Texte intégral
ROMAIN DESARBRES
Bienvenue à tous. Tout de suite Laurence FERRARI reçoit Agnès PANNIER-RUNACHER, Ministre déléguée à l'Industrie.
LAURENCE FERRARI
Bonjour Madame la ministre.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Bonjour Laurence FERRARI.
LAURENCE FERRARI
Bienvenue dans La Matinale de CNews. Vous êtes en charge de l'achat des vaccins au gouvernement. On a besoin de vous entendre ce matin. Le laboratoire PFIZER a annoncé un retard dans la livraison aux pays européens. Dans quelle mesure serons-nous pénalisés en France ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors nous avons beaucoup discuté avec PFIZER, notamment au niveau de la Commission européenne et des Etats membres et nous avons maintenant un calendrier de livraisons. Ce calendrier de livraisons prévoit une baisse de livraisons la semaine prochaine.
LAURENCE FERRARI
De combien ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
De 140 000 doses et à partir de la semaine d'après, nous aurons 520 000 livraisons chaque semaine. Quand je dis la semaine prochaine, c'est celle qui commence à partir d'aujourd'hui.
LAURENCE FERRARI
D'accord. Donc c'est une baisse de quoi ? De 400 000 par rapport aux 500…
AGNES PANNIER-RUNACHER
Non, 140 000. Une baisse de 140 000 doses cette semaine donc et à partir de la semaine prochaine, 520 000 doses par semaine comme cela était prévu initialement.
LAURENCE FERRARI
Jusqu'à quand ces 520 000 doses hebdomadaires seront livrées de PFIZER ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Nous reprenons le calendrier initial et nous rattrapons à la fin du premier trimestre le retard de cette semaine, donc les fameuses 140 000 doses qui n'auront pas été livrées.
LAURENCE FERRARI
Donc ce que vous nous dites, c'est quasiment indolore si on est autour de 100 000 doses non livrées.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Ce que je vous dis, c'est qu'effectivement PFIZER nous garantit quelque chose de quasiment indolore. C'est très important mais nous serons extrêmement vigilants. Nous sommes en train de travailler avec les autorités sanitaires belges puisque c'est un souci sur l'usine belge au moment de la montée, de l'accélération des capacités de production parce que c'est un, je dirais, un challenge industriel énorme qui est en train de se jouer pour augmenter le nombre de doses. Vous savez que la Commission européenne a sécurisé 600 millions de doses PFIZER pour l'ensemble de l'Europe. C'est plus qu'aucun continent au monde…
LAURENCE FERRARI
Même les Etats-Unis ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Les Etats-Unis sont à 200 millions de doses donc on voit bien que les Européens vont être équipés mais pour assurer la production de ces doses, il faut pousser les machines, lancer les différents sites et ça prend du temps. Parfois il y a des petits incidents et c'est ce qui s'est passé ici.
LAURENCE FERRARI
Donc vous êtes rassurante et rassurée par ce que vous a dit PFIZER.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Je suis rassurée mais vigilante.
LAURENCE FERRARI
Très bien. Combien de doses est-ce que nous avons au global ? Est-ce qu'on peut avoir un ratio entre ce que nous avons dans nos frigos et ce qui va encore nous être livré ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors nous avons commandé plus de 3,5 doses par Français. Ce sont des précommandes sur des candidats vaccins qui ne sont pas encore arrivés.
LAURENCE FERRARI
Et à l'instant T, combien est-ce que nous avons de doses ? On sait qu'il y a environ 422 000 Français qui ont été vaccinés depuis le début du lancement.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Tout à fait.
LAURENCE FERRARI
Est-ce qu'on a bien un million six cent mille doses ou c'est plus, ou c'est moins ? On n'a pas vraiment d'état.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Un million six cent mille doses dans les frigos, c'est ce qui a été livré mais vous avez 420 000 Français qui ont été vaccinés donc vous faites le calcul et vous ajoutez ces livraisons hebdomadaires, 380 000 doses cette semaine de PFIZER plus à peu près 50 000 de MODERNA. La semaine prochaine, 520 000 doses. Et donc chaque semaine, vous faites la différence entre le nombre de doses livrées, le nombre de personnes vaccinées. Nous sommes encore en train d'augmenter les vaccinations, Olivier VERAN l'a bien dit, donc à un moment, nous serons en saturation d'utilisation de nos doses.
LAURENCE FERRARI
C'est-à-dire qu'on ne pourra plus les administrer ou les commander ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Non. On continuera à les administrer. Je veux dire qu'on utilisera toutes les doses livrées et c'est très exactement ce qui nous est demandé. C'est d'être à pleine puissance de façon à avoir le maximum de vitesse de vaccination. Vous avez la première dose, il faudra organiser la deuxième dose donc nous allons augmenter l'administration de doses encore toute cette semaine et ensuite, toutes les doses qui arriveront seront administrées aux Français.
LAURENCE FERRARI
Est-ce que justement nous recevons moins de doses parce que nous sommes incapables de les utiliser dans des brefs délais ? On a beaucoup de stocks dans nos frigos. Est-ce que c'est un ratio qui se fait comme ça ou pas du tout ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Non, c'est un ratio qui est populationnel donc ça n'a rien à voir avec la vitesse de vaccination. Comme vous le pouvez le voir, la France continue à monter en vaccination. L'Allemagne a dû un peu redescendre précisément parce qu'ils étaient partis très forts mais, justement, ils ont eu à un moment un petit problème d'ajustement. Donc chacun se rôde et ce qui est sûr, c'est qu'à la fin du mois, un million de Français seront vaccinés, que notre objectif est de vacciner 15 millions de Français à la fin du mois de juin.
LAURENCE FERRARI
A la fin du mois de juin, d'accord. Parce qu'il y a beaucoup de ministres qui ont dit d'autres chiffres mais ça, c'est le chiffre officiel.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Tout à fait.
LAURENCE FERRARI
Les élus locaux néanmoins disent leur inquiétude parce qu'ils ont mis sur pied en un temps record des centres de vaccination, et qu'aujourd'hui il y a des centaines de personnes qui ont pris rendez-vous. Déjà des rendez-vous qui s'étalent jusqu'au mois de mars pour les personnes prioritaires cette semaine, c'est-à-dire les plus de 75 ans et pathologies graves. Et qu'ils n'ont pas les doses, donc en fait ils ont mis en place leur centre pour pas grand-chose.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors c'est plutôt le contraire. C'est-à-dire que le ministère de la Santé avait comme objectif de mettre sur pied 600 centres de vaccination pour la fin du mois. Nous sommes aux alentours du 20 janvier et vous avez déjà plus de 700 centres de vaccination.
LAURENCE FERRARI
Donc trop de centres et pas assez de vaccins.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Le ministère de la Santé a été très clair, c'est-à-dire le fait que les collectivités locales mettent sur pied des centres est une très bonne chose. Ça permet d'avoir des centres de proximité. Mais le nombre de doses produites par les chaînes de PFIZER ou de MODERNA n'en augmente pas pour autant. Et en tout état de cause, ce qui nous tient à coeur c'est d'avoir une répartition équitable des doses sur le territoire. Et là où nous sommes un peu affectés, c'est d'avoir des élus locaux qui voudraient en avoir plus par rapport à d'autres élus locaux. Nous, nous resterons sur une règle de répartition équitable sur les territoires comme nous l'avons fait au niveau européen.
LAURENCE FERRARI
On est dans l'attente de l'homologation du vaccin ASTRAZENECA par l'Agence européenne du médicament. C'est ce vaccin qui pourrait nous sauver la mise ou pas ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Ce vaccin devrait être examiné par l'Agence du médicament fin janvier. Il ne présente pas exactement les mêmes caractéristiques que le vaccin PFIZER et le vaccin MODERNA. Donc ce sera à l'Agence du médicament de préciser quelle est l'indication vaccinale, pour quel type de population il doit être retenu et ensuite à l'Autorité de santé de préciser vers quelle population on l'orientera, puisque chaque vaccin a des spécificités. L'ASTRAZENECA a deux caractéristiques. On en produit beaucoup très vite, ça c'est une très bonne nouvelle. Deuxième caractéristique, la logistique est plus simple. Il suffit d'un simple frigidaire pour le conserver. En revanche les performances du vaccin PFIZER et du vaccin MODERNA ne seront pas forcément atteintes par tous les autres vaccins. Nous attendons l'opinion et les recommandations des autorités de santé.
LAURENCE FERRARI
Et à qui il pourrait être destiné donc ce ASTRAZENECA, même s'il est un tout petit peu moins efficace que les autres ? Aux personnes un peu plus jeunes ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Par exemple nous sommes en train de vacciner les plus de 50 ans qui sont en première ligne. Ça peut être une indication mais je ne suis pas médecin…
LAURENCE FERRARI
En personnel soignant vous voulez dire.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Personnel soignant, pompiers, aides à domicile. Comme vous le savez, cette première ligne là peut aujourd'hui se faire vacciner en plus des personnes de plus de 75 ans et de celles qui ont des pathologies particulières.
LAURENCE FERRARI
Et ce vaccin ASTRAZENECA pourrait être précieux aussi pour toute la population de plus de 50 ans ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Elle pourrait être tout-à-fait appliquée mais, là encore, voyons ce qui va venir. On est en attente des résultats du vaccin JANSSEN qui devrait être publiés cette semaine. Très grande attente parce qu'ils ont fait un essai clinique sur une seule dose. Vous imaginez le soulagement collectif s'il n'y a qu'une dose à passer mais il faut regarder le résultat. Est-ce qu'ils sont aussi élevés que ce que nous avons avec d'autres vaccins ? C'est ça que nous allons apprendre dans les prochains jours et donc, vous le voyez, c'est une bataille où chaque jour on a de nouveaux éléments. Des éléments de montée en puissance de notre capacité de production. Je rappelle que trois sites vont fabriquer des vaccins en France pour MODERNA, pour PFIZER et un candidat vaccin qui est JANSSEN mais nous sommes aussi en attente des résultats cliniques pour savoir si on augmente le capacitaire et on peut encore augmenter nos capacités de vaccination.
LAURENCE FERRARI
Et on a commandé autant d'ASTRAZENECA que de JANSSEN, c'est ça ? C'est les deux plus grosses commandes en réalité.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Tout à fait. Et de CUREVAC. On est aux alentours de 400 millions de doses sécurisées sur ces deux vaccins. PFIZER, vous le saviez, on en avait commandé 300 donc initialement un peu moins, parce que la logistique complète de ce vaccin avait un petit peu réfréné les envies des Etats. Ça, c'était au mois d'août. Mais nous avons corrigé ce point sur la base des résultats, nous sommes aujourd'hui à 600 millions de doses commandés pour l'ensemble de l'Union européenne.
LAURENCE FERRARI
Vous avez évoqué des labos français qui vont fabriquer PFIZER et MODERNA. Est-ce que SANOFI aussi va pouvoir mettre à disposition ses chaînes de production qui ne sont pas utilisées en grande partie puisque son candidat vaccin est très retardé pour fabriquer et aider à la fabrication des vaccins PFIZER et MODERNA ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors SANOFI utilise ses chaînes de production aujourd'hui. Je rappelle que c'est le deuxième producteur de vaccins en Europe et que notamment il produit le très précieux vaccin contre la grippe.
LAURENCE FERRARI
La campagne de vaccination est terminée pour la grippe a priori.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Oui, mais il faut préparer la génération d'après.
LAURENCE FERRARI
Donc pour l'automne prochain.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Ça se prépare maintenant en production. On le voit bien, il faut bien six mois pour commencer à monter les productions.
LAURENCE FERRARI
Bien sûr.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Par contre, nous sommes effectivement en train de regarder avec SANOFI s'ils peuvent débloquer des capacités de remplissage de flacons de vaccin parce qu'ils ont des grosses capacités en la matière. Ça veut dire qu'ils doivent pousser un petit peu les murs et retarder certaines productions. Donc c'est un travail qu'ils font aujourd'hui avec deux laboratoires qui sont plus intéressés et qui cherchent des capacités de finition. Et nous nous sommes à leurs côtés, aux côtés de SANOFI mais aux côtés d'autres laboratoires parce que l'enjeu n'est pas que ce soit SANOFI, Pierre, Paul ou Jacques qui mettent à disposition leurs capacités. L'enjeu c'est d'avoir les solutions industrielles les plus efficaces. Nous avons des chaînes de production européennes. Je prends l'exemple de la France. Nous sommes très bons en remplissage qui est une opération très technique, ce n'est pas simplement remplir une bouteille de shampooing, c'est beaucoup plus compliqué. En revanche, les plus grosses capacités de production de vaccins ARN messagers sont en Suisse, en Allemagne et en Belgique et nous récupérons ces quantités pour les mettre dans du flaconnage. Donc c'est un enjeu collectif et de solidarité et il faut prendre les sites les plus gros capables de basculer plus rapidement. C'est ce que nous faisons avec SANOFI pour voir si c'est les meilleures solutions, mais nous avons d'autres contacts avec d'autres labos.
LAURENCE FERRARI
SANOFI met de la bonne volonté dans tout cela ou pas ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Oui, beaucoup de bonne volonté.
LAURENCE FERRARI
Très bien. Ces vaccins qu'on va fabriquer sur le sol français sont dans la côte part. Donc ça veut dire qu'ils ne seront pas distribués en priorité aux Français si j'ai bien compris.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Tout à fait.
LAURENCE FERRARI
Ce qui paraît bizarre quand même.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Parce qu'encore une fois, c'est une chaîne de production européenne, c'est-à-dire que vous avez plusieurs étapes et ces étapes sont réalisées dans différents pays. Si nous ne faisions que du vaccin en France, nous n'aurions pas grand-chose parce que nous n'avons pas sur certaines étapes les plus gros sites, d'où cette solidarité qui permet d'avoir beaucoup plus de vaccins. Et vous le voyez, passer de 300 à 600 millions de doses PFIZER sécurisées sur l'année, ça veut dire que nous avons été capables ensemble de mettre une organisation de production de vaccins qui double cette production. Je rappelle qu'un vaccin, c'est cinq ans de développement en recherche clinique en moyenne d'habitude, voire dix ans, et c'est douze à dix-huit mois pour caler la production industrielle. Là nous sommes en train d'enchaîner des exploits techniques collectivement, et ça ce n'est possible que si on met l'ensemble des forces dans la bataille, c'est-à-dire les meilleurs de chaque pays.
LAURENCE FERRARI
Est-ce qu'on va travailler - vous êtes la ministre de l'Industrie - justement à redonner à la France cette capacité de fabriquer sur son sol ses propres vaccins, sans attendre la Belgique, la Suisse ou je ne sais quel autre pays ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Vous avez raison de poser cette question. Moi c'est un combat que je mène avec le président de la République, avec le Premier ministre et Bruno LE MAIRE. Nous avons au mois de juin avec Olivier VERAN lancé un appel à projets pour augmenter nos capacités de fabrication de vaccins. Mais pas seulement de vaccins, également de médicaments. Je crois que tous les Français sont sensibles à ça. Nous avons aujourd'hui les trois sociétés qui vont fabriquer des vaccins. C'est parce que nous les avons accompagnées depuis le mois de juin et qu'elles vont bénéficier de financements français. De la même manière, nous avons lancé un projet avec SANOFI d'une très grande capacité de fabrication vaccinale qui puisse être mise à disposition des Français au moment d'une épidémie, puisqu'il est possible que cet événement là…
LAURENCE FERRARI
Soit récurrent.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Ne soit plus isolé dans le temps, ne soit plus un événement historique qui arrive tous les trois siècles. Cette capacité sera installée à Marcy-l'Etoile près de Lyon et c'est un investissement de SANOFI de 600 millions d'euros. Donc nous avons évidemment anticipé cette problématique et il faut qu'on continue parce que, je veux le redire ici, la désindustrialisation qui a été le marqueur des mandatures précédentes, elle a coûté un million d'emplois à la France. Elle a coûté aussi des pertes de sites industriels. Nous avons diminué par deux notre capacité à produire des vaccins, des médicaments en France. Aujourd'hui nous renversons la vapeur depuis trois ans avec le président de la République.
LAURENCE FERRARI
Il y a un sondage Ifop qui montre que 54% des Français souhaitent désormais se faire vacciner. C'est mieux, ça augmente de 15 points. Et puis il y a aussi l'idée d'un passeport vaccinal pour accéder à certains lieux et - l'avion, transport en commun - mais aussi on peut penser aux lieux de culture, aux restaurants. Est-ce que cette idée de passeport vaccina ne doit pas faire son chemin pour permettre à tous ceux qui sont à l'arrêt, en état de mort cérébrale, de reprendre petit à petit leur activité ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors, c'est une idée qui va de toute façon être instruite. Aujourd'hui le regard que nous posons sur cette situation, c'est qu'il y a très peu de vaccinés et, par ailleurs, nous avons encore une incertitude sur à quoi sert exactement le vaccin. Nous savons, ça c'est très net, qu'il est capable de limiter le risque de développer des formes graves. Ça, nous avons des résultats exceptionnellement élevés y compris en comparaison d'autres vaccins pour d'autres pathologies. En revanche, nous n'avons pas encore une assurance que ça diminue fortement la transmission du virus. Autrement dit, je peux attraper le virus, faire une forme très limitée mais je peux vous le transmettre.
LAURENCE FERRARI
Tout en ayant été vaccinée.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Tout en ayant été vaccinée. Ou en tout cas, je ne suis pas sûre que je ne vais pas vous le transmettre. Donc c'est ces données-là…
LAURENCE FERRARI
D'accord. Donc vous pouvez développer la maladie alors que vous avez été vacciné ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
C'est une possibilité qui n'est pas exclue aujourd'hui. Et l'enjeu que nous avons, c'est d'avoir des statistiques qui nous disent si le fait d'être vacciné diminue mon risque de disséminer le virus à mes voisins de 20%. Ça, ce n'est pas assez. 50%, là ça commence à être intéressant. Ou 80% et là c'est une vraie double protection, une protection pour moi et une protection pour vous.
LAURENCE FERRARI
Mais encore une fois, si on est vacciné, qu'on a un masque, on ne risque absolument pas ni de transmettre, ni de recevoir le vaccin (sic).
AGNES PANNIER-RUNACHER
C'est ce que les experts veulent vérifier.
LAURENCE FERRARI
Avec un masque, non.
AGNES PANNIER-RUNACHER
C'est ce que les experts veulent vérifier.
LAURENCE FERRARI
Avec un masque, on ne risque rien a priori.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Je ne suis pas médecin donc je vous dis que nous disent les experts, et je pense que c'est très important qu'on clarifie ces éléments-là. On a appris depuis neuf mois que certaines certitudes n'en étaient pas et on a intérêt à être extrêmement rigoureux sur les données scientifiques. Après, vous le savez comme moi, en règle générale un vaccin, il a aussi cette fonction-là de limiter la circulation du virus. La question c'est de combien, comment et quel est le vaccin le plus efficaces dans l'ensemble des vaccins qui arrivent sur le marché.
LAURENCE FERRARI
Et quand est-ce qu'on sortira de ce grand flou et quand est-ce qu'on aura des données précises ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Eh bien au fil des mois, nous aurons des données qui permettront de dire que tel vaccin est particulièrement efficace sur cet objet-là. Et vous voyez qu'on a une stratégie vaccinale qui prendra place avec les vaccins pour les personnes âgées et les plus fragiles, peut-être des vaccins en population générale qui sont peut-être plus faciles à manipuler et qui ont de meilleures performances sur la transmission. Mais là encore, je ne suis pas médecin et on travaille très serré avec les autorités et les experts pour avoir les meilleures réponses possibles.
LAURENCE FERRARI
En un mot, est-ce que vous pouvez nous assurer qu'il y aura des doses de vaccins pour tout le monde dans ce pays, pour tous ceux qui souhaitent se faire vacciner ? A terme, d'ici cet été ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Je peux vous le dire, parce qu'avec 600 millions de vaccins PFIZER, on couvre déjà très largement nos besoins. Nous avons 15% de quota populationnel, ce qui nous garantit donc 90 millions de doses. Ça permet de vacciner 45 millions de personnes. Je rappelle qu'en France, nous n'avons pas encore d'autorisation de mise sur le marché et en Europe pour les mineurs. Donc ça, c'est une question qui n'est pas encore aujourd'hui ouverte. Donc oui, nous aurons les doses.
LAURENCE FERRARI
Et il y aura une campagne de communication à un moment pour inciter les Français à se faire vacciner ? Ou on attend d'avoir juste les vaccins pour le faire ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Je crois qu'on n'a pas besoin de campagne de communication. La communication, elle est présente partout et on voit qu'il y a un changement dans l'attitude des Français qui de plus en plus, maintenant que le vaccin n'est plus un objet abstrait mais est accessible, souhaitent se faire vacciner. Je pense que c'est une très bonne chose. Mais encore une fois, chacun prendra sa décision dans son for intérieur.
LAURENCE FERRARI
Merci beaucoup Agnès PANNIER-RUNACHER d'être venue ce matin dans La matinale de CNews pour faire le point sur ces doses de vaccins.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 19 janvier 2021