possible, les élus locaux pour les lieux, le gouvernement et l'Union européenne pour l'approvisionnement en doses. Maintenant, cela va se faire de façon progressive.
Q - Une toute dernière question sur les stations de ski, les stations de sport d'hiver. Il y a une clause de revoyure qui est fixée au 20 janvier, dans deux jours, donc. À quoi peuvent-elles s'attendre ?
R - Réponse, effectivement, les 20 et 21 janvier. 20 janvier : conseil de défense, au cours duquel ce point sera discuté. Pour préparer cette discussion, je rencontre, tout à l'heure, à 13 h 30, les acteurs du monde de la montagne, les remontées mécaniques, les élus, les écoles de ski. On sait combien le mois de février est important. Mais on doit aussi composer avec ces variants qui n'étaient pas prévus au mois de décembre, qui sont apparus fin décembre-début janvier, et c'est naturellement la situation sanitaire qui devra guider toutes les décisions.
Ce que je sais, c'est que le monde de la montagne est un monde de gens courageux, qui se sont préparés méticuleusement, et c'est pourquoi, compte tenu du manque à gagner d'ailleurs aux vacances de Noël, on a mis en place des aides massives, parce que l'on doit maintenir l'économie de ces vallées. Et donc, à défaut de remontées mécaniques, il est important de venir avec des réponses sonnantes et trébuchantes, parce que ce sont des gens qui ont une saisonnalité extrême dans leur économie.
Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 19 janvier 2021